Mon avis sur… Valhallian – the Black Iron T.1 de Toshimitsu Matsubara

Parmi les grosses nouveautés de 2023, Valhallian – The Black Iron, de l’auteur de Riku-Do Toshimitsu Matsubara, est un projet particulier. Alors que la série semble porteuse de certaines attentes pour Ki-oon, elle s’est achevée en 6 tomes au Japon (possiblement une fin prématurée, mais je n’en ai pas trouvé la confirmation). En se situant dans la lignée de certains titres d’action historique/fantasy, notamment Valkyrie Apocalypse auquel il est compliqué de ne pas penser (Mais aussi Bestiarius de Kakizaki), la série montre dans ce premier tome des éléments qui donnent clairement envie, même si la durée donne des craintes. Car en cherchant surtout à poser le cadre de son récit de façon touffue, ainsi que son héros, ce premier tome se révèle très efficace, c’est certain, mais ouvre surtout vers une histoire longue. Voyons donc de quoi il en retourne.

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Un grand merci à Ki-oon pour l’envoi du Kit Presse. Vous trouverez un extrait du premier tome via CE LIEN.

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Comme précisé en introduction, Valhallian est donc la nouvelle série de Toshimitsu Matsubara, essentiellement connu chez nous pour Riku-Do, manga de boxe réputé pour son côté sans concession. Un manga que je n’ai pas lu, mais qui est souvent mis en avant pour la qualité de son esthétique et son découpage de l’action, deux éléments qu’on retrouve dans cette nouvelle série. Série qui par ailleurs a été prépubliée dans le Young Jump de Shueisha entre 2021 et 2022 pour un total de six volumes. Une durée relativement courte comme je l’ai déjà dit, et qui est la source de ma seule véritable réserve sur le titre. Chez nous, la série est éditée par Ki-oon, avec une traduction carrée de Jean-François Sylvestre. Précisons qu’une édition collector est proposée, avec jaquette alternative mais surtout, une histoire courte au format one shot de l’auteur en bonus.

Ceci étant dit, de quoi nous parle cette série ? Nous suivons Tetsujiro Soma, bon père de famille veuf et surtout samouraï qui s’est illustré en repoussant l’invasion mongole par la seule force de son sabre. Mais depuis, il vivote et souffre pas mal de la faim, se démenant pour apporter à son fils Takemaru le nécessaire. Ce dernier étant d’une nature tellement généreuse qu’il n’hésite pas à partager le peu qu’il a avec les plus démunis, considérant que la fierté d’être le fils d’un si grand samouraï suffit à le rassasier.

Quoi qu’il en soit, père et fils ont une relation fusionnelle, qui va être mise à mal par le réveil de Tetsujiro, nu, dans un monde étrange. Alors qu’il est attaqué par des soldats romains, il fait la rencontre de Hrist, qui lui explique être une Valkyrie, et qu’il a été envoyé au Valhalla pour gonfler les rangs des Einherjar en vue du Ragnarok. On comprend donc le pourquoi du titre de la série, et on en profite pour se demander si la mythologie nordique n’aurait pas créé l’isekai Originel ! Si jamais quelqu’un en parle, vous pourrez dire que vous l’aviez lu ici avant !

Sur cet entrefaite, Tetsujiro va découvrir en même temps que nous, lecteurs et lectrices, le fonctionnement de ce nouveau monde, notamment le fait que les Einherjar tués au combat reviennent à la vie chaque nuit, notre héros compris. Il va également apprendre à connaître rapidement Hrist et les créatures endémiques de ce royaume, ainsi que les conflits qui y président. Avec cet objectif final de rejoindre son monde afin de retrouver son fils. Par ailleurs on ignore les tenants et aboutissants exacts de son décès, mais on sait que le rejeton est en vie.

Une introduction carrée et plutôt dense, qui peut tirer partie de notre connaissance préalable de la mythologie nordique, spécialistes que nous sommes depuis que l’on a fait les derniers God of War ! Je constate d’ailleurs que cette mythologie et plus globalement l’histoire viking ont le vent en poupe depuis quelques temps, et il semblerait d’après des spécialistes que cela vienne de la série Viking essentiellement. Une autre possibilité étant que les différentes mythologies sont des supports à récits épiques de choix, et que les panthéon grecs, romains et égyptiens ont été tellement surexploités que le nordique finit par avoir l’air plus exotique.

Ceci étant dit, Valhallian tire très bien partie de ce panthéon et de son personnage ancré dans l’histoire du Japon, permettant de mettre en scène efficacement un récit d’aventure épique brutal et enlevé, dont l’introduction est parfaitement efficace. Comme précisé précédemment, on sent le métier de l’auteur, en particulier lorsqu’il s’agit de dessiner l’action. Le découpage est nerveux et met parfaitement en valeur la violence de ce monde (ça tranche sec). Et le reste de l’esthétique est au même niveau, donnant de la vie à ce royaume singulier dès l’arrivée de Tetsujiro. Avec en plus des enjeux clairs et un personnage mu par un objectif on ne peut plus simple mais émotionnellement fort, on se retrouve face à un premier tome qui se déroule tout seul.

Ceci devrait donner un tableau totalement positif me direz-vous. Mais il reste une grosse crainte, que j’ai évoqué précédemment, celle de la durée de la série. J’ai vraiment du mal à imaginer qu’en 6 tomes, l’auteur puisse dérouler totalement son récit et lui donner l’ampleur qu’il mérite. Le registre de la fantasy épique a besoin de temps pour mettre en place son univers et ses enjeux, et pour donner aux conflits l’ampleur qu’ils méritent. De ce fait, je conserve des craintes à ce sujet, même s’il est possible de proposer une histoire efficace et rythmée en format court (je pense à Bestiarius de Kakizaki, qui ne souffre pas du tout de sa faible durée, dans un registre similaire). Reste donc à voir comment l’auteur a géré ce format court, en espérant qu’à l’arrivée ce soit bien le plaisir qu’il l’emporte sur une éventuelle frustration, car en l’état, ce premier tome est difficile à prendre en défaut.

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