Mon avis sur… Platinum End T.1 à 3 de Tsugumi Ohba et Takeshi Obata

Platinum-end

Le fait de me relancer dans Bakuman aura eu pour effet collatéral de me donner envie de découvrir davantage le travail du duo Ohba/Obata. Je crois l’avoir déjà expliqué, mais mon premier contact avec ce tandem vient en fait de l’adaptation de Death Note en anime, que j’avais vraiment adoré. Je n’ai cependant jamais lu le manga d’origine, mais il me semble que cette adaptation est très fidèle, et je peux donc dire que je connais bien l’histoire, les thématiques et les personnages. De plus, j’avais déjà lu le premier tome de Platinum End via l’édition proposée dans le cadre des 48h de la BD 2018. Et je dois confesser que si j’avais beaucoup aimé cette entrée en matière, je n’avais jamais continué la série, car tous les retours que j’ai eu jusqu’à présent s’accordaient sur le fait que les différents tomes soufflent le chaud et le froid, alternant entre le très bon et le nettement moins réussi.
Mais comme je l’ai dit, ma relecture de Bakuman m’a donné envie de découvrir ce que le duo pouvait nous réserver d’autre, et c’est ainsi que je me suis procuré le coffret des trois premiers tomes au prix de deux. Ainsi, je les ai enchaînés et je vais pouvoir vous faire part de mon avis sur ce début de série. Avant de commencer, il faut savoir que Platinum End est un shonen en cours depuis 2015 au Japon, avec 11 tomes publiés à son actif (le 11e arrive le mois prochain en France) et semble remporter un beau succès malgré les retours en dent de scie concernant la série. Voyons maintenant de quoi il est question :

Mirai, un jeune homme qui a perdu tout espoir en la vie, décide de se suicider en se jetant du haut d’un building. Mais, juste avant qu’il ne touche le sol, un ange, appelé Nasse, le rattrape au vol et lui sauve la vie. Elle lui offre alors la possibilité d’obtenir de puissants pouvoirs, promesses d’une vie meilleure… Mais en acceptant, Mirai découvre qu’il participe désormais à une compétition mortelle…

Ce que le résumé ci-dessus élude, et qui est pourtant fondamental, est que l’ange Nasse offre à Mirai la possibilité de participer à une compétition entre 13 humains pour devenir le nouveau Dieu qui régnera sur la Terre, accompagné de l’ange qui l’aura choisi. Chaque ange ayant un rang spécifique (rang 1, 2 ou suprême) qui influe sur les aptitudes qu’il donne à son humain. Ainsi, Nasse étant un ange suprême, elle permet à Mirai d’avoir les trois pouvoirs possibles à la fois : des ailes pour voler, une flèche rouge qui permet aux personnes touchées de tomber amoureuses de son porteur pendant 33 jours, et une flèche blanche qui peut tuer n’importe qui. Les anges de rang 1 n’apportant que la flèche rouge tandis que ceux de rang 2 donnent en plus les ailes (si j’ai bien tout compris). De plus, seuls les « candidats » choisis par des anges peuvent voir les ailes et les anges.

De ces règles de base, et de la présence des anges, découle une similitude évidente avec Death Note, ainsi qu’une parenté thématique liée au pouvoir de vie et de mort qu’ont les personnages. Et nous le verrons, la parenté avec le titre culte du duo Ohba/Obata ne s’arrête pas là. Mais sur ce point en particulier, je trouve qu’on reconnait le talent de Tsugumi Ohba pour créer un système de règles très intéressantes, et une relation vraiment réussie entre un personnage fantastique et un humain (que ce soit Ryuk et Light où ici, Nasse et Mirai). Et dans un cas comme dans l’autre, le travail visuel d’Obata met parfaitement en valeur les personnages fantastiques, les anges que l’on a l’occasion de rencontrer dans ce premier tome étant tous particulièrement stylés je trouve, tout en conservant une forme d’unité visuelle exactement de la même façon que les dieux de la mort dans Death Note. Ainsi, sur tous ces points, les magakas imposent d’emblée un univers très intéressant, avec un système de règles potentiellement passionnant et surtout, une belle richesse thématique.

