Il y a parfois des séries pour lesquelles on n’a de prime abord aucun attrait, que ce soit son auteur, son pitch ou son esthétique, rien ne nous parle de prime abord dedans, et qui, pourtant, une fois lues, se révèlent de bonnes surprises. C’est quelque chose d’assez rare en ce qui me concerne, mais l’occasion faisant le larron, je tente parfois des titres qui ne me parlent pas d’emblée. Et avec The Elusive Samurai, on est clairement dans ce cas de figure, car si je n’étais vraiment pas attiré par la nouvelle série de l’auteur de Assassination Classroom (un manga qui ne m’a pas du tout parlé), le fait de le recevoir de la part de Kana (que je remercie pour l’occasion) m’a donné la possibilité de tenter, malgré mes aprioris, et grand bien m’en a fait, car c’est finalement une belle surprise.
Resituons la série
The Elusive Samurai est donc le nouveau manga de Yusei Matsui, l’auteur de Assassination Classroom, prépublié dans le Weekly Shonen Jump depuis un peu plus d’un an, avec déjà six tomes au compteur au Japon. Personnellement, j’ai du mal à m’enthousiasmer pour ce qui sort de ce magazine star, pour lequel les éditeurs se battent en espérant dénicher la nouvelle pépite. Chez nous, c’est Kana qui a remporté la mise pour cette série, ayant déjà publié avec succès le précédent manga de l’auteur. Notons également que la traduction est de Yukio Reuter.
Me concernant, je n’étais pas franchement attiré par la série, d’une part car le précédent titre de l’auteur m’a vraiment laissé indifférent (sur les trois tomes que j’ai lu tout du moins), mais aussi car le pitch ne m’emballait pas franchement. Jugez plutôt :
1333, Kamakura.
Au terme d’une insurrection, Hôjô Tokiyuki, jeune garçon dont le destin était d’hériter du shogunat, perd tout : sa famille, sa ville natale, les partisans de son clan… Dernier survivant de sa lignée, il devient alors le fugitif le plus recherché de la région.
Mais heureusement, Tokiyuki a un don particulier pour survivre : la fuite.
Son histoire est celle de l’errance, de la dissimulation et de la reconquête.
Ainsi commence la vie tumultueuse de l’insaisissable prince samouraï !
Le concept me laissait penser à un titre historique un peu décalé, ce qui ne me faisait pas spécialement envie, d’autant plus que les premiers visuels ne me parlaient pas des masses. Et si le titre est en effet décalé, avec beaucoup d’humour notamment, cela passe au contraire fort bien, et contribue à la qualité du divertissement qui, bien que relativement classique, propose ça et là de belles petites idées pour enrichir l’expérience.
Mon avis sur ces premiers tomes
Le concept du jeune héros qui a un don pour la fuite mais est parfaitement nul pour le combat, sans être furieusement original, est assez rafraichissant en soi. Une partie de l’humour du titre vient d’ailleurs de cet aspect, jouant sur la frontière entre la fuite par jeu, par sagesse, ou par couardise. Mais surtout, cela permet de donner une assise thématique intéressante au récit, posant la question de l’héroïsme et de l’importance de rester en vie.
En effet, les premiers chapitres insistent bien sur l’aspect historique, et sur le fait qu’il n’y a pas qu’une seule façon de marquer l’histoire. Surtout, l’auteur montre bien qu’il vaut mieux rester en vie plutôt que mourir comme tous les siens afin de mener son combat (ça semble relativement logique, mais il convient quand même de le préciser au cas-où : si mourir en héros est assez romanesque, c’est quand même plus simple de changer le monde en restant en vie).
Ce qui ne veut pas dire que le titre cherche à éviter certains éléments classiques du genre, car l’action est quand même d’emblée bien mise en avant. Mais le héros, Tokiyuki, doit composer avec sa force et ses nombreuses faiblesses pour avancer. C’est d’ailleurs un des principaux enjeux à long terme du récit : n’ayant plus l’assise que lui permettait son clan, il va devoir constituer autour de lui une force guerrière importante pour reprendre la main sur le Shogunat, tout en s’améliorant de son côté. De là découle la promesse d’un cheminement assez classique, mis en avant comme tel par Suwa Yorishige, un personnage fondamental pour ce qui est de l’identité et du ton de la série, et qui semble à ce stade la tête pensante du récit.
Il est un peu irritant par moments, étant surement le personnage le plus décalé du cast pour le moment, mais est également assez intéressant. Si ses traits d’humour constants ne fonctionnent pas toujours, il y a néanmoins quelques gags très bien sentis, et il est surtout porteur d’un aspect méta-discursif qui contribue à l’identité du titre. En effet, il prétend détenir des pouvoir de préscience, qui lui permettent de faire le lien entre l’époque de l’histoire et la notre par de petits détails. Il souligne par exemple que certains éléments du récit deviendront « dans le futur » (comprenez à notre époque) des codes classiques, ou met en exergue que certaines choses normales à l’époque soient aujourd’hui mal vues, comme par exemple un entrainement à la chasse où l’on tire des flèches émoussées sur des chiens.
Une idée vraiment intéressante, qui offre un recul bienvenu sur l’histoire racontée. Si cet aspect est souvent là pour proposer un décalage comique et une forme de connivence avec le lectorat, il y a ça et là des interventions plus réflexives qui m’ont bien plu. J’espère de ce fait que cet aspect continuera d’être creusé, sans être invasif dans l’histoire, car l’auteur a pour le moment trouvé un très bon équilibre sur ce point.
