L’Attaque des Titans – L’arc de la bataille de Trost : Une introduction radicale à l’univers

Titan colossal

Je suis actuellement en pleine relecture d’un de mes mangas préférés en cours actuellement, dont je n’avais pas encore réellement parlé sur le blog, à savoir L’Attaque des Titans. Je lis cette série en édition colossale, et je souhaitais profiter de la sortie récente du neuvième volume dans ce format pour me relire tous ceux sortis jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, je possède les tomes 1 à 24 dans ces éditions (à raison de 3 tomes compilés par volume), que j’ai déjà tous lus mais que je me refais avec grand plaisir, à la fois pour me rafraîchir la mémoire et pour vous en parler enfin ici ! Comme cette série est déjà proche de la fin, plutôt que d’en parler tome par tome, je vais faire par arc, comme je le fais par exemple pour Naruto et Hunter X Hunter (il faudrait d’ailleurs que je m’y remette !).

Mais pour ce premier article, je vais un peu tricher et traiter des trois premiers arcs à la fois, à savoir celui de la chute de Shiganshina (chapitres 1 et 2), celui de la 104e brigade d’entrainement (chapitres 3 + 15 à 18) et celui de la bataille de Trost (chapitres 4 à 14 et 18). J’ai préféré parler de ces trois arcs en même temps, car non seulement ils s’entremêlent en terme narratifs (l’entrainement s’intégrant à la fin de l’arc de la bataille), mais ils ont également une certaine unité selon moi. Revenir sur ce premier arc sera surtout l’occasion de constater de la radicalité avec laquelle Isayama nous impose son univers, sombre et violent. Et parce que c’est précisément cette radicalité qui m’a tout de suite fait rentrer dans l’histoire, je trouvais normal de me focaliser en partie dessus.

Les Titans, une punition divine ?

Lorsque l’histoire débute, on est rapidement introduits à l’univers, mais ce qui frappe, c’est que l’on n’a aucune idée de l’origine des Titans, tout comme les personnages par ailleurs. Ceci a deux conséquences principales selon moi. La première est que cela crée une aura de mystère autour de ces créatures et de cet univers, qui donne clairement envie d’en savoir plus. Je le souligne car les mystères et la façon dont les révélations arrivent (ainsi que leur qualité) sont parmi les grandes qualités du manga selon moi.

L’autre conséquence de cette absence d’explications concernant la nature des titans est qu’ils revêtent de ce fait un fort aspect symbolique, bien aidé par l’écriture d’Isayama qui insiste bien sur ce point. Ainsi, les personnages semblent penser que leur arrivée ressemble à une punition contre l’humanité du fait de ses défauts. Je trouve cette idée très intéressante car elle est développée avec une forme de radicalité et de colère qui frappe et qui évoque beaucoup de choses. Je pense d’ailleurs qu’on peut y voir un peu ce qu’on veut, ce qui en fait justement la richesse. De ce fait, je vois dans ce début de série un vrai cri de colère contre la nature des hommes et leurs défauts, mais il est possible d’y voir tout autre chose, en fonction de la sensibilité de chacun(e). Cependant, s’il y a bien une thématique qui apparaît de façon évidente dès le départ, c’est celle des conséquences des guerres.

L’accent mis sur les conséquences de la guerre, et sur l’inutilité de toutes ces morts

En effet, on est tout de suite mis face aux conséquences de la guerre contre les titans, avec un retour du bataillon d’exploration très perturbant. On comprend en effet que ce bataillon est habitué aux sorties en dehors des murs, et que ces sorties se soldent de façon systématiques par des nombreuses morts et blessures grave.

Comment ne pas d’ailleurs être d’emblée marqué par la scène où une femme va voir un membre de bataillon pour le supplier de lui dire que son fils n’est pas mort en vain, que son sacrifice aura permit à l’humanité d’avancer. Et évidemment, le soldat face à elle craque et avoue que cette mort n’a servi à rien, une idée forte assénée d’une façon marquante, sans détour et radicale comme tout le début de cette série. Et cette idée sera traitée parfois de façon très directe, parfois en filigrane durant toute la série (en tout cas, c’est encore le cas actuellement selon moi).

