Mon avis sur… Clevatess T.3 de Yuji Iwahara

Avec son tome 3, la série Clevatess prend encore un peu d’ampleur, donnant à son univers plus de chair, tout en nous offrant notre dose d’action et de conflits. L’occasion de se questionner sur les éléments qui permettent à cette série de fantasy de briller, quand bien même elle reste de facture assez classique. Car le titre se pare d’un certain nombre de spécificités qui en font un intéressant objet de réflexion.

Un grand merci à Ki-oon pour l’envoi de ce volume.

J’avais déjà resitué la série lorsque j’ai abordé son premier tome, mais je me permet de le repréciser ici, car ça aura une importance pour mon propos. Clevatess est un seinen prépublié en ligne sur le site Line Manga de l’éditeur Line Digital Frontier. Je n’ai pas trouvé le rythme de parution exact, mais à en juger par la durée des chapitres (une trentaine de pages) et le rythme de parution au format livre relié (deux tomes par an), on peut imaginer une parution mensuelle, ou en tout cas un rythme pas trop soutenu en comparaison des titres d’action/aventure shonen qui paraissent souvent de façon hebdomadaire dans les principaux magazines.

Je le précise car je crois très fort qu’il n’est pas possible de maintenir une qualité constante et une vraie profondeur narrative au format hebdomadaire, ou tout du moins pas sans certains aménagements. J’ai d’ailleurs tendance à penser que ce format encourage des récits qui utilisent des péripéties qui s’étalent sur de nombreuses pages tout en ayant une ampleur narrative plus faible comme une béquille afin de se donner du temps pour planifier sur la durée les évolutions du récit. En tout cas, je pense que travailler constamment en flux tendu, même avec une grosse équipe d’assistants, n’incite pas à la qualité et à des récits complexes.

Évidemment, il existe tout un tas de contre exemples, et je suis certain qu’on pourrait me citer encore et toujours One Piece, qui malgré des pauses régulières (mais courtes) semble maintenir une vraie exigence narrative. Mais je trouve aussi qu’on a énormément d’exemples de titres qui, selon moi, payent leur rythme de parution. Je pense d’ailleurs au fait que Black Clover ait connu une pause avant de lancer son dernier arc, qui était annoncée comme souhaitée par l’auteur pour planifier ce dernier arc, et pas pour prendre du repos.

Ainsi, et qu’on soit en accord ou non avec mes suppositions précédentes, il me semble par contre incontestable que si on a plus de temps, on peut mieux travailler. Personnellement, certains titres que j’estime comme des accomplissement absolus en terme d’écriture se trouvent pour la plupart être des parutions mensuelles, ce qui ne me semble pas être le fruit du hasard.

Tout cela pour dire qu’en ayant du temps pour penser et ciseler son récit et son univers, Yuji Iwahara arrive à proposer un monde de fantasy vraiment prenant et plus orienté narration que action avec Clevatess, lui permettant de se démarquer dans la production actuelle assez conséquente du genre. Je pense également que sa nature de seinen joue, lui offrant la possibilité de s’écarter de certains codes et attentes du public (élément à pondérer cependant, car on conviendra que même dans le shonen, on peut tout à fait s’écarter du schéma bagarre constante).

Ainsi, ce troisième tome, s’il s’ancre dans des éléments plus classiques de la fantasy que ce que l’entrée en matière avait laissé à penser, continue de proposer un univers soigné que l’on découvre petit à petit, où les destins de nos personnages principaux se heurtent à des conflits à plus grande échelle. On commence à prendre nos marques dans cet univers guerrier, où différents camps commencent à se dessiner (ces fameux camps décrits de façon un peu brute dans le premier tome), et les spécificités de ce monde se font jour, au moins en partie.

Et si l’action reprend ses droits de façon régulière, notamment avec un combat entre l’héroïne Alicia et un sorcier, l’auteur tient à équilibrer sa narration, ne laissant pas l’histoire en plan. C’est vraiment sur ce point que Clevatess tire son épingle du jeu par rapport aux mangas de fantasy que j’ai l’habitude de lire, bien plus drivé par son récit que par la nécessité de faire s’enchaîner les combats. Et si la facture globale du récit apparaît comme relativement classique, surtout si on s’éloigne du seul médium manga pour aller vers la fantasy sous toutes ses formes, le titre conserve une vraie fraîcheur et un soin qui suffisent à le rendre particulièrement agréable à suivre.

Reste son rythme de parution déjà évoqué, de deux tomes par ans, qui est à la fois un avantage et un inconvénient. Avantage car l’investissement est plus dilué dans le temps, permettant de facilement suivre la série en parallèle d’autres, mais inconvénient car il est plus compliqué de se remettre dans l’histoire tous les six mois que tous les deux ou trois mois. Mais encore une fois, c’est le prix à payer pour avoir un titre où l’auteur peut prendre le temps, et où cela se ressent à la lecture. L’un dans l’autre, on retire donc bien plus de positif de ce genre de situation, puisque en l’état, Clevatess est une série de qualité, et c’est bien là le principal.

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4 commentaires

  1. Moi qui étais sceptique au début de la série, je trouve qu’elle s’améliore de plus en plus à chaque tome. Par rapport à ce que je m’attendais, j’ai trouvé l’introduction des camps assez claire et moins oubliable que dans certains autres récits.

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