Mon avis sur… Le Gourmet Solitaire (L’Intégrale) de Jiro Taniguchi et Masayuki Kusumi

Le Gourmet Solitaire

M’étant remis dans l’œuvre de Jiro Taniguchi, je ne pouvais pas passer à côté de l’occasion de vous évoquer Le Gourmet Solitaire, un manga qui, s’il n’est pas un incontournable de l’auteur, propose quelque chose d’à la fois original et familier, puisqu’on est encore dans le domaine de la flânerie, mais culinaire cette fois-ci !

Petite précision avant d’entrer dans le vif du sujet, Le Gourmet Solitaire, comme la plupart des œuvres de Taniguchi éditées par Casterman a connu plusieurs rééditions. j’ai mis en avant la couverture de l’édition intégrale (la plus récente) dans la collection Écritures, qui dispose d’une couverture rigide. Me concernant, j’ai lu les deux volumes séparés (Le Gourmet Solitaire et Les Rêveries d’un Gourmet Solitaire), mais dans cette même collection. Si vous connaissez le travail éditorial de Casterman pour Écritures, vous ne serez pas dépaysé(e)s quelle que soit la version choisie : toujours un format plus grand que les mangas classiques, et un sens de lecture occidental. Ceci étant dit, passons au résumé :

On ne sait presque rien de lui. Il travaille dans le commerce, mais ce n’est pas un homme pressé ; il aime les femmes, mais préfère vivre seul ; c’est un gastronome, mais il apprécie par-dessus tout la cuisine simple des quartiers populaires… Cet homme, c’est le gourmet solitaire. Chaque histoire l’amène à goûter un plat typiquement japonais, faisant renaître en lui des souvenirs enfouis, émerger des pensées neuves, ou suscitant de furtives rencontres.

Le résumé capte parfaitement l’ambiance et la particularité de ce récit selon moi. Tout d’abord, on y suit un personnage dont on ne connait pas grand chose (je ne suis même plus sur que son nom soit évoqué). Mais chaque détail a son importance car ils concourent à poser l’ambiance et l’importance des repas. En effet, on sait qu’il travaille dans le commerce, on le suit d’ailleurs régulièrement entre deux rendez-vous. Il aime vraiment la cuisine et est d’ailleurs très curieux sur ce point. Il semble être dans une sorte de perpétuelle réflexion mêlée de nostalgie. Il semble finalement dans la posture que le manga nous invite à adopter.

Car nous le suivons uniquement dans ces moments d’entre-deux, où il peut prendre le temps de se poser et apprécier un instant rien qu’à lui, en compagnie de bons plats. Le récit se segmente ainsi en un repas dans un endroit différent par chapitre, l’occasion de nous faire voyager dans différents quartiers, différentes ambiances, pour différentes cuisines. De ce point de vue, le résumé dit que chaque plat est typiquement japonais, mais en réalité on a aussi droit à de la pizza revisitée et un peu de cuisine coréenne. Mais l’important n’est pas là.

Ce qui est intéressant, comme je l’ai évoqué, c’est que chaque repas est l’occasion pour le personnage de se poser, et nous avec lui. C’est en cela que l’on rejoint totalement le style des histoires de flâneries propres à Taniguchi : le personnage se pose, fait le point, nous partageons ses réflexions et ces moments de calme et ce faisant, nous faisons également le point. On déambule dans notre esprit en fonction de là où le personnage nous mène, ou peut-être bien qu’on suit une direction différente. Le principal étant finalement de se retrouver comme lui, le temps de la lecture, totalement centré sur nous-même afin de profiter de ce plaisir simple de lire un manga. Ainsi, le temps suspends son cours le temps de quelques pages (car comme L’Homme qui marche ou Le Promeneur, la lecture est rapide, mais en plus, on peut sans problème l’interrompre à la fin de chaque chapitre).

Ainsi, je retrouve dans cette lecture le plaisir que j’ai souvent dans les œuvres de Taniguchi, qui vient de cette invitation à ralentir son rythme de vie et à profiter du temps qui passe. L’aspect culinaire proposant une réelle valeur ajoutée de par l’ambiance spécifique qui en ressors. Car me concernant, j’adore la cuisine et j’aime aller au restaurant, car j’ai l’impression de me retrouver dans une bulle (y compris lorsque je suis accompagné, cette bulle pouvant être partagée), où les tracas de la vie quotidienne disparaissent le temps d’un instant. Et la plus grande force du Gourmet Solitaire vient, selon moi, de cette capacité à recréer cette bulle de confort et d’apaisement.

Au final, si comme je l’ai dit, nous sommes face à une œuvre relativement mineure à mes yeux dans la carrière de l’auteur, elle n’en reste pas moins très appréciable par la façon dont elle arrive à me mettre dans un état d’apaisement que je ressens (et que je recherche) souvent avec Taniguchi. En ça, je pense que revenir régulièrement vers ce genre d’œuvre ne peut que faire du bien.

 

11 commentaires

  1. Hum celui-ci aussi je l’ai à la médiathèque et après un si bel article, je ne peux que je le mettre de côté pour le lire très prochainement.
    Par contre, la grande gourmande que je suis, craint un peu toutes les scènes exposant de la nourriture, je me connais, je sais que je vais fatalement finir la tête dans le frigidaire ><

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  2. J’aime beaucoup les mangas qui parlent de nourriture ♥ Cela me donne toujours envie de goûter plein de plats, même ceux avec de la viande alors que je suis végétarienne haha

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