Mon avis sur… Origin T.1 de Boichi

Origin

Si vous avez l’habitude de me lire (déjà je vous en remercie), vous devez avoir remarqué que j’avais un goût très prononcé pour le travail de Boichi depuis que j’ai commencé Sun-Ken Rock et Dr Stone. Et comme j’ai beaucoup de mal à attendre entre chaque tome des deux séries mentionnées, et que lors de mon dernier passage en boutique ils n’avaient pas tout ce que je voulais, j’ai cédé et je me suis lancé dans Origin. Il s’agit donc d’un seinen toujours en cours au Japon qui devrait se terminer à son dixième tome, édité en France par Pika (nous en sommes à 4 tomes parus). Boichi explique dans la préface de ce premier tome l’origine (jeu de mot involontaire) de la série et surtout, qu’elle partage finalement l’univers de Sun-Ken Rock, même si il semblerait qu’on ne puisse pas vraiment s’en rendre compte. C’est un peu cryptique pour moi qui n’ait pas lu tout Sun-Ken Rock et qui débute seulement Origin, mais si les ramifications se font sentir, je le signalerai. Mais pour l’heure, voyons ce qu’il en est de cette nouvelle série :

2048. Le Japon est relié à l’Eurasie par une ligne ferroviaire transcontinentale. Tokyo, sa capitale est désormais le nid du terrorisme et du crime. Et dans l’ombre de cette mégalopole, lorsque la nuit s’installe, de mystérieux individus s’en prennent aux humains et les massacrent… Qui sont ces “êtres qui ne sont pas humains” et qui vivent cachés parmi les Hommes ? Et qui est Origin, cet individu qui les pourchasse ?

Alors je vais commencer par la chose que je me dois de signaler dès qu’il est question d’un manga dessiné par Boichi : c’est d’une beauté et d’un style qui me pulvérisent la rétine ! Je vais tout de suite vous montrer quelques images pour que vous puissiez vous faire une idée, mais on est dans la parfaite continuité de Sun-Ken Rock, avec un style réaliste, violent et noir. Ce premier tome est riche en action, ce qui permet de voir que le mangaka sait toujours aussi bien dessiner les corps en mouvements et magnifie chaque affrontement. Et si vous avez lu Sun-Ken Rock, vous ne serez pas dépaysé par l’ambiance visuelle, que ce soit au niveau de l’environnement et du character design (notamment le personnage féminin qu’on rencontre dans ce premier tome qui ressemble beaucoup à Yumin, et même un personnage dont le physique évoque Ken).

Et puisqu’on en est à parler du style visuel et du character design, impossible de ne pas évoquer le cas problématique récurrent pour ne pas dire constant, à savoir la représentation des personnages féminins. Je pense que Boichi a parfaitement conscience des critiques émises à ce sujet et j’ai l’impression dans ce premier tome qu’il essaie de ruser sur la question, car trois personnages féminins sont présents, dont deux robots. Or, la seule « vraie » femme n’est pas tellement sexualisée, et par contre il se lâche sur les deux robots. La première se retrouve rapidement totalement nue, et la seconde a une tenue tellement moulante que l’on voit même la forme de son entrejambe, quand bien même il semblerait que les robots soient dépourvus de sexe… Je pense qu’il essaie d’esquiver les critiques en sexualisant les robots uniquement (en tout cas dans ce premier tome), mais clairement, cela ne change rien. On est dans l’abus selon moi et je pense que Boichi gagnerait à se limiter au niveau de la sexualisation. Car je ne suis pas contre dans des cas où ça se justifie (par exemple, dans Sun-Ken Rock, ça me semble justifié la majorité du temps, en tout cas au stade où j’en suis), mais le fait que ça semble un élément systématique chez lui commence à vraiment me poser problème. De ce fait, je pense que c’est important de le préciser pour les lecteurs et lectrices qui seraient vraiment allergiques à ça. Me concernant, ça me dérange mais pas au point de devenir rédhibitoire (dans le cadre d’un seinen en tout cas, pour les shonen, c’est encore une autre histoire).

Ces éléments étant posés, nous allons pouvoir aborder l’histoire et l’univers, qui même s’ils ne sont que rapidement posés dans ce premier tome, sont très prometteurs. Le tome introduit le personnage d’Origin dans le premier chapitre via la traque d’un robot, qu’il pense infiltré dans un gang de yakuza. Une fois le robot identifié, un affrontement va s’en suivre qui sera l’occasion de voir le style de combat du héros. Ce dernier en sort facilement vainqueur et récupère la dépouille de son adversaire, qui lui servira de réserve de pièces. Car cet élément est déjà mis en avant dans ce premier tome : l’importance pour Origin de trouver au quotidien les ressources nécessaires pour rester en état de fonctionnement. De ce fait, il va réussir à se faire embaucher à l’AEE (Asia-Europe Express & Energy), le plus grand groupe industriel au monde, dans une branche spécialisée en recherche sur la robotique. Ceci lui permettra d’avoir un accès direct aux ressources nécessaires pour sa maintenance, mais en contrepartie, il va devoir au quotidien se faire passer pour un humain auprès de spécialistes des robots et intelligences artificielles.

