Chainsaw Man de Tatsuki Fujimoto – Tentative d’interprétation

Chainsaw Man

J’entretiens un rapport compliqué avec Tatsuki Fujimoto depuis que j’ai découvert Fire Punch. En effet, j’ai pour le moment du mal à voir cette première série de l’auteur comme autre chose qu’une œuvre de petit malin un peu trop conscient de lui-même et de ce qu’il fait, au point où il passerait plus de temps à brasser de l’air pour se donner l’impression d’être brillant que de véritablement développer quelque chose de passionnant. Un point de vue qui pourrait être amené à évoluer au gré d’une ou plusieurs relectures, mais qui pour le moment est ce qu’il est. Mais le mangaka a été intronisé comme un nouveau génie dans son domaine avec sa série suivante, Chainsaw Man, le tout confirmé avec le one shot Look Back, porté aux nues par une grosse partie, très bruyante, du lectorat. Si mon avis est bien plus mesuré (je vous invite à voir mon article ICI), j’ai malgré tout trouvé cette histoire courte très réussie et particulièrement riche, sans pour autant crier au chef d’œuvre.

Mais une chose est certaine, je suis tellement intéressé par la question des Auteurs (et Autrices) avec un grand A que lorsqu’un mangaka se retrouve à ce point porté aux nues, avec des discours qui ne souffrent aucune ambiguïté concernant la puissance et la maturité de son œuvre, que je me sens un peu poussé par la curiosité. J’ai donc fini par lire les 11 tomes de ce qui est la première partie de Chainsaw Man, et j’en ressors encore une fois avec un sentiment mitigé. Et c’est peut-être justement parce que je n’ai pas vu la lumière que beaucoup semblent avoir vu que j’ai envie de creuser davantage, de décrypter et mettre à l’épreuve ce titre, afin de voir ce qu’il y a sous la surface. Le tout dans une perspective résolument auteurisante, car malgré toutes mes réserves, il semble malgré tout évident qu’il y a des récurrences évidentes dans le travail du mangaka, qui rendent chacun de ses titres directement identifiables.

Un manga détonnant dans le Weekly Shonen Jump

Commençons par le commencement, Chainsaw Man est une série prépubliée dans le Weekly Shonen Jump de la Shueisha, LE magazine de publication de manga star depuis plusieurs décennies, et celui dont la sphère manga parle le plus. Un magazine qui est connu pour avoir un cadre assez rigide et strict, avec comme piliers certaines « valeurs » auxquelles il ne faudrait pas déroger. Cette précision me semble importante car le discours global autour de Chainsaw Man voudrait que ce soit un petit prodige qu’un tel manga soit prépublié dans ce magazine, compte tenu de sa teneur globale.

Si je comprends l’idée, je réfute en partie la chose car je pense que le discours autour de l’auteur qui a réussi à faire plier les éditeurs ne tient pas. J’estime plutôt qu’il y a un côté très calculé et parfaitement conscient de ce qui se joue là-dedans à la fois chez Fujimoto et chez les éditeurs. Évidemment, il ne s’agit que de supposition de ma part, mais j’ai tendance à penser qu’il y avait la volonté consciente d’utiliser cette série comme d’une sorte de coup de pied dans la fourmilière du magazine, une série un peu punk qui s’affranchirait des codes pour souffler un vent de liberté dessus.

Du reste, je ne suis pas certain que Chainsaw Man se permette des choses si hardcore et jamais vues que ça. Je ne suis pas le plus grand connaisseur du Jump, mais que ce soit en terme de représentation graphique de la violence ou de thématiques dures poussées à l’extrême, il me semble avoir déjà vu des choses similaires, voire qui vont plus loin (oserai-je parler une fois de plus de la radicalité de Togashi dans Hunter x Hunter).

Tout ceci pour dire que le fait que le manga soit publié dans le Jump a son importance, notamment du point de vue symbolique, et que je suis intimement convaincu qu’il répond à une volonté éditoriale délibérée, et pas à l’acte transgressif d’un auteur un peu fou. Je peux évidemment me tromper, mais c’est comme ça que je le vois, bien aidé par le fait que Fujimoto me semble tout à fait conscient de ce qu’il est, et de la façon dont on le pousse sur le devant de la scène pour exploiter son image de petit génie du manga.

Tatsuki Fujimoto et la figure de l’auteur surdoué

Déjà avec Chainsaw Man, mais encore plus depuis Look Back, on peut lire et entendre partout à quel point Fujimoto est un mangaka d’exception qui a déjà marqué son art à seulement 28 ans. Si je ne vais pas réfuter cela, j’ai malgré tout du mal à le comprendre, mais la question m’intéresse suffisamment pour essayer de voir de quoi il en retourne. De ce fait, j’aime aller voir du côté des retours du lectorat et de la presse concernant ses mangas, mais je plongé également le nez dans les interviews disponibles pour en savoir davantage sur ce mangaka qui dégage l’image d’un cinéphile averti, extrêmement au fait de l’histoire de l’art en général, et libéré de toutes contraintes formelles.

