Au fil des tomes, Boy’s Abyss s’impose comme une série vraiment passionnante. Addictive dans son récit aux accents de thriller, elle est surtout riche et profonde, nous présentant des personnages adolescents aux prises avec des figures adultes abusives et instables, propices à un récit étudiant consciencieusement l’impact de ces derniers sur les plus jeunes. Un sujet qui, forcément, m’intéresse beaucoup.
Un grand merci à Kana pour l’envoi de ce tome.
Mon avis sur les tomes précédents : Tome 1 – Tome 2 –
Petit rappel des faits, Boy’s Abyss est une série décrite comme sombre et radicale par l’éditeur, où la question du suicide amoureux est présentée comme centrale. Bien vite cependant, on comprend que c’est un élément d’un récit bien plus dense que ça, qui agit plutôt comme catalyseur de certaines choses que comme seul moteur. Le vrai moteur du récit me semblant être la souffrance adolescente, et la responsabilité des adultes dans cette souffrance, qu’ils soient parents, enseignants ou simples membres de la communauté.
Le terme de communauté n’étant ici pas anodin, puisqu’une couche thématique supplémentaire (et participant au mal être évoqué) vient du fait que le titre se déroule dans un cadre resserré, celui d’une petite ville de campagne où l’absence de perspective de sortie se dessine pour les jeunes. C’est en tout cas ce qu’il en est pour le personnage principal de l’histoire, Reiji, qui ne voit aucune perspective d’avenir dans cette vie où il est malmené par un camarade de classe, avec qui il semble contraint de travailler une fois sa scolarité finie, et avec sa mère dont il doit s’occuper, cette dernière semblant en proie à de très graves troubles psychologiques.
Dans ce contexte, la rencontre qui semble relever du rêve avec une idole qui s’est mise au vert apparait comme une possible bouée de sauvetage… jusqu’à ce que cette dernière lui propose de se suicider avec lui. S’en suit une relation ambiguë entre les deux personnages, qui est étoffée par un réseau relationnel complexe au milieu duquel le mari de l’idole en question aura un rôle central, ainsi que la meilleure amie de Reiji, fan d’un auteur de romans sombres et torturés, qui n’est autre que le mari en question.
Dans ce troisième tome, le personnage du mari devient de plus en plus inquiétant, se rapprochant dangereusement de ce que peut être un pervers narcissique, mais aussi par certains mystères qui planent sur lui, et qui contribuent à la tonalité thriller du récit. Dans le même temps, Tchaco, la meilleure amie de Reiji, gagne en épaisseur, mettant encore plus en exergue l’idée que la jeunesse est malmenée par les adultes gravitant autour d’eux.
Cet aspect contribue au côté assez lourd de l’ambiance globale du récit, qui contribue à sa valeur selon moi. La confrontation entre des adolescents mal dans leur peau avec un cadre global particulier et des adultes nocifs doit être traité dans tout ce que cela a de pesant, et l’auteur s’en sort très bien sur ce point, même si j’avais des réserves avec le premier tome. Depuis le second, tout ce réseau relationnel s’étoffe, permettant de traiter avec bien plus de profondeur ses thématiques, avec notamment des développements particulièrement bien vus de certains personnages et des relations qui se nouent entre eux.
Ainsi, avec ce troisième volume, Boy’s Abyss confirme sa qualité et la pertinence dans le traitement de ses thématiques. De ce fait, les réserves que j’avais dans un premier temps sont clairement levées ici, puisque la série arrive à concilier le côté page turner d’un thriller aux nombreux mystères avec des thématiques profondes et importantes. En résulte une vraie réussite qui mérite vraiment la lecture, quand bien même le choix du grand format implique un tarif assez élevé de 12€90. Pour une série toujours en cours avec plus de 12 tomes parus au Japon, cela représente un coût important, et donc un frein pour une partie du public, ce qui est bien dommage, tant le titre devient de plus en plus passionnant.
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