Hunter X Hunter : l’arc de York Shin City

York Shin City

Ma lecture de l’arc de York Shin City remonte à quelques mois déjà, mais j’ai visionné très récemment l’adaptation animée de ce dernier, afin que tout cela soit bien frais dans mon esprit. Hunter X Hunter est le seul manga avec L’Attaque des Titans dont je regarde toujours l’adaptation animée après avoir lu les arcs en question. Je pense que cela vient d’une part du fait que j’adore ces deux séries, mais aussi du fait qu’elles aient une esthétique très marquée, et que de ce fait les adaptations animées font un gros travail de mise en image qui permet de redécouvrir autrement ces histoires que j’adore.

Quoi qu’il en soit, voyons en quoi cet arc est passionnant, en partant du principe que vous le connaissez déjà, et donc, qu’il risque d’y avoir des spoils plus ou moins importants.

Une histoire de mafieux

Une des grosses qualités de HxH pour moi est que, bien que le manga respecte les codes du shonen nekketsu, il n’adopte pas une forme classique pour autant, cherchant à varier les ambiances du tout au tout d’un arc à l’autre, leur conférant d’ailleurs une forme d’autonomie, tout en apposant à l’intégralité de l’histoire une tonalité particulière, parfois assez pesante, sans oublier de fortes ambiguïtés morales.

Et cet arc de York Shin City ne déroge pas à la règle. Car en se lançant dans un shonen nekketsu, on ne se dit pas forcément qu’on va avoir droit à une partie purement mafieuse, dans laquelle des organisations vont s’affronter avec en toile de fond des ventes aux enchères et des objets rares à s’emparer. Et c’est au milieu de tout ceci que l’on retrouve d’un côté Kurapika, embauché comme garde du corps pour le compte d’un clan mafieux, et de l’autre la fameuse Brigade Fantôme dont on avait pas mal entendu parler jusque là. Et alors que les clans s’affrontent, le véritable combat sera entre Kurapika et la Brigade, afin de venger son clan décimé par celle-ci.

Mais comme ce serait trop simple de se contenter de ça, on se retrouve aussi avec des enchères dans lesquelles Gon et Kirua vont être impliqués, afin de s’emparer d’un exemplaire de Greed Island, le jeu vidéo créé par le père de Gon (puisque le fil conducteur de l’histoire reste quand même de retrouver Jin Freecs). Ça fait beaucoup à raconter en seulement 5 tomes, surtout que d’autres personnages vont s’ajouter à tout cela, en particulier Hisoka qui fait encore ses trucs dans son coin, et de nouveaux alliés pour nos héros. Tout ceci concourant à en faire un arc très dense, qui m’a rappelé un fameux arc d’un autre manga sur certains points…

Une inspiration venant de Dragon Ball ?

Lorsque je parle d’inspiration venant de Dragon Ball, j’exagère sûrement un peu, et il est fort possible que Togashi ne se soit pas dit ça lors de l’écriture de l’arc, mais je dois dire que je n’ai pas pu m’empêcher de voir des similitudes avec l’arc de Namek en lisant celui de York Shin City. Cela vient aussi peut-être du fait que l’arc en question est celui que le préfère dans Dragon Ball, et que je l’ai lu des dizaines et des dizaines de fois quand j’étais petit.

Toujours est-il que les deux sont assez proches de par plusieurs éléments similaires, même s’il y a aussi de grosses différences. Tout d’abord, on retrouve une structure similaire de plusieurs groupes convergent vers des intérêts parfois communs, même si clairement, c’est trop vague et fréquent dans la fiction pour être un réel élément de rapprochement. Mais c’est surtout dans la structure de ces groupes que j’y vois des choses similaires. C’est-à-dire que l’on se retrouve dans les deux arcs avec la situation où un duo de petits mecs (Gon & Kirua / Sangohan & Krilin) se retrouvent face à des adversaires beaucoup plus forts qu’eux (la Brigade Fantôme / les hommes de Freezer), les obligeant à se cacher et à ruser, alors qu’ils ont un allié très puissant à leurs côtés, même si ce dernier fait un peu sa vie dans son coin (Kurapika / Vegeta).

Évidemment, il y a énormément d’éléments qui distinguent les deux arcs, mais j’ai retrouvé dans les deux cas cette forme de stress pour les héros due au fait qu’ils étaient beaucoup trop faibles pour venir à bout de leurs opposants, les forçant à se cacher ou ruser. Et ce point me semble dans les deux cas très important concernant l’impact émotionnel des arcs en question, d’où le fait que je tenais à le souligner.