De même une autre thématique liée à cela qui apparaît très rapidement, est celle de la tendance naturelle de l’homme à tuer. C’est particulièrement mis en avant lorsque l’on apprend ce qui est arrivé à la famille Ackerman, et le parallèle effectué entre les souvenirs de Mikasa et le fait qu’elle doive se battre pour survivre. L’idée étant que pour survivre dans un monde si violent, il faut soi-même devenir quelqu’un de violent (d’où le fait qu’Eren et Mikasa, alors enfants, tuent les hommes qui ont massacré la famille de cette dernière). Mais au-delà de cet événement traumatique, Mikasa se souvient aussi d’une image marquante, où son père ramenait un canard qu’il avait chassé et tué. Et elle semble déduire de cela que l’homme pour survivre à besoin de tuer. Je trouve cette idée très intéressante car elle met en avant ce qu’on appelle communément la « chaîne alimentaire », au sommet de laquelle trône en principe l’être humain. Je dis bien « en principe » car dans l’univers du manga, les titans semblent être au sommet de cette chaîne.

Le Titan assaillant, une figure fascinante

Un autre point qui m’a marqué dans cette introduction radicale vient de la figure même du Titan assaillant. En effet, lorsqu’Eren se fait croquer par un titan en sauvant Armin, je me suis simplement dit qu’Isayama avait utilisé une technique narrative consistant à mettre en avant un personnage comme étant le héros, et le faire mourir rapidement pour créer la surprise, et nous faire comprendre que tout est possible, et que personne n’est à l’abri. Mais en l’occurrence, l’idée est tout autre, et j’avoue ne pas avoir compris tout de suite que le titan qui attaque les autres n’est autre qu’Eren. Sur ce point, c’est une réussite totale puisque cela m’a fait partager le point de vue des personnages qui découvrent le fait qu’un humain soit capable de se transformer en titan.

Eren

Mais ce qui est le plus intéressant, c’est la colère infinie qui émane d’Eren, et qui donne l’impression que sa transformation est le fruit de cette colère. Et c’est précisément ce qui m’a fasciné dans cette figure, au-delà du plaisir pur de la violence avec laquelle il décime les titans. Cela me permet d’évoquer un point souvent discuté concernant cette série, à savoir son esthétique.

Punch

Il est communément admis que les illustrations sont plutôt laides, mais qu’elles s’améliorent au fur et à mesure. Je dois avouer que je suis seulement partiellement d’accord. Il est clair que les illustrations s’améliorent au fil de la série, mais l’esthétique particulière du manga me plaît beaucoup personnellement, et surtout, on ne peut nier qu’il y a un vrai style, et un vrai talent d’Isayama dans la composition des images, de la mise en scène et surtout des postures, aussi bien des personnages durant les manœuvres tridimensionnelles que celles des titans lorsqu’ils se battent. Ainsi, à partir du moment où Eren prend sa forme de titan, nous avons droit à des plans très impressionnants, qui sont d’ailleurs magnifiés par les éditions colossales. Je serai amené à évoquer de nouveau ce point lorsque je parlerai des arcs suivants, qui nous offriront de vrais moments de grâce en terme de combat.

Cette parenthèse étant faite, on peut revenir sur ce qui me fascine chez le titan assaillant. Comme je l’ai dit, il semble représenter la colère d’Eren envers les titans qui ont mangé sa mère, mais également la colère de l’humanité contre cette punition qui s’abat sur eux. Et cette colère d’Eren semble finalement donner le la de l’ambiance globale de ce premier arc. Je dirai même que, jusqu’à un certain point, j’ai l’impression que l’évolution de l’intrigue et de l’ambiance épouse l’évolution de l’état d’esprit de notre héros. Ainsi, ce premier arc, radical et violent, est celui de la colère, une réaction émotionnelle immédiate sans recul, qui nous permet de faire corps avec ce qui nous est raconté et de prendre tout ça de plein fouet. Cependant, les choses vont être amenées à évoluer, et ce dès l’arc suivant qui va apporter des éléments nouveaux dans cet univers riche en mystères et en surprise. J’y reviendrai prochainement, mais toujours est-il que cette entrée en matière, de par son approche radicale, violente et énervée, déploie une énergie folle qui m’a fait totalement adhérer à l’oeuvre et à son univers. Et le meilleur est à venir…

Colossal

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