
Le cycle de la hype dans le monde du manga semble se répéter inlassablement, avec des sorties remarquées au Japon qui trouvent écho chez nous, jusqu’à une annonce de parution française qui sera l’occasion de faire l’expérience de l’œuvre en question. De plus, avec Internet et la diffusion parfois dans plusieurs langues gratuitement et légalement dans le monde, certains titres peuvent déjà avoir une réputation auprès du lectorat français qui l’aura expérimenté. C’est ainsi que l’annonce de la parution chez Pika de Le Péché Originel de Takopi a suscité un certain enthousiasme mêlé de curiosité, du fait de la réception unanime qu’à suscité cette série courte d’un tout nouvel auteur, Taizan 5, dont le ton et les thématiques très dures ont été très remarqués. En résulte fort logiquement un des premiers événements éditoriaux de 2023 dans le monde du manga, qui nous amène au présent article, qui cherchera à prendre un peu de hauteur sur un titre qui semble d’ores et déjà un indispensable de l’année, tant il est radical dans sa proposition. S’il ne fait aucun doute pour moi que Le Péché Originel de Takopi est une expérience de lecture qui vaut vraiment le détour, c’est aussi l’occasion de le mettre en perspective avec des questions qui dépassent le cadre de la fiction. Car, cest suffisamment rare pour être souligné, le titre se démarque surtout par le fait qu’il est chargé de sens, et dénote d’une profonde envie de dire des choses, et pas simplement de gratter de la page pour le plaisir. Ce qui devrait être l’impulsion de toute entreprise créative dans un monde parfait, mais on n’est pas dans un monde parfait, et le titre n’aura de cesse de nous le rappeler.
Un grand merci à Pika pour l’envoi de ces deux tomes. Vous pouvez trouver un extrait via CE LIEN.
Takopi est un petit extraterrestre arrivé tout droit de la planète Happy, pour répandre la joie sur Terre ! Sauf que la première personne à lui tendre la main est Shizuka, une fillette au visage infiniment triste… Aussitôt, Takopi se donne pour mission de lui rendre le sourire à l’aide de ses fantastiques “happy gadgets” ! Mais le petit alien est loin d’imaginer la noirceur de l’environnement dans lequel évolue l’écolière. L’innocence et la bonne volonté de Takopi vont peu à peu l’entraîner dans une situation inextricable…
Le Péché Originel de Takopi est un manga très surprenant sur plusieurs aspects. Si son intrigue mettant en exergue les souffrances enfantines (maltraitance des parents, harcèlement entre enfants, etc) n’a pas l’air spécialement originale de prime abord, il y a quelque chose dans son ton général qui donne une singularité au titre. Et loin d’être une simple volonté de faire différent, il me semble que cet aspect fonctionne justement comme un catalyseur des thématiques du manga.
En faisant du personnage de Takopi, la créature extraterrestre, notre point d’ancrage dans le récit, Taizan 5 propose une évolution particulièrement bien vue, questionnant les différentes thématiques de l’histoire, et surtout, comment un être parfaitement enjoué finit par sombrer dans les idées noires. L’idée étant qu’au milieu de tous ces portraits d’enfants, Takopi est finalement celui qui représente le mieux comment un être innocent, naïf et surtout heureux peut finir par être brisé en étant confronté à la dureté de la vie.

C’est en effet au contact de ces enfants, tous porteurs d’une grande violence liée à un grand mal-être, que Takopi va perdre pied petit à petit. La bonne idée étant de donner de la voix aux trois enfants principaux, permettant de comprendre l’état psychique de chacun, et les raisons de leur malheur, de leur violence ou de leurs troubles. Raisons qui sont toutes liées à leurs parents, rappelant sans détour que c’est bien des adultes que viennent les problématiques psychologiques des enfants. Que ce soit des parents violents qui transmettent ce mode de rapport à l’autre à leur enfant, des parents négligents qui abandonnent carrément leur progéniture, ou d’autres qui ne sont que dans la dévalorisation constante et n’apportent pas l’amour dont l’enfant à besoin, chacun des cas mis en avant ici dresse une causalité entre les comportements des parents et ceux des enfants d’une grande cohérence et intelligence, me rappelant d’ailleurs Le Perce Neige, chef d’œuvre de Rensuke Oshikiri, avec un traitement plus terre à terre ici cependant.
