Slice of Life porte particulièrement bien son nom. D’une part car elle questionne le genre du manga « tranche de vie » et ce qui le caractérise, notamment par rapport au manga d’aventure auquel il est mis en opposition dans la série. Mais aussi et surtout car il est lui-même un manga tranche de vie, qui applique à l’excès ce que pourrait être assimilé à une « formule » du genre, tout en mettant en abyme cette formule. Et d’un point de vue personnel, ça me parle d’autant plus que le sujet principal de la série est la différence entre vie à la campagne et en ville. J’en avais parlé récemment avec le titre Boy’s Abyss, dans un genre totalement différent, j’ai le sentiment que c’est quelque chose de profondément ancré dans la culture japonaise. Et, en tant que pur produit de la Meuse qui a fini par vivre dans une grande ville, c’est forcément un sujet qui me parle tout particulièrement !
Un grand merci à Ki-oon pour l’envoi de ce tome.
Après avoir fait connaissance avec le personnage de Naruhiko, auteur de manga qui rencontre le succès avec une série tranche de vie inspirée par sa vie campagnarde (et qui renvoie clairement à Barakamon, la série en 18 tomes de Satsuki Yoshino), nous le suivons dans ce volume dans sa première incursion à Tokyo, à l’occasion d’une séance de dédicace. L’occasion pour lui de constater la différence entre la vie et la campagne, et de rencontrer enfin ses fans et sa responsable éditoriale.
Un élément qui occupe la quasi-totalité du tome, et qui est l’occasion de nombreuses petites scènes humoristiques particulièrement bienvenues. L’auteur étant très doué dans ce registre, en particulier pour un lecteur comme moi qui a vécu de genre de chose. Que ce soit la première expérience dans le métro (mais bordel, n’importe quelle personne qui n’est pas citadine-native devient ouf lors des premiers trajets ! Et même avec l’habitude, ça pue, c’est blindé, on respire pas !), ou en assistant à une dispute de couple dans un restaurant, l’auteur arrive à capter à merveille le choc culturel que représente la grande ville pour un campagnard.
Et en plus de ceci, la séance de dédicace est l’occasion de nouveaux petits instants amusants (surement les meilleurs gags du tome selon moi), et en même temps de réflexions bien vues sur le rapport des fans à leur manga ou leur auteur de cœur. Cet aspect rend le volume vraiment touchant à mes yeux, notamment via le personnage d’une jeune femme qui explique à l’auteur que quel que soit le genre qu’il aborde, elle tient à continuer à le suivre et le soutenir, d’autant plus que dans tous les cas, elle retrouve ce qui fait qu’elle aime ses mangas. Une vision des choses qui me parle beaucoup, et qui à mon avis parle en général aux fans.
Autre élément qui parle aisément aux fans très investis, et notamment aux fans un peu obsessionnels sur un personnage de fiction (chose très fréquente dans le monde du manga, le terme « waifu » étant même spécifique à ce domaine il me semble), la jeune Hiro (tiens, tiens), qui vit non loin de Naruhiko, et qui a une obsession pour un des personnages secondaires de son manga. Elle envoie des lettres à l’auteur lui expliquant que le personnage devrait devenir le héros, et qu’il doit être présent à chaque page. Et, surtout, elle considère que les autres personnes ne méritent pas d’être fan de son chouchou, qu’elle veut garder uniquement pour elle. C’est d’une part très drôle, mais c’est aussi très intéressant vis-à-vis du rapport fétichiste à certains personnages de fiction. La question de l’exploitation commerciale de cette obsession via des produits dérivés est par ailleurs mise en avant. Et, vous l’aurez compris, l’honnêteté vis-à-vis de moi-même me force à me remettre en question par rapport à cela (voir image ci-dessous, évidemment détournée par mes soins dans un but purement humoristique, vous l’aurez compris).
En résulte donc un second tome excellent, encore plus prenant que le premier, car il articule encore mieux sa mise en abyme, et, plus simplement, je l’ai trouvé plus drôle et agréable. En épousant totalement les codes du manga tranche de vie (que l’auteur maitrise de toute façon très bien), et en partageant ses réflexion, il donne une plus grande profondeur à son titre. À un volume de la conclusion de la série, on peut déjà sans trop de risque parier sur une réussite globale, tant c’est maitrisé, amusant et touchant.
Tu me prends par les sentiments-là en parlant de scènes tranche de vie du quoditien style une dispute d’un couple au restau ou la première expérience dans le métro. C’est typiquement le style de tranche de vie que j’achèterais les yeux fermés.
En-tout-cas avec ce que tu racontes, ça a même l’air de raconter bien plus qu’une banale tranche de vie. Il y a de vrais éléments qui poussent à la réflexion sur les comportements humains et ce qu’il en retourne au quotidien.
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Ça questionne aussi et surtout le genre et le fait d’écrire du manga tranche de vie, en mettant en abîme les codes du genre au sein du récit.
Tout en étant soi-meme un tranche de vie, tu l’auras compris.
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C’est vrai que la question se pose. Peut-on raconter une tranche de vie se basant sur notre tranche de vie
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Ce manga est un bon exemple que oui !
(Et Bip-Bip Boy aussi wesh !)
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Je te suis du coin de l’oeil pour ce manga aussi… (la capture d’écran me fait beaucoup rire)
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J’ai parfois des fulgurances !
Le prochain tome sera le dernier pour cette série, ce sera l’occasion de faire le point sur ce qu’elle vaut dans sa globalité, sans trop de spoil (de toute façon, je crois pas que ce soit un récit qui ménage de grosses surprises).
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Ah ouais ? Je pensais que ça durerait plus longtemps :O
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Vu le style du titre, je pense que ça peut s’arrêter un peu quand l’auteur a envie, il n’y a pas de grosse trame. Je suis quand même curieux de voir s’il y aura un sentiment de conclusion avec seulement un tome de plus. On aura l’occasion d’en reparler à ce moment-là !
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