Mon avis sur… Demon Slayer T.1 & 2 de Koyoharu Gotouge

Demon Slayer

J’en parlais la semaine dernière, Panini Manga fait son grand retour avec la re-sortie de Demon Slayer, qu’ils avaient auparavant publié sous le titre Les Rodeurs de la Nuit avant de mettre la série en pause au bout de trois tomes (j’en parle davantage dans mon article visible à ce lien). Cette re-sortie est d’autant plus attendue que l’adaptation animée du manga est diffusée depuis cette année (en simulcast sur Wakanim en France) avec beaucoup de succès. L’anime a d’ailleurs boosté les ventes du manga d’une façon vraiment impressionnante, en faisant un des très gros titres du Weekly Shonen Jump, qui prépublie le manga depuis 2016 (16 tomes sont sortis au format relié au Japon). Ceci étant resitué, voyons ce qu’il en est concernant ces deux premiers tomes, disponibles au prix d’un seul (une bonne idée pour relancer la série avec succès).

Début du XXe siecle au Japon, un petit marchand de charbon nommé Tanjiro vit une vie sans histoire dans les montagnes. Jusqu’au jour tragique où, après une courte absence, il retrouve son village et sa famille massacrés par un ogre ! La seule survivante de cette tragédie est sa jeune sœur Nezuko. Hélas, au contact de la bête, celle-ci s’est à son tour métamorphosée en monstre… Afin de renverser le processus et de venger sa famille, Tanjiro décide de partir en quête de vérité. Pour le jeune héros et sa sœur, c’est une longue aventure de sang et d’acier qui commence !

Avant d’aborder ces deux premiers tomes, je vais revenir dans un premier temps sur l’édition en elle-même. En effet, Panini étant énormément critiqué à ce sujet, il semble indispensable de revenir sur ce point d’emblée. Et me concernant, je trouve que c’est du très bon travail. Les pages sont assez épaisses, l’encrage me semble très bon, et les jaquettes sont vraiment belles. Bref, on est dans un travail qui m’a l’air dans la norme dans le domaine, et qui devrait bien vieillir (un des reproches souvent faits aux mangas de Panini). Un premier très bon point pour commencer donc.

Ceci étant posé, nous allons pouvoir aborder ces deux premiers tomes plus en détails. Comme l’indique le résumé, le manga se focalise sur Tanjiro, dont toute la famille à l’exception de sa sœur Nezuko a été massacrée par un démon. Et cette dernière n’en est pas ressortie indemne, puisqu’elle a été transformée en démon à son tour. Mais pour une raison inconnue, elle n’est pas un démon sanguinaire dévorant des humains pour vivre, au contraire, elle est protectrice vis-à-vis de son grand frère, et est maintenue en vie grâce au sommeil. Cette particularité va attirer l’attention de maître Urokodaki, qui va se proposer d’entraîner Tanjiro afin d’en faire un Pourfendeur de démons (ou Demon Slayer en anglais). Ceci afin de permettre au jeune homme d’affronter les démons dans le but de découvrir comment guérir sa sœur. Ainsi, le premier tome se focalise sur la présentation de l’univers et l’entrainement de Tanjiro, alors que le second lance pour de bon l’intrigue, nous présentant le principal antagoniste, Musan Kibutsuji, qui au-delà de ressembler étrangement à Michael Jackson, est également le seul capable de transformer les gens en démons.

Ainsi, ces deux premiers volumes ont déjà une belle densité, présentant rapidement et efficacement l’univers particulier dans lequel l’histoire se déroule, son duo de personnages principaux, son antagoniste et le principe des démons. Car parmi les nombreuses qualités du manga, les démons me semblent une des plus importantes. Au-delà du design particulier et réellement effrayant de ceux-ci, ils dégagent quelque chose de vraiment très intéressant. Alors que l’on part du principe qu’ils ne sont que des bêtes sanguinaires (bien aidés par leur aspect peu ragoutant, il faut le dire), on se rend rapidement compte qu’ils dégagent en réalité une forme de souffrance et de mélancolie. On le voit notamment avec le démon que Tanjiro affronte à la fin du premier tome, qui au moment de mourir des mains du héros, se met à pleurer en repensant à son grand frère qu’il a égorgé. Je trouve ce point vraiment réussi, car il évite le manichéisme et rend d’autant plus terrible le sort réservé aux gens qui sont transformés en démons.

Ce point permet également de développer Tanjiro, très différent des pourfendeurs de démons habituels. En effet, on nous explique que ces guerriers ne doivent pas hésiter ni ressentir de choses pour les démons. Or, Tanjiro est un personnage très empathique qui ne peut s’empêcher de partager la souffrance des démons. Ceci le rend vraiment très beau et offre une assise émotionnelle supplémentaire au manga (le regard du personnage étant particulièrement expressif). Assise émotionnelle décuplée par le lien entre Tanjiro et Nezuko.