Ainsi, le titre arrive à opérer une bascule très intéressante au fil de son évolution, suscitant l’empathie pour des enfants présentés comme monstrueux de prime abord, et créant dans le même temps une forme de méfiance vis-à-vis de celle présentée dans un premier temps comme une victime. C’est une des grandes forces du récit, réussir à tout garder dans une zone de gris en phase avec la complexité de la réalité. En nous montrant que les enfants monstrueux le sont pour des raisons, l’auteur invite à la compréhension, quand bien même cela ne veut pas dire cautionner ce qui se passe.
De même, les gadgets de Takopi, qui ont des effets divers et variés, sont particulièrement pertinents d’un point de vue dramaturgique, en particulier son instrument lui permettant de revenir en arrière dans le temps. Cela permet à la structure narrative une forme moins linéaire au service du discours de l’auteur.
Ainsi, Le Péché Originel de Takopi est une lecture radicale, assez bouleversante et difficile, mais chargée de sens, au service d’un discours vraiment important. Le titre évite globalement beaucoup d’ecueils et de reproches qu’on aurait pu lui faire, même si de légères scories demeurent (mais c’est vraiment du pinaillage). Cette série courte arrive surtout à pousser à la réflexion en nous investissant emotionnellement dans son récit extrêmement fort. Et on sent à la première lecture de nombreuses couches dans le récit, et une grande profondeur quu infuse en nous. De ce fait, on se retrouve devant un cas où l’exercice critique dans l’instant montre ses faiblesses. Car si immédiatement après la lecture j’ai commencé à écrire sur le titre, pensant mettre en avant un goût de trop peu, les quelques jours passés depuis ont déjà suffit à faire davantage infuser tout ça dans mon esprit, me questionnant sur certains éléments. Et en y revenant, je m’aperçois qu’il y a une profondeur bien plus importante que ce que j’avais perçu de prime abord dans tout ça, rendant au fil des jours le titre plus fort à mes yeux. De ce fait, plusieurs relectures me semblent nécessaires pour véritablement percevoir toute la profondeur de cette histoire, qui trouve déjà un écho très fort chez moi. Ainsi, au vu de la façon dont le titre a réussi à s’insinuer dans mon esprit, je serai tenté de dire que Taizan 5 a parfaitement réussi son coup, et a proposé un titre véritablement remarquable, percutant et puissant.
Outre le fait qu’à chaque fois que je vois « Taizan 5 » je lis « Tarzan 5 » j’avais hâte de la sortie de ce manga. N’ayant lu que le premier chapitre l’an dernier. J’ai tout de suite su que ce titre aller te plaire au vue des propos fort sur l’enfance.
Sinon tu en as pas parler, mais je pense que Pika n’a pas envoyer le one-shot de l’auteur qu’ils ont mis à dispo dans le coffret collector ? ça serais intéressais de comparer les 2
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En effet, il n’y avait pas le one shot avec, mais ce serait malvenu de se plaindre vu que ça fait un joli kit presse gratuit. Mais même sans l’avoir lu, vu la différence de prix faible je pense que c’est une bonne idée de prendre le coffret directement.
Sinon, moi je lisais « Tyson 5 » 🤣
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Oui c’est sur qu’on va pas raller pour quelques choses de gratuit x) Mais je me disais qu’il te l’avais peut-être envoyer en PDF ou quelques choses comme ça.
Clairement oui le coffret est plutôt jolie en plus. À avoir par contre s’il va être la cible des spéculateurs ou si le stocks sera assez conséquent.
Comme quoi, l’auteur à peut-être pas choisi le meilleur nom de plume x)
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Pika a dit qu’il y aurait largement de quoi faire. On peut s’attendre à tout avec les spéculateurs, mais j’ai l’impression que soit les stocks sont conséquent désormais, soit ça se calme. Genre le collector du 41 de Berserk, on le trouve encore facilement, alors que c’est quand même le dernier tome de Miura.
