Mon avis sur… Rebuild the World T.1 de Kirihito Ayamura

Première nouveauté de 2023 pour l’éditeur Vega Dupuis, Rebuild the World m’intriguait de par son genre, le postapo, en même temps que le design de sa couverture me semblait ne pas vraiment cadrer avec l’esthétique habituelle du genre. Mais ayant eu l’occasion de tester le titre – un grand merci à Vega Dupuis pour ça – j’ai pu me faire une idée plus précise de la façon dont le titre cherche à en exploiter certains éléments, en même temps qu’il s’affranchit d’une partie de ce qui fait le sel du genre à mes yeux. Voyons tout ceci en détails.

Tout d’abord, Rebuild the World est l’adaptation du Light novel du même nom écrit par Nahuse, et publié en ligne au Japon. Le dessinateur du manga est Kirihito Ayamura, et cette adaptation est publiée par Kadokawa Shoten. On est face à un titre qui part d’un postulat très classique pour le genre :

Dans un monde où les monstres attaquent les terres dévastées, Akira, un enfant venant des taudis, projette de devenir un grand chasseur dans le but de sortir de la misère. Pour chaque relique de l’ancien monde vendue, une somme d’argent plus ou moins grande est à la clé, et les plus grands chasseurs peuvent même vivre derrière les murailles, en sécurité. Un jour, alors qu’un groupe de bandits essaie de le dépouiller, Akira aperçoit une femme qu’il est le seul à voir, et qui lui sauve la vie lors d’une explosion. Elle prétend se nommer Alpha, et être une réalité augmentée de l’ancien monde. Voyant un potentiel de chasseur chez le jeune garçon, elle lui propose de passer un contrat avec elle : en échange de son soutien dans ses combats et des reliques pouvant permettre de rapporter beaucoup d’argent à Akira, ce dernier devra reconquérir une partie des ruines des terres dévastées pour elle.

Un postulat classique du postapo donc, mais avec un traitement qui l’est nettement moins, ne cherchant pas à mettre en exergue par le dessin le côté âpre et radical du genre, puisqu’on est d’emblée face à un titre au style visuel shonen des plus classiques, propre et peut être en décalage avec le genre investi, à l’image de la figure de jeune femme qui apparaît aux yeux du héros dès les premières pages, entièrement nue.

Un fanservice assumé d’emblée, qui est incarné par ce personnage, intelligence artificielle accompagnant le héros, capable de prendre l’apparence qu’elle souhaite, et ayant opté pour celle d’une jeune femme sexy, comme un commentaire sur la façon d’appréhender le postapo. Elle explique en effet par la suite avoir choisi cette apparence pour rassurer le héros, Akira, jeune garçon livré à lui-même jusque là. De la même façon, l’esthétique très lisse mais néanmoins fonctionnelle et efficace du titre semble là pour rassurer un lectorat adolescent qui pourrait être décontenancé par une approche trop radicale, le postapo étant un genre qui ne me semble pouvoir s’épanouir que dans quelque chose de perturbant, qui questionné et bouscule.

Or, ici, tout laisse à penser que cet aspect important et que j’apprécie tout particulièrement dans le postapo ne sera pas vraiment mis en avant. Le genre devient ici plutôt un moyen de proposer un cadre codifié pour un récit d’action/aventure enlevé, où les péripéties s’enchaînent déjà à bon train. De ce fait, ce qu’on perd en profondeur, en brutalité et en radicalité, on le gagne en efficacité pure, encore une fois à l’image de cette intelligence artificielle, jeune femme sexy de shonen on ne peut plus lisse, à l’apparence dictée par l’impératif de fanservice. Le manga cherche donc à se rendre séduisant, et y arrive très bien par certains aspects, mais perd aussi de cette profondeur qu’on pourrait y rechercher.

On y trouve au final plutôt des codes proches de l’isekai, avec la volonté d’étoffer son équipement, afin de chercher des trésors mieux cachés, à la valeur sans doute plus conséquente, pour gagner plus. Avec évidemment une course au mcguffin, pas encore totalement claire, liée au personnage de l’intelligence artificielle accompagnant lz héros. Et une petite tentative de poser malgré tout un élément fondateur du postapo, qui est la violence de l’humanité dans le cadre de cette course à la survie, mais en très soft.

Ainsi, il faut surtout voir ce qu’on attend d’un titre du genre. Si on chercher du pur postapo qui a vocation à nous interroger, il y a fort à parier qu’on restera sur notre faim, en tout cas sur la base de ce premier tome. Mais si on veut un récit d’action/aventure efficace et accessible, cette entrée en matière est plutôt encourageante, puisqu’elle arrive à se lire vraiment efficacement et avec plaisir, tout en donnant envie d’en savoir plus. Ce n’est pas une grande prétention, certes, mais viser l’efficacité et l’atteindre, c’est déjà pas mal.

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