Si en France on a coutume de dire que nos oreilles sifflent lorsque l’on parle de nous, au Japon on dit plutôt qu’on éternue. Cependant, je n’ai pas le sentiment que cette symbolique soit exploitée dans ce recueil d’histoires courtes de Naoki Urasawa que Kana nous propose. Il s’agit plutôt de l’idée de quelque chose qui arrive d’un coup et part aussi vite que c’est arrivé, en référence au format court de ces histoires (de 10 à 40 pages environ). Et si Urasawa est un auteur qui aime les longues intrigues complexes, son talent reste intact dans ce format, comme nous allons le voir.
Atchoum ! regroupe donc 8 histoires, dont certaines très courtes et légèrement connectées, pour la plupart publiées il y a moins de 10 ans, même s’il y en a deux plus anciennes, dans des magazines différents. Pour commencer, rendons hommage à la très belle édition proposée par Kana, en grand format comme Yawara ! sorti le même jour, avec un papier épais de qualité et énormément de pages couleurs. Les 15 € du manga ne sont clairement pas volés selon moi, d’autant plus que la qualité est au rendez-vous.
Il faut savoir que les 8 histoires n’ont pour la plupart aucun lien entre elle, à l’exception des trois courtes histoires musicales très personnelles pour Urasawa. Ce sont peut-être celles qui m’ont le moins parlé même si c’est agréable de le voir se mettre en scène, et de retrouver sa passion pour la musique (car oui, Urasawa est un grand mélomane et un musicien accompli, qui a d’ailleurs profité de la diminution de son rythme de publication depuis quelques années pour jouer plus assidûment). Je retiens quand même l’histoire It’s a beautiful Day dans les trois musicales, car Urasawa explique la genèse de celle-ci, et cela lui confère une tonalité émotionnelle certaine.
En dehors de ça, on varie avec plaisir les registres, tout en restant dans du pur Urasawa. Les trois histoires les plus longues sont ainsi très marquées par la patte de l’auteur, que ce soit Le Royaume des Kaîjus, qui présente un otaku français fan de ces créatures typiquement japonaises, Damiyan ! en référence au célèbre enfant du film 666, la malédiction, étonnante et diablement touchante (excusez le jeu de mots), et Vise la lune !, une histoire coécrite avec Takashi Nagazaki, son compère de toujours qui synthétise totalement le style narratif complexe des deux en seulement 30 pages. Trois véritables pépites qui se liront et reliront avec plaisir tant leur construction exploite pleinement le format court et délivrent des histoires portées par des personnages forts et touchants.
Enfin, impossible de passer sous silence les deux autres histoires, tout en couleurs et totalement différentes que sont Henry et Charles et Solo Mission. Cette dernière est une commande des Humanoïdes associés, publiée en sens français de lecture (ce qui a valu des difficultés à l’auteur dans la composition de ses cadres de son propre aveu) très sympathique et qui m’a rappelé quelques lectures de Moebius. Mais surtout, Henry et Charles m’a énormément surpris de par son sujet et sa tonalité… dont je ne vous révélerai rien pour conserver toute la surprise !
Car au final, ce que je retiens c’est que ces histoires sont assez étonnantes, mais finalement toutes très représentatives de ce qu’est Urasawa. Ainsi, après Yawara ! qui est un véritable cadeau fait aux fans de l’auteur, nous permettant de découvrir après 30 ans une de ses séries majeures, Atchoum ! est un second cadeau qui permet des petits moments de lecture tous passionnants chez un auteur ô combien majeur. Si le recueil d’histoires courtes court par essence le risque de proposer des choses d’intérêt variable, force est de reconnaître qu’on a ici 8 histoires d’excellente facture, voire même certaines que je qualifierai de magnifiques. En définitive, une excellente façon de prolonger l’oeuvre d’un grand mangaka, et pourquoi pas, une belle porte d’entrée pour les autres !
Yes, encore du Urasawa et encore une œuvre qui n’a plus que quelques jours à attendre dans ma table de chevet.
Ce recueil à l’air bien agreable et représentatif de l’auteur, pas comme Un monde formidable qui était vraiment les babillages de Asano.
Bref, encore un tome qui fait que j’ai hâte d’ouvrir ma table de chevet (même si elle est sur le bureau de mon frère je crois).
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Et entre temps tu auras le tome 3 d’Asadora !
Et oui, c’est vraiment du Urasawa pur jus qui se fait plaisir en développant des thématiques qu’il aime. J’adore !
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Je suis assez d’accord avec ton ressenti général 🙂 Damien, j’ai mis du temps à percuter alors que j’ai lu gamine le roman et vue le film… La honte ^^ Et oui, c’est très touchant, tout comme Vise La Lune.
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Pour le coup, je n’avais pas capté la référence, c’est juste parce que Urasawa en parle dans la postface.
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Même si je sens bien que cela t’a plu dans l’ensemble, j’ai un peu peur de tomber sur quelque chose d’assez anecdotique en même temps. J’en veux pour preuve les histoires qui t’ont moyennement plu sur le thème de la musique.
Du coup, je ne vais peut-être pas l’acheter de suite ou bien attendre que cela arrive à moi, qui sait ^^
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Franchement, j’ai vraiment été emballé pourtant par ce recueil. Les histoires sur la musiques sont très courtes et semi autobiographiques. Pour moi c’est quasiment une seule histoire en plusieurs parties, et ça ne gâche pas l’ensemble. Surtout que les trois plus longues histoires à elles seules valent le coup à mes yeux.
Mais je ne cherche pas à te corrompre et à t’amener à une dépense inconsidérée 😉
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Non, du tout lol
Mais j’avoue que j’hésite, tu me tentes parce que tes arguments me convainquent et en même temps mon esprit résiste. Peut-être qu’une petite lecture en magasin m’aidera ^^
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Si tu lis juste la première histoire en magasin, tu risque de craquer 😉
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