Des choses intéressantes qui me semblent expliquer, au moins en partie la folie autour de l’auteur, sans avoir besoin de vraiment mettre le nez dans ses mangas. Je m’explique, j’ai le sentiment qu’on parle beaucoup de Fujimoto et de son génie comme allant de soi en citant souvent les mêmes raisons, qui me semblent être des arguments d’autorité bien commodes. Son statut de cinéphile donne du grain à moudre en terme d’interprétation (et je crois qu’il en a pleinement conscience) et de décryptage des références intégrées à ses titres. La comparaison régulière avec Tarantino allant dans le sens d’un auteur en marge du système mais qui en même temps y est parfaitement intégré (cela fait longtemps que Tarantino fait des films avec les plus grosses stars d’Hollywood dépassant les 100 millions de budget), permettant de le rendre à la fois accessible tout en ayant une aura un peu « arty ». Et le renvoi à l’histoire de l’art permet également de le penser dans une perspective intellectuelle intéressante.

Mais ça, ce n’est que la périphérie, quand bien même tous ces éléments nourrissent son œuvre. Ce que je veux dire, c’est que la starification de l’auteur fait que ce sont des choses que l’on sait désormais sans avoir besoin de lire ses mangas. Et cette starification me semble tout à fait consciente et voulue, tout du moins du côté de l’éditeur français. Mais j’ai aussi le sentiment que c’est une volonté éditoriale au Japon, notamment lorsque l’on voit les titres des recueils d’histoires courtes de l’auteur, 17-21 et 22-26 (les âges auxquels elles ont été écrites), donnant une perspective chronologique à son travail afin de l’ancrer dans un processus artistique qui va toujours de l’avant et crée une Œuvre globale.

Ceci concourant à donner une légitimité et une assise intellectuelle à ce que fait Fujimoto qui, selon moi, contribue à la réception délirante de ses titres, en particulier Look Back qui a en prime le côté autobiographique, le sujet « sérieux » qui jouent en sa faveur, en plus de l’éviction des oripeaux du manga de genre qui lui collaient jusqu’ici à la peau.

Le but ici est de poser la question : serait-on persuadé du génie de Fujimoto parce qu’on arrête pas de nous le répéter et qu’il a été institutionnalisé ? Pour ma part, je pense que cet élément a son importance et joue effectivement. Jusqu’à quel point, je ne saurai le dire.

Quoi qu’il en soit, il faut lui reconnaitre que ses titres ont quelque chose de fascinant, et quelque chose qui donne envie de gratter sous le vernis, et ce quelque chose est aussi en partie lié à tout le foin qu’il y a autour du mangaka selon moi.

Chainsaw Man, un « anti-nekketsu » ?

Ce qualificatif est souvent apposé à la série, et certaines des raisons peuvent sembler évidentes. D’emblée, Fujimoto nous présente un personnage principal qui semble rentrer dans un certain moule du héros de nekketsu, puisque Denji est un ado de 16 ans orphelin qui aspire à autre chose dans sa vie. Sauf que là où de nombreux héros aspirent à devenir les plus forts et réaliser de grandes choses, Denji a des ambitions bien plus triviales, puisqu’il voudrait surtout vivre décemment en ayant trois repas par jour et manger des tartines à la confiture plutôt que du pain sans rien (étant criblé de dettes).

Il va rapidement être exaucé puisque, alors qu’il sera tué et découpé par des démons avec son démon chien tronçonneuse Pochita, leurs dépouilles se mêleront et le chien prendra la place du cœur du jeune homme, faisant de lui le fameux Chainsaw Man qui donne son nom au manga. Ses nouvelles aptitudes vont taper dans l’œil des Devil Hunter qui lui proposeront un emploi et un logement, permettant de mener la vie dont il rêve. De ce fait, il va rêver plus grand, et aura désormais un objectif bien plus ambitieux… tripoter une paire de seins !

On le comprend vite, Fujimoto joue un peu avec le cliché du héros de nekketsu en faisant de Denji un adolescent crétin, un peu oisif et très porté sur la chose, la question de la sexualité, du désir et du sentiment amoureux étant au cœur du manga. Si l’auteur a dit en interview qu’il n’avait pas souhaité écrire Denji dans une perspective de casser les codes, mais plus pour représenter une jeunesse réelle qui n’a pas de grandes ambitions, le fait est qu’on sent quand même une volonté de s’écarter de certains carcans, qui est d’ailleurs une des marques de fabrique de l’auteur.

