Lire Yawara de Naoki Urasawa est une expérience très particulière pour un fan tel que moi. Il s’agit d’un des travaux de jeunesse de l’auteur, qui a énormément tardé à arriver en France. On peut d’ailleurs remercier Kana de nous proposer une si belle édition pour la série. Mais surtout, elle dénote dans l’oeuvre de l’auteur, malgré des similitudes évidentes avec Happy !, sa série sportive qui a suivi la parution de Yawara au Japon, également assez originale dans l’oeuvre du mangaka. Voyons donc avec les tomes 2 et 3 en quoi cette série est à la fois étonnante en tant que manga sportif, et que manga d’Urasawa.
Depuis que j’ai commencé la série, je me questionne sur le potentiel de Yawara de parler au grand public, en dehors des adeptes d’Urasawa. Je serai bien en peine de donner une réponse sur ce point, faisant partie de la deuxième catégorie. Ainsi, si on est fan de l’auteur, la question de l’achat ne semble pas se poser, tant l’arrivée de la série après tant d’année semble une bénédiction.
Cependant, il est clair que son esthétique et son écriture datées pourraient être des freins pour un lectorat qui ne s’intéresse pas outre mesure à l’oeuvre d’Urasawa. De plus, si on ne connait pas le mangaka et qu’on souhaite découvrir son oeuvre, je ne suis pas certain que c’est le titre par lequel il faudrait commencer (si ce n’est que c’est sa série la plus ancienne disponible en France, donc en terme de chronologie, cela pourrait faire sens). En effet, il a des œuvres tellement majeurs derrière lui, dont certaines sont bien plus représentatives de son style, que j’en viens à me demander si Yawara n’est pas condamné à être un titre fait pour les fans d’Urasawa avant tout, en tout cas pour ce qui est de sa publication française.
Une question qui mérite d’être posée, mais que je ne trancherai certainement pas.
Ce qui est certain, c’est qu’en tant que fan d’Urasawa, j’ai ce double plaisir de lecture, qui vient du titre en lui-même, présentant une histoire charmante avec des personnages hauts en couleurs, qui me rappellent presque Ranma 1/2 sur certains aspects. Et la deuxième partie du plaisir qui vient du fait d’approfondir mes connaissances d’un mangaka parmi mes préférés (voire mon préféré, Inoue étant quand même aussi très cher à mon cœur). Il me semble en effet passionnant, lorsque l’on aime un artiste, d’en découvrir les différentes facettes.
Et si je connaissais déjà l’approche du manga sportif d’Urasawa grâce à Happy !, magnifique série un peu trop dans l’ombre, je découvre avec Yawara les origines de son travail sur le sport, mais en plus, sa série sans doute la plus légère. Car là où Happy ! allait d’emblée dans une certaine gravité dans ses enjeux, Yawara est quand même bien plus bon enfant.
Mais on y retrouve malgré tout une certaine rigueur dans l’écriture propre à l’auteur, mettant déjà en scène beaucoup de personnages comme il aime le faire, et prenant de la hauteur par rapport au genre investi comme il le fera de nouveau dans sa série suivante. En effet, les points communs entre Yawara et Happy ! ne manquent pas. Dans les deux cas, on suit une jeune fille au talent inné dans sa discipline, mais ayant un rapport compliqué au sport en question. Que ce soit Yawara ou Umino, les deux semblent plus contraintes de pratiquer le sport qu’autre chose, même si cela évolue au fil du récit. On constate également dans les deux cas qu’un élément familial semble les pousser à continuer.
Mais surtout, l’approche d’Urasawa dans l’écriture me semble assez proche, dans le sens où il joue avec le lectorat, semblant prendre un malin plaisir à le frustrer. Si dans Happy !, il joue énormément de l’ellipse pendant une grande partie du récit concernant les matchs de tennis, dans Yawara, c’est carrément son héroïne qui semble très lasse de ce sport, et souhaite juste vivre une vie normale d’adolescente. De ce fait, même si la pratique du judo prend de l’importance dans les tomes 2 et 3, avec notamment une première compétition importante, les choses se passent très vite, Yawara mettant systématiquement au tapis toutes ses adversaires en une prise.
Ainsi, la dimension comédie qui prenait le pas sur celle sportive tend à s’équilibrer, même si Urasawa continue de beaucoup en jouer. Il trouve des artifices afin que Yawara continue le judo sous la contrainte, et travaille beaucoup sa relation avec son grand-père, surement le personnage le plus fun de la série pour le moment. En résulte deux volumes qui ne manquent pas de charme, même s’ils ne cherchent clairement pas encore à faire ressentir l’intensité du sport. On ressent néanmoins quelques éléments d’intrigue qui entrent vraiment dans les canons du genre, laissant à penser que le frisson lié au sport arrivera. De plus, la connaissance préalable de Happy ! me permet d’affirmer que, bien qu’il cherche à s’écarter de certains tropes du genre, Urasawa les maîtrise quand même parfaitement. Car je garde un souvenir vivace de matchs de tennis endiablés et intenses, et je fais confiance à l’auteur pour nous procurer les mêmes émotions avec le judo au fil de sa série.
