Sexy Cosplay Doll – la question du fanservice et du regard masculin

Sexy Cosplay Doll

Difficile pour les fans de mangas de passer à côté de l’événement qu’est Sexy Cosplay Doll, ou My Dress-Up Darling pour ce qui est de l’adaptation animée. Cette même adaptation qui a mis le manga sous les feux des projecteurs, rendant son héroïne Marine omniprésente sur les réseaux sociaux. Si la série m’intriguait depuis quelques temps, j’ai fini par céder comme beaucoup à la fameuse hype, et me suis lancé dans cette romance qui est en train de connaitre une explosion chez nous et au Japon.

Et après lecture de quelques tomes, la série et sa réception m’évoquent plusieurs réflexions, en lien avec des sujets que j’affectionne particulièrement, pêle-mêle la romance en manga, le fanservice, le regard masculin (ou « male gaze »), ou encore le rapport moral aux éléments mis en scène dans le genre. De quoi nourrir ici un questionnement qui sera, je l’espère, riche, intéressant et propice aux échanges.


Un seinen écrit par une femme

Avant d’aborder ce point précis, resituons brièvement la série. Sexy Cosplay Doll est un seinen écrit par Shinichi Fukuda, prépublié dans le Young Gangan de Square Enix depuis 2018, avec 8 volumes parus au Japon et 7 en France chez Kana, où la traduction est assurée par Aline Kukor. Le titre est dans la collection Big Kana, qui s’adresse à un lectorat plus âgé que celui des shonen notamment.

Il est adapté en anime depuis seulement quelques semaines, anime qui a permit au manga de connaitre un boost conséquent en terme de ventes, et qui a mis la lumière sur la série, désormais omniprésente sur les réseaux, notamment du fait du personnage féminin principal, Marine, adolescente très sexy aux formes généreuses très souvent mises en valeur.

Cet aspect est énormément discuté sur les réseaux, et certaines personnes ont déjà souligné un certain mauvais goût caractéristique d’auteurs masculins concernant la façon de mettre Marine en scène. Or, le titre est écrit par une femme, mais la confusion me semble légitime. Le fait que le manga soit écrit par une femme n’empêche pas un regard masculin sur le corps féminin. Au fil de mes lectures, j’ai surtout le sentiment que la façon d’aborder le corps des femmes dépend du magazine de prépublication plus que du genre de l’auteur/autrice. Car beaucoup de femmes écrivent du shonen ou du seinen (mais je ne suis pas certain que ce soit fréquent le cas inverse, les hommes qui font du shojo/josei).

Ici, le manga est prépublié dans un magazine seinen, et donc, la mangaka s’adapte au lectorat masculin supposé. Magazine seinen qui, en prime, met toujours des femmes en sous-vêtements ou bikini en couverture, ce qui à mon avis oriente un peu les goûts du lectorat potentiel. Il est possible que les codes esthétiques soient d’emblée intégrés par les mangakas et qu’elles fassent ça par automatisme, que ce soit un calcul visant à satisfaire le lectorat cible, ou encore des consignes dictées par l’éditeur. Quoi qu’il en soit, je pense que c’est vraiment le public cible plus que le genre de la personne qui écrit le manga qui dicte le traitement des corps féminins. De ce fait, la confusion de certaines personnes qui pensent que c’est un manga écrit par un homme me semble légitime, car il est clair à la lecture du titre que le regard porté sur Marine est très « masculin ».

Un regard masculin sur Marine

Car il est clair que le manga s’adresse à un lectorat masculin essentiellement. Pas exclusivement, comme pour toute lecture, il n’est pas interdit de s’y intéresser quel que soit notre genre, c’est d’ailleurs une des choses que la série nous dit dès le premier tome : une fille peut s’intéresser aux jeux vidéo érotiques, tout comme un garçon peut aimer fabriquer des poupées. Ce qui est un peu le postulat de base de la série :

Wakana Gojo est un lycéen solitaire. Son rêve est de devenir artisan et de fabriquer les poupées traditionnelles pour le Hina Matsuri. Mais comme cette passion n’est pas très virile, il la cache et ne se fait pas remarquer. Jusqu’au jour ou Marine Kitagawa, la fille la plus populaire du lycée, le voit se servir d’une machine à coudre ! Contre toute attente elle lui demande de devenir son couturier pour réaliser… des tenues de cosplay !