De ce fait, dès le début du manga, on a le sentiment d’être invité à le lire dans la perspective d’une déconstruction de certains codes. D’ailleurs, j’ai l’impression, après lecture des différents titres de l’auteur que la question de la construction et de la destruction est centrale, à la fois en tant que geste artistique (il prend plaisir à balancer à la poubelle beaucoup de choses qu’il met en place dès Fire Punch, cherchant à créer un chaos fertile) et que moteur narratif. Cet élément me semble d’autant plus évident que dès le premier chapitre, Denji et son chien-tronçonneuse Pochita se font totalement découper et se reconstituent pour donner naissance au fameux Chainsaw Man.

Peut-être s’agit-il l’a d’une façon de mettre en scène son rapport à la fiction et aux images, puisque son œuvre est riche en références et en renvois de toute sortes (on parle beaucoup du cinéma, mais il y a d’autres choses). Quoi qu’il en soit, en découpant et recomposant au gré de ses envies, Fujimoto m’a donné envie de découper aussi son titre pour tenter d’en faire sortir un peu de sens, selon les éléments qui m’ont le plus parlé. Car Chainsaw Man est riche, dense et complexe, c’est évident. Loin de m’avoir retourné comme ce fut le cas pour beaucoup de gens, je reste malgré tout très fasciné par le travail de cet auteur, dans lequel je ne vois pas le génie porté au nues, mais chez qui je trouve néanmoins quelque chose d’intrigant.

Ainsi, au gré de cette interprétation du titre, on parlera du rapport à la mort et à la non mort, de la façon de déconstruire les choses, de cinéma et de rapport à la sexualité et à l’érotisme.

Rapport aux femmes et à la sexualité

Comme je l’ai déjà précisé, Denji se trouve rapidement dans le récit un objectif : celui de toucher une paire de seins. Objectif on ne peut plus trivial, qu’il va rapidement mener à bien, touchant celle de Power après lui avoir rendu un fier service. Il va donc monter en ambition, rêvant d’embrasser une fille, et souhaitera de fil en aiguille aller plus loin avec Makima, figure féminine ambigüe par excellence de l’histoire.

Ainsi, Denji se caractérise essentiellement par son rapport aux femmes qui parcourent l’histoire. Et au-delà du personnage en lui-même, Fujimoto travaille sa mise en scène et ses ambiances autour de cet aspect, donnant parfois à son récit des atours de romance avant de tout pervertir. De nombreuses planches semblent ainsi issues d’un manga tout autre, créant des ruptures de ton fertiles, qui épousent selon moi le point de vue de Denji, donnant une vision déformée et très romantique des choses. Un rapport à la mise en scène et au point de vue qui me rappelle le magnifique film Body Double de Brian de Palma, qui partage avec Fujimoto cette volonté de détourner certains tropes génériques pour proposer quelque chose de très original (pour le dire très simplement, Body Double se réapproprie une imagerie érotisante pour en faire quelque chose de romantique sous le prisme du personnage principal).

Denji et MakimaDès le début de l’histoire et jusqu’à sa conclusion, le rapport de Denji aux femmes n’est pas des plus positifs. Il est systématiquement manipulé par elles, du fait d’une vision fantasmée de ces dernières (encore une fois, on peut se demander si Fujimoto ne projette pas sa vision des lecteurs du Jump dans le personnage). Il est convaincu d’être amoureux de Makima, qu’il ne connait pour ainsi dire pas du tout, simplement parce que pour une fois une femme s’est intéressée à lui (uniquement car il lui est utile). Elle jouera également sur les désirs sexuels du jeune homme pour lui faire faire ce qu’elle souhaite.

Le jeune homme se caractérisant par une immaturité importante au niveau affectif, sera durant tout le récit malmené par les femmes, qu’elles soient humaines ou démon. Ses rapports sont quasi systématiquement pervertis par quelque chose de négatif, avec comme seule exception notable Power, qui le manipule d’entrée de jeu, mais va finalement devenir le personnage féminin le plus sincère vis-à-vis de Denji (le tout culminant dans un parallèle esthétique dressé entre Power et Pochita, montrant un rapport vraiment fort entre le jeune homme et l’hominidemone).

Power Pochita

Passons sur le premier baiser du jeune homme avec une Himino ivre qui finit par lui vomir dans la bouche, scène intéressante dans l’idée mais qui tombe un peu dans le crade pour le plaisir de faire son petit malin qui veut choquer. Himeno embrasse DenjiL’idée intéressante est surtout que les premiers émois physique du garçon ont lieu avec une femme ivre, qui va d’ailleurs lui proposer un rapport sexuel par la suite (qu’il refusera quand même, compte tenu de l’ivresse et de ses « sentiments » pour Makima).