L’arc de Kurapika…

Mais au-delà du stress que l’on peut ressentir pour Gon et Kirua, l’arc est aussi chargé en émotions concernant le personnage de Kurapika. Togashi nous a initié au fonctionnement du Nen dans l’arc précédent, et va s’en donner à cœur joie dès celui-ci pour multiplier les utilisations originales (et parfois vraiment flippantes) des pouvoirs des personnages. Car en dehors des 6 types de Nen qui influent sur l’utilisation qu’on peut en faire, il y a surtout les affinités et la personnalité des utilisateurs qui entre en jeu. Et je trouve sur ce point l’idée de la chaîne de Kurapika très bien vue de la part de Togashi, en plus d’être toujours aussi complexe. Je ne sais d’ailleurs pas comment il fait, mais il arrive à faire des pouvoirs super compliqués, tout en rendant toujours compréhensible leur mise en application. Et alors qu’à la lecture je comprends bien ce qui se passe, tout est tellement alambiqué parfois que j’aurai bien du mal à expliquer de quoi il en retourne.

Mais pour faire simple, Kurapika se bat avec une chaîne, dont des parties sont reliées à chacun de ses doigts, afin d’assurer une fonction différente par doigt. Et certaines aptitudes liées à ses chaînes ne peuvent être utilisées que sur la Brigade Fantôme sous peine de mort pour Kurapika. Car il s’est lui-même mis une chaîne pointue sur le cœur, qui viendrait le transpercer s’il désobéissait à la condition qu’il s’est fixée. Ce « serment » permet de décupler sa puissance, mais en contrepartie il ne peut être à 100% de ses capacités que contre la Brigade Fantôme. Et en plus de ça, il dispose des yeux du clan Kuruta qui, lorsqu’ils deviennent rouge, passe en Nen de la Spécialisation (alors qu’il est normalement de la Matérialisation).

Tout cela concourt à faire de lui une machine de guerre pure, et la force de sa haine est telle qu’il apparaît dans toute sa puissance et sa badassitude dans cet arc, un des moments forts (et un des seuls véritables combats 100% Nekketsu de l’arc) étant son affrontement avec Uvogin de la Brigade. Ce dernier est un combattant surpuissant, une force de la nature qui fait penser à Wolverine. Il a bien été mis en avant durant l’arc, nous permettant de constater sa puissance et d’avoir peur pour Kurapika lorsque vient le moment de l’affronter, car on sent que ce combat va être compliqué…

Sauf que Kurapika le pulvérise littéralement, que ce soit grâce à ses aptitudes cheatées et sa stratégie impeccable. Cela permet de voir à quel point notre héros a gagné en puissance en peu de temps, et fait de lui un combattant dont le niveau est pour le moment inaccessible pour Gon et Kirua. Et si finalement c’est Uvogin qui est sacrifié pour que l’on puisse voir l’étendue de la force de Kurapika, c’est certainement car c’est le membre le moins intéressant de la Brigade, qui est au cœur de l’arc.

… Et de la Brigade Fantôme

En effet, Uvogin est une machine de guerre, mais on ne peut pas dire que sa façon de se battre est la plus palpitante qui soit. Il frappe fort, et il a une résistance de dingue, mais on ne trouve pas dans son utilisation du Nen l’originalité qu’il y a chez les autres. Car comme je l’ai déjà dit, Togashi se fait vraiment plaisir avec les aptitudes des différents personnages, en commençant avec la Brigade Fantôme, même si ce n’est pas dans cet arc qu’on le verra le plus. Et pour avoir lu le manga jusqu’au tome 30, je peux vous dire que le mangaka a de la suite dans les idées et que les pouvoirs n’ont pas fini de nous étonner.

Brigade Fantôme

Je ne vais pas faire un listing des différents pouvoirs, mais je vais quand même parler d’un de ceux de Kuroro, le chef de la brigade, tant je l’ai trouvé flippant. Au cours d’un affrontement, il utilise des poissons de Nen qui mangent petit à petit son adversaire, mais comme ce n’est pas suffisant, ce dernier reste en vie alors qu’il lui manque des morceaux vitaux de son corps (notamment au niveau de la tête), et c’est seulement quand il le décide que le mec meurt pour de bon. J’ai trouvée l’idée vraiment flippante.

Et au-delà de l’utilisation du Nen, la Brigade en elle-même est assez flippante, notamment car le groupe n’est pas toujours soudé autour des mêmes idées et objectifs, ce qui fait que les désaccords que l’on ressent entre eux pourraient finir en bains de sang. Mais l’idée qui semble tous les mettre d’accord est que l’Araignée (le surnom donné à l’organisation) prime sur ses membres, et que même privée de sa tête (Kuroro), elle doit continuer à vivre.

