Après un départ enthousiasmant, j’ai fini par décrocher d’Edens Zero au bout de cinq tomes, pestant contre un manque d’enjeux, un fanservice trop poussé et finalement une écriture qui me semblait en mode automatique. Mon premier contact avec Mashima, qui m’avait au départ bien plu, a finalement tourné court.
Sauf qu’entre temps, je me suis lancé dans Fairy Tail (on ne remerciera jamais assez les médiathèques), et je suis tombé amoureux de la saga phare de Mashima, si bien que le style de l’auteur et ses excès ont fini par devenir quelque chose qui me parle tout particulièrement. De ce fait, j’ai finalement eu très envie de revenir vers Edens Zero, armé de mon amour renouvelé pour l’auteur et ses tics les plus critiqués (on y reviendra).
C’est donc l’esprit léger et non sans un certain enthousiasme que j’ai repris Edens Zero là où je m’étais arrêté, à partir du tome 6. Je me dois d’ailleurs d’être parfaitement honnête et de signaler que Pika m’a envoyé les tomes 6 à 12, à ma demande, et je les en remercie infiniment d’ailleurs. je sais donc qu’on pourrait se demander si mon revirement ne vient pas de là, et j’espère juste être suffisamment convaincant dans mon discours pour montrer que c’est surtout ma passion récente pour le style de Mashima qui a permis la réconciliation.
Retour en arrière : de Edens Zero à Fairy Tail, l’évolution de mon rapport au style de Mashima
Personnellement, j’ai découvert Hiro Mashima avec Edens Zero, lors de la sortie française de son premier tome. Je n’avais alors lu aucun autre titre de l’auteur, pas même Fairy Tail. J’ai directement accroché à l’esthétique du titre, ainsi qu’à son univers, mais après quelques tomes j’ai commencé à pester contre un rythme trop rapide, un manque d’enjeux et un fanservice conséquent, si bien que j’avais fini par me désintéresser de la série après 5 tomes.
Mais quelques temps plus tard, j’ai commencé à lire Fairy Tail en médiathèque, série qui m’a très vite rendu accro. Et je me suis rendu compte que parmi les éléments qui ont fait que j’apprécie tout particulièrement cette série, il y a justement le rythme très soutenu, et le fanservice (et également ses très nombreux personnages particulièrement charismatiques, et l’esthétique générale de Mashima), soit des points que je reprochais à Edens Zero.
Concernant le rythme, je pense que ça vient surtout du fait de trouver une balance équilibrée entre enjeux, développement d’univers, et fluidité du récit. Dans Edens Zero, j’ai rapidement eu le sentiment que Mashima se précipitait pas mal dans son histoire, prenant notamment trop peu de temps pour nous faire visiter les nombreuses planètes sur lesquels vont les héros, ce qui créait un sentiment de frustration que je n’avais pas avec Fairy Tail.
Pour ce qui est du fanservice, je pense par contre que c’est une évolution très personnelle de mon rapport à la chose. Je suis très intéressé par les questions de sexualisation des personnages et de représentation des corps, notamment féminins, dans la fiction. De ce fait, je me questionne sur l’impact de tout ceci, sujet ô combien complexe. Et en découvrant le style de Mashima avec Edens Zero, j’ai eu du mal dans un premier temps avec cette façon de dévêtir ses personnages féminins pour un oui ou pour un non, trouvant que ça désamorçait parfois certaines situations.
Sauf qu’entre temps, je me suis plongé plus intensément dans Fairy Tail, ce qui m’a laissé le temps de m’attacher à ses personnages, en particulier féminins (voir mon top des personnages du manga). Je me suis donc beaucoup questionné sur l’impact du fanservice dans les titres de Mashima, notamment sur mon rapport à ses personnages féminins. Et clairement, je me rends compte que ça ne diminue pas leur qualité à mes yeux.
Et surtout, il y a un moment dans la vie d’adulte où il faut finir par être honnête avec soi-même. Et si je n’apprécie pas qu’on résume les personnages féminins à des physiques, chose que Mashima ne fait jamais, je dois bien reconnaître que sa façon de dessiner des femmes super sexy, souvent en petite tenue, émoustille quelque peu le jeune homme que je suis. De ce fait, j’ai fini par totalement revoir mon jugement sur la question du fanservice chez Mashima, qui désormais me semble un élément constitutif de son style dont je ne souhaite pas me passer. On aura l’occasion de revenir dessus dans cet article, mais aussi dans un article dédié, car on ne parlera jamais assez de Mashima et de ses personnages féminins.