De la même façon, le personnage de Reze va séduire Denji, lui donnant la perspective d’une histoire d’amour réelle avec quelqu’un d’autre que Makima. Un passage que j’ai trouvé particulièrement beau, peut-être même le plus beau de la série, alliant avec un réel talent le fond et la forme. Elle donne au jeune héros la perspective d’une vie normale, avec une fille normale, gentille, valorisante et séduisante, qui l’aime vraiment. Le tout culminant dans une séquence romantique de baiser sur fond de feu d’artifice tellement clichée qu’elle ne peut qu’être artificielle.

Reze embrasse Denji

Et en effet, la jeune femme était en fait un démon qui cherchait à se rapprocher de Denji, tout était donc faux, comme d’habitude. C’est d’autant plus difficile que le traitement de toute cette partie était vraiment intelligent, que ce soit dans la façon de décrire l’évolution des sentiments de Denji et de son attirance sexuelle envers Reze par rapport à Makima, mais aussi pour ce que cela apporte au développement de l’intrigue générale.

Inutile de préciser que Reze sera tuée au final par Makima, qui est vraiment la figure féminine la plus complexe de la série, et dont le rapport à Denji épouse toute la complexité de son rapport aux femmes et au sexe. Car le jeune homme, dans toute son immaturité, semble rechercher à la fois une partenaire sexuelle et une figure maternelle, qu’il pense avoir trouvé en Makima. Mais cette dernière ne fait que le manipuler, allant jusqu’à détruire toutes les figures féminines qui pourraient offrir à Denji une porte de sortie, en particulier Power, qui est la seule à ne pas se positionner en supériorité vis-à-vis du héros.

Makima Lucifer tue Power

Est-ce à dire que le manga présente les femmes comme fondamentalement mauvaises ? Je ne pense pas. Il s’agit surtout d’après moi du portrait d’un jeune homme souffrant d’un grand manque affectif et dont le rapport à lui-même a été très contrarié, créant une dépendance à des figures féminines. Mais tous les personnages féminins ne sont pas pour autant mauvais avec lui. D’une part, si le fait que Himino lui vomisse dans la bouche n’est pas franchement cool, cela reste dans le cadre d’une soirée de franche camaraderie, et le personnage ne me semble vraiment pas négatif vis-à-vis de Denji.

Mais il y a surtout le cas de Power, qui a une belle relation avec lui, finalement plutôt positive et saine, proche d’une relation frère/sœur. De ce fait, je me demande surtout si ce n’est pas concernant le rapport à la sexualité et au sentiment amoureux (de dépendance amoureuse surtout) que Fujimoto souhaite proposer un discours plus nuancé et mettant en avant un aspect négatif. En faisant de Makima une entité infernale manipulant les sentiments et les pulsions de Denji, l’auteur semble surtout travailler la question des troubles sentimentaux du jeune homme et invite à prendre de la hauteur sur une vision idéalisée de certaines personnes.

Je vois de ce fait le rapport aux femmes présenté dans la série comme en lien avec l’évolution de Denji, qui murit au fil du manga en se confrontant à la vie d’adulte (le travail, les relations avec les autres, les premiers émois amoureux, etc…) et se retrouve systématiquement déçu par tout ceci. Son rapport au monde évoluant en même temps que son rapport aux femmes, comme si celles-ci étaient finalement centrales dans la vie d’un jeune homme (ce qui n’est pas forcément faux par ailleurs, au moins pour une partie des jeunes hommes).

Cela nous invite donc à revenir à ce que Fujimoto disait en interview sur sa volonté de présenter un jeune homme oisif ayant peu d’ambitions dans la vie. En plus de cet aspect, j’ai le sentiment que le cœur de Chainsaw Man réside dans la volonté de proposer le portrait d’un jeune homme fantasmant la vie et se confrontant à ce qu’elle est en réalité. Et toute cette expérience de la vie est au final bien triste et décevante. C’est en tout cas le sentiment global que m’a donné la série, et le discours que j’en retire, une fois débarrassé de tous ses oripeaux fantastiques.

Le rapport au cinéma de Fujimoto

C’est presque une lapalissade de dire que Fujimoto est un mangaka obsédé par le cinéma tant c’est une chose qu’on ressort tout le temps concernant l’auteur. C’était déjà évident dès Fire Punch, qui utilise le personnage de Togata pour réfléchir sur cet art. À partir de là, difficile de ne pas voir chez l’auteur une volonté affichée de réfléchir sur le cinéma. Si le cas de Fire Punch mérite clairement réflexion tant il fait du cinéma un élément central du récit, Chainsaw Man va peut-être moins loin mais reste également très intéressant sur la question, tout comme Look Back. Car un élément récurrent dans l’œuvre du mangaka est qu’il présente toujours au moins une scène où un ou plusieurs personnages sont dans une salle de cinéma et regardent un film. Encore une fois, il va d’ailleurs assez loin sur cet aspect dans Fire Punch.