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Possible, après mise à part pour le tome 33 de l’attaque des titans, il y a jamais vraiment eu de gros souci de stock chez Pika.
Comment ça on le trouve encore facilement ? j’en ai pas trouver perso 😦
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Ah ben sur les sites de vente en ligne bien connus, il etait toujours en stock aux dernières nouvelles.
Et j’ai jamais eu de mal à trouver du Pika au lancement, mais les collectors, cest toute une histoire…
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Je suis curieuse de lire ce manga mais vu ce que tu en dis, je vais attendre un peu parce que je ne pense pas être dans le bon état d’esprit pour quelque chose d’aussi sombre et dur ^^’ puis j’avoue que le charadesign ne m’attire pas sur la planche que tu montres…
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Le charadesign ne me faisait pas rêver sur la base de l’extrait, mais une fois dedans je trouve qu’il passe très bien.
Après, en effet, il faut être dans le mood pour lire un truc vraiment très dur quand même, mais au moins tu sais que je recommande chaudement (et aussi Le Perce Neige, je ne cesserai d’encourager à lire les mangas de Rensuke Oshikiri !).
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I know je l’ai noté aussi ce titre mais même souci, faut que je sois dans le mood et en ce moment… C’est pas le cas 😅
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J’espère que tout ceci n’est pas synonyme de période difficile pour toi, même si ça sounds like (moi aussi j’aime bien faire comme K-Maro et mettre un peu d’anglais dans mes phrases).
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Heureusement qu’il y a des hommes like you qui savent placer une bonne ref 😉 (enfin, une ref, bonne je sais pas, disons une ref de nostalgie ?)
(et si un peu mais that’s life, t’en fait pas ^-^)
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Au moins tu gardes de l’humour et des références de grande qualité !
Je te souhaite quand même que ça aille mieux ma foi.
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C’est gentil 🤗
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C’est le genre d’histoire qui m’intéresse. J’aime le débuts bien drama mais qui espère que la lumière vienne par la suite en général et puis vu la manière dont tu en parles, ça me donne envie
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Je te laisse découvrir par toi-meme si la lumière vient par la suite 😉
Honnêtement, je pense que ça fait partie des titres qu’il serait dommage de rater en ce début d’année, même si faut aimer les trucs badants.
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En tout cas, ce début d’année commence plutôt bien déjà avec The sound of life dont j’ai récemment acheté les 2 premiers tomes ^^
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Ouais, perso ces deux titres sont mes coups de cœur nouveauté du mois avec l’anthologie de Jun Mayuzuki. Ca fait déjà un bon début d’année !
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Ca fait plaisir !
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Merci pour l’article, serie courte je pense que je vais me lancer! 🙂
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Si tu es sur Twitter, tu peux voir beaucoup de retours d’ailleurs, si ça peut t’aider à faire un choix, car le titre semble pas mal polariser.
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Je viens de lire les 2 tomes, c’est assez dur à lire, et l’auteur dénonce beaucoup de sujets en 2 tomes (harcèlement scolaire, violences familiales, pressions sociales, inaction des adultes etc..) d’autres mangas ont également abordé un de ces thèmes (Nijigahara holograph et Bonne nuit PunPun d’Inio Asano, le manga Mauvaises Herbes, my Capricorn Friend etc..) mais ils n’abordaient pas forcément tous les thèmes dans une série aussi courte.
Malgré tout, les sujets sont bien abordés, avec finesse on entre doucement dans le calvaire, et beaucoup de choses sont suggérées mais nous mettent vite dans un profond malaise.
J’ai adoré la fin, une belle conclusion, qui peut paraître un peu facile, mais qui montre qu’au final on partage tous des choses communes.
Graphiquement, ça allait, sans être exceptionnel, mais j’ai adoré les détails des intérieurs des maisons qui montrent rapidement la situation familiale de la famille.
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Ça me fait plaisir de voir un retour si positif, j’ai eu le sentiment de lire beaucoup plus de retours mitigés voire déçus. Peut-être un titre un peu survendu, mais pour ma part je lui ai vraiment trouvé une intelligence dans son traitement des différentes thématiques, et dans son travail d’ambiance globale.
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