De ce fait, ma passion naissante pour Mashima m’a amené à devenir un peu obsessionnel, si bien qu’en même temps que je continue Fairy Tail, je découvre les spin-off de la série, je me prends d’envie d’investir dans les artbooks de Fairy Tail (apparemment remplis de filles en bikini selon les avis que j’ai lu), et j’ai fort logiquement eu envie de redonner sa chance à Edens Zero, armé de mon nouvel amour pour le style de l’auteur.
C’est ainsi que j’ai eu la possibilité de reprendre où je m’étais arrêté, et que j’ai enchainé à la vitesse de l’éclair les tomes 6 à 13 de la série, me permettant de reprendre tout ça sur des bons rails. Et très sincèrement, j’ai retourné ma veste encore plus violemment que Jacques Dutronc sur ce coup, car je suis désormais accro à Edens Zero autant qu’aux autres titres de Mashima.
L’aventure (re)commence
J’aurai peut-être du relire les cinq premiers tomes avant de me lancer dans l’écriture de cet article, pour voir si je maintiens ou non ce que j’ai dit. Car si je suis certain de toujours penser autant de bien des deux premiers tomes, je me dis qu’il est possible que je sois moins sévère avec les tomes 3 à 5. Ce qui est sur, c’est que je ne me plaindrai plus du fanservice, vous l’aurez compris.
Cependant, il est indéniable que les choses allaient un peu vite, et on sent que Mashima voulait rapidement passer la phase de recrutement des membres de l’Edens Zero pour passer vraiment aux choses sérieuses. Pour rappel, un des premiers enjeux de l’histoire est de recruter les 4 étoiles brillantes, des robots à l’apparence de femmes (évidemment), qui permettront à Rebecca, Shiki et compagnie de continuer leur aventure. Ceci s’est donc un peu fait au détriment du développement des personnages et des environnements rencontrés, à l’exception notable de Harmit (l’étoile à l’apparence de fillette), qui m’a directement touché.
Le but du recrutement des 4 étoiles était de permettre à l’Edens Zero d’atteindre son plein potentiel, avec toujours comme objectif définitif de rencontrer Mother. Des enjeux clairs, qui fonctionnent très bien ainsi, mais qui ont eu du mal à totalement m’accrocher en début de récit car en dehors du travail sur les robots, cela manquait encore de sève.
Or, avec le tome 6, on attaque un arc qui se développe jusqu’au tome 8, l’arc de Sun Jewel, centré sur Homura (LA femme forte à la Mashima par excellence) et sa relation à Valkyrie, la quatrième étoile brillante. Et à partir de là, on retrouve selon moi Mashima à son meilleur. Il y a des enjeux importants en lien avec un ou des personnages en particulier, il prend le temps de développer l’environnement dans lequel l’arc se déroule, il y a de l’action en pagaille toujours parfaitement ciselée comme le mangaka sait si bien faire. Et surtout, il y a une grosse dose d’émotions !
Et si la recette reste classique, elle est tellement maîtrisée qu’elle fonctionne parfaitement sur moi. D’autant plus que le tout est rehaussé par des idées vraiment bienvenues, et dont on sent qu’elles seront développées sur le long cours. Je pense notamment à l’intervention de Xiaomei, la narratrice de l’histoire, qui s’adresse à nous, lecteurs et lectrices, à intervalles réguliers, mais qui va aussi intervenir un peu dans le récit. Elle dégage quelque chose d’assez fascinant et est porteuse de mystère et de promesses pour la suite qui fonctionnent vraiment bien.
De même, dans cet arc on a un début de questionnement autour de Rebecca qui va aller en s’étoffant et qui a pour moi un très très fort potentiel, Rebecca ne faisant que s’affirmer comme un des personnages les plus réussis d’Edens Zero à mes yeux.
Et si cet arc est vraiment enthousiasmant, c’est finalement le hors d’œuvre avant un plat principal encore plus copieux et goûtu.
L’arc de Belial Gore, où la série dévoile son plein potentiel
Ainsi, l’arc de Belial Gore, que je surnomme l’arc de Drakkhen Joe, apporte énormément à la série, en particulier en terme de dramaturgie. Après avoir rencontré plusieurs antagonistes plus ou moins réussis, on a ici le premier antagoniste vraiment conséquemment développé de la série, et qui représente un danger vraiment énorme pour nos héros. Je ne vais pas revenir en détails sur tout ce qui se passe dans cet arc, mais Mashima développe également un groupe d’ennemis autour de lui vraiment réussi, dont un qui se bat d’une façon très particulière, le faisant clairement se démarquer des autres.