Marine est très claire sur ce point, une fille peut être une otak’ intéressée par les jeux vidéo érotiques et ses personnages féminins, au point de vouloir se cosplayer, et ne supporte pas les remarques méprisantes vis-à-vis de sa passion. Tout comme elle ne voit rien d’étrange à ce qu’un garçon fabrique des poupées. Sur ce point, le manga est très intéressant puisque non seulement il prône une forme de tolérance, et postule surtout comme parfaitement naturel des passions que l’on assimile soit à des loisirs d’otaku, soit à des choses purement féminines.

Mais, il faut aussi le signaler, ce postulat sonne aussi un peu comme un prétexte au rapprochement entre les deux personnages, avec la classique opposition de caractère et un rapprochement lié à un élément commun dans la passion (ici, les compétences en couture de Gojo qui vont permettre à Marine d’avoir des cosplay de qualité). Et surtout, la composante cosplay est un alibi parfait pour voir la jeune fille dans des tenues ultra sexy, voire en sous-vêtements (ça arrive très vite dans le premier tome), histoire de prendre ses mesures.

Mensurations de Marine

En ça, ce n’est pas anodin que le manga soit publié dans un magazine seinen, et que la narration soit du point de vue du personnage masculin la grande majorité du temps. Cela induit une façon de traiter le regard sur Marine bien particulière, avec le fameux « male gaze » qui agace souvent.

C’est d’ailleurs très intéressant de voir la différence de traitement lorsque le point de vue est celui de Gojo ou celui de Marine (car on partage aussi les pensées de la jeune fille de temps à autre). L’adolescent a beau être particulièrement respectueux de sa camarade, il pense quand même énormément de façon sexuée (ce qui n’a rien d’anormal en soi), et partager son point de vue donne un bon prétexte aux gros plans poitrine et culotte à intervalles réguliers. En témoigne un passage où elle l’accueille en nuisette, et où il ne peut s’empêcher de focaliser sur son décolleté, se remémorant une conversation qu’ils ont eu sur la position des mamelons de la jeune fille (pour les mesures d’une tenue, bien entendu).

Une façon de « justifier » une mise en scène s’attardant sur les formes de la jeune fille, tout en prenant un peu de recul dessus, en présentant toujours Gojo comme un garçon très respectueux, qui fait attention à ne pas avoir de comportement malsain avec sa camarade (il évite globalement de la mater même s’il se retrouve régulièrement en situation de le faire). Et même lorsque Gojo est absent et qu’il n’y a aucune raison, la mangaka se permet toujours quelques gros plans sur les fesses ou la poitrine de Marine lorsqu’elle se change par exemple.

Et lorsque l’on partage le point de vue de Marine, la focale est mise sur l’évolution de ses sentiments vis-à-vis de son camarade, éjectant quasiment toute dimension sexuelle. Je dis bien quasiment, car elle pense parfois qu’ils pourraient aller plus loin, chose encore une fois normale lorsque l’on ressent une attirance pour quelqu’un. Mine de rien, cela implique un regard très différent selon le personnage, qui semble quand même profiter au lectorat masculin.

Tout cela pour dire que j’ai du mal à voir une véritable différence dans le traitement esthétique entre Sexy Cosplay Doll et certains shonen ou seinen de romance dont l’érotisation des corps féminins est souvent critiquée. Certaines planches et situations ne dénoteraient pas dans du Kouji Seo par exemple, considéré à juste titre comme un mangaka un peu graveleux au regard éminemment masculin.

Je pense de ce fait que la différence de perception vient surtout du traitement narratif global, qui donne une justification à ces planches sexy, quand bien même on peut remettre aussi cette justification en question puisqu’il serait facile par le biais de la mise en scène de cacher cela. Mais je pense aussi que la façon dont tout cela est écrit aide aussi à faire passer la pilule. Je dirai même qu’il y a une forme de dichotomie entre ce que le manga raconte et la façon de le mettre en scène. 

