Mon avis sur… Blue Period T.2 de Tsubasa Yamaguchi

Blue Period 2

Après un premier tome qui m’avait conquis par son travail très pertinent sur la découverte de l’art et la naissance de la passion du jeune protagoniste, j’avais hâte de me plonger dans le second volume de Blue Period, afin de voir si celui-ci confirmait les très belles qualités déjà relevées. Inutile de faire trop de suspense, c’est clairement le cas, et ce nouveau tome est à mes yeux aussi réussi que le précédent, étoffant déjà plusieurs idées mises en place précédemment.

Je remercie une fois de plus Pika pour l’envoi de ce volume, qui me permet de vous proposer cet article.


Mon avis sur le Tome 1


Yatora avait décidé de poursuivre des études prestigieuses pour répondre aux exigences de son entourage. Mais pour assouvir la frénésie dévorante du désir qu’il ressent en dessinant, il vise d’intégrer la prestigieuse université des Arts de Tokyo. Est-il prêt à sortir de sa zone de confort, à se confronter au regard des autres, à des talents accablants et, surtout, à surmonter sa peur d’échouer ?

Le résumé resitue bien les événements, et si besoin, vous avez le lien vers mon article sur le premier tome ci-dessus, qui revient en détails sur les éléments qui m’ont particulièrement conquis.

Ici, nous reprenons dans la foulée, avec un Yatora bien décidé à passer le concours d’entrée à l’université Geidai, la seule abordable financièrement pour lui. Plusieurs barrières se dressent cependant, notamment le fait de devoir convaincre ses parents d’accepter son choix d’orientation vers une discipline pleine d’incertitudes pour ce qui est de l’avenir professionnel.

Mais en plus de ceci, Yatora doit continuer à suivre des cours et s’améliorer, lui qui n’est qu’un débutant dans le domaine. Ainsi, le cœur du volume concerne très clairement l’évolution de son rapport à l’art, et les choses à faire pour s’améliorer vite. L’occasion de proposer de nombreux questionnements en lien avec ce domaine, qui semblent tout à fait transposables aux autres moyens d’expression par ailleurs.

Ainsi, que ce soit avec ses enseignantes ou ses camarades, Yatora confronte sa vision des choses à la leur, permettant d’aborder la distinction entre travailleur consciencieux qui ne sait que respecter des règles et des techniques strictes, et les artistes qui arrivent à retranscrire une « vision » dans leurs œuvres.

De même, la question du rapport aux œuvres est évoqué, notamment vis-à-vis de celles qui font autorité. Yatora dit par exemple ne pas aimer Picasso, et qu’il pourrait faire comme lui (une critique qui est souvent adressée à certaines œuvres jugées « simplistes » d’un point de vue technique et esthétique). Cela donne lieu à une conversation avec un camarade qui considère qu’on peut tout à fait ne pas apprécier d’œuvres importantes, mettant en avant la subjectivité totale de nos rapports à tout ceci et l’importance des connaissances techniques dans l’appréciation, mais aussi des critères plus compliqués à appréhender, comme le fait qu’une œuvre fasse sens pour nous, que des éléments périphériques leur donnent du sens, etc.

J’ai trouvé cette idée très intéressante, d’autant plus qu’elle permet d’aborder les œuvres du point de vue extérieur et pas uniquement de celui des artistes. Ceci permet d’aller vers la question du jugement de goût dans le domaine artistique (encore une fois, au sens large, on peut y intégrer tous les moyens d’expression), qui est vraiment passionnante.

PerspectiveDe la même façon, on reste encore dans une optique didactique qu’on trouvait déjà dans le premier volume, puisque Yatora continue à apprendre les bases, notamment en ce qui concerne la composition et les techniques graphiques. Et sur ce point, je trouve que la mangaka a su parfaitement décrire la tension qui se joue entre des règles carrées que les artistes apprennent, et la façon de les exploiter, de tordre la technique, pour adapter tout ceci à leurs ambitions et leur style. Ce faisant, Yatora semble prendre conscience que s’il existe tout un éventail de techniques à apprendre, elles sont surtout là pour libérer le champ des possibles afin que les artistes puissent exprimer une palette infinie de choses.

Et au milieu de tous ces éléments très techniques, Tsubasa Yamaguchi n’oublie pas de développer ses personnages comme il se doit. Je pense évidemment à Yatora, qui est toujours aussi intéressant et crédible dans ses questionnements sur son rapport à l’art et sa volonté d’y arriver. Il dégage une vraie force émotionnelle qui me touche tout particulièrement.

Mais il y a aussi le personnage de Yuka qui continue de se démarquer. Il est un camarade de Yatora de sexe masculin mais se travestissant, et cherchant à sortir avec d’autres garçons. Par son biais, la question de ce qu’est la normalité se pose, et on sent que la mangaka commence déjà à la mettre en perspective par rapport au fait de trouver son identité artistique. De ce fait, je ne doute pas que les deux thématiques vont se nourrir mutuellement, et que le personnage va connaitre des développements intéressants.

Blue Period 3En résulte, vous l’aurez sans doute compris, un tome encore une fois très riche, ce qui ne l’empêche pas de rester totalement fluide. Ceci permet à la lecture d’être à la fois passionnante et vraiment agréable, confirmant tout le bien que je pense de la série depuis son premier volume. Avec son troisième tome prévu pour le 19 mai, il est évident qu’on n’a pas fini de parler de cette série qui risque fort de s’imposer parmi les plus passionnantes de cette année qui débute.

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