De ce fait, comme pour le précédent arc, on a une gestion des enjeux et du ton aux petits oignons, avec une vraie avancée dans l’intrigue, un méchant développé et effrayant, une menace palpable et tous les héros qui s’affirment.
Si Wise a droit à un moment fort particulièrement réussi, c’est vraiment Rebecca qui sort la grande gagnante de l’arc, s’éveillant à son Ether Gear qui la met au centre de l’histoire, pour à mon avis y rester pour de bon. Encore une fois, je ne vais rien en dire, mais on constate avec cet élément que Mashima ne se moque pas de nous, et revient vers des éléments développés précédemment. Ainsi, il étoffe clairement son univers et son storytelling en mettant en place une idée narrative à très fort potentiel, en lien avec Rebecca et son pouvoir. Je dois dire que sur ce point, j’ai été soufflé, d’autant plus que tout ceci contribue encore une fois à la tonalité dramatique de l’arc.
C’est compliqué de vraiment expliquer de quoi il en retourne sans faire de révélation importante, je préfère donc m’arrêter là, surtout que dans cet arc, je trouve que Mashima arrive vraiment à concilier la formule classique à la Mashima avec des éléments plus inattendus et originaux très bien sentis.
Enfin une séquence à la plage !
Hé oui, cela peut paraître futile, mais c’est quelque chose de très très important pour moi chez Mashima, et je m’en vais vous expliquer pourquoi. Je trouve qu’un des éléments important dans son storytelling vient de l’alternance entre les phases narratives avec des enjeux, de la dramaturgie, et des séquences plus quotidiennes et légères. Dans Fairy Tail, on a a beaucoup de passages légers, notamment avec des moments à la plage, qui permettent de montrer les personnages vivre, s’amuser, et partager des choses, tout simplement. C’est très important pour renforcer le côté grande famille, et la plage en elle-même… c’est tout simplement un bon prétexte pour montrer des bikinis de partout.
C’est donc une bonne façon d’avoir le meilleur des deux mondes, développer l’univers, les liens entre personnages, et avoir ça dose de coquinouterie. Et si dans Edens Zero, on passe par le vaisseau pour avoir ce genre de séquence, notamment avec des bains d’ether régulier pour les personnages féminins (allez savoir pourquoi, les mecs en sont dispensés), des moments de flottement comme ceux qu’on a dans Fairy Tail manquent un peu, je dois l’avouer.
Or, le tome 13, avec sa jaquette on ne peut plus parlante, propose enfin une séquence de plage, au détour d’une visite sur une planète paradisiaque. Cela permet d’avoir un de ces fameux moments de pause, où les personnages se détendent et profitent un peu. On peut évidemment se rincer l’œil avec les bikinis très sexy de Rebecca et Homura. Mais surtout, cela permet de créer une vraie connivence avec les personnages, nous les rendant encore plus proches et attachants.
Et c’est selon moi un élément très important, et qui contribue vraiment à l’affect que j’ai pour Mashima et ses séries. Certains pourraient penser que c’est totalement gratuit et que ça n’apporte rien, mais au contraire, je pense que ça étoffe vraiment la caractérisation des personnages, les rendant plus proches de nous et plus vivant, puisqu’ils partagent des activités « normales » pour tout un chacun, et ne vivent pas que par et pour l’aventure et le combat. C’est vraiment quelque chose que je trouve assez rarement dans le nekketsu de bagarre, ou en tout cas rarement autant mis en avant, et ça fait franchement du bien.
Et ces passages contribuent au ton général si spécifique des mangas de Mashima, qui font que, bien qu’ils ne soient pas ceux avec les personnages les plus originaux, avec les intrigues les plus denses où les univers les plus riches, ont ce quelque chose en plus qui les rend vraiment uniques et particulièrement attachants à mes yeux. J’espère de ce fait que Mashima continuera de nous gratifier d’autres moments du genre, mais également qu’Edens Zero connaitra des spin off, des recueils d’histoires courtes et autres développements que Fairy Tail a déjà eu et continue d’avoir, car ces éléments contribuent aussi à l’affect que l’on a envers les titres en question.
Un monde qui continue de s’ouvrir
Et avec ce nouvel arc, le monde d’Edens Zero s’ouvre encore un peu plus, semblant aussi infini que l’espace qui est le théâtre des aventures de nos héros. Nous en sommes donc à un stade où on sent qu’il y a encore énormément à voir et à raconter. J’ignore combien de temps la série va durer, je suppose que même Mashima, s’il semble avoir un plan plutôt bien rodé, n’est pas encore certain de la durée, d’autant plus que d’autres éléments entrent en ligne de compte concernant la sérénité d’une série.