Dans Chainsaw Man, Denji partage une journée entière avec Makima, où ils vont notamment enchainer les films au cinéma. Le mangaka se focalise sur les réactions de chacun, jusqu’au moment où ils pleurent tous les deux devant la même scène d’un film. L’insistante sur l’émotion des personnages est particulièrement importante, et me semble témoigner du rapport passionnel du mangaka au cinéma. Rapport qui nourrit son œuvre puisque les évocations d’autres films semblent traverser tous ses titres au point parfois de donner des pistes d’interprétation, comme dans le lien qui se tisse entre Look Back et Once Upon a Time in Hollywood de Quentin Tarantino (que j’ai abordé ICI).

Mais au-delà des références (à foison, mais pas que vis-à-vis du cinéma cependant), le rapport au cinéma de Fujimoto dans Chainsaw Man me semble particulièrement fertile dans un détail tout bête, lors d’une conversation entre Makima et Denji vers la fin de l’histoire. Denji demande à Makima si elle souhaiterait enlever les mauvais films de ce monde, et elle lui répond que oui, ceci semblant une confirmation pour le jeune homme qu’il n’y a rien à sauver chez elle. J’ai entendu des interprétations de ceci indiquant que c’est pour nous signaler que s’il n’y a pas de mauvais films, il n’y a pas de bons films non plus, comme si cela annulait les échelles de valeur.

Mais mon interprétation est différente, et me vient en partie de la magnifique, la formidable, l’extraordinaire série de vidéos sur le cinéma intitulée Chroma (de Karim Debbache, Jeremy Morvan et Gilles Stella), où dans un épisode, ils proposent une réflexion que je trouve très intéressante sur les bons et les mauvais films, indiquant que tous les films participent à l’amour du cinéma, du plus grand chef d’œuvre à la pire des daubes. Et je trouve cette idée particulièrement intéressante, et d’autant plus dans le cas du manga d’un auteur qui semble obsédé par Tarantino, un cinéaste qui est connu pour sa passion très éclectique pour le cinéma, aimant autant le nanar ultime que le chef d’œuvre absolu (il suffit de voir ses tops annuels, souvent très originaux).

Tarantino qui est par ailleurs cité dans Chroma sur le sujet, puisqu’il aurait dit qu’il faut distinguer « les gens qui aiment les films des gens qui aiment les films qu’ils aiment ». Une remarque particulièrement riche de sens qui me semble coller à la vision de Fujimoto, qu’il semble essayer de retranscrire dans son manga, amalgamant des références nobles et d’autres considérées comme de la sous-culture pour donner naissance à un manga lui-même à cheval entre ces différents aspects, oscillant entre le pur récit d’action décomplexé et gore et le titre bien plus arty et auteurisant, souhaitant épouser au maximum la richesse du champ des possibles que son art lui offre, quitte à verser dans l’excès (très souvent et de plein de façons différentes). Et je suppose que la comparaison régulière avec Tarantino vient en partie de cela.

Et ce rapport au cinéma, où il détricote des éléments, les décompose et les recompose pour créer quelque chose qui lui est propre me semble aussi au cœur de ce que ses mangas racontent, notamment avec cette tension constante entre destruction et construction, liée à l’obsession que l’auteur semble avoir pour la mort impossible.

La non-mort, la destruction et la construction

Par « non-mort », j’entends la capacité qu’ont les héros de Fujimoto à ne jamais mourir, tout simplement. Que ce soit Agni, qui brule en continu mais ne meurt jamais, Denji qui se fait découper à quasiment chaque tome pour finalement toujours revenir en un seul morceau, ou même le cas de Kyomoto dans Look Back, que l’auteur semble ramener à la vie le temps d’un fantasme, il semble avoir un rapport à la mort et l’immortalité qu’il met en parallèle avec l’acte de création.

Main des enfersSur ce point, je pense notamment à la scène dans les enfers de Chainsaw Man, et au moment où une main venue du ciel agit sur les personnages. Ce passage m’a immédiatement évoqué la main du mangaka, qui aurait pouvoir de vie et de mort sur les personnages de son récit, dans un rapport divin à cet univers dont il serait le maître. Un passage qui m’a également rappelé Opus de Satoshi Kon, qui aborde frontalement la question de la figure de l’auteur et de son pouvoir sur sa fiction (mais il semblerait aussi qu’une référence à Monstres et Cie se soit glissé dans cette partie).

Et sur ce point, je me demande si Fujimoto ne se projette pas à un certain niveau dans le personnage de Makima, dont les mouvements des mains ont aussi ce pouvoir de vie et de mort, et qui semble manipuler les personnages, et en particulier Denji, au gré de ses envies.

Makima mains

Et j’ai surtout le sentiment que ce rapport à la mort et à la non-mort est au service d’une mise en abyme de l’acte créateur du mangaka. Cette idée me semble particulièrement appuyée dans Look Back, puisque c’est par le biais du manga que Fujino semble ramener à la vie pour un instant Kyomoto.