Évidemment, la question du pouvoir et de la façon de l’utiliser est d’emblée au cœur de l’histoire. Mirai avait perdu goût à la vie et prend conscience de la responsabilité qui pèse sur ses épaules, et, bien qu’il ne souhaite pas devenir Dieu, souhaite utiliser son pouvoir de la façon la plus positive qui soit. Au contraire d’un autre personnage fondamental, présenté à ce stade comme l’antagoniste numéro 1 : Metropoliman. Ce personnage, en total opposition à Mirai, souhaite tuer les autres candidats pour devenir Dieu, et dès les premiers tomes, il met à exécution son plan et se débarrasse déjà de plusieurs personnes. De ce fait, Mirai se retrouve contraint de coopérer avec d’autres pour éliminer cette personne dangereuse (qui n’hésite pas dans l’affaire à tuer des gens qui n’ont rien à voir avec la compétition). Cette multiplication des candidats permet une fois de plus de traiter avec une belle densité de la question du pouvoir, et de la façon de l’utiliser. Dans le premier tome par exemple, on fait rapidement la connaissance d’un humoriste raté, qui utilise sa flèche rouge pour coucher avec un maximum de jeunes idoles.

Mais les personnages gravitant autour de Mirai, plus importants dans l’intrigue, permettent eux-aussi de développer les thématiques du récit en donnant des points de vue différents sur la question, exactement à la façon des personnages de Death Note par ailleurs. Et comme je l’ai dit, la comparaison ne s’arrête pas là. Le combat stratégique et psychologique entre Metropoliman et les autres candidats m’évoquant pas mal la confrontation entre Light et L. J’ai d’ailleurs hâte de voir comment les choses vont évoluer sous la plus d’Ohba, compte tenu du fait que j’ai trouvé cette partie de Death Note absolument passionnante.

Vous allez peut-être vous dire que j’insiste beaucoup sur la comparaison entre Platinum End et Death Note, et vous dire que l’on a l’impression d’avoir affaire à une sorte d’ersatz du premier. Cependant, je trouve que dès ces premiers tomes, la comparaison entre les deux (qui est évidente et inévitable) permet aussi de mettre en relief les différences qu’il y a. Rien que dans le fait que l’on épouse cette fois le point de vue d’un personnage positif offre une sorte de miroir inversé de Death Note. De même, les pouvoirs dont les candidats sont investis peuvent être utilisés pour faire le bien et il ne semble pas y avoir de réelle ambiguïté morale cette fois-ci.

Enfin, la connotation religieuse qui était implicite dans Death Note est ici bien plus explicite, et le titre semble baigner dans une ambiance un peu dépressive (Mirai voulait mourir, un des personnages est gravement malade… en bref, il semblerait que les candidats soient tous des gens choisis par rapport au fait qu’ils avaient renoncé à la vie, d’où le fait que les anges aient été spontanément vers le Japon comme c’est dit explicitement). Ainsi, si Death Note parlait beaucoup du système judiciaire japonais (où la peine de mort est encore en vigueur), Platinum End semble davantage traiter d’un malêtre sociétal spécifique au Japon. De ce fait, en dépit des parentés thématiques évidentes, dès ces premiers tomes, le duo arrive à trouver une voie nouvelle pour leur manga, et une voie qui est par ailleurs potentiellement passionnante.

Avant de conclure, il me semble important de glisser un petit mot sur l’esthétique du titre (que j’ai rapidement évoqué auparavant). Si Takeshi Obata est un illustrateur reconnu depuis longtemps, j’avoue ne connaitre pour le moment que ses travaux en duo avec Tsugumi Ohba, en particulier Bakuman. Et je me range clairement dans le clans de ceux qui adorent son trait, à la fois pour son travail de character design toujours au top, mettant parfaitement en valeur les personnages, que pour le dynamisme global de ses illustrations. Dans le cas de Platinum End, qui commence sur les chapeaux de roue avec plusieurs séquences explosives dès ces premiers tomes, on peut dire qu’il n’a rien perdu de sa maitrise et nous offre des mises en scène de qualité qui viennent parfaitement mettre en valeur l’écriture d’Ohba. Ainsi, on est de nouveau face à un travail visuel très haut de gamme selon moi, même si j’ai conscience que beaucoup lui reprochent des dessins trop « passe partout » (ce qui n’est pas mon cas).