Comme je l’ai dit, le personnage de Gojo se caractérise par son côté extrêmement respectueux de Marine, ne cherchant jamais à la mater ou à abuser de la situation. Mais ce faisant, la mangaka met le lectorat dans cette position de voyeur, avec les multiples gros plans sur la poitrine ou les fesses de la jeune fille (y compris dans des moments où il n’y a pas de regard masculin qui peut se poser sur elle).

L’idée ici n’est pas de dire que c’est bien ou mal, car j’ai tendance à penser que les rapports moraux aux différentes formes de représentation sont extrêmement variables d’une personne à l’autre. Mais il s’agit surtout de questionner cet écart entre le ton du récit et la façon de représenter. Précisons également que sur les quelques tomes que j’ai lu, le premier est clairement le plus chargé en planches sexy, notamment parce qu’il y a la séance de prises de mesure en sous-vêtements de Marine où la mangaka s’en donne à cœur joie. Et dans tous les cas, on reste loin de certains shonen de romance où les auteurs semblent chercher tous les prétextes pour nous montrer des culottes et des paires de seins (je pense aux titres de Kouji Seo encore une fois, mais aussi à Masakazu Katsura).

Mais force est de constater que la mangaka insiste pas mal sur cet aspect, notamment avec ses illustrations d’inter-chapitre ou la page couleur qui introduit chaque volume, érotisant à l’excès, et même en décalage avec le ton général de la série selon moi.

La sexualisation d’une lycéenne dans un manga adulte

Étant friand de romances et me questionnant sur ce qui est représenté et la façon de le représenter, j’ai pu rapidement voir certaines choses étonnantes de mon point de vue de français. Des choses qui m’ont d’ailleurs permis d’affiner ma façon de choisir les romances, constatant que ce sont clairement celles qu’on qualifierait d’ « adultes » qui me parlent le plus, et que bien souvent, je préfère quand elles sont écrites par des femmes, et éventuellement publiées dans des magazines josei.

J’ai abordé précédemment la question du regard masculin et de l’importance (selon moi) du magazine de prépublication qui implique un traitement en fonction du public cible, et c’est ainsi que j’ai constaté que les romances que je lisais qui traitaient le mieux des questions d’érotisation étaient quasi-systématiquement des josei (mangas ciblant un lectorat féminin adulte).

Je le signale, car il y a selon moi une différence entre sexualiser des personnages adultes et des personnages adolescents, et également une différence entre cibler un lectorat adolescent ou un lectorat adulte. À priori, Sexy Cosplay Doll s’adresse plutôt à des adultes compte tenu du fait que la série est publiée dans le Young Gangan. Et je dois dire que je trouve ça un peu bizarre pour un lectorat adulte de lire des titres dans lesquels des adolescentes sont sexualisées de la sorte, et que ça me met même un peu mal à l’aise en tant que lecteur. C’est par exemple la raison pour laquelle Hitman de Kouji Seo me plait davantage que ses autres titres, mettant en scène uniquement des adultes.

L'imaginaire érotique au JaponCar du haut de mes 34 ans, ça me fait bizarre de voir des filles de presque 20 ans de moins être sexualisées. J’ai donc fait quelques recherches sur le sujet, et j’ai d’ailleurs trouvé des ouvrages qui ont l’air très intéressant sur la question, notamment L’imaginaire érotique au Japon d’Agnès Giard qui a l’air passionnant. Mais en attendant de mettre la main sur ce genre d’ouvrage, j’ai été chercher en ligne quelques articles afin de mettre à l’épreuve un cliché répandu, afin de voir s’il est avéré, concernant le rapport aux images sexualisant des mineures et au fantasme sur les lycéennes.

