Mon avis sur… Beastars T.3 de Paru Itagaki

Beastars

C’est avec une grande impatience que j’attendais ce tome 3 de Beastars, série animalière traitant des comportements humains, par Paru Itagaki. Il faut dire que j’avais été séduit d’emblée par ses deux premiers tomes (voir mon avis ici) et son personnage principal, le loup Legoshi, luttant contre ses pulsions et se cherchant en tant qu’adolescent. Qu’en est-il donc de ce troisième tome qui reprend après la représentation théâtrale ?

Blessé lors de la représentation d’Adler, Louis n’a d’autre option que de confier son rôle à Bill… Mais après avoir découvert le secret du tigre, Legoshi entre dans une rage folle ! Le spectacle tourne alors au règlement de comptes… Tandis que réalité et fiction s’entremêlent, le public est fasciné et la pièce devient un véritable succès.

Les élèves doivent maintenant préparer un nouvel événement de taille : le festival de la météorite ! Pour ce faire, il va falloir que les membres du club de théâtre se rendent en ville… Sauf que de son côté, Legoshi ne pense qu’à une chose : retrouver la lapine du club de jardinage !

Comme l’indique ce résumé, ce tome sera l’occasion de se rendre en ville et d’en découvrir ainsi plus sur le monde tel qu’il est en dehors de l’institut. Mais ceci se passera durant la deuxième moitié du tome, dont je parlerai par la suite. Dans un premier temps, Legoshi est toujours pris dans le tourment de ses sentiments, instincts et pulsions et n’arrive pas à réellement comprendre ce qu’il ressent. La seule chose certaine, c’est qu’il souhaite revoir Haru, la lapine, même s’il ne sait pas vraiment ce qu’il ressent à son égard. Toujours est-il qu’elle est au centre de ses pensées et qu’il va avoir l’occasion de la croiser de nouveau.

Dans un premier temps, il n’arrivera pas à exprimer ce qu’il pense et ne fera que répondre aux remarques de Haru très brièvement. Malgré cela, ils vont manger ensemble au self, ce qui ne sera pas sans faire jaser les autres animaux. En effet, le fait de voir un carni et un herbi se rapprocher étonne beaucoup les autres élèves. On voit d’ailleurs que cette rencontre n’est pas très naturelle, Legoshi parle très peu alors que ses pensées fusent. Mais surtout, on voit aux pattes de Haru sous la table qu’elle ne peut contenir ses réflexes qui semblent l’inviter à fuir. On se retrouve ainsi avec une scène qui semble fonctionner en miroir avec la scène du premier tome où Legoshi est sur le point de la manger, sauf qu’ici ce sont le pulsions de la lapine que l’on est amenés à voir, avec des silhouettes noires qui lui disent « il va te manger », « fuis » et autres, alors qu’elle conserve un visage souriant pour faire bonne figure.

Mais ce qui rend cette scène d’autant plus intéressante, c’est qu’elle semble également fonctionner comme une métaphore de sentiments très humains, toujours en lien avec les pulsions sexuelles. En effet, alors que Haru pense au fait qu’elle n’est pas à l’aise avec Legoshi et qu’elle souhaite esquiver la fin du repas, ce dernier pense simplement que son malaise est dû au fait qu’elle ait tenté de coucher avec lui. La scène finira sur un échange de regard assez touchant, mais sans que l’on soit bien certains de l’évolution de leur relation. Nous aurons cependant un premier élément de réponse plus tard dans le tome.

Ce volume est également l’occasion d’introduire un nouveau personnage féminin qui de prime abord a bien plus en commun avec Legoshi puisqu’il s’agit d’une louve nommée Juno. Ils vont se rencontrer alors qu’elle se fait harceler par d’autres animaux suite à l’annonce d’un nouveau meurtre commis par une bande de carnis. Legoshi va lui venir en aide et apprendra au passage qu’elle fait également partie du club de théâtre en tant que comédienne. Leur échange sera bref, mais Juno cherchera rapidement à le revoir et va questionner ses amis de la technique au sujet de ce dernier. Ainsi, ce personnage risque de prendre de l’importance par la suite et pourrait donner une dynamique sentimentale intéressante.

