Mon avis sur… The Ichinose Family’s Deadly Sins T.1&2 de Taizan 5

Ichinose Family

Après le succès japonais de sa première série courte Le Péché originel de Takopi (publié chez nous par Pika), Taizan 5 est monté en grade auprès de la Shueisha, puisque sa série suivante, qui nous intéresse aujourd’hui, a été publiée dans le prestigieux Weekly Shonen Jump, s’achevant en 6 volumes avant de débarquer en France chez Kana. Une nouvelle série à la durée raisonnable, qui permet à l’auteur de renouer avec des thématiques familiales difficiles matinées d’un concept fantastique. De quoi imposer une patte auteurisante au travail du mangaka, pour le meilleur en ce qui me concerne, au vu des obsessions passionnantes de ce dernier.


Un grand merci à Kana pour l’envoi du Kit Presse de la série. Vous pouvez lire le premier chapitre de 60 pages via CE LIEN.


Après un grave accident de voiture, Tsubasa Ichinose se réveille à l’hôpital, alors qu’il a perdu la mémoire. Sa famille l’entoure, mais cette dernière souffre du même mal. Son père, sa mère, son grand-père, sa grand-mère et sa sœur ne savent plus qui ils sont et ne se reconnaissent même pas les uns les autres. Ils décident alors de tenter de s’inventer des souvenirs, afin de reformer une famille normale. Cependant, au retour à la maison, chacun constate que la famille unie qu’il s’imagine était bien plus chargée de problèmes et de secrets que prévu. Tsubasa va vouloir reprendre le cours de sa vie tout en élucidant les zones d’ombres des Ichinose.

C’est le postulat de cette série courte, terminée en 6 tomes au Japon et prépubliée de 2022 à 2023, qui devrait donc nous occuper une petite année grand maximum puisque les deux premiers tomes sortent conjointement chez Kana, dans une traduction d’excellente facture de Aline Kukor. Un choix éditorial on ne peut plus pertinent car à la lecture du premier volume, une certaine confusion règne quant à la nature exacte du récit, qui s’éclaire déjà dans le second tome, où les twists commencent à aller bon train, permettant de cerner un peu mieux de quoi il est question (tout en ménageant malgré tout une grosse part de mystère, contribuant à donner envie de poursuivre).

Car, alors qu’on s’imagine au début en face d’un titre relativement réaliste mettant en exergue des sujets difficiles tels que les familles dysfonctionnelles, le harcèlement, l’adultère et le mensonge en général, l’évolution de l’intrigue permet de saisir le ton singulier du titre, aux relents fantastiques et au suspense affirmé. Après un premier volume essentiellement centré sur le retour à la vie normale (et difficile) de Tsubasa, la cellule familiale dans sa globalité va prendre de l’importance, montrant que ses différents membres partagent visiblement un secret dont ils n’ont plus conscience depuis l’accident. Difficile d’en dire trop sans déjà révéler des éléments centraux de l’intrigue, mais sachez simplement que l’élément fantastique et le mystère qui entoure la famille contribuent à donner au récit un rythme et une intensité qui le rendent addictif au possible.

De plus, l’ambiguïté qui concerne les personnages principaux permet une belle ambivalence dans notre rapport à ces derniers, notamment durant toute la partie qui concerne le harcèlement scolaire de Tsubasa, où on alterne entre empathie et incompréhension vis-à-vis du personnage (quand on ne se retrouve pas carrément à invalider son comportement, parfois plus que limite). Cela donne de la profondeur réflexive au personnage et à l’histoire, nous mettant parfois en tant que lecteurs et lectrices dans une position inconfortable mais très intéressante pour peu qu’on adhère à la façon de raconter de l’auteur. Quelque chose qui, encore une fois, rappelle ce qu’il avait fait sur Takopi et qui, à mes yeux, fonctionne même mieux ici, surement aidé par un format plus long permettant de faire respirer le tout.

Ainsi, on est facilement happé par un récit à suspense très maitrisé, à la profondeur thématique qui se dévoile petit à petit, allant plus loin que l’idée qu’on pouvait s’en faire à l’origine. Une belle réussite dont les ratés visuels ne plombent en rien les qualités que l’on constate déjà. Car, il faut le dire, tout comme pour Takopi, le style visuel affirmé de l’auteur fonctionne très bien en terme d’ambiance, mais on ne peut que déplorer un côté très inégal du dessin malgré tout, qui sans être laid, ne fait pas toujours des merveilles. Mais le titre n’en reste pas moins un des plus remarquables de 2024 pour le moment à mes yeux, et sa faible durée jouera très clairement en sa faveur !

4 commentaires

  1. CE manga m’intéresse fortement, même si Takopi faisait dans la surenchère des drames en seulement 2 tomes, il y a avait malgré tout de bonnes bases pour un jeune auteur. Le dessin est ce qui me laisse perplexe, car tous les personnage sont petits, ça fait très fiction comme « mes voisins les Yamada ».

    Aimé par 1 personne

    • Je ne vais pas te mentir, le dessin est toujours critiquable. J’arrive à faire abstraction même si j’ai eu des moments où je trouvais que ça posait un peu problème. Mais si on arrive à passer outre, il y a vraiment quelque chose dans ce début d’histoire.

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