Après un premier tome vraiment réussi, j’avais hâte de poursuivre la découverte de Rokudenashi Blues, vrai petit morceau d’histoire du manga. Avec ses tomes 2 et 3, la série poursuit dans la veine de son introduction, conservant certaines scories qu’on peut notamment mettre sur le compte de l’âge, mais avec également de vraies qualités qui compensent amplement les points plus problématiques selon moi. Retour sur tout ça en détails.
Un grand merci à Pika pour l’envoi de ces volumes.
Commençons d’emblée par un des points qui sont les plus gênants pour moi, la structure narrative très répétitive. Je me demande à quel point cela peut être un code du genre, car par exemple Young GTO partage cet aspect. J’entends par là qu’on se retrouve quand même très souvent avec l’arrivée d’un nouveau personnage pas très amical avec qui le héros va se fritter pour une raison X ou Y, dont on apprendra finalement que ce n’est pas un mauvais bougre et qu’il fait des vilainies car il lui est arrivé des choses difficiles, et avec qui il est éventuellement possible de devenir pote après une explication (à savoir, après lui avoir démonté la gueule un petit coup, histoire de lui apprendre à vivre). C’est déjà quelque chose de récurrent en ce début de série, et c’est aussi récurrent dans Young GTO, d’où le fait que je me questionne sur le fait que cela puisse être un code du genre.
Heureusement, au-delà de cette structure un peu légère, il y a quelque chose de plus consistant, avec le personnage de Hatanaka notamment, dont le but est de boxer aux jeux olympiques. Je trouve que c’est via ce personnage, qui a en plus une vie difficile (on apprendra pourquoi dans le second tome) que le récit a le plus de chair et d’épaisseur pour le moment.
L’autre point qui me plait vraiment dans la série est son côté school life. Elle est en effet résolument orientée sur les petits moments de vie lycéenne, sans forcément de liant, et je trouve que ça fonctionne vraiment bien. D’une part car on passe d’une péripétie à l’autre rapidement, permettant de donner du rythme au récit, mais aussi car le ton léger permet de vraiment se projeter dans le côté adolescent du titre. Ce qui n’empêche pas d’aborder certaines thématiques plus lourdes, sans pour autant se départir de la légèreté globale du titre. Cela reste traité de façon assez simple, mais ça donne de la vie et du corps à l’ensemble.
Cependant, ce rythme très soutenu a pour pendant négatif un côté souvent trop survolé de certaines situations, qui ne prennent pas le temps de totalement exploiter la dramaturgie mise en place. Les péripéties s’étalant en général sur quelques chapitres (au maximum), tout cela va très vite et se résout très vite, soit dans l’humour, soit dans la bagarre (encore une fois, faire parler les poings est un moyen étonnamment efficace pour resserrer les liens, là où dans la vraie vie ça aurait plutôt tendance à empirer les choses).
Et malgré tout, il y a des péripéties qui se démarquent, sortent du lot et renforcent la caractérisation de certains personnages, leur donnant beaucoup de saveur. C’est d’ailleurs selon moi le gros point fort du manga, la façon dont certains personnages sont dépeints dans cette ambiance lycéenne vraiment prenante. Sur ce point, c’est clairement l’histoire qui clôture le troisième tome qui est le plus représentative de cet aspect selon moi. En se centrant sur deux frères passionnés de base-ball, Morita arrive à parfaitement retranscrire la relation entre les deux et ce qui se joue vis-à-vis de la pratique de ce sport. Et l’auteur prend le temps de caractériser avec clarté les deux personnages et les enjeux de cette petite intrigue, afin de rendre l’émotion vraiment palpable lors de sa conclusion. Si il nous ménage davantage de moments du genre par la suite, cela sera permettra à la série de prendre vraiment son envol.
Car en l’état, si la lecture est ultra dynamique et fluide, elle manque encore un peu de force, du fait justement de cette focalisation sur le rythme qui laisse peu de place à des développements vraiment conséquents de personnages et de péripéties. Mais restent de vraies qualités dans l’écriture et le ton global du titre pour le moment, qui donnent clairement envie de poursuivre, malgré le fait qu’on sente un peu le poids des années dans cette structure narrative qui n’ose pas trop aller vers une grosse consistante et une intrigue suivie pour le moment, début de série oblige. Mais certains passages, en particulier la fin du tome 3, mettent vraiment en confiance et donnent envie de continuer à suivre Maeda et toute sa petite bande. Ce qui est déjà signe d’une série de qualité.