Mon avis sur… Black-Box T.2&3 de Tsutomu Takahashi

Black Box

Nous sommes déjà arrivés à la moitié de la série Black-Box de Tsutomu Takahashi, et l’auteur montre un peu plus de quoi il est question dans ce manga. Il est évident que l’on ne sera pas face à une success story sportive comme on en a souvent dans la fiction (pas seulement le manga), puisque Takahashi ne fait qu’assombrir son récit, déjà pas mal lourd de base. Et c’est tant mieux, car l’auteur excelle dans les ambiances âpres. Voyons donc ce qu’il en est avec les tomes 2 et 3 de Black-Box.


Un grand merci à Pika pour l’envoi de ces volumes.


Mon avis sur le tome 1


Si les histoires de boxe nous ont habitué à la présentation de figures d’ascètes, il est évident que Takahashi pousse la logique encore plus loin qu’à l’accoutumée. Ryoga est présenté comme un personnage très sombre d’emblée, avec le lourd héritage familial qu’il charrie (rappelons que son père et son frère sont en prison pour meurtre). Et dès le second tome, l’auteur amplifie cet aspect, montrant la chambre dépouillée dans laquelle il vit, dont les murs sont remplis de mots très négatifs. Cela rend le personnage vraiment extrême, et en phase avec une certaine vision de la pratique de la boxe. Sur ce point, Takahashi a d’ailleurs la bonne idée de donner de l’importance à la journaliste qui était introduite dès le premier tome, ce qui permet d’avoir un recul sur le personnage de Ryoga, renforçant l’aspect sombre de celui-ci.

Black Box 2Dans le second tome, il se trouve une figure de rival chez un champion de kick Boxing, grosse star vivant dans le luxe et son total opposé donc, jusque dans sa couleur et cheveux. Ce rival va décidé de se lancer dans la boxe pour pouvoir l’affronter sur le ring, ce qui sera l’enjeu sur le plus long terme. Dans le même temps, Ryoga rencontre l’ancien boxeur qui a vaincu son père, et souhaite en faire son entraîneur pour devenir meilleur. Cet homme est un alcoolique cinquantenaire, quitté par sa femme et dont l’enfant est gravement malade. Takahashi n’y va pas avec le dos de la cuillère pour ce qui est de dépeindre une certaine misère sociale, entre pauvreté, alcool et maladie. Cette thématique est récurrente dans la fiction sur la boxe, que l’on pense à Rocky ou à The Fighter notamment.

Ici, c’est aussi un moyen de mettre la focale sur la construction des personnages, en particulier Ryoga. La Rage au ventreSa psychologie torturée voire très trouble est clairement mise en avant, notamment lorsque dans le tome 3 un personnage affirme qu’aucun boxeur professionnel n’est sain d’esprit. Et le fait d’appuyer sur cet aspect, rendant très borderline le personnage, contribue à l’ambiance oppressante du titre, très éloignée finalement de ses homologues cinématographiques. J’ai bien en tête le film La Rage au Ventre d’Antoine Fuqua avec Jake Gyllenhall qui cherchait à adopter une approche radicale à similaire, mais sans totalement y arriver (le film n’arrivait pas à proposer une intensité aussi forte que celle que Gyllenhall dégageait dans sa prestation). Dans les deux cas, on sent un personnage sur le fil, qui pourrait déraper de par la violence qu’il a en lui, ou au contraire bruler la chandelle par les deux bouts et se mettre lui-même en péril. Et c’est ça qui fait le sel de cette série, dont la faible durée me laisse à penser que cela se conclura effectivement de façon brutale et violente.

Ainsi, le sport devient secondaire, ou tout du moins est le support à un vrai portrait de personnage torturé et extrême. Et c’est dans ce domaine que Takahashi brille, semblant s’épanouir pleinement dans les ambiances sombres et oppressantes (les tomes de Sidooh et Bakuon Retto lus vont en tout cas dans ce sens). Encore une fois, exit la potentielle success story, tout laisse à penser que ça ne pourra que se finir dramatiquement. Et c’est finalement cette lecture en apnée qui donne toute sa valeur à la série.

4 commentaires

  1. Je te rejoins totalement dans ce que tu ressorts de ces 2 tomes. J’aime beaucoup l’aspect intimiste social et sombre de ce manga et je trouve que comme d’habitude Takahashi sait mettre en place une ambiance en accord avec son récit

    Aimé par 1 personne

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