Mais au-delà de ces instants de vie quotidienne à l’institut, le plus gros morceau de ce tome est la seconde partie qui se passe en ville. Je ne vais pas l’évoquer en détails car les péripéties qui vont s’y dérouler sont assez inattendues et surtout, vraiment très puissantes émotionnellement. Je vais simplement vous dire que Legoshi et d’autres carni du club de théâtre vont faire des courses mais finiront par se perdre en chemin, ce qui les amènera vers le marché noir, où de la viande s’échange illégalement. Vous vous doutez bien qu’entre carnis, la question d’en manger va se poser… Ce passage est absolument brillant et fait encore passer la série à un autre niveau selon moi. Le travail d’ambiance de la mangaka est vraiment puissant, rendant toute cette partie assez éprouvante. De nombreux détails visuels rendent le marché noir très sombre, poisseux et dérangeant. Cette partie sera l’occasion de rencontrer un personnage qui pourrait amener une remise en question fondamentale chez Legoshi, mais je n’en dévoilerait rien. Sachez simplement que si la part sombre de l’univers du manga avait été effleuré dans les deux premiers tomes, on peut dire qu’ici tout devient plus évident et explicite. On quitte le monde adolescent et rassurant de l’institut pour entrer dans le monde adulte dans lequel on n’est pas certain que Legoshi puisse trouver sa place… Une véritable prouesse qui rend ce tome au moins aussi riche et puissant que les deux premiers à mes yeux.

En résumé, ce troisième tome de Beastars, segmenté en deux parties, confirme ce que je pensais de cette série. Nous en sommes encore aux débuts mais la richesse de l’univers et des thématiques abordées ne fait que s’amplifier. Les relations entre les personnages évoluent à leur rythme, ponctuées par l’arrivée de nouveaux animaux qui pourraient apporter une nouvelle dynamique au récit. Mais c’est surtout sa deuxième partie hors de l’institut qui fait passer le récit à un autre niveau. On se retrouve face à la dureté de ce monde qui semblait auparavant contenue. La maîtrise de Paru Itagaki en terme de dessin et d’écriture lui permet de poser une ambiance pesante à souhait qui ne fait que renforcer l’attrait inquiétant que dégage le manga. La fin du volume laissant quelques questions en suspens concernant ce passage au marché noir, l’attente avant le tome 4 n’en sera que plus forte !

6 commentaires

      • Ce que je redoutais le plus au moment où Legoshi sauve Juno, c’était que l’autrice nous fasse le coup du menteur révélé *. Mais lorsqu’il lui révèle son mensonge suite au départ des harceleurs, cette dernière à la présence d’esprit de ne pas lui hurler dessus avant de lui tourner le dos et lui témoigne une reconnaissance sincère.

        Je trouvais même que ce sauvetage avait un petit côté chevaleresque de la part de Legoshi.

        * Le cas de figure dans lequel un personnage ment pour obtenir quelque chose et où ceux qui découvrent son manège passe un bon moment à lui tourner le dos.

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      • Oui, Paru Itagaki a le bon goût d’éviter les séquences attendues, et me concernant, je trouve qu’il n’y a pour le moment aucune fausse note dans le développement des personnages et l’évolution de son récit !

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  1. C’est vrai. Concernant la scène dont j’ai parlée avant, je l’ai même trouvée encore plus touchante dans l’anime *.

    * Ce dernier est disponible en VOSTFR ici : https://www.voirfilms.media/anime/beastars.htm

    Et puisqu’il semble que le manga pourrait s’arrêter après le vingtième volume (https://www.monstersandcritics.com/anime/beastars-season-2-release-date-beastars-part-2-netflix-us-beastars-manga-ending-paru-itagaki/), l’anime sortira peut-être plusieurs paquets d’environ treize épisodes par an afin de couvrir toute l’histoire.

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