Parmi les articles que j’ai lu, je recommande en particulier celui d’Arthur Bayon pour le site Slate, intitulé Ce que dit la sexualisation des adolescentes dans la société japonaise. Il y aborde plusieurs aspects et phénomènes, notamment celui des idols, mais parle plus particulièrement des images sexualisées d’adolescentes ou d’enfants. J’y ai notamment appris que la détention de fichiers pédopornographiques n’avait été interdite qu’en 2015 au Japon ! Hallucinant ! J’y ai aussi lu que la pédopornographie virtuelle (images de synthèse, dessins, etc…) était tout à fait légale au Japon. L’article cite d’ailleurs Agnès Giard qui dit que « Pour les autorités japonaises, le fait de se masturber sur des images mentales ou sur des êtres de fiction n’est pas condamnable puisque personne n’est lésé. » Encore quelque chose qui est difficilement compréhensible de notre point de vue occidental, et qui devient souvent un moyen d’esquiver toute discussion sur le sujet chez certains lecteurs français, expliquant que « c’est une culture différente ». De mon point de vue, cela n’empêche pas d’en parler et de relever des choses qui nous gênent en tant qu’occidentaux.

Ainsi, mes recherches ont confirmé le présupposé voulant que cela ne soit pas vu comme problématique au Japon de sexualiser des adolescentes dans les mangas, du fait qu’il s’agisse de figures de fiction. Mais de mon côté, je trouve cela quand même dérangeant, et je dois d’ailleurs admettre que je pensais vraiment que les personnages de Sexy Cosplay Doll étaient adultes au vu des planches que je voyais passer sur Internet. Un autre souci récurrent dans les mangas/animes, les personnages féminins dont on a du mal à vraiment saisir l’âge quand elles ont entre 15 et 40 ans… Combien de fois j’ai cru dans un premier temps que le perso principal vivait avec sa grande sœur jusqu’à ce que je comprenne que cette femme qui avait l’air d’avoir 20 ans était en fait sa mère, qui en avait donc probablement le double.

Gojo et Marine

Sur ce point, je n’ai pas vraiment de conclusion à tirer ou de morale à faire, je pense que c’est à l’appréciation de chacun. Je trouve simplement, encore une fois, que Sexy Cosplay Doll propose un traitement visuel de l’érotisation du corps féminin adolescent de « meilleur goût » si l’on peut dire que celui proposé par certains homologues masculins de la mangaka. Même si je trouve étonnant de faire ce genre de chose dans un seinen, car dans des shonen comme Video Girl Aï ou Fuka, je me dis qu’en principe, ce sont des ados dont l’âge est équivalent à celui des personnages qui les lisent, et de ce fait, la question ne se pose pas pour eux.

Peut-être que dans le cas d’un seinen, l’idée est de convoquer un imaginaire rappelant les jeunes années du lectorat, voire de lui faire fantasmer une jeunesse qu’il aurait aimé vivre (le manga insiste d’ailleurs énormément sur le fait que Marine est populaire et particulièrement jolie, alors que Gojo est solitaire et mal à l’aise avec les gens). J’ai notamment le sentiment qu’une partie de l’humour du titre vient d’une forme de recul adulte sur certaines situations, je pense notamment à une scène où Marine montre un bas de maillot de bain qu’elle porte à Gojo, et où ce dernier tourne le dos et ne se lève pas à cause d’un petit souci masculin que vous imaginez.

Gojo ne peut pas se lever - mais pourquoi donc

Ce qui est clair pour moi à la lecture de la série, c’est qu’il y a malgré tout une réflexion sur tout ça, et que si un certain nombre de planches semblent graveleuses, je trouve vraiment que le ton global de la mangaka arrive à rendre le tout plus « mignon » que pervers. Et je pense que cela tient en partie dans l’écriture des deux personnages, bien plus riche et qualitative que dans bon nombre de shonen de romance.

En conclusion

Tout cela pour dire quoi ? Que la romance est un genre qui questionne énormément le rapport aux corps des femmes, c’est une évidence à mes yeux. J’ai même le sentiment que c’est un gros enjeu du genre, en particulier compte tenu des différences de traitement en fonction du public cible.

C’est en tout cas un aspect de la romance qui me passionne, et sur ce point, je trouve que Sexy Cosplay Doll est un objet de réflexion passionnant. Parce que c’est une série écrite et dessinée par une femme, mais dans un magazine seinen, parce qu’elle pense intelligemment la question de l’écriture des personnages tout en proposant une mise en scène qui cherche visiblement à faire plaisir à son public cible (définition du fanservice ? C’est possible). Mais aussi et surtout, parce que c’est une série de qualité, particulièrement efficace et agréable à lire, et qui fait beaucoup parler depuis l’arrivée de l’anime.

