Mon avis sur… Crazy Food Truck T.1 de Rokurou Ogaki

Une série courte qui va à l’essentiel et qui ne cherche pas à se faire plus importante qu’elle ne l’est, ça ne se refuse pas. C’est un peu ce que je me dis à la lecture du premier tome de Crazy Food Truck de Rokurou Ogaki, qui parait le premier juin chez Ki-oon que je remercie pour l’envoi. L’éditeur nous promet une série en trois tomes pleine de baston et gastronomie en plein désert, et sur ce point, il ne ment clairement pas. À la lecture de ce premier tome, difficile de bouder son plaisir face à un récit aux influences américaines enlevé, fun et léger, qui ne brille sur aucun point, mais fait les choses suffisamment correctement pour proposer un divertissement solide, sans autre ambition que nous faire passer un moment agréable avec une recette on ne peut plus simple (bagarre, humour, bouffe et gros nénés), ce qui est déjà pas mal.

Crazy Food Truck est donc une série en trois tomes de Rokurou Ogaki, qui explique avoir mis un peu tout ce qu’il aimait dans son manga, prépublié dans le magazine Comic Bunch de l’éditeur Shinchosha (jamais entendu parler de ma vie) en 2020-2021. La série est traduite chez nous par Guillaume Mistrot. Si vous souhaitez lire le premier chapitre, c’est ICI.

Pour ce qui est de son intrigue, on est sur quelque chose d’on ne peut plus simple, voire même de l’ordre de l’enfilade de poncifs. On suit Gordon, vieux cuistot bodybuildé fort en gueule et plutôt sympa car moustachu, qui sillonne les déserts entre deux villes où il pourra vendre ses mets divins, et se retrouve à accueillir la jeune Alisa, fille mystérieuse de 17 ans plus souvent nue qu’habillée (et quand elle l’est, ça reste léger, car il fait chaud). Cette dernière semble recherchée par l’armée, pour une raison qu’on devine aisément puisqu’elle semble dotée d’une puissance surhumaine (serait-elle un sujet d’expérience pour en faire une arme humaine ?). En découle une poursuite haletante entre notre duo et l’armée, ponctuée de quelques rencontres de fortune.

Un titre vendu comme étant à mi-chemin entre Mad Max et Top Chef par l’éditeur qui, pour ma part, rappelle surtout un fort référent américain à savoir le genre du road movie, ainsi qu’une grosse ambiance « film d’exploitation » où le titre redouble d’action, d’humour, et de nudité. Et c’est ce qui permet au titre d’avoir un ton bon enfant on ne peut plus agréable, permettant à la lecture de passer à la vitesse de l’éclair tout en restant toujours extrêmement agréable, même si sans étincelle.

De là découle un questionnement quant au fait que le titre ne brille jamais, mais réussit à être constamment agréable et attachant. Car c’est bien dessiné, mais pas exceptionnel, le découpage est fonctionnel sans être brillant, et l’écriture enchaine les poncifs mais est dynamique et enlevée. Enfin, il y a une petite dose de vulgarité, en particulier dans la nudité quasi-constante du personnage féminin, qui peut être vu un écueil, ou comme un signe du côté « récit d’exploitation » et qui contribue à sa valeur et son ambiance. C’est à chacun et chacune de se positionner sur la question, mais  pour moi, cela contribue clairement à l’aspect résolument ludique et divertissant du titre.

Ainsi, quand bien même tout semble très balisé, le charme opère. Peut-être du fait de cette fusion entre le côté road movie et le décorum très américain, et une structure de récit qui, finalement, multiplie les renvois aux débuts de Dragon Ball selon moi (Alisa ayant un petit côté Sangoku, jusque dans la façon de n’avoir aucune pudeur, poursuivie par une armée qui pourrait évoquer le Ruban Rouge, et secourant des citoyens malmenés par cette même armée). Sur trois tomes, il y a moyen de proposer donc une histoire simple et carrée, ce qui me semble être l’ambition de l’auteur ici. Et ma foi, le plaisir étant là, pourquoi se priver ? Cela ne va clairement pas bouleverser notre vision du manga, mais ça fait passer un bon moment, et parfois, on n’en demande pas plus.