C’est d’ailleurs une des réussites de ce premier tome : le point de vue d’Origin est parfaitement retranscrit et on n’a aucun mal à comprendre comment celui-ci fonctionne (je ne dirai pas « comprendre ce qu’il ressent », car il s’agit d’un robot). De ce point de vue, il y a plusieurs éléments comiques liés à son comportement par rapport aux autres auxquels je ne m’attendais pas, mais qui ne font pas du tout tâche. Ainsi, ce premier tome laisse à penser qu’un des enjeux principaux de la série sera comment ce robot arrive à se fondre dans notre société. Ceci permettra à n’en point douter de soulever les traditionnelles question sur l’humanité que ce type d’intrigue et de personnage permet de mettre en exergue. Un autre point qui m’a plu concernant le personnage d’Origin est sa volonté de mener une vie convenable, comme lui a demandé son « père » avant de mourir. On n’en sait pas plus pour le moment sur ce point, mais on peut supposer que ce qui est arrivé à son créateur sera un élément clé de l’histoire également.

Enfin, Origin a aussi cette particularité d’être un robot qui traque les autres robots. Il est le prototype qui a permit à son créateur de donner vie à huit autres robots (il en tue un dans le premier chapitre) qui traquent et tuent des humains. De ce fait, notre héros a souhaité, en tuant un des leurs, faire passer un message pour que ces derniers se tiennent tranquille, afin qu’il n’ait pas à les tuer également. Vous vous doutez bien que ça n’aura pas vraiment l’effet escompté, et on aura l’occasion de voir une partie de la bande des autres robots dans ce premier tome. Ceci permet également de mettre en avant la solitude extrême dans laquelle se retrouve Origin, puisqu’il défend les humains dont il ne fait pas partie contre ses frères robots. Ce point est très bien mis en avant par l’auteur, et je suppose qu’il fera partie des questionnements à venir dans le reste de la série.

En résumé, ce premier tome d’Origin pose d’excellentes bases pour la série même si l’on n’a pas encore pris le temps d’entrer réellement dans les détails. Le cadre général de l’univers est esquissé rapidement, avantageusement soutenu par un travail visuel et d’ambiance à tomber par terre qui n’a rien de surprenant venant d’un artiste tel que Boichi. Ainsi, on retrouve tout ce qui me fait aimer l’auteur, en particulier des personnages magnifiquement dessinés et des planches qui impriment la rétine. Mais si les qualités de l’auteur sont présentes, son défaut principal est là aussi, à savoir sa représentation souvent problématique des personnages féminins. J’aurai même tendance à dire que c’est exacerbé par moments et il faudrait vraiment qu’il se remette en question sur ce point car cela peut être gênant dans le meilleur des cas (mon cas), ou être carrément rédhibitoire pour d’autres. Toujours est-il que ce premier volume, outre cet écueil non négligeable, est d’excellente facture et pose les bases d’une histoire que j’ai très envie de suivre.

7 commentaires

  1. J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans cette série, je l’ai arrêté au tome 3 …
    Ce problème est présent partout avec Boichi (sauf dans Dr Stone, là il peut pas) mais j’ai rarement trouvé ça utile dans Sun-Ken Rock, sauf vers la fin.

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    • C’est toujours un sujet épineux la représentation des femmes chez Boichi. Et même dans Dr Stone c’est questionnable (est-ce nécessaire qu’elles aient toutes des grosses poitrines par exemple ?).
      Dans Sun-Ken Rock, je trouve pour le moment (j’ai lu les 4 premiers tomes comme je ne lis que les éditions deluxe) que concernant le traitement des sévices infligées aux femmes, c’est cohérent et justifié que ce soit représenté. Même si je reconnais qu’on pourrait traiter le sujet sans être aussi frontal.
      De la même façon, on a déjà des moments d’assez mauvais goût avec les personnages féminins qui se désapent systématiquement devant Ken… C’est pour ça que c’est une question que je risque de soulever de façon récurrente avec Boichi et qui me gène quand même compte tenu du fait que j’admire l’artiste pour son style, tout en ayant bien conscience de ces éléments très problématiques.

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  2. Je tenterais peut être quand j’aurais fini sun ken rock et que Origin aura un peu avancé. J’aime bien la sf robotique , ça devrait me plaire… Merci pour ton avis très détaillé et.. critique sur les limites de Boichi!

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  3. J’aime beaucoup les dessins de boichi mais comme tu le sais, la SF robotique n’est pas pour moi, donc j’ai passé mon tour pour cette saga. Et hélas, je doute qu’il se repente… Il aime trop dessiner les personnages féminins, son ancienne carrière de dessinateur de hentai lui colle à la peau. Et tu as raison, j’ai lu les critiques virulentes sur cet écueil sur Twitter. Certains ne continent pas à cause de ça. J’ai connu sun Ken Rock au collège, sur le coup, j’ai pas été plus dérangée que ça mais plus je grandissais avec la série plus ça me faisait froncer les sourcils. En plus chacun des œuvres où il y est à cette sale manie (Terra formars azimut, sanctum, chief ceasar etc)

    Aimé par 2 personnes

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