Beastars continue son bonhomme de chemin en France depuis 2 ans et demie que Ki-oon a eu la bonne idée de nous proposer cette série. Si vous avez l’habitude de me lire, vous savez certainement tout le bien que je pense de cette série, que je vois devenir un grand classique avec les années tant Paru Itagaki développe une œuvre parfaitement maitrisée depuis le début. Mais avant de nous proposer cette formidable fresque, elle avait fait ses premières armes dans ce même univers avec des histoires courtes, qui nous arrivent enfin en France dans une série en trois volumes, intitulée Beast Complex. L’occasion de revenir en détails sur cet univers singulier et marquant, en détaillant un peu la genèse de tout ceci, tout en vous donnant mon avis personnel sur ce premier volume, évidemment indispensable si vous appréciez Beastars.
Un grand merci à Ki-oon pour l’envoi de ce premier tome, vous pouvez lire un extrait du titre ICI.
De Beast Complex à Beastars
Paru Itagaki en parle avec humour dans la postface de ce premier volume, elle a l’habitude depuis l’enfance de questionner la représentation des animaux dans la fiction. Elle s’étonnait par exemple de voir dans des dessin animés des chiens anthropomorphisés promener des chiens en laisse, ou des poulets manger de la volaille. Ce faisant, elle a très vite pris l’habitude de dessiner des animaux dans des postures humaines, et a beaucoup questionné cet aspect. On peut facilement imaginer qu’un proto-univers a commencé à germer dans son esprit au fil des ans, jusqu’à ce qu’à la fin de ses études, elle décide de proposer une histoire courte issue de son imaginaire animalier à un éditeur.
C’est en 2016 que le Weekly Shonen Champion d’Akita Shoten voit du potentiel dans la jeune mangaka et son imaginaire singulier, et accepte d’éditer une série d’histoires courtes, intitulée Beast Complex. Ces histoires déconnectées les unes des autres permettent à chaque fois d’aborder un aspect de l’humanité, de façon métaphorique, par le biais des animaux anthropomorphisés. Il y a déjà en germe des éléments que le public japonais retrouvera quelques mois plus tard dans Beastars, comme la distinction entre carni et herbi, le métissage inter-espèce, les meurtres perpétrés par des carnis, etc… Si l’univers n’est pas encore développé avec trop de profondeur, les principaux éléments sont là, et le tout se tient parfaitement. De même, Itagaki a déjà une esthétique très affirmée, même si elle ne demande qu’à prendre de l’ampleur.
Ainsi, ces histoires courtes semblaient un moyen idéal de mettre en place un univers, un peu comme Sapkowski l’avait fait pour sa saga romanesque du Sorceleur (plus connue sous le nom The Witcher), posant les bases de son monde dans des nouvelles avant de proposer un cycle suivi. Itagaki a délaissé le format court à partir du moment où Beastars a été sérialisé. otons quand même que de temps en temps, elle glisse dans la série un chapitre par-ci par-là autoconclusif qui renvoie au format court de Beast Complex. Et finalement, elle a reprit Beast Complex après la fin de sa série phare, y apportant également une conclusion en début d’année. Ainsi, cette anthologie d’histoires courtes fera 3 volumes, et se présente comme un parfait moyen de prolonger l’univers pour les fans, tout en développant de nouvelles thématiques, prouvant une fois de plus la richesse infinie du monde mis en place par Paru Itagaki.
Précisons que la nature particulière de Beast Complex fait que le titre s’adresse vraiment à tout le monde. Si vous aimez Beastars, la question ne se pose même pas, c’est une lecture indispensable. Et si vous n’avez pas encore sauté le pas et découvert la série d’Itagaki, Beast Complex peut faire office de porte d’entrée dans cet univers. Ceci étant précisé, voyons ensemble de quoi il en retourne et pourquoi, loin d’être un supplément dispensable, ce premier tome est une petite pépite dans la droite lignée de la série principale.