En conclusion

Ainsi, j’ai tenté dans cette interprétation un peu décousue de proposer quelques bribes de réflexion, tout à fait partielles et perfectibles, mais qui me semblent témoigner à la fois de l’impact qu’a eu le manga et qu’exerce plus globalement Fujimoto sur moi. Ne souhaitant pas verser dans des superlatifs auxquels je ne crois pas (il n’est pas encore à mes yeux le génie qu’on prétend, mais reste un auteur fascinant), je voulais simplement partager quelques réflexions qui, je l’espère, épousent malgré tout un peu la richesse et la profondeur de Chainsaw Man.

Car bien que les pistes abordées ne sont pas exhaustives (je pars du principe que si une personne arrive seule à aborder toute la richesse d’une œuvre, c’est qu’elle n’est finalement pas très riche), elles mettent en exergue les éléments qui m’ont le plus frappé et touché dans cette histoire, notamment en ce qui concerne Denji et son rapport aux femmes. J’ai d’ailleurs préféré parler d’interprétation plutôt que d’analyse, car cela me permet le luxe de peut-être dire des bêtises, n’ayant pas de mode d’emploi pour décrypter le titre. De même, ça me permet de ne pas pousser trop loin certains éléments lorsque je sens le récit trop complexe pour mon bagage intellectuel personnel.

Ce qui est certain, c’est que Chainsaw Man m’a donné beaucoup de grain à moudre, m’a passionné tout du long et m’a donné le sentiment d’une lecture vraiment singulière, qui porte la marque de son auteur, là où beaucoup trop de titres semblent appliquer une formule, avec soin bien souvent, mais sans vraiment donner le sentiment d’un ou une artiste qui s’abandonne totalement à son art. Et rien que pour ça, Tatsuki Fujimoto a su me saisir et me convaincre qu’il est un auteur à surveiller. Et j’espère en même temps que les quelques pistes de réflexion proposées ici rendent un peu honneur à son travail.

17 commentaires

  1. Très riche article, très plaisant à lire et avec lequel je partage beaucoup de points.

    Je trouve non seulement la démarche intéressante mais aussi généreuse en ce qui concerne le décorticage de ce qui ferait de Chainsaw Man un « manga d’auteur ». Il y a, il est vrai, une légère frustration à voir fleurir, presque systématiquement, des éloges de toute part, sans que la plupart cherchent à expliquer ce qui semble relever de certitudes pour eux. C’est cet impression de lecteur lésé d’un sens de compréhension suffisamment aigue par rapport à cette sphère qui m’avait d’ailleurs jadis conduit à abandonner Chainsaw Man au bout de 4 tomes.

    Et je maintiens toujours que même si il y a une volonté persistante à travers chaque arc de mettre en relief chaque doute, atermoiement, peur qui peut caractériser l’auteur, il ne s’y prend pas toujours de la bonne façon sur la forme. J’ai trouvé structurellement le tome 7 sur les Assassins Internationaux indigeste au possible, tant il se caractérise par le passage récurrent du coq à l’âne, en parfois très peu de pages. Et des exemples sur la forme comme ça, je pourrais en citer plusieurs, sans toutefois les développer ici (avec souvent comme seule réponse – « oui mais Fujimoto est un génie sur la forme… tu comprendras plus tard » – WHY NOT j’ai envie de dire, même si je dois être encore légèrement trop benêt).

    Sinon, pour conclure sur l’œuvre, si ce dont tu parles est fichtrement intéressant, et met bien en lumière l’expression d’une forme d’intimité de son auteur à travers Denji et Chainsaw Man, je semble y déceler une portée plus macroscopique et moins autocentrée. Bon, c’est déjà un peu le cas lorsque tu évoques le cas du cinéma et des « bons et mauvais films » mais le cas des démons, caractérisant chacun une peur et son ampleur sociétale. Comme s’il conjuguait des réflexions purement personnelles avec leur portée sociale, créant de fait une altercation presque systémique entre les peurs que peuvent ressentir le lambda et celles que ressentent leurs détenteurs (l’oligarchie dominante souvent – le gros plot twist du tome 9 sur la réelle nature mais surtout récupération du démon flingue me semble aller dans ce sens).

    Bref, je pourrais être plus exhaustif mais je sens que je deviendrais légèrement lassant. Je vais plutôt essayer de m’inspirer de ton article et pourquoi pas en proposer un prolongement dans ce sens afin que ça soit plus clair. Tout en ne m’exemptant pas de passer à côté de l’essence de l’art de celui qu’on surnomme « le génie des temps modernes » xD

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    • Ce serait un réel plaisir de lire ton analyse plus poussée sur la question en tout cas !

      J’avoue que je n’étais pas à l’aise pour étoffer la question que tu évoque par rapport aux démons.

