Mon avis sur… Prisonnier Riku, T.3 et 4 de Shinobu Seguchi

Prisonnier Riku

Après la claque absolue que fut ma découverte des deux premiers tomes de Prisonnier Riku (voir mon avis ici) grâce au pack découverte proposé par Akata (jetez-vous dessus si ce n’est pas encore fait !), je me suis un peu jeté sur les tomes suivants, au point où je les ai tous achetés jusqu’au tome 13 (en espérant que le 14, en rupture, soit rapidement réimprimé). Je les ai lus jusqu’au volume 8, et je me questionnais sur la façon de vous faire part de mon ressenti sur cette lecture. J’ai donc décidé d’écrire un article centré sur les tomes 3 et 4 car leur structure est assez similaire à celle des deux premiers, et continue le travail amorcé sur le personnage de Riku, être pur au milieu de ce monde carcéral sans pitié !

Suite au match de rugby, Riku a enfin gagné sa place au sein de sa cellule ! Mais avec Renoma mis au trou, les charognards ne tardent pas à arriver. La guerre des clans reprend de plus belle ! Chacun veut prendre la place du leader et asseoir sa domination. Mais Riku ne l’entend pas de la même oreille. Aussi naïf qu’inconscient, le jeune garçon refuse l’injustice, et ne veut pas non plus se faire marcher sur les pieds. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le voilà pris entre deux feux…

Le tome 2 s’était achevé alors que Riku et Renoma avaient fini par sympathiser lors des soins administrés suite à leur affrontement au rugby. Cependant, le chef de la 27e menuiserie se retrouve à l’isolement. Les détenus d’une autre menuiserie profitent que la bande soit affaiblie pour les attaquer afin d’étendre leur terrain, menés par le terrible Tsubaki. Ces deux tomes seront donc l’occasion d’un affrontement très violent, au cours duquel on aura l’occasion d’apprendre à connaitre de nouveaux personnages, et surtout, de voir Riku s’illustrer une fois de plus face au fameux Tsubaki.

C’est en cela que je dis que ces deux volumes ont une structure similaire aux deux premiers, puisqu’une fois encore on voit la dureté de ce monde et comment ce petit être de lumière y fait face, et arrive à transformer les gens qui l’entourent, de la même façon qu’il a transformé Suguru et Renoma dans les tomes précédents. On apprend à connaitre plus particulièrement Amano et Matsuo, deux détenus très proches qui sont dans la même cellule que Riku. La relation entre les deux est un des éléments très touchants du manga, tout comme l’évolution globale des rapports entre les détenus, mais j’en parlerai dans un prochain article car dans les tomes 3 et 4, la vie quotidienne dans la prison n’a pas trop sa place. Car le cœur de ces volumes est l’affrontement entre Riku et Tsubaki, un combat digne de David contre Goliath similaire à celui qui a eu lieu durant le match de rugby.

Et de la même façon, bien qu’il n’ait absolument pas la force de rivaliser, Riku tiendra tête à son adversaire quoi qu’il arrive car il ne peut tolérer la façon dont sont traités les plus faibles. J’avais déjà cité plusieurs répliques de Riku dans mon premier article sur le manga, et je ne peux pas résister à l’envie de vous en partager quelques autres ici :

« On peut pas se servir des embûches de la vie comme excuses pour être en colère ou bouder parce que ça, c’est décevloir les gens qui nous aiment… Et moi, je préfère mourir que faire ça ! »
« Les faibles ne peuvent ni se défendre, ni défendre les autres… Mais c’est pas une raison ! Personne a le droit de se moquer d’eux ! »
« Pourquoi on doit s’entretuer alors qu’on est tous dans la même galère ? »

Toutes ces petites phrases, peut-être un peu naïves, sont toujours des cris du cœur de notre héros qui rappellent à quel point ce monde (et notre monde) gagnerait à simplement respecter une idée simple, qui est qu’on ne doit pas s’en prendre aux autres. Je me retiens d’ailleurs de vous citer l’auteur parce que j’en garde au chaud pour plus tard, mais lorsqu’on lit des interviews et autres citations, on n’est pas étonnés de voir qu’il est d’une grande sagesse…

Mais pour en revenir au combat entre Riku et Tsubaki, il revêt une grande importance symbolique puisque le jeune héros veut montrer que ce monde n’est pas totalement pourri, et que si les gens sont solidaires et se défendent les uns les autres au lieu de toujours chercher à se battre, les choses pourraient aller mieux. Ainsi, nous avons comme dans les premiers tomes cette image magnifique du faible face au fort qui arrive à vaincre quoi qu’il en coûte, et qui représente une lumière dans la nuit ainsi que l’espoir de lendemains meilleurs. Je l’avais déjà dit, mais je suis très attaché à ce côté symbolique chez les héros de shonen, et je trouve que Riku est surement un de ceux qui représentent le mieux cette aspiration à donner le meilleur de nous-même pour les autres.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’affrontement a lieu sous le regard d’autres détenus. Tout d’abord, Matsuo et Amano, qui ont affronté auparavant Tsubaki et se sont fait pulvériser, mais surtout Shirô Eda, un détenu au gabarit impressionnant que Riku et Suguru ont rencontré plus tôt (ce dernier est également présent pour encourager son ami). On partage leur point de vue à intervalles réguliers ce qui permet de comprendre ce qui se joue pour ces observateurs dans ce combat : Riku est celui qui pour la première fois leur amène de l’espoir dans cet enfer dans lequel ils sont condamnés à vivre, et c’est cet élément qui fédère tous ces détenus autour de lui.

Tous ces éléments, très similaires à ce qui se passe dans les deux premiers tomes, terminent donc d’imposer le personnage de Riku, aussi bien pour le lecteur que pour ses codétenus, comme un véritable héros porteur de valeurs importantes. Et c’est clairement ce qui m’a bouleversé dans ces volumes 3 et 4, comme c’était déjà le cas avec les deux premiers. Je ne pense pas spécialement avoir la larme facile (encore que…), mais clairement, ce petit bonhomme fait monter en moi tellement d’émotions qu’il est parfois bien compliqué de continuer la lecture tant mon regard se trouve embué.

Je pense que ça arrive à tout le monde une fois de temps en temps, face à une oeuvre quelle qu’elle soit, d’avoir l’impression que son auteur a réussi à retranscrire dans son histoire notre point de vue sur le monde, comme s’il avait lu en nous. Me concernant, ça me fait cette impression avec Prisonnier Riku. Comme si Shinobu Seguchi avait vu ma vision assez sombre du monde dans lequel on vit, et qu’il souhaitait y apporter de la lumière avec son jeune héros. De ce fait, son manga me parle et me touche tout particulièrement car il me permet, au moins le temps de la lecture, de me dire qu’il existe la possibilité de rendre le monde meilleur grâce à des gens comme Riku. En ça, je pense vous dire encore longtemps que cette série est indispensable.

En résumé, ces tomes 3 et 4, d’une structure assez similaire aux deux premiers, en partagent toutes les qualités (et l’absence de défauts, à mes yeux). Nous sommes encore face à une lecture qui provoque un torrent d’émotions par la puissance avec laquelle Shinobu Seguchi impose son héros, Riku, qui est d’ores et déjà devenu à mes yeux un symbole (tout comme il semble le devenir pour ses camarades). Avant, si on m’avait demandé quel était pour moi LE héros de shonen, j’aurai dit sans hésiter Sangoku. Aujourd’hui, je n’en suis plus aussi certain…

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