Mon avis sur ce premier tome
Lorsque herbivores et carnivores cohabitent, leurs relations sont souvent complexes, parfois intenses. Quelles que soient les règles adoptées, les barrières restent difficiles à faire tomber et chacun tente à sa manière de briser le carcan des idées reçues…
Un lion peut-il tisser des liens avec une chauve-souris dont les parents ont été dévorés par un fauve ? Qu’adviendra-t-il de l’amitié entre un petit tigre et un enfant castor quand ils grandiront ? À quoi ressemble la relation d’un dromadaire et d’une louve, où désir sensuel et appétit carnivore s’entremêlent ? Fraternité, amour, camaraderie… autant de sentiments partagés par tous, qui vont au-delà des apparences.
Et si la bestialité permettait de redécouvrir l’humanité ? À travers six histoires courtes passionnantes, Paru Itagaki pose les bases de l’univers de sa retentissante série Beastars. Tout y est : le campus mixte, le marché clandestin, les tabous sociétaux et, surtout, les personnages attachants qui échappent à tous les clichés… Beast Complex, première publication d’une jeune autrice au talent incroyable, est un concentré de tout ce qui fait la saveur de son œuvre !
Comme le résumé éditeur l’indique, ce premier volume de Beast Complex raconte six histoires courtes, d’une trentaine de pages chacune, liées seulement par l’univers global dans lequel elles se déroulent. On peut y suivre des étudiants qui nous rappellent ceux que l’on connait dans Beastars (avec d’ailleurs une petite apparition d’un visage connu), mais aussi des adultes évoluant dans d’autres strates de cet univers. Ainsi, ce sont six histoires avec à chaque fois un ton très différent auxquelles on a droit, qui proposent toujours une réflexion pertinente sur notre monde, exactement comme Itagaki le fait dans la série principale.
Que ce soit le repli sur soi d’un adolescent qui va s’ouvrir grâce à la bienveillance d’un camarade, des relations inter-espèce, une histoire de harcèlement scolaire ou encore des intrigues plus inattendues, Paru Itagaki utilise son univers et ses règles pour mettre en avant des comportements tout à fait humain, par le prisme de la fable qui est particulièrement adaptée au format court.
Car une des forces de ce premier volume est de réussir à chaque fois, en moins de 30 pages, à développer des personnages qu’on va comprendre immédiatement, et auxquels on s’attache très facilement pour la plupart, tout en déroulant une histoire autoconclusive riche d’enseignements. Sur ce point, on reconnait sans peine la plume efficace et puissante de l’autrice de Beastars, qui n’a fait que s’affiner au fil du temps, mais qui était déjà particulièrement incisive. Pour ce qui est de l’écriture tout du moins.
Car travail de jeunesse oblige, il faut reconnaitre que, si l’esthétique est déjà très marquée et arrive à nous immerger dans cet univers si singulier, la qualité du trait n’était pas encore optimale. On est face à un travail parfois inégal, où de très belles cases côtoient des choses plus brouillonnes. Mais il y avait déjà une intelligence indéniable dans la composition et le découpage, avec déjà de très beaux moments de mise en scène et des planches qui font mouche.
Surtout, il y a cette beauté et en même temps cette dureté de cet univers, différent mais finalement très similaire au notre. Et cette volonté affichée de mettre en exergue les comportements humains, déjà présente et parfaitement maitrisée. Ainsi, comme dans Beastars, j’ai été assez abasourdi par la façon dont Itagaki arrive aussi bien à développer un discours fort sans jamais être trop rentre-dedans, et sans jamais délaisser le storytelling. J’entends par là que les messages qu’elle fait passer se marient parfaitement avec les histoires racontées, et ne semblent pas intégrés au forceps. Un tour de force d’autant plus impressionnant qu’on est face au travail d’une jeune autrice de 24 ans seulement, qui, on le sait, va devenir au fil des années de plus en plus virtuose.
En conclusion
Vous l’aurez sans doute compris, j’ai été totalement conquis par ce premier volume de Beast Complex qui, loin d’être un supplément dispensable, s’intègre parfaitement à l’œuvre globale d’Itagaki et vient non seulement enrichir l’univers de sa série principale, mais est en plus une lecture totalement autonome qui vaut pour elle-même. Comme je l’ai précisé précédemment, on peut tout à fait lire ce recueil sans connaitre Beastars, et y prendre un réel plaisir du fait de la qualité des histoires et de leur force évocatrice.
