Mon avis sur… Tu seras un saumon, mon fils de Shôhei Sasaki

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C’était par hasard, lorsque je faisais des recherches sur des acquisitions pour la médiathèque que je suis tombé sur ce manga, au pitch improbable qui a tout de suite titillé ma curiosité. Mais c’est aussi ce pitch qui m’a fait me dire que ce n’était peut-être pas l’idéal à proposer dans notre structure, de ce fait j’ai préféré me l’acheter directement, afin de voir si le manga est aussi barré que ce que le résumé laisse à penser. Voyez plutôt :

Pour Shion, finit les concours de branlette avec ses potes ! Sa mère vient en effet de se remarier avec un nouvel homme, et le voilà forcé de déménager dans une région où il ne connaît rien ni personnne. Mal reçu dans sa nouvelle école, où il devient très vite la tête de turc, et ne trouvant pas non plus sa place dans son nouveau foyer, le jeune lycéen va évacuer toutes ses frustrations dans la rivière. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le voilà devenu le père de Sauman, l’homme-saumon ! Son quotidien en sera à jamais modifié…

Car oui, cette histoire en deux tomes part d’un concept on ne peut plus original : Shion Masterba (ça ne s’invente pas) était le maître en « concours de branlette » dans son ancien collège, mais suite au remariage de sa mère et à son changement d’établissement, la vie est devenue compliquée pour lui. Et c’est un soir, alors qu’il surprend sa mère et son beau père en train de faire une activité que les enfants ne devraient pas voir que la coupe est pleine. Il va donc près de la rivière pour évacuer sa colère à sa façon bien à lui, inséminant au passage des œufs de saumon. C’est ainsi que naît Sauman, un saumon à taille humaine qui se tient sur deux pattes et qui est, disons leu clairement, super flippant !

Le postulat de base est donc dès plus rocambolesques, d’où le fait que le manga soit publié dans la collection WTF ! d’Akata (qui semble bien pourvue en ovnis à en lire les résumés des différentes séries). Et c’est justement un des points principaux dont je souhaitais parler, car si vous vous attendez à une histoire totalement barrée, vous risquez d’être un peu déçu(e). En effet, je me suis très vite rendu compte que le côté foufou de l’histoire était rapidement gommé au profit de quelque chose de plutôt sérieux, avec un fond très intéressant par ailleurs.

En effet, la relation entre Shio et Sauman sera au cœur de l’histoire comme on peut s’en douter, mais c’est surtout la façon dont le saumon est le révélateur des problèmes familiaux qui est intéressante. Car le titre se révèle finalement se focaliser sur la notion de cellule familiale, et notamment de la famille recomposée. Ainsi, la question de la place de chacun dans le foyer sera finalement le vrai cœur du récit, et sera traitée avec sérieux. Cela n’empêche pas quelques moments gaguesques assez bien sentis, comme par exemple le fait que Shio fasse manger des sushis à Sauman sans réfléchir au fait que cela soit du cannibalisme. Et évidemment, l’humour en dessous de la ceinture a sa place dans cette histoire, comme on peut s’en douter compte tenu de l’activité favorite de notre héros. Enfin, l’attraction principale de ce manga, Sauman, est plutôt réussi. Son aspect repoussant crée un décalage amusant avec le fait qu’il soit très gentil, et la question de sa nature réelle est intéressante, tout comme l’aspect symbolique que le personnage charrie.

Au-delà de l’écriture, l’aspect esthétique du manga est plutôt réussi selon moi, sans atteindre des sommets. Il y a un parti pris visuel qui me plait bien, avec des personnages qui ne sont pas franchement des gravures de mode (au point où parfois je me dis que Sauman est presque sexy à côté). Mais c’est surtout l’excès avec lequel le mangaka dessine ses situations qui frappe concernant son style. Vous pouvez d’ailleurs lire un extrait sur le site de l’éditeur pour vous en faire une idée assez précise.

En résumé, Tu seras un saumon, mon fils… est un manga très intéressant et déroutant de par son pitch barré, mais surtout parce qu’il n’exploite finalement pas pleinement ce potentiel, préférant se centrer sur une thématique forte traitée avec sérieux. De ce fait, passé le petit choc initial (qui peut même créer une déception), force est de reconnaître que j’ai passé un très bon moment avec cette série très courte (deux tomes) qui a su intelligemment développer son histoire en peu de pages. Une petite curiosité qui vaut la peine d’être découverte.

10 commentaires

  1. Je voulais justement le lire (depuis l’été dernier, mais ne se trouve pas en libraire : faut passer commande). J’adore cette maison d’édition, d’ailleurs je te conseille : Magical Girl Holly shit, et Gereksiz 🙂 si cela t’intéresse – c’est vraiment bon délire.

    J’ai adoré cette phrase de ton article : je me dis que Sauman est presque sexy à côté*

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  2. Si je dis que je lirai bien ce truc, ça fait de moi une fille totalement barrée ? Ou c’est bon on s’accorde pour dire que c’est considéré comme une lecture normale ?
    En fait, c’est intriguant… dommage de ne pas le trouver en médiathèque, du coup. Peut-être conviendrait-il à la section adulte.

    Aimé par 1 personne

    • Ah oui, je pense que certaines médiathèques le proposent, et en lecture adulte ça passe tout à fait. Disons que me concernant, je préfère prendre parfois des précautions, car on n’a que des enfants qui empruntent les mangas chez nous, et clairement j’ai pas envie d’avoir un parent qui vient me voir pour me demander des explications sur le manga qu’a pris son gosse où des jeunes se masturbent sur les premières pages.

      Sinon, c’est une lecture normale à mes yeux. Un pitch et un style peuvent être originaux, voire barrés, sans que ce soit considéré comme anormal.
      Et surtout, c’est au final une plutôt belle histoire que je recommande.

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