Et j’ai le sentiment au vu de ce qui se passe sur twitter que les réactions concernant la série se focalisent énormément sur le traitement de l’érotisation du personnage de Marine, du regard masculin, que certains moquent car le manga est écrit par une femme (on l’a vu, je pense que l’un n’empêche pas l’autre), ce qui en fait un objet de réflexion encore plus important, puisqu’il permet de corréler la façon de représenter les choses à la façon dont le public reçoit cette représentation. Des questions ma foi passionnantes.

29 commentaires

  1. On en parlait justement donc je lis ton article avec intérêt et attention. Quand ce titre est sorti j’avais décidé de ne pas le lire parce que le fan service au lycée en mode montrons des seins ça me blase mais tout ce que tu dis m’intrigue suffisamment pour que je passe outre, ne fut ce qu’en tant qu’objet d’analyse.

    Une analyse qui est comme souvent très intéressante et à laquelle je n’ai pas grand chose à ajouter que je n’ai pas déjà dit. En effet on ne peut pas tout justifier en disant « c’est une autre culture » dans le sens où on n’a pas à se l’infliger si ça nous met mal à l’aise. Le Japon n’a pas le même rapport que l’Occident sur la pédophilie visiblement mais ça n’empêche pas des mangas tendancieux de circuler, à nous de faire attention que ça ne devienne pas une norme pour celleux qui en lisent. Je pense à l’exemple de card captor Sakura dont j’avais déjà parlé… La en plus c’est à destination des jeunes…:/

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    • Oui, j’ai souvent l’impression que le « c’est une autre culture » est une bonne façon de botter en touche et d’éviter d’aborder certains sujets, alors que selon moi, cela mérite d’être discuté et abordé.

      Personnellement, j’ai de plus en plus de mal avec les romances qui sexualisent les adolescentes, et de ce fait, je m’interroge dessus. Et je ne peux pas simplement me dire « oui mais c’est une autre culture », puisque je le reçois par mon prisme propre, et de ce fait, je peux comprendre que la culture soit différente, mais ça ne va pas me faire nier ce que je ressens pour autant.

      Après dans le cas de Sexy Cosplay Doll, comme je l’ai dit, si les images que je montre sont assez éloquentes, l’écriture fait plutôt bien passer la pilule (sauf pour les illustrations inter-chapitre qui sont de trop à mes yeux).

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  2. Article vraiment très intéressant !

    Je n’ai pas lu le manga, j’ai seulement vu le premier épisode et force est de constater que l’hyper-sexualisation de Marine m’a beaucoup dérangé. (Ce qui contribue en partie au fait que je n’ai pas souhaité continuer, en dépit d’un « propos » qui a le mérite d’être intéressant.)

    J’ignorai qu’il était prépublié dans un magazine seinen (merci pour l’info) mais bien qu’il puisse y avoir des différences de point de vue d’ordre culturel, moi ce qui me fait surtout halluciner c’est qu’un tel manga puisse plaire à tant de femmes « occidentales ».
    Des personnes qui pour la plupart d’ailleurs, s’offusquent de la représentation sexualisée des femmes dans les oeuvres de fictions… et pourtant…

    C’est un paradoxe qui m’interroge car j’ai du mal à comprendre qu’un scénario, aussi bien soit-t-il, puisse faire passer la pilule. De surcroît de nos jours.
    Après comme tu le dis, il semblerai que ce soit surtout axé sur le premier tome mais j’ai la sensation que la « nudité » de Marine est tout ce qui ressort du manga si je me réfère à ce qui se dégage des réseaux sociaux. ( Qui ne sont pas non plus une référence je te l’accorde)

    Tout ça pour dire que je trouve ce « fan service » bien triste car le sujet est original et le manga aurai été tout aussi bien sans toute cette « débauche d’érotisme » qui n’apporte aucun relief.
    (Après je précise une fois encore que je n’ai vu que le premier épisode.)

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    • J’ai ouï dire que l’anime avait aussi accentué la sexualisation de Marine, mais comme je n’ai pas regardé je ne peux rien affirmer.

