Mon avis sur… MMA – Mixed Martial Artists T.1 de Hiroki Endo

MMA Endo

Hiroki Endo est un nom important pour moi dans le monde du manga depuis ma découverte de Eden – It’s an Endless World, lors de sa ressortie chez Panini. La raison en est simple, le manga étant un médium au fonctionnement industriel, il y a des impératifs de rentabilité qui font que les « formules » à succès se retrouvent multipliées avec la volonté de plaire au plus large public. Bien entendu, il n’est pas impossible d’accoucher d’une œuvre de qualité dans ce cadre, mais il est aussi plaisant de tomber sur des titres pour lesquels on sent un ton différent, voire radical, et la vraie marque d’auteurs qui ont des choses à raconter, des visions du monde à transmettre. Et Endo est clairement de ceux-ci, Eden étant un manga extrêmement chargé à tous les niveaux, avec énormément de choses à transmettre à son lectorat. Ainsi, en une seule série, Hiroki Endo est devenu pour moi un artiste important, et il me semblait de ce fait difficile de passer à côté de MMA – Mixed Martial Artists, série en 19 tomes sur une discipline sportive que je vois comme étant hardcore, très chargée d’un point de vue symbolique. Voyons donc de quoi il en retourne avec ce premier tome.


Merci à Pika pour l’envoi de ce tome. Vous pouvez trouver un extrait du titre via CE LIEN.


Resituons le manga et sa première parution en France

MMA – Mixed Martial Artists, de son nom original All Rounder Meguru est une série prépubliée de 2008 à 2016 au Japon dans le magazine Evening de l’éditeur Kodansha. En France, la série avait commencé sa publication en 2011 chez Panini, comme tous les autres titres de l’auteur arrivés chez nous. Mais la publication a tourné court puisqu’elle a été stoppée après 3 tomes. Plus de 10 ans après, alors que la Perfect Edition de Eden du même auteur lui permet de trouver son public chez nous, Pika annonce l’acquisition de la série, qui revient sous le titre Mixed Martial Artists. Avec de nouvelles couvertures plus moderne et une traduction de Emmanuel Bonavita, la série reprend donc à zéro en France, avec la promesse d’arriver au terme de sa publication.

Mais de quoi ça parle au fait ?

Comme son nom l’indique, ça parle de MMA, c’est à dire d’un art martial hybride basé sur les différents arts martiaux. Par exemple, les deux personnages principaux présentés dans ce premier tome ont commencé par apprendre le karaté, et ont intégré certains éléments de la discipline à leur façon de combattre. Ces deux personnages justement, ont une caractérisation déjà très marquée, travaillant sur une forme d’opposition. Meguru et Takashi étaient amis durant leur enfance, ayant appris le karaté avec le grand père de ce dernier. Mais les deux se sont perdus de vue durant des années, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent à l’occasion d’une compétition sportive.

Alors que Meguru mène une vie normale, entre la famille, les cours et les entrainements (rudes), Takashi est drivé par la volonté de venger la mort de son père, petite frappe dans le mondes yakuza, qui a été tué du fait de trop grosses dettes. De là découlent deux ambiances différentes, une assez proche de la vie quotidienne d’un jeune homme, faite de ses plaisirs simples tels que le fait de sortir avec des amis et attirer l’attention des filles, et de l’autre côté, une plus sombre, où l’idée fixe de retrouver un yakuza pour s’en venger semble ronger le personnage. Ainsi, alors que Meguru est souriant et ouvert, Takashi semble porter une certaine rage en lui, qui se retranscrit logiquement sur le ring.

Un trope classique, que l’on retrouve dans diverses œuvres abordant cette discipline, chose qui fait sens selon moi compte tenu du côté brut et radical que charrie ce sport. Je dois admettre que je ne suis pas du tout connaisseur de la discipline, et l’image que j’en ai n’est peut-être pas totalement fidèle à la réalité. Toujours est-il que l’on est face à une discipline sportive de combat, qui est donc forcément tournée vers une certaine violence, de la même façon que la boxe, elle-même porteuse d’un fort imaginaire dans la fiction. Mais en plus, le côté plus « libre » des règles fait que la brutalité est bien plus mise en avant (la fiche Wikipédia de la discipline dit avec une certaine délicatesse que c’est un sport « plus efficace qu’artistique »), d’où le fait que la pratique soit interdite dans certains pays.

Il y a ainsi une image d’Épinal d’un sport très violent, les vidéos de pratiquants au sol se faisant rouer de coups au visage aidant à cela. Et tout cet imaginaire joue forcément dans la perception d’un titre centré sur ce sport, bien entendu, promettant un titre qui versera d’une façon ou d’une autre dans une certaine brutalité, même si c’est encore très soft dans ce premier tome.

