
Depuis le retour de Rokudenashi Blues, Pika semble avoir envie de remettre en avant le genre Furyo. Alors que la série sus-nommée est un classique du genre, le titre qui nous intéresse aujourd’hui, Wind Breaker, est au contraire un de ses rejetons récents. De quoi constater une certaine évolution stylistique, pour un titre frais et contemporain très efficace et enlevé, qui n’a pour le moment pas d’autre prétention que nous faire passer un bon moment en respectant certains codes classiques.
Un grand merci à Pika pour l’envoi du Kit Presse. Vous pouvez lire un extrait représentatif de l’esprit de la série via CE LIEN.
Wind Breaker est une série de Satoru Nii, un mangaka qui n’avait pas percé jusque là, prepubliée en ligne dans le Manga Pocket, où l’on trouve aussi les séries du Weekly Shonen Mag, depuis janvier 2021. La série compte à ce jour 8 tomes parus, et la version française est traduite par Frédéric Malet, qui trouve parfois des expressions fort sympathiques pour illustrer le langage des personnages. Une série que l’éditeur nous vend comme un beau succès public, se classant dans le top Oricon (nul doute que le titre aura son graphique par Amano un jour), et ayant également été remarqué par les libraires japonais, se classant 3e à leur prix donc il est inutile de préciser le nom car on arrivera pas à le retenir de toute façon.
Pour le dire simplement, on est face à une série qui a déjà fait son trou au Japon, d’où le fait qu’elle nous arrive ici, un destin ma foi tout à fait classique, à l’image du classicisme du titre. Ce n’est donc pas vers ce manga qu’on va se tourner pour une expérience de lecture radicale et audacieuse, mais plutôt pour passer un bon moment devant un titre qui allie bagarre, valeurs positives (passant par les tatanes dans la gueule, la meilleure façon de les faire rentrer dans le crâne), et traits d’humour bien sentis (un des personnages principaux prend des médicaments pour pas prouter, et moi je trouve ça rigolo). Ceci étant dit, de quoi tout ça parle ?
Haruka Sakura est le genre de lycéen qui fait passer la baston avant les révisions. Fraîchement débarqué en ville, c’est donc le sourire aux lèvres qu’il compte pousser les portes du lycée Fûrin, l’établissement scolaire au pire taux de délinquance du pays… Les intentions de Haruka sont claires : se mesurer aux meilleurs bagarreurs de ce bahut et devenir le meilleur de tous ! Mais entre-temps, il se retrouve mêlé à une altercation avec une bande de brutes dans un des quartiers de la ville, avant d’être sauvé in extremis par des élèves de son lycée. Haruka réalise alors à quel genre de phénomènes il risque d’avoir affaire…
Vous en conviendrez, ce pitch est d’un classicisme consommé, reprenant exactement ce qu’on pourrait considérer comme la trame de base du manga de jeune voyou lycéen. On peut éventuellement noter une petite originalité dans le fait que cette bande de voyous, les Wind Breaker, est en réalité très bien vue des gens du quartier, puisqu’ils font plus office de voisins vigilants que de véritables trouble fait, même s’ils ne sont pas contre jouer des poings quand il faut. Cela donne un peu de fraîcheur au titre, mais surtout, permet de mettre en scène des jeunes qui sont quand même plus sains que les héros des furyo que j’ai déjà lus, qui ont un côté extrêmement inquiétants voire malsain. Ici, c’est plus lisse, et ce n’est pas forcément une mauvaise chose à mes yeux.
Déjà, cela confère au récit un ton relativement léger, que l’auteur tente de contrebalancer dès le second tome, où les Wind Breaker vont défier une bande rivale. Car, il faut le dire, le titre met rapidement les pieds dans le plat, pour le meilleur. En effet, si on lit ce genre de manga, c’est aussi pour voir des bandes se rentrer dedans comme il se doit. Et qur ce point, on est déjà servis, et c’est vraiment agréable de voir à quel point l’auteur est à l’aise. Il privilégié la clarté du découpage, en travaillant des postures assez classiques dans l’action (certaines planches semblent même reproduire des « clichés » visuels du genre), cherchant l’impact avant tout. Et sur ce point, c’est parfaitement réussi, l’auteur se distinguant surtout par des éléments de chorégraphies assez travaillés qui dénotent un peu par rapport au côté brut de décoffrage que peuvent avoir d’autres séries du genre.
Un choix autant visuel que d’ambiance, en phase avec le style affiché par ces deux premiers tomes. De même pour les personnages mis en avant, déjà très nombreux. Un enjeu est de toujours réussir à donner une caractérisation forte à chacun, aussi bien dans l’écriture que dans le style visuel, afin qu’on les ait vite en tête (quand je dis ça, je pense forcément à Young GTO, où Fujisawa a quand même du mal à varier les styles). Ici, l’auteur s’en donne à cœur joie, quitte à user de cordes encore une fois très classiques.

Le héros, Sakura, représente très bien cet aspect. Avec ses cheveux de Cruella (moitié noire, moitié blanche) et ses yeux vairon, il se démarque constamment au sein des planches, même lorsqu’il y du monde autour de lui. Et la plupart des personnages mis en avant dans ces premiers tomes sont à l’avenant. Que ce soit dans des éléments de caractérisation (celui qui a des soucis gastriques, le chef qui adore jardiner, la jeune recrue un peu groupie sur les bords, etc…) ou dans leur style (celui qui a les cheveux longs, celui qui a un cache œil, etc…), tous ont un ou plusieurs éléments qui permettent de les garder en tête. Et le furyo me semblant être avant tout un genre centré sur les personnages, cet élément est à mes yeux central.
Enfin, la structure de récit on ne peut plus simple et « straight forward » permet d’entrer directement dans le vif du sujet, faisant de ces deux premiers tomes une entrée en matière solide. Ne cherchant pas à réinventer la roue, Satoru Nii propose surtout un début efficace et percutant, qui permet de partir enthousiaste et confiant concernant Wind Breaker.
Encore un très chouette article 😀
Je vais passer mon chemin pour ce titre, ça me tente pas plus que ça
Mais j’espère qu’il trouvera son public 😀
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Oh je pense qu’il devrait le trouver sans souci. C’est très accessible et efficace dans son genre, ça devrait le faire.
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Ça peut être sympa comme divertissement mais je pense qu’il y a probablement d’autres titres qui passeront en priorité pour moi 😁 merci pour la découverte !
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Je te comprends totalement. De toute façon avec les milliards de sorties manga chaque semaine, il faut faire des choix.
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Un peu comme les autres, pas très intéresser par ce titre. C’est peut-être super mais mouais, je recherche quelques choses de plus original.
Par contre ça commence à devenir inquiétant mes soucis de lecture, j’ai lu « Lycée fourien » au lieu de « Fûrin ». Après Lycée fourien ça passerais aussi pour une classe de racaille
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Racailles particulièrement sages quand même, j’ai essayé de le mettre en avant dans l’article. Après, si c’est l’originalité que tu recherche, en effet, tu seras peut être pas trop servi avec cette série.
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