      Il faut peut être voir l’âge du public aussi, comme j’ai dit, mon souci est surtout qu’elle est adolescente, si ils avaient sexualisé une femme de 20 ans ou plus, j’aurais eu aucun problème.
      Mais pour un public ado ou jeune adulte, je pense que la proximité en âge fait que ça pose moins souci.
      Après, il faudrait demander aux gens directement et faire une enquête, et la réalité serait peut être différente que ce que le miroir deformant de Twitter nous donne à voir.

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  3. Concernant le « male gaze », depuis son apparition avec Laura Mulvey, c’est devenu un peu un mètre étalon dans les analyses d’œuvres malgré le fait qu’il commence à dater (1975). D’ailleurs, Agnès Giard le critique dans un des articles de son blog et sur le fait que Laura Mulvey serait d’assez mauvaise foi dans son postulat :
    https://www.liberation.fr/debats/2017/04/23/la-theorie-du-male-gaze-critique_1811407/

    Après la question de ce type de regard sexué est toujours assez délicate et complexe.
    Pour ma part je n’étais pas fan de l’appellation du titre chez nous « sexy cosplay doll » mais d’un autre côté ça indique le contenu de la marchandise.

    Lorsque je regarde les commentaires de l’anime, beaucoup trouvent cette relation mignonne, touchante, voire « pure » d’un côté comme de l’autre. Les plans « sexy » ne sont pas mal pris et effectivement ils sont moins graveleux que d’autres œuvres.

    Sur la question pourquoi autant de femmes lisent et apprécient ce titre (ou ce type d’œuvre), cela me renvoie à des questionnements lorsque je lisais Henry Jenkins et son travail sur la fanfiction. Pourquoi des femmes dénoncent les viols et les violences sexuelles alors qu’elles sont friandes d’œuvres (homoérotique souvent) où ce type de choses est récurrents voir banalisés ?

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    • Je dois avouer que je connais la notion de mâle gaze surtout depuis qu’elle est passée plus ou moins dans le langage critique courant. Comme j’y souscrit pas mal, je n’ai pas vraiment cherché à le remettre en cause.

      Par contre citer Henry Jenkins à la fin m’a rappelé de bons souvenirs d’étudiants, ça remonte à plus de 10 ans donc je ne me souviens plus en détails de ce qu’il dit à ce sujet. Mais j’ai eu une grosse période Jenkins et ça doit faire partie des universitaires que jai le plus lu en anglais, étant donné que c’est malheureusement trop peu traduit par chez nous.

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  4. Oui, en effet, pour les sceptiques qui passeraient par là, une femme peut tout à fait être en position de sexiste, ce qu’on appelle le sexisme intériorisé. Je lis une féministe qui en parle à nouveau, tu tombes bien avec ton article xD

    En tant que femme et féministe, ça me bloquerait, ce manga…

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  5. Frères je sais pas comment tu fait pour écrire autant.
    En tout cas chapeau, tu traitre vraiment la question sous un angle réfléchie et avec quelques exemples.
    Concernant mon avis sur la série, je n’ai pas lu le manga (m’intéressais pas) et j’ai pour le moment regarder les 2 premiers épisodes de l’animé (jusqu’à la scène des mensurations), et je t’avoue que je n’ai vraiment pas accroché (je regarderais quand même une fois fini pour me faire un avis définitif, mais c’est loin d’être aussi bien que l’on me l’avais vendu).
    Déjà je ne savais pas que l’auteur était une femme et que le titre était destiné à un public plus adulte au japon, mais ça me dérange encore plus car j’ai vue des retours de femmes qui dise qu’elle n’aurais jamais demander à un homme (surtout avec qui elles deviennent amis il y a quelques jours) de prendre leur mensurations. ça plus l’aspect trop ecchi du titre m’a vraiment déranger, même si je vois que le titre essaye de faire une romance moins classique que ce qu’on retrouve.

    Tu fait beaucoup de parallèle avec Kouji SEO et c’est vrai que maintenant que tu le dit, on est sur un registre assez similaire. Après je sais pas si c’est parce que je suis habituer à ce qu’il fasse ça ou bien parce que le style de dessin est différent, mais ça me dérange clairement moins de voir ce genre de scène sur les œuvres de Kouji SEO que sur sexy cosplay doll.