Mon avis sur ce premier tome

En effet, on reste dans la présentation des personnages principaux, des enjeux à court ou plus long terme de l’un et l’autre, ainsi qu’à une explication en bonne et due forme du fonctionnement de la discipline. Si certains éléments restent encore abscons pour moi (ce qui n’est pas un problème, lorsque c’est bien écrit, un manga sportif peut être passionnant même sans piper mot au sport en question), j’apprécie cependant la façon dont Endo arrive à dispenser des explications claires de façon efficace et rapide, sans alourdir la narration.

MMA page 1Le manga semblant par ailleurs s’intéresser autant à ce qui se passe à l’extérieur du ring qu’à l’intérieur, voire plus. Un choix relativement fréquent dans le genre, qui permet d’enrichir un titre qui sera relativement long (19 tomes au total pour rappel). Ici, l’histoire chargée des deux personnages principaux devrait donner énormément de grain à moudre à l’auteur, même si en l’état, il s’est encore passé trop peu de choses pour qu’on puisse en dire davantage.

Car ce n’est pas en un seul tome qu’il est possible de vraiment voir où la série va aller, même si des éléments sont déjà distillés. Comme je l’ai dit, l’auteur travaille d’une part la distinction entre les deux personnages principaux, et met en exergue un rapport au monde différent qui implique des caractères bien forgés. Et si on imagine déjà certains éléments concernant l’un ou l’autre, il est malgré tout compliqué de vraiment s’avancer. Mais avec la jurisprudence Eden, et l’efficacité qui se dégage de ce premier tome, je n’ai aucune peine à accorder ma confiance à l’auteur. D’autant plus qu’on voit déjà en germe dans cette introduction quelques éléments qu’on avait déjà noté dans la série phare de Endo, qu’il avait traité avec brio, notamment le rapport à la violence de l’humanité, qui ne pourra qu’être abordé frontalement ici.

En conclusion

Mais on attendra quand même d’en voir davantage pour commencer à proposer un avis un tant soit peu éclairé sur cette série. De ce fait, j’aurais tendance pour l’heure à surtout vous inviter à lire Eden, qui est vraiment une très très très grande œuvre. Riche, profond, radical et d’une actualité qui fait presque peur, le manga de science-fiction de Endo est pour moi un vrai monument, pas seulement du manga, mais de la science-fiction dans sa globalité, largement à la hauteur des standards du genre. Ses 9 tomes sont désormais disponibles chez Panini, et il serait dommage de passer à côté (j’en ai déjà parlé ICI et ICI, mais on va rapidement reparler de sa fin).

Et en principe, après lecture de Eden, on reveut du Endo, car on comprend qu’on est face à un artiste brillant qui a beaucoup de choses à dire. Et là, on peut donc enchainer avec MMA – Mixed Martial Artists, simplement car on aura besoin de sa dose supplémentaire. En attendant d’en voir plus dans la série, je vous conseille donc, si ce n’est pas déjà fait, de vous intéresser à l’auteur, et le reste viendra de lui-même, je n’ai aucun de doute là-dessus !

7 commentaires

  1. Poussée par le nom du mangaka, j’avais lu les premiers tomes à l’époque panini sans parvenir de mémoire a vraiment me sentir impliquée dans cette histoire contrairement à Eden. Ce sont vraiment deux types de manga que j’ai trouvés très différents, après il faudrait que je relise ce début pour voir ce qui clochait au final et si je n’ai pas changé d’avis. ^^
    Je me rappelle notamment d’un dessin un peu figé…

    Aimé par 1 personne

    • Pour le moment, c’est vrai qu’il y a ce côté un peu figé du dessin, mais à voir par la suite.

      Je trouve ce premier tome efficace, mais c’est pas sur cette seule base que je peux en dire beaucoup. Il bénéficie du passe droit Hiroki Endo qui me met en confiance, mais j’attends beaucoup des tomes suivants pour voir plus ce que la série a sous le capot.

      Reste une opposition entre les deux personnages et leurs modes de vie qui fonctionne vraiment bien, avec déjà quelques scènes très jolies, qui suffisent à donner envie de poursuivre.

      Aimé par 1 personne

      • Après, ce n’est qu’un premier tome, et qui prend quand même son temps. Donc ce sera à voir par la suite ce qu’il en est, mais je trouve que certains petits détails rappellent des choses qui me plaisent beaucoup dans Eden, bien qu’on soit dans un cadre totalement différent. J’espère qu’avec le second tome j’aurai davantage de matière.

        Aimé par 1 personne

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