Yawara est une bonne comédie sportive qui me parle bien. Après je pense que c’est aussi générationnel. Mon mari rejoint ton avis sur ce titre, mais dans mon cas, la sauce prend bien. J’aime ce côté désuet et sans prise de tête.
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Oh j’aime bien aussi hein, mais disons que je ne m’imagine pas que ça puisse devenir un de mes Urasawa de chevet, au contraire. Mais de mon point de vue, il vaut toujours mieux un Urasawa mineur que beaucoup d’autres mangas.
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Je suis d’accords avec toi, ce n’est pas le plus percutant. Après comme tout, je pense que c’est une question plus « personnelle » de l’approche que l’on a d’une œuvre. J’aime ce côté sans prise de tête, drôle et qui ne va pas plus loin que l’envie de divertir 🙂
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Oui, je prends de toute façon le titre pour ce qu’il est et ne lui demande pas d’en faire plus. A la limite mon plus gros souci reste esthétique, qui était clairement pas aussi affirmée que maintenant.
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Ah, oui, c’est bien moins joli, mais… je ne sais pas, j’aime bien. Ce qui est paradoxale, car j’ai du mal avec les premiers mangas de Tsukasa Hojo justement. Comme quoi 🤷♀️…
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Tous les cas sont différents, tout simplement (pour le coup, j’aime beaucoup les premiers Hojo moi ^^’)
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J’ai aussi beaucoup aimé ces tomes pour l’équilibre dont tu parles. Par contre, j’avoue que deux tomes plus tard, j’en suis au 5, j’ai un peu peur de l’étirement de la série 😅
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Ouais, j’ai vu ce matin sur livraddict ce que tu en as dit. On verra prochainement ce qu’il en est de mon côté, j’ai aussi peur qu’on arrive dans la répétition vu la durée de la série. Déjà là, on peut même trouver cette entrée en matière un peu trop étirée.
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Et surtout malheureusement pour lui, comme j’ai lu Happy en retard, celui-ci est encore très frais dans ma tête et je ne peux m’empêcher de comparer…
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Pareil, et pour le coup, je trouve même Happy très sous-estimé dans l’oeuvre d’Urasawa. C’est également un exemple parfait de la maitrise narrative et esthétique de l’auteur.
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J’ai été la première à la sous-estimer au début mais Happy m’a vraiment conquise au fil des tomes et je suis d’accord pour dire que c’est un excellent titre d’Urasawa !
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En plus Choko est une fille tellement douce est bienveillante ! Elle m’a vraiment marqué !
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C’est LE personnage emblématique !
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La super pétasse !
Elle me fait trop rire tellement c’est une saloperie 🤣
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La meilleure pour les coups bas !
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Ouais, et à aucun moment on a de la peine pour elle (encore que). Eva dans Monster est aussi une saloperie mais je trouve qu’on a beaucoup d’empathie pour elle au fil du récit.
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Happy, qui est pourtant disponible à mon travail, ne fait pas encore parti des titres que j’ai découvert d’Urasawa. Et pour l’instant Yawara ne me tentais pas vraiment, mais je peux quand même essayer 🙂
Tu me conseillerai de débuter par lequel de ces deux titres sportifs ?
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Alors si Yawara n’est pas dispo en médiathèque, la question ne se pose pas, tente Happy ?
Sinon, je préfère très très largement Happy pour le moment, bien mieux dessiné et bien mieux écrit également, avec un ton qui me plait davantage.
Je dirai même que Happy est une pépite dont on parle trop peu dans l’oeuvre d’Urasawa, et dedans tu peux découvrir ce qui est selon moi la pétasse ultime. Habituellement je n’aime pas ce terme, mais pour le personnage concerné, c’est mérité ^^’
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Mais Yawara est disponible >.<
Hahaa tu sais trouvé les mots pour donner envie de découvrir un titre 😉
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Comme tu le sens. Comme Yawara est plus ancien, il est nettement moins assuré dans son style je trouve. Mais justement, si tu commence par Happy, ce sera plus rude si ensuite tu veux te lancer dans Yawara, à toi de voir 😁
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[…] de l’Apprenti Otaku : « les points communs entre Yawara et Happy ! ne manquent pas. Dans les deux cas, on […]
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C’est vrai que cela ressemble à bien des aspects à Ranma 1/2. J’ai pensé à City Hunter en référence, mais comme je l’ai dans ma bibliothèque cela a peut-être biaisé mon comparatif 🙂
J’ai hâte de lire le tome 3 maintenant. Et j’ai récupéré Happy! car tu donnes trop envie de le lire. Merci 🙂
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De rien, j’espère du coup que ça te plaira également. Happy a un ton différent, que je préfère personnellement.
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je sais que tu as des bons goûts 🙂
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Ah ça je sais pas, mais on va dire qu’Urasawa reste une valeur sûre.
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J’ai récupéré le tome 7 de Yawara et après je pourrais lire le tome 5. 🙂
A bientôt
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[…] de L’apprenti otaku : « On ressent néanmoins quelques éléments d’intrigue qui entrent vraiment dans les […]
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