      Concernant les points problématiques dans le tome 7, je te rejoins, je dois même avouer que pour moi, le climax de la série est la partie avec Reze, et que par la suite, elle devient à mes yeux moins intéressante malgré quelques énormes fulgurances.

      Quoi qu’il en soit, un grand merci à toi, et j’espère du coup que tu vas prendre le clavier pour étoffer un peu ton analyse, ça m’intéresse beaucoup, surtout que j’en ai trouvé vraiment peu…

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  2. Waw quel article impressionnant ! Bravo pour cette rédaction certes un peu décousue mais écrite avec le coeur et les tripes, qui aborde tout un tas de points passionnants. Je l’ai lu en deux fois car j’ai été interrompue au milieu de la première et sans surprise ce qui m’a surtout marqué c’est ce rapport aux femmes et à la sexualité qui me fait dire que je n’aimerais pas du tout ce titre. Pourtant tout ce que tu en dis à côté montre une certaine richesse et rappelle qu’il ne faut pas forcément s’arrêter à un seul aspect dans un manga. Grâce à toi j’en sais davantage sur Chainsaw man et l’auteur et je sais aussi à quoi m’en tenir.

    Bref, merci et bravo 😊

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    • Merci beaucoup pour ton commentaire, ça me touche et me fait très plaisir. Je pense en effet que c’est un titre vraiment surprenant, très riche et intéressant, peut être même trop parfois (je n’ai pas trop aborde cet aspect mais je trouve que l’auteur passe encore vite du coq à l’âne et bazarde facilement des éléments qu’il a mis en place en terme de récit), mais on y sent vraiment un auteur qui a quelque chose à dire, et un rapport profondément triste à beaucoup de choses, notamment à la vie réelle en comparaison à la vie quon fantasme (par le prisme notamment du rapport aux femmes du héros). Rien qu’en en parlant là je repense à des éléments que je n’ai pas aborder, des moments de bonheur fugace et factice dans l’histoire. Des choses saisissantes et particulièrement tristes qui m’ont marqué, plus que l’intrigue à proprement parler qui parfois m’a laissé un peu circonspect.

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  3. Alors autant ce n’était pas un titre qui m’intéressait des masses, mais avec ton article, ça m’a donné envie de le connaître.

    Je t’avoue que j’ai tendance à préférer les interprétations aux analyses. Ca me permets de me savoir ce qu’un lecteur voit pour essayer de comprendre son point de vue.

    Concernant les « oh c’est trop un génie » des gens, tu sais bien qu’ils aiment trop faire des caisses. J’ai de plus en plus de mal à force… Je deviens de plus en plus aigrie peut-être XD

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    • J’aime bien aussi la notion d’interprétation, on peut y mettre un peu d’analyse aussi mais l’avantage c’est que ça me permet de prendre de la distance et me dire que peut être que je suis dans un délire complet mais c’est pas grave, j’en fais ressortir du sens et ça ne me semble pas non plus totalement fantaisiste.

      En tout cas je suis très content de t’avoir rendue curieuse sur ce titre, je pense qu’il est très intéressant, porteur d’une vision du monde singulière et assure triste.

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      • C’est ça que j’aime en fait. C’est un peu authentique et c’est toujours intéressant de savoir ce que des personnes ressentent même si c’est fantaisiste, rien n’empêche pas l’autre.

        Ouais ça m’a l’air. Après pour le côté Tarantino, je me retrouverais pas trop vu que je ne suis pas forcément attirée par ce réal mais il y a moyen que j’aime malgré tout ^^

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  4. Grâce à toi et à cet article complexe et complet, je pense savoir que Chainsaw Man n’est pas fait pour moi.
    Il y a l’air d’avoir le même rapport malaisant à la sexualité et aux femmes que j’avais déjà pressenti dans Fire Punch et la même propension à essayer de nous faire enfiler les perles en nous choquant pour camoufler, à mon sens, un certain vide scénaristique par des effets d’esbroufe. Du moins c’est comme ça que je le perçois quand je te lis.
    Son obsession pour le 7e art n’étant pas la mienne, je risque en plus de passer à côté de ce qui aurait pu me rendre le titre intéressant.
    Pour le reste, je ne suis pas le public visé. Quand je lis du shonen j’aime avoir mes bases classiques avec parfois un petit twist mais ça s’arrête là. Pour le reste, je n’aime pas le choquant pour le choquant comme ça semble le cas ici.
    En espérant avoir bien compris ton propos car j’avoue que parfois je décrochais n’ayant pas toutes les références ><
    Merci en tout cas pour cet article étayé !

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    • J’ai l’impression en lisant ton commentaire que je n’ai pas du être clair sur tous les points du coup (puis c’est compliqué je pense de bien capter quand on n’a pas lu le manga).