    Pour finir je n’aurais qu’un mot à dire : boobs

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    • Pour le coup le hasard du calendrier a bien fait les choses pour les deux derniers articles, assez conséquents.

      Celui-ci a été rapide car en dehors des recherches que j’ai fait, ce sont des réflexions et des questionnements que je me pose depuis un moment, du fait de mes nombreuses lectures du genre.

      Et pour SDS, je prenais des notes au fil de ma lecture, et j’ai pris pas mal de temps pour travailler l’article.

      Sinon, la comparaison avec Kouji Seo m’est venue naturellement, c’est un peu ma référence pour ce qui est du traitement vraiment pas finaud de la sexualisation des corps féminins.
      J’aime bien aussi d’ailleurs, et je crois que ça passe bien aussi parce qu’on sait à quoi s’attendre avec lui.

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  6. Alors le manga m’a l’air d’être quand même intéressant notamment par le « brisage » des code du genre (le mec veut faire une activité dit « de fille » par exemple). Que ça soit créé par une femme, c’est intéressant aussi surtout qu’on dirait vraiment que c’est une homme derrière l’œuvre. Après, il ne m’intéresse pas des masses non plus mais ton article soulève pas mal de chose quant à l’hyper sexualisation des lycéennes.

    Alors Twitter… beaucoup ne voient pas plus loin que le bout de leur nez… c’est également l’un des gros problèmes de la commu manga/animé également. Quand y a un manga avec de la baston, les gens ne retiennent que la baston et non la symbolique qu’elle pourrait représenter par exemple. D’autres n’essaient pas de comprendre pourquoi les personnages féminines et mineures sont sexualisées dans le plus grands des calmes. Même si ça nous gêne, il faut comprendre pourquoi c’est ainsi (je ne suis pas étonnée que la détention des fichiers pédopornographiques ait été interdite qu’en 2015 en pays du Soleil Levant…).
    Et ceux qui disent « c’est une autres culture je ne les comprends de moins en moins des fois. Oui c’est une autre culture… mais il y a des choses qui sont ultra critiquables, soyons honnête. C’est comme si on parlait de l’excision en disant « ouais mais c’est une autre culture » ou « c’est leur tradition » (de merde… ouais je dis les terme bon sang !).
    Je vois cela comme de la discrimination positive envers les japonais, accepter ce qui est inacceptable pour la seule et unique raison que c’est une culture autre que la nôtre.

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      • C’est ça en fait, les gens ont peur de se faire passer pour des racistes mais ce qu’ils font pour là c’est contre-productif. Après ça ne part pas d’une mauvaise intention car il y a une volonté de respecter et je comprends. Mais il y a des limites

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  7. Merci pour cette analyse encore au top ! Je n’ai rien à ajouter, tout a été dit dans ton analyse ou dans les commentaires.

    J’avais vu passer ce manga et comme je fais du cosplay, je l’avais mis dans ma liste à lire, car je n’ai pas encore trouvé de manga / anime qui parle correctement du cosplay. Quelle erreur ! Ce n’est pas tout à fait le sujet de l’analyse mais je suis fatiguée de voir que le cliché de « la nana aux formes idéales qui fait des cosplays sexy » est encore bien présent et que le monde du cosplay soit réduit à ça.

    Néanmoins, je n’ai pas lu le manga ni vu l’anime donc je ne peux pas vraiment juger, mais je n’aime pas du tout ce qui en dégage, ce n’est clairement pas pour moi.

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    • Sur la question du cosplay, j’ai quand même l’impression que c’est traité avec sérieux, en terme de rapport aux personnages cosplayés et au niveau de la passion qui sen dégage. Et Marine n’est pas présentée comme une fille « bizarre » parce qu’elle se cosplay. De même, il y a des petites astuces qui sont données concernant la façon de se maquiller qui, j’imagine, doivent être authentiques.

      Après, je pense que la romance reste le cœur du sujet (à moins que ce soit ma vision de la chose car c’est ce qui m’intéresse le plus ?).

