Mon avis sur… Katsu ! T.1 de Mitsuru Adachi

Je l’ai précisé dans mon précédent article, parmi les petits événements manga de ce début d’année, il y a l’arrivée de Mitsuru Adachi chez nobi nobi !, avec le recueil d’histoires courtes Boken Shonen, mais aussi la réédition de la série Katsu !, initialement parue chez Pika entre 2004 et 2007, indisponible depuis des annees. Avec cette nouvelle édition, l’éditeur donne donc une nouvelle jeunesse à une série d’un auteur souvent considéré comme incontournable et intemporel, l’occasion pour un nouveau public dont je fais partie de la découvrir.

Un grand merci à nobi nobi ! pour l’envoi de ce volume. Vous pouvez consulter un extrait via CE LIEN.

Mitsuru Adachi, roi de la romance sportive

Adachi me semble un nom incontournable du manga, qui a su s’approprier un genre très spécifique : la romance sportive. C’en est presque un cliché tant le nom est associé à ce genre, même pour les gens qui n’ont jamais lu un seul de ses titres. Cela s’accompagne d’ailleurs d’un reproche chez les gens qui ne l’apprécient pas plus que ça, disant que Adachi, t’en as lu un tu les as tous lus. L’avantage, c’est que de mon côté je n’ai encore lu aucune de ses séries, et ait donc un regard extrêmement frais sur tout ça. Et la fraîcheur, c’est justement un des éléments qui caractérisent ce premier tome de Katsu !

Mais avant de revenir dessus, petit rappel de la vie de la série avant de nous arriver ici. Mutsuru Adachi est un mangaka né en 1951, et publie sa première série en 1978. Mais c’est à partir de 1981 qu’il se fait particulièrement remarquer, et va trouver son domaine de prédilection, en commençant le manga Touch, renommé en France Théo ou la batte de la victoire. La série sera publiée pendant 5 ans, compilera 26 volumes au total, et sera un succès majeur, dépassant les 100 millions de volumes vendus au Japon.

Il va par la suite varier les genres, mais reviendra systématiquement à la romance sportive, notamment avec Rough, H2, Katsu !, et d’autres qui suivront encore. Des séries pour la plupart éditées en France, mais pas toujours disponibles, à l’image du titre qui nous intéresse aujourd’hui. Et, vous l’aurez compris, c’est sûrement de ces nombreuses séries abordant la romance dans des cadres sportifs différents que vient le reproche de mangaka qui bégaye pour Adachi, quand bien même il s’est aussi aventuré dans d’autres domaines.

Toujours est-il que quand Adachi s’est lancé dans Katsu ! en 2002, le bougre avait déjà du métier. La série l’occupe le temps de 16 tomes, qui sont compilés en 8 volumes double dans cette édition, avec une traduction de Thibaut Desbief pour 10€90 par tome, exactement le même format que Blizzard Axel chez le même éditeur. Une édition simple mais efficace au rapport qualité/prix imparable, c’est tout ce qu’on demande. Tout ceci étant précisé, on peut s’attaquer à ce premier volume en tant que tel.

Mon avis sur ce premier tome

Le pitch de base de l’histoire est déjà assez savoureux à mes yeux. On suit le jeune Katsuki Satoyama, lycéen qui décide de s’inscrire au club de boxe du père de sa camarade Catsuki Mizutani, dans l’espoir de se rapprocher du père et de la fille, pour qui il a un petit béguin. Un plan simple, qui vole en éclat lorsqu’il apprend que Catsuki déteste à la fois son père, alcoolique notoire dont la mère a divorcé, et la boxe. Mauvais calcul pour le jeune homme, qui souhaite quand même rentabiliser sa souscription annuelle au club. Il va donc commencer à s’entraîner un peu en dilettante, avant de constater qu’il pourrait avoir quelques prédispositions pour la discipline.

De ce pitch de base tout simple, Adachi arrive déjà à faire ressortir des personnages attachants aux interactions riches. Si le duo Katsu/Catsu est bien évidemment le cœur du récit, promesse de la fameuse romance sportive chère à l’auteur, il y a aussi du côté des personnages secondaires de quoi développer une belle histoire. Je pense évidemment à la mère de Catsu (la fille donc) ainsi que son père, deux personnages qui ont un lourd vécu. Mais le père de Katsu a aussi déjà voix au chapitre, et est également un beau personnage, plus en retrait, mais qui raconte aussi quelque chose.

C’est sûrement une des plus grosses qualités de ce premier volume double pour moi, je trouve que les personnages que Adachi nous présente racontent quelque chose, notamment par le biais du réseau relationnel qui se met en place. Le plus évident est la relation compliquée de Catsuki avec son père, et celle de l’autre Katsuki (le garçon, je précise car ça peut être confusant) avec le sien est elle aussi porteuse de promesses de développement.

Ainsi, la série semble déjà porteuse d’une vraie profondeur, et de personnages porteurs de richesse thématique et réflexive. Mais en plus, le style de l’auteur est d’une grande fraîcheur, réussissant à traiter de choses assez graves avec une certaine bonne humeur, rendant la lecture toujours légère sans sacrifier pour autant une forme de sérieux dans le traitement global des situations. Tout ceci est soutenu par le dessin de l’auteur, très facilement reconnaissable (il suffit d’avoir vu quelques couvertures de titres de Adachi pour ensuite reconnaître son trait), plein de douceur. Et surtout, une grande maîtrise dans le découpage et la composition, que j’avais déjà noté dans Boken Shonen, où le mangaka brille dans la narration muette, laissant sa mise en scène assurer la narration. Si Katsu ! joue moins de cet aspect, l’auteur nous propose quand même quelque chose de particulièrement maîtrisé, contribuant à la grande fluidité de cette entrée en matière.

En conclusion

Vous l’aurez donc compris, cette première rencontre avec une série longue dans le style qui a fait le succès de Mitsuru Adachi est pour moi une grande réussite. Et la sortir dans ce format, conjointement à un recueil d’histoires courtes de l’auteur, est vraiment une bonne idée de la part de nobi nobi ! pour nous immerger dans l’imaginaire d’un mangaka incontournable.

Ainsi, non seulement cette entrée en matière pour Katsu ! est pour moi une excellente expérience en tant que telle, mais elle a en plus cette vertu que j’aime tout particulièrement, qui est de créer une rencontre avec un auteur et son univers. Et c’est peut-être ce que je retiens le plus de ces deux lectures enchaînées, qui seront suivies par d’autres découvertes chez cet auteur me concernant.

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