Mais ce qui est certain, c’est que je ressors de cet enchaînement de volumes rassuré quant au potentiel de la série. D’autant plus que l’anime arrive très prochainement, et que des jeux vidéo ont également été annoncés, qui permettront donc à cet univers de trouver de nouveaux adeptes.
Cependant, on reste très clairement dans un style à la Mashima à 100%, avec son lot d’humour, de fanservice, et son esthétique qui lui est propre. De ce fait, je ne suis pas certain qu’on puisse accrocher si on est allergique à ce que fait l’auteur. Mais au contraire, j’ai tendance à penser que si on aime ce qu’il propose, il y a toutes les chances que Edens Zero nous comble, d’autant plus qu’on sent qu’il a encore augmenté son niveau de maitrise graphique. Et il a également mis à ce stade plusieurs éléments passionnants en place qui créent chez moi de très grosses attentes quant à la suite des événements.
Ainsi, je ressors largement réconcilié avec la dernière série de Mashima, un mangaka qui a su créer un lien très fort avec moi par le biais de ses différentes séries, jouant avec talent sur la connivence avec son public. Et j’espère désormais qu’Edens Zero va continuer à m’accompagner pour longtemps !
Ah voilà, c’est là que je ne peux pas te suivre.
Je reproche à Edens Zero un rythme trop rapide et trop lent ainsi qu’un manque d’enjeux. Mais tout cela vient du fait qu’il ne se soit pas poser un instant pour développer ses personnages et me donner envie de les aimer. Et forcément, si je connais les personnages, cela impliquera déjà plus ma personne.
Et osef du fanservice.
D’autant plus que j’aime beaucoup Fairy tail dans lequel je n’ai senti ni rythme rapide, ni manque d’enjeux, ni fan service. Sauf les deux premiers dans le dernier arc.
Et ça me perturbe de ne pas arriver à changer mon état d’esprit en lisant edens Zero mais je me dis que le dosage de Fairy Tail était pile à mon goût et que celui d’Edens Zero est à peine moins épicé, mais suffisamment pour que je trouve ça fade.
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Hé bien quand on est en désaccord, il faut te dire que c’est forcément moi qui a raison !
Plus sérieusement, je peux tout à fait comprendre que la formule ne fonctionne pas sur toi, et j’en suis d’ailleurs désolé pour toi. Me concernant, je pense vraiment que l’affection énorme que j’ai pour Mashima et son style jouent aussi.
Il me suffit de voir ses dessins magnifiques et son somptueux travail d’ambiance pour que je sois ravi.
Enfin, avec les développements en place depuis quelques tomes, je trouve en plus que l’intrigue devient passionnante et, j’ose le dire, me laisse à penser que le potentiel de me plaire encore plus que Fairy Tail est là !
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Evidemment que tu as raison partout. C’est ton avis et il est réfléchit. Comment tu pourrais avoir tort ?
J’en suis désolé car j’ai grandit avec le style Mashima de Fairy Tail précisément donc je ne dois pas être prêt à vouloir le changer. Il faudrait vraiment que je lise Rave pour changer ça.
Comme j’ai toujours ce problème des personnages dont j’ai rien à dire dessus sauf Wise et Pino 🤷🏻♂️, même les derniers éléments me laissent perplexes. Genre la boucle temporelle qui supprime la découverte de Belial Gore que j’apprécie pour remplacer ça par des combats où je ne me retrouve pas et sans qu’on sente réellement l’impact de la première boucle, ça me perturbe.
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Je vois ce que tu veux dire, mais de mon côté le coup de la boucle temporelle m’a énormément plu.
Pour ce qui est des personnages, ça reste super classique mais moi un héros comme Shiki qui veut être ami avec tout le monde et qui s’énerve quand on fait pleurer ses amis ça suffit à me parler mais pour le coup, je comprends que ça ne touche pas tout le monde tant c’est classique.
Et Rebecca a selon moi ce petit quelque chose de la « Mashima girl » qui fait que je l’adore vraiment, en plus de son ether Gear.
Et les 4 étoiles aussi, je les trouve toutes excellentes.
Bref, tu l’auras compris, je suis très bon public avec le style de Mashima.
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Cette question de la gestion du rythme me rappelle d’ailleurs que les scénaristes d’anime laissent parfois de côté certaines parties du manga pour que les épisodes ne soient pas trop longs.
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Oui, en effet, ou parfois ils créent des intrigues inédites pour faire davantage d’épisodes. Je pense que ça fait partie des réflexions qui se posent dans le processus d’adaptation pour avoir un rythme propre à l’anime et au format épisodique de 20 minutes.
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