      Mais il faut effectivement voir si de ton côté le traitement sexy et la romance te parlent ou non.

      Merci beaucoup en tout cas pour ton petit mot qui me fait très plaisir.

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      • Ah d’accord, j’ai peut-être été un peu dure alors, comme j’ai vu passé des avis disant que ça manquait de profondeur à ce niveau là. Après si ce n’est pas le sujet principal, ce n’est pas très grave, je suis sûre que des mangas parlant de cosplay, ça doit exister, il faut juste que je cherche mieux =)

        De rien, merci de partager tes lectures et tes impressions.

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  8. Très intéressant comme article ! Possible que l’autrice cherche à plaire au lectorat masculin ou est intériorisé le male gaze sans s’en rendre compte. (Même moi, si ça se trouve, j’ai encore des réflexions sexistes et, au final, se déconstruire et évoluer ça prend toute une vie)

    Toute la partie sur le fait que chacun a le droit d’aimer ce qu’il veut en dehors des cases du genre, ça me rappelle Otomen qui présentait un héros appréciant tout ce qui est mignon et d’autres persos masculins doués en couture, maquillage, etc. Et il y avait la fille qui préférait elle le kendo et autres pratiques masculines. J’avais beaucoup apprécié cette approche à l’époque. Il faudra que je me la relise à l’occasion (et me trouver les deux tomes qu’il me manque, la série est plus éditée et les spéculateurs… uh…)

    Je n’ai pas encore lu Katsura mais, de ce que je sais de I »s (merci le conjoint qui adore ce mangaka, même s’il a un mal fou avec Video Girl Aï) ça parle justement du monde des idols, de cette sexualisation des mineures et aussi du désir adolescent (il y a plusieurs scènes où le couple principal veut sauter le pas). Je sais pas si ça peut t’intéresser en terme de romance, ou voir une autre approche du thème avec un manga plus vieux.

    Désolé j’ai digressé. Concernant Sexy Cosplay Doll, je me remarquerais peut être l’anime à l’occasion pour me faire une première idée. Après une bonne part du public masculin a tendance à sexualiser n’importe quel perso féminin dès qu’il apparait à l’écran. J’ai vu nombre d’entre eux partager la scène où Marine est assise et on a ses pieds en gros plan (on a compris votre kink les Tarantino). Mais même sans ça, je pense que Marine aurait eu droit au fameux male gaze mais de la part du public.

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    • Concernant Katsura, j’ai déjà lu Vidéo Girl Ai que j’ai aimé sur de nombreux points mais dont d’autres m’ont fait tiquer (en particulier toute la partie fantastique que je trouve un peu ratée), du coup I »s est un titre qui m’intéresse aussi. Peut être un jour en occasion, parce que je sais pas si on va nous le rééditer un jour.

      Je pense aussi que le mâle gaze est parfois interiorisé, tout comme il est mis en scène en pensant au public que l’on cible.

      Mais tu as raison, même sans ça, une partie du public masculin arrivera à y plaquer ce regard. Rien qu’hier encore, j’ai pu voir sur Twitter qu’une artiste qui se prend en photo devant ses toiles en a été victime. Elle a eu le malheur d’avoir une tenue qui mettait un peu trop en valeur sa poitrine, et on peut voir que la photo est infiniment plus partagée que ses autres, et que les commentaires sur ses seins ne manquent évidemment pas…

      Encore une fois, il y a encore du chemin à faire !

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  9. C’est vrai que Katsura est plus édité (hormis Zetman) j’ai tendance à complètement oublier. Alors que bon c’est Delcourt/Tonkam, je devrais y être habituée (c’est pas le seul éditeur à laisser en jachère une partie de son catalogue, tu me diras)

    Je ne savais pas pour l’artiste que tu mentionnes et quelle horreur, la pauvre ! Mais, malheureusement, ça m’étonne pas. Même juste pour sortir dans la rue, en tant que femme, tu réfléchis à ta tenue pour ne pas recevoir des remarques déplacées à cause d’une bretelle de soutien gorge apparente, un décolleté Alors que des mecs se baladent torse nu dans le plus grand des calmes.

    Mais y a des consciences qui s’éveillent peu à peu, c’est toujours ça de pris !

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