De même, l’aspect historique est intéressant et ne souffre d’aucune lourdeur. L’auteur le précise dans son mot qui introduit le second volume, si ce point est important à ses yeux, il souhaite avant tout que ce cadre historique soit au service du récit, quitte à prendre des libertés si cela lui semble pertinent. Ainsi, le récit sait faire passer en douceur ces éléments historiques, préférant ne pas nous noyer sous un flot d’informations, réservant cela pour la fin des volumes, qui apportent toujours plusieurs pages de précisions bienvenues pour en savoir davantage sur le contexte. D’autant plus que, comme avec le personnage de Suwa Yorishige, ces données historiques sont mises en perspectives par rapport à notre vision contemporaine.
En conclusion
Ainsi, sous des atours assez classiques de récit où un jeune héros va devoir s’améliorer et fédérer autour de lui des partisans afin de récupérer son royaume, The Elusive Samurai distille plein de petites choses très intéressantes qui contribuent à donner une vraie identité au titre, le rendant très intéressant et ludique, évitant les lourdeurs pour proposer un divertissement soigné comme on est en droit de l’attendre du genre.
Alors que j’y allais à reculons, j’ai été d’autant plus agréablement surpris par cette entrée en matière solide, qui possède suffisamment de points d’accroche pour me donner envie de continuer. Le genre de découverte qui fait franchement plaisir !
J’ai testé l’extrait gratuit disponible (j’ai été surpris d’ailleurs de voir qu’il était disponible dans plusieurs séries, Kana doit pas mal miser dessus pour que le titre marche) mais je n’ai pas été plus emballer que ça.
Dans le style héro faible qui ne sais pas se battre je préfère me concentré sur Bojii.
« met en exergue que certaines choses normales à l’époque soient aujourd’hui mal vues » par contre ce genre de passage pique vraiment ma curiosité, c’est une belle façon d’en apprendre plus sur l’histoire et les coutumes de l’époque qui sont souvent très différente voir innovante quand c’est arrivé par rapport à maintenant.
Passe une bonne semaine.
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Oui, la dimension historique est intéressante sans être lourde, notamment grâce au personnage dont je parle et dont j’ai oublié le nom, mais aussi avec les dossiers en fin de volumes (je ne sais pas si ça durera toute la série, mais c’est vraiment un + appréciable).
Personnellement ce n’est vraiment pas un titre qui m’intéressait et au final j’ai envie de continuer après lecture des deux premiers tomes.
Excellente semaine à toi aussi.
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Pas trop intéressée par ce titre j’avoue mais c’est sympa de savoir de quoi ça parle 🤷
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Ouais, en plus on en parle vraiment très peu je trouve, donc ça fait une petite mise en avant, tout en soulignant la bonne surprise (même même je conçois qu’on ne soit pas intéressé, surtout qu’il se retrouve dans un genre super codifié où il y a déjà beaucoup de titres en concurrence).
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/la meuf qui parle d’autre chose/ Oh, tu n’as pas aimé « Assasination Classroom » ? Tu te souviens de pourquoi ? (j’avais lu tous les scans perso)
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Oh oui, je me souviens bien. En fait j’ai lu que 3 tomes, mais déjà l’humour ne me parlait vraiment pas et me semblait parfois lourd (genre Madame Pouf, ce nom…). Et surtout, le concept de base avec ce prof extraterrestre à assassiner, je n’ai tout simplement pas réussi à y croire. Du coup j’ai lu trois tomes et je nai pas ressenti l’envie de continuer. Mais on a la série au travail donc il est pas exclu que je continue un jour.
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Oui, je me souviens du sexisme de la série. Par contre, je t’avoue que le concept m’avait intrigué à titre perso. Les goûts et les couleurs…
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Oui, je pense que c’est une question de perception perso. Je n’ai pas réussi à rentrer dans le concept, du coup j’étais vraiment extérieur au délire.
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C’est vrai que ça m’a étonnée car je pensais bêtement que ça te plairait.
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Après, peut être qu’en continuant je me ferai au truc.
Certains camarades disent aussi que j’ai pas d’humour, du coup les mangas trop orientés comédie, j’ai plus de mal 😅
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Y a pas que de la comédie dans ce manga si ça peut te rassurer 😀
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Rassurer, je ne sais pas, mais ce serait mieux pour me faire accrocher à l’occasion !
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Intéressant, pourquoi pas ? Il est dispo sur Mangas.io ?
(question, comment ça se fait que tu ais du mal avec les manga issus de la Shonen Jump ?)
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Il ne me semble pas qu’il soit sur mangas.io
Par contre tu as les 3 premiers chapitres sur mangaplus en français gratuitement, ça permet déjà de se faire une idée.
Pour ce qui est du Shonen Jump, j’ai l’impression de titres vraiment fait sur un modèle industriel globalement, qui manquent souvent de personnalité ou d’asperités. Après, je généralise mais il y a plein de mangas que j’adore qui viennent du magazine, notamment Slam Dunk ou Hunter x Hunter.
Mais dans leur production récente, j’ai pas beaucoup de titres qui me font vibrer.
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J’irais faire un tour . merci ^^
J’ai un peu le démon envers eux depuis j’ai fini Bleach donc, je ne peux que comprendre. Et puis, ce n’est pas le seul mag qui en publie des manga, heureusement !
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Ouais, j’ai d’ailleurs le sentiment que ce sont les mangas issus d’autres magazines qui me font le plus vibrer. Mais encore une fois, on trouve toujours des contre exemples. Dr Stone j’aime beaucoup, et pour le coup The Elusive Samurai est une bonne surprise pour le moment.
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Et oui, il y a toujours des exception à la règle 😉
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[…] parler de coup de cœur, je voulais quand même avoir un petit mot pour les premiers tomes de The Elusive Samurai, vers lesquels je ne me serai pas retourner, mais qui m’ont finalement très agréablement […]
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