En résumé, cela faisait un moment que je souhaitais me lancer dans Platinum End, du fait de son duo d’auteurs culte, mais j’ai repoussé longtemps la lecture du fait de la réputation en dents de scie de la série. Ainsi, je ne peux pas m’avancer et dire que je vais aimer tout ce que les auteurs nous proposent, mais il est malgré tout évident que ces trois premiers tomes sont une véritable réussite à mes yeux, tant ils imposent d’emblée un univers riche et singulier, régi par des règles passionnantes et proposant une grande richesse thématique. Je le répète, je ne sais pas si je continuerai par la suite d’aimer autant la série, mais il est évident que ces trois premiers tomes ont totalement comblé mes attentes, et c’est donc avec une impatience mêlée d’un peu d’appréhension que j’attends de me procurer les tomes suivants !

8 commentaires

  1. Un petit conseil de quelqu’un qui est fan des œuvres du duo : continue !

    Par contre, c’est marrant que tu y fasses autant de parallèles avec Deathnotes alors qu’on a l’habitude de lire des parallèles avec Mirai Nikki plutôt (qui aborde le même thème, mais de manière fort différente). J’avais moi même pas spécialement misé sur cette comparaison pour parler de la relation entre humain/être surnaturel. C’est intéressant et très à propos. Mais je pense que le parallèle entre Mirai et Light va s’arrêter là: ils ont des caractères très différents et c’est tant mieux. Je n’ai jamais eu l’impression de lire un « Deathnotes 2 »

    Mais je suis d’accord avec toi que on reconnait leur patte dans l’analyse du mal-être sociétal, et tu vas encore la retrouver dans l’analyse des cas de conscience dans les tomes qui suivent.

    Bref, continue ta lecture, je ne pense pas que tu le regretteras

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    • Je compte bien continuer. Je ne sais pas encore à quel rythme, mais en tout cas, ces trois premiers tomes m’ont tout de suite accroché.

      Et effectivement, Mirai est très différent de Light, au contraire, on dirait même un miroir inversé dans le sens où il souhaite être le plus droit et vertueux possible (en tout cas à ce stade).
      Metropoliman ressemble plus à Light pour le coup.

      En tout cas, ça me rassure que tu me dise que je vais continuer à aimer, car je lis des avis très mitigés sur les tomes suivants. Enfin, dans tous les cas j’ai très envie de continuer pour voir ce que nous réservent les auteurs !

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  2. Je suis très heureuse que tu es apprécié ta lecture, bon moi je fais partie de ceux qui sont quand même bien fan de la série je trouve pas nécessairement qu’il y a des parties moins bonnes en fait j’aime tellement l’aspect guerre psychologique engendré par le duo d’auteurs que rien ne me déçoit véritablement
    Après j’étais comme toi j’ai bien comparé à Death note au début surtout que les auteurs utilisent un peu le même procédé sauf que je trouve les deux oeuvres assez distinctes l’une de l’autre mais oui on a de nombreux points communs.
    Donc voilà globalement on a le même avis, j’espère que ça continuera à te plaire normalement ça devrait être le cas mais je préfère pas trop m’avancer lol

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  3. bonjour, comment vas tu? mon avis rejoint le tien. death note est un de mes mangas culte. je suis plus loin dans la lecture et j’ai trouvé le combat avec metropoliman un peu longuet quand même. et tout comme death note, il semble etre réalisé en deux parties. bref, je te laisse découvrir. bonne lecture!

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  4. Il y a en effet quelques similitudes avec Death Note, ce qui m’a également dérangé. Je trouve que le duo de mangaka, manque cruellement d’idées. C’était déjà le cas dans Death Note, qui aurait du se terminer avec la mort de tu sais qui.
    Platinum End était plutôt pas mal dans ces premiers tomes, mais je crois avoir décroché vers les tomes 4-5 car les affrontements et les personnages étaient assez clichés.
    Je suivrais tes prochains avis avec attention pour voir, mais si tu as aimé Death Note jusqu’au bout, y’a pas de raison 😉

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