Mais si en plus on est déjà fan de la série principale, on y trouve un prolongement bienvenu de tout ce qu’on peut apprécier dedans, avec des pans de cet univers que l’on n’avait pas ou peu exploré, des personnages très bien croqués en peu de pages, et tout simplement, une plongée supplémentaire au cœur de l’imaginaire d’une artiste d’ores et déjà marquante.
Ainsi, voir cette série courte arriver en France est un bonheur pour le fan que je suis, mettant encore un peu plus en avant Beastars et Paru Itagaki comme des révélations importantes. Et j’espère de tout cœur de Ki-oon est déjà sur le coup pour les autres titres qu’elle a déjà publié au Japon, car un tel talent n’éclot pas tous les jours.
bonjour, comment vas tu? comme tu le sais sans doute, j’adore aussi la série Beastars que j’ai proposé comme « coup de coeur » au boulot. c’est d’ailleurs là que je la lis et nous n’avons pas acheté la fin… hate que les collègues le fassent! ce spin off me tente beaucoup également. à voir si je ne l’achète pas carrément moi même vu qu’il n’y a « que » 3 tomes. passe un bon jeudi et à bientôt!
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Oui, je recommande fortement l’achat de ce spin off qui enrichit vraiment l’univers de la série et qui est aussi d’une grande qualité !
Excellente journée à toi !
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Le graphisme est peut-être parfois brouillon, mais le découpage s’avère déjà très net et facile à suivre.
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Ah oui, ça c’est certain. Je l’ai précisé quand j’ai dit que le découpage et la mise en scène étaient déjà très assurés et intelligents. Le trait de la mangaka n’était pas encore au top, en même temps elle débutait, mais le résultat était déjà plus que convaincant.
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J’ai hâte d’être samedi pour me le procurer en librairie 😍 ton article me donne encore plus envie ! C’est vraiment une saga et une mangaka qui va me marquer longtemps.
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Je pense que tu devrais tout à fait apprécier cette lecture également. Le format histoires courtes marche très bien, si tu aimes les chapitree déconnectés de l’intrigue qu’on a de temps en temps dans la série, c’est dans la même veine.
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Justement j’aime beaucoup ! Je n’ai aucun doute quant au fait que ça me plaira 😉
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J’ai voulu attendre de lire le tome et d’écrire mon avis (non dispo encore, ne le cherche pas ><) avant de te lire et comme souvent je me retrouve totalement dans ton avis.
J'ai aussi beaucoup aimé assister au talent en germe de l'autrice. J'ai également trouvé le trait prometteur mais manquant encore de force. Je suis d'accord que l'autrice propose de jolies variations sur les thèmes qu'on retrouvera ensuite plus longuement dans Beastars.
J'ai pour ma part eu un petit coup de coeur pour le chapitre illustré en couverture entre le dromadaire et la louve et son ambiance mature. Mais j'ai aussi beaucoup celui plus jeunesse avec le tigre et le castor.
Je suis curieuse de voir quels duos elle nous réserve ensuite !
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Perso, c’est vraiment les deux premiers que j’ai préféré, mais ce qui est super c’est que les 6 histoires sont toutes excellentes.
J’ai aussi très hâte de voir la suite !
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Hello ! Je me retrouve totalement dans ton avis sur le titre. Je trouve toujours ça très intéressant de voir les débuts d’un(e) auteur/autrice. C’est comme découvrir les premières ébauches d’un univers qui se construit sous nos yeux. Je ne saurais pas dire quelle histoire m’a le plus marqué tant il y a de tout, aussi bien du touchant avec le castor et le tigre ou de l’humour dans l’émission de cuisine. On ressent très bien cet univers que Paru a su créer être aussi fascinant qu’angoissant (et la scène de la panthère face aux feux d’artifice en est une très belle métaphore) J’ai tout aussi hâte d’en découvrir plus !
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