Pour finir concernant la Brigade, Togashi la traite avec toute l’ambiguïté qui émaille son manga. C’est-à-dire qu’il n’en fait pas une simple organisation criminelle où tout le monde n’est que méchanceté, même si clairement ils font flipper (je crois que celui qui me met le plus mal à l’aise est Nobunaga). Déjà, ils sont quand même vraiment stylés et charismatiques dans l’ensemble, mais en plus on peut leur trouver des côtés touchants. Je pense en particulier au personnage de Pakunoda dont le sort m’a touché et apporte une tonalité douce-amer à la fin de l’arc, qui est de toute façon très porté sur les émotions, à l’image du personnage très intéressant de Senritsu qui sent la « mélodie » du cœur des individus.

Pakunoda

Et Gon et Kirua dans tout ça ?

Oui, je n’ai quasiment pas parlé de Gon et Kirua, qui sont pourtant beaucoup mis en avant dans cet arc. Mais leur intrigue à eux est en grande partie déconnectée de celle de Kurapika et de la Brigade, mais n’en reste pas moins très intéressante. Ils vont surtout, aidés de Leolio et d’un nouveau personnage, essayer de gagner de l’argent et comprendre comment fonctionnent les enchères afin de mettre la main sur un exemplaire de Greed Island.

Ce que j’ai trouvé intéressant dans la partie de l’intrigue qui leur est consacrée, est qu’au-delà du fait que tout ceci vienne encore étoffer le lien qui les unit (leur relation étant une des très grosses qualité du manga à mes yeux), Togashi file une métaphore entre le jeu des enchères et le combat de Kurapika avec la Brigade, qui se termine par un échange d’otages. De plus, cette partie vient encore étoffer l’apprentissage de Gon, mais plutôt concernant les repères moraux et les notions de bien et de mal.

En conclusion, encore un arc unique pour cette série

J’ai essayé de retranscrire au mieux au cours de cet article mon rapport à cet arc en particulier, qui est sûrement le premier à vraiment mettre en avant la complexité de l’univers dépeint par Togashi, ainsi que son originalité. Je n’ai cependant pas cherché à être exhaustif, et il y a un certain nombre de points très intéressants que je n’ai pas évoqué, comme par exemple l’implication d’Hisoka dans cet arc ou encore la question des prédictions qui mériterait un article entièrement dédié. Je n’ai pas non plus étoffé la question de l’évolution de Kurapika au cours de l’arc, ni ce qu’il faut à Kuroro.

Mais j’ai essayé de mettre en avant le fait que les enjeux et les rapports entre les (très) nombreux personnages sont très denses et fouillés, mais surtout que d’un arc à l’autre, on se retrouve dans des ambiances très différentes.  Alors que les deux premiers arcs restaient relativement dans les clous d’un shonen nekketsu classique, on part ici dans une direction toute autre, et chaque arc fera de même désormais, posant des enjeux et des ambiances qui leur seront propres, leur conférent une certaine autonomie, quand bien même il y a un fil conducteur à la série. En résulte ici un arc de toute beauté, très sombre, angoissant, mais aussi émouvant, et ce que ce soit en manga ou en anime.


Lien vers les autres arcs :

Examen Hunter

La Tour céleste

York Shin City

Greed Island

Kimera Ants

L’élection du Président des Hunters

6 commentaires

  1. Qu’est-ce que c’est complet cette chronique ! Excellent travail encore une fois.
    Ces arcs sont tellement complets et complexes qu’il y a bien de choses à voir, à dire, bien des façons de les vivre.

    Aimé par 1 personne

    • Exactement, c’est dailleurs pour ça que je me focalise sur les points qui m’ont le plus marqué, même s’il y aurait encore beaucoup à dire je pense.
      Je suis en train decrire celui sur Greed Island là ! Ce sera l’occasion de voir le tien dailleurs, je crois que je ne lavais pas lu pour ne pas me spoiler.

      Aimé par 1 personne

    • Oui, pour moi c’est vraiment le cœur de l’arc. Et je n’ai même pas évoqué la relation qui se crée entre Kurapika et Senritsu, qui est aussi un super personnage.
      Mais je dois dire que c’est difficile de parler de HxH tant je trouve ce manga incroyable et unique (comme beaucoup de mangas dont je parle, d’où la difficulté de hiérarchiser tout ça…).

      Aimé par 1 personne

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