Un autre élément important dans mon appréciation de ces deux premiers tomes vient de l’univers global et de l’esthétique du titre. La série se passant au Japon du début du vingtième siècle, on a droit à un style très marqué, avec des kimonos amples, des masques tengu, des villages traditionnels et des villes plus modernes, et des katanas ! Personnellement, je trouve que l’univers dégage une ambiance extrèmement réussie, renforcée par l’esthétique du titre. J’ai déjà évoqué la représentation des démons qui tape en plein dans le mille (mention spéciale au premier démon qu’affronte Tanjiro qui ressemble à… Racaillou !), mais le travail sur tous les personnages est du même niveau. Les visages sont très expressifs, les démons exprimant beaucoup de souffrance dans leur représentation, et les émotions de Tanjiro sont également parfaitement retranscrites. Et comme je l’ai dit, le dessin contribue énormément à l’ambiance et nous pose un folklore japonais des plus attrayants.

Ainsi, arrivé à la fin de ces deux premiers tomes, je suis déjà conquis par Demon Slayer. Certes, nous n’en sommes qu’au début de l’histoire, mais la mangaka a déjà introduit avec talent un univers fascinant et un personnage principal très touchant (sans parler de sa soeur). De plus, il y a déjà un certain nombre d’informations données sur les démons, qui mettent en place une aura de mystère et de fascination à leur sujet. De ce fait, je suis déjà très investi dans cet univers, et je suis plutôt ravi que Panini décide de reprendre la série en main et de rattraper le temps perdu, publiant les tomes 3 et 4 simultanément le 9 octobre, le volume 5 le 27 novembre pour ensuite passer à un rythme d’un tome tous les deux mois à partir de 2020. Et même si cela a déjà été dit pas mal de fois sur les réseaux sociaux, je me joins à l’enthousiasme général et vous invite à soutenir la série, afin qu’elle remporte le succès nécessaire à sa pérennité en France.

En résumé, Panini semble vouloir faire les choses bien avec Demon Slayer et donner à la série une nouvelle chance. Il faut dire que le titre a de nombreuses qualités, et s’il joue déjà dans la cour des grands au Japon avec son succès grandissant, ces deux premiers volumes me laissent à penser qu’il a toutes les cartes en main pour s’imposer également en France. Que ce soit son univers, son ambiance, son esthétique, son duo de personnage principaux et surtout les démons, le manga regorge de qualités et d’éléments fascinants. Le rendez-vous est donc pris pour le 9 octobre, afin de voir si les tomes suivants confirment cette entrée en matière d’excellente qualité !

 

9 commentaires

  1. Pour l’instant je n’ai lu que le premier tome, et ça ne m’a pas vraiment emballé.
    C’était sympa, mais je vois pas encore ce qu’il y a de si exceptionnel dans ce manga que tout le monde encense.
    Je verrais quand je prendrais le deuxième tome 😁

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    • Me concernant, je suis tout de suite rentré dedans.
      Je trouve que le 2e étoffe beaucoup les démons et rend l’ambiance plus mélancolique, du coup, ça pourrait peut-être faire évoluer ton avis.
      Sinon, c’est peut-être pas un univers fait pour toi, ça arrive aussi.

      Me concernant, je ne qualifierai pas ce début d’exceptionnel (genre en shonen nekketsu, je trouve que Naruto et One Piece envoient bien plus du lourd en deux tomes), mais je suis quand même tout de suite rentré dedans et je trouve l’univers et les personnages prometteurs !

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      • « Bref, on est dans un travail qui m’a l’air dans la norme dans le domaine, et qui devrait bien vieillir. »
        Très intéressant point de vue. Cela me fait d’ailleurs me poser la question suivante : Selon quels critères peut-on dire qu’une bande dessinée (Qu’il s’agisse d’une BD franco-belge, d’un manga, ou d’un comics.) a bien vieilli ou non par rapport à l’époque de sa publication ?

        Pour moi cela tient principalement à l’endurance de la couverture, la qualité du papier, le graphisme, le découpage des planches, le scénario et la caractérisation des personnages.

        Aimé par 1 personne

      • Là je parlais surtout de l’objet. Je pense que ça tient à la qualité du papier et de l’encrage surtout.

        Pour ce qui est du vieillissement des œuvres en elles-mêmes, je pense que c’est un vaste sujet, qui mériterait qu’on se penche dessus d’ailleurs !

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