Four Knights of the Apocalypse T.6&7 et le baiser de la discorde

J’avais prévu d’attendre le tome suivant pour faire un article groupé sur les 6 à 8 de Four Knights of the Apocalypse, mais c’était sans compter sur un échange sur Twitter qui m’a quelque peu chafouiné. En effet, je me doutais qu’un passage en particulier du tome 7 allait poser souci, mais je ne m’attendais pas à la remarque qu’on m’a fait. Voyons donc ce qu’il en est, ce qui pourrait éventuellement vous éclairer sur votre envie ou non de lire la série, que je considère excellente par ailleurs.

Resituons les choses, un élément important des tomes 6 et 7 vient du fait qu’on apprend l’identité de Sin, le renard qui tient compagnie à Percival depuis quasiment le début. J’avoue que je m’étais fait à l’idée que c’était simplement un renard qui parle, en mode mascotte classique mais un peu plus puissante que la moyenne, ce qui me plaisait bien. Mais il n’en est rien, en réalité il s’agissait d’un personnage important.

(attention ça va spoiler !)

Car oui, Sin est en réalité Lancelot, jeune adolescent de 16 ans, et un des Four Knights of the Apocalypse. On en apprend d’ailleurs davantage sur ces quatre personnages dans le tome 7, notamment que ce sont tous des adolescents. J’insiste sur cela, car ça a une importance dans l’élément qui a mis le feu aux poudres.

Nos héros sont arrivés à Liones après moults péripéties, l’occasion de rencontrer plusieurs nouveaux personnages importants mais aussi faire le lien pour de bon avec Seven Deadly Sins, notamment via la rencontre entre Percival et Meliodas. Un passage qui fait mouche pour les fans, sans pour autant sombrer dans la facilité nostalgique, n’oubliant jamais de faire passer le récit avant le reste. Et surtout, en plus de Lancelot, nous rencontrons le troisième Knight of the Apocalypse, et avons la promesse de la révélation du quatrième dans le tome suivant… que l’on a déjà aperçu dans le tome 4 en réalité, Suzuki usant d’une très chouette idée de mise en scène pour discrètement nous l’indiquer.

De ce fait, les tomes 6 et 7 sont encore et toujours un régal pour moi, ayant toujours un aussi bon équilibre dans ses éléments, notamment entre l’action et le développement du récit. Du coup, qu’est-ce qui pourrait poser problème me direz-vous ? Hé bien si vous connaissez bien l’auteur, nous l’aurez peut-être deviné, cela tient à un rapport ambigu concernant l’amour et les personnages un peu trop jeunes pour le dire pudiquement.

En effet, dans Seven Deadly Sins déjà, l’apparence enfantine des fées à déjà été pas mal discuté, surtout vis à vis de la relation entre Ban et Ellaine (bizarrement, je n’ai jamais vu de plainte concernant King et Diane). C’est un élément qu’on retrouve dans plein de mangas, des êtres fantastiques centenaires voire millénaires, mais qui ont des apparences enfantines, créant un effet un peu dérangeant quand il s’agit de mettre en scène des histoires d’amour avec ces derniers.

Ici, Suzuki semble récidiver, puisque Lancelot (ado de 16 ans), va se faire embrasser par surprise par une adolescente de 12 ans. Il la repousse, arguant que c’est une gamine, et elle lui dit qu’elle deviendra son amoureuse, et que quand il aura 20 ans, elle en aura 16 (invoquant ainsi une forme de rapport moral à la question de l’âge). Je ne vais pas dévoiler l’identité de cette fillette, bien qu’on puisse le deviner si on connaît la légende Arthurienne. Ainsi, on tombe encore une fois dans ce rapport ambigu à l’amour et à la question de l’âge chez l’auteur, et sur ce point, c’est clair pour moi que cela mérite d’être discuté et questionné. D’une part car c’est plutôt récurrent (pas que chez lui, mais chez beaucoup de mangakas), et surtout parce que ce n’est pas anodin.

Mais le questionner ne veut pas dire déformer les choses comme je l’ai lu. Car, pour revenir à la conversation qui m’a donné envie d’en parler, le souci est que ce passage a été qualifié de « pédophile ». Or, s’agissant d’un baiser entre deux adolescents, que le plus vieux refuse, j’estime que ce terme est excessif (quand bien même je considèrerai d’un mauvais œil dans la vraie vie une relation entre un ado de 16 ans et une ado de 12, car une telle différence d’âge me semble trop importante à ce stade de la vie). D’autant plus qu’on est dans le cadre d’un shonen, s’adressant à un lectorat qui a plus ou moins l’âge des deux personnages concernés.

Pour ma part, je trouve cette tendance au minimum étrange et de mauvais goût, et l’alibi de la différence d’âge moins gênante lorsque ce sera 16 ans et 20 ans un peu limite, mais il me semble que cela reste très loin d’un contenu pédophile (chose par ailleurs interdite par la loi française si je ne m’abuse). De ce fait, je juge surtout ce passage à l’aune de ce qu’il est, à savoir un moyen de mettre en place un élément de récit certainement important par la suite, avec la faute de goût d’une romanisation trop importante d’une enfant de 12 ans (mais, reconnaissons-le également, une certaine précaution prise par l’auteur vis-à-vis de cet aspect, avec notamment le fait que Lancelot l’appelle « gamine » et juge malvenu le fait qu’elle l’embrasse compte tenu de son âge).

Mais à mes yeux, cela ne justifie pas de rejeter l’intégralité d’une série qui, jusque là, est vraiment de qualité à mes yeux. C’est bien entendu un point de vue tout personnel, et je pourrais comprendre que ce genre d’élément soit rédhibitoire pour certains. Cependant, je suis contre le fait d’exagérer la nature du contenu en lui affublant des qualificatifs qu’il ne mérite pas (on m’a argué que Lancelot avait « l’air adulte », alors que l’intégralité de son look crie « adolescent », sans compter le fait que c’est simplement indiqué qu’il est adolescent auparavant).

Peut-être que c’est prendre trop au sérieux cet élément, mais il me semble que la problématique est suffisamment présente dans les mangas pour mériter d’être questionnée ici. Surtout que j’ai appris sur Twitter que des révélations qui vont arriver relancent d’une autre façon toutes ces questions, de façon bien plus complexe encore. On aura évidemment l’occasion d’en reparler. Mais en l’état, je pense que la série ne mérite pas d’être fustigée, ni son lectorat par ailleurs.

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MAJ : Mon camarade Sharkhayn me signale que j’ai omis de parler du vrai problème selon lui, à savoir le fait que le papier du tome est plus rigide qu’à l’accoutumée. C’est en effet un souci qu’on rencontre parfois, qui me semble être imputable à la pénurie actuelle de papier qui fait que les éditeurs sont contraint d’en changer. J’ai aussi eu ce souci avec le tome 7. Mais achetez-le quand même malgré le bisou et le papier !

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