      Je pense que par moments il y a la volonté de choquer pour choquer, mais ça reste rare à mon avis (genre une double page d’orgie lesbienne vraiment ridicule). J’avais eu le même sentiment que toi sur Fire Punch, mais ici j’ai vraiment trouvé que l’auteur avait quelque chose à dire et quelque chose de fort et de très triste (qui contraste d’ailleurs un peu avec le côté décomplexé du récit d’action gore). Je note d’ailleurs sur ses 3 titres parus une grosse évolution à chacun d’entre eux, qui permet à Look Back d’être bien plus intéressant que les autres selon moi, ou en tout cas plus carré sur tous les points.

      Mais malgré tout, je pense qu’on peut rester extérieur à la chose et à ce qui me semble être une très bonne volonté de l’auteur.

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      • Effectivement je n’avais pas tout compris et là c’est plus clair. J’ai mieux compris que tu vois comme une transition, un cheminement vers Look back avec ici aussi des propositions sérieuses derrière cet habillage shônen . Mais effectivement je ne suis quand même pas sûre d’adhérer…

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    • Je ne pensais pas non plus mais le bougre m’inspire pas mal dans les questionnements qui traversent son œuvre !
      Si un jour je trouve le courage, je relirai Fire Punch pour aussi en parler je pense, parce que la réflexion serait incomplète sans ça.

      Merci à toi pour ton commentaire encourageant !

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    • Je n’en suis pas étonné, et je te comprends tout à fait. Je sais qu’il existe quand meme un public féminin qui apprécie mais je ne saurai dire en quelle proportion. Ce qui est sûr c’est que le public ciblé est en effet masculin et les thématiques résonnent avec une certaine vision de la découverte de l’amour et du désir d’un point de vue toujours très masculin. L’auteur est d’ailleurs je trouve très ambigu sur la question du rapport aux femme, mais il me semble au moins que ce qui est clair, c’est qu’il semble dire dans cette série que cette question comme toutes les autres de la vie n’amène que déception quand il s’agit de confronter la réalité au fantasme qu’on se fait des choses. Sur ce point je trouve ça très intéressant, d’autant plus que le héros est vu comme un triste garçon au final.

      Mais je ne vais pas chercher à te convaincre, je pense qu’il y a assez d’œuvres de partout pour ne pas s’embarrasser si on sent que ce qui s’y trouve va nous énerver.

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  5. Félicitations, tu fait donc maintenant partie du cercle des personnes qui ont lu Chainsaw man ainsi que toutes les œuvres de Fujimoto sortie en France.

    Ton article est très complet et ton point de vue plutôt intéressant. Je ne me souviens pas avoir entendu ou lu une analyse aussi complète sur Chainsaw man, et encore moins sur le rapport qu’on peut en retirer sur les femmes.

    Déjà par rapport au début de l’article, je suis d’accord avec toi sur le fait que Fujimoto créé des personnages qui sorte des sentier battue et qui n’ont pas les mêmes ambitions que d’autre héro de shonen. Ta bien montré avec Denji qui ne rêve que de chose simple et n’a pas de réelles ambitions que les choses lui dépasse (par exemple quand il devient le chien de Makima dans le tome 10). Mais Agni était aussi dans ce cas, d’abord en recherche de vengeance, il se voit admirer comme un dieu (choses qu’il n’a jamais souhaitées) et se retrouve finalement perdu une fois son objectif atteint vers la fin de la série.

    Ça ne m’avait pas interpellé lors de ma lecture, mais maintenant que tu le dis, c’est vrai que Fujimoto à un rapport assez particulier avec les femmes dans son manga. Je crois que 80% des personnages les plus puissants qu’à du affronter Denji sont des femmes et qui ont réussi à l’influencer dans sa manière de voir les choses au point de créer une relation spéciale avec lui.

    C’est drôle que tu parles du rapport à la mort et à la non-mort, car outre l’étonnante résistance du héro à toujours pouvoir se relever qu’on retrouve dans tout les grands shonen. Je trouve que dans Fire Punch et Chainsaw man on ne sait jamais vraiment quand la mort peu arriver. Fujimoto nous créait toujours des éléments imprévus qui d’un coup exterminent certains personnages qui pourtant ont était présenter quelques pages plus tôt.

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    • Merci bien pour ton commentaire cher confrère, ça me touche, tu ten doutes !

      Sur le dernier paragraphe, je mets vraiment ça en parallèle avec le pouvoir du mangaka de vie et de mort sur ses personnages. D’ailleurs en faisant des recherches pour l’article j’ai vu des images d’une de ses histoires courtes qui sortira bientôt chez nous qui m’a évoqué ça aussi, mais faudra voir en contexte ce qu’il en est (car oui, l’achat des recueils d’histoires courtes est prévu et évidemment on en parlera en détails !).

      J’ai très envie de relire Fire Punch après tout ça pour voir un peu comment je decrypte tout ça à la lumière de ma connaissance actuelle de l’auteur. Mais de mémoire c’est son récit le plus déconcertant.

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