Mon avis sur… Bofuri : je suis pas venue ici pour souffrir alors j’ai tout mis en défense T.1

J’ai eu la surprise de recevoir il y a quelques jours le kit presse de la grosse nouveauté du moment de Mana Books (que je remercie au passage, tout en vous invitant à lire l’extrait disponible ICI), éditeur très orienté sur tout ce qui a trait au jeu vidéo, publiant notamment des mangas en lien avec des sagas vidéo ludiques connues ou, comme ici, des titres qui utilisent le jeu vidéo comme thématique (comment ne pas citer le chef d’œuvre Hi Score Girl de Rensuke Oshikiri ? Merci d’ailleurs de publier son spin-off au plus vite !). Voyons donc ce que Bofuri : Je suis pas venue ici pour souffrir alors j’ai tout mis en défense (oui, le titre est long) a à nous proposer.

Kaede est invitée par son amie Risa à se lancer dans le nouveau MMORPG à la mode. Cependant, Kaede n’est pas une gameuse et si elle ne déteste pas les jeux, ce qu’elle n’aime vraiment pas, c’est avoir mal !
Aussi, lors de la création de son avatar « Maple », elle décide de mettre tous ses points de caractéristiques en Défense pour minimiser la douleur. Véritable forteresse ambulante, quasi invulnérable, elle se traîne comme un escargot, incapable de jeter le moindre sort ! Cependant… elle n’encaisse aucun dégât ! À la surprise des développeurs du jeu, Maple parviendra à éliminer ses ennemis avec une compétence de contre particulière, gagnant ainsi de l’expérience et de nouvelles capacités toutes plus loufoques les unes que les autres…

.Avant d’aller plus loin et de donner un avis sur cette entrée en matière, resituons un peu le titre. Bofuri est l’adaptation en manga par Jirou Oimoto d’un light novel inédit chez nous, écrit par Yuumikan et illustré par Koin. Le manga, en cours depuis 2018 au Japon, compte actuellement 5 tomes et est publié dans le magazine Comp Ace de Kadokawa. La traduction française est de Aline Kukor, et si c’est d’elle que vient l’idée du titre, je lui tire mon chapeau pour la référence à un meme bien connu (voir vidéo ci-dessous).

Meme qui renvoie d’ailleurs en partie à la culture gamer dont Bofuri se réclame, puisque le fameux « je suis pas venue ici pour souffrir » avait notamment déjà été repris dans The Evil Within 2, petit chef d’œuvre sous coté du jeu d’action horrifique à mes yeux ! Mais je digresse, je digresse, ça ne nous dit pas ce qu’il en est concernant ce premier tome.

Si pour ma part j’ai une sainte horreur des MMO, car ils nous forcent à jouer avec des gens (si je joue aux jeux vidéo, c’est pour m’amuser seul !), je connais un petit peu le genre malgré tout. J’ai eu l’occasion d’en essayer quelques uns, et mon intérêt fort pour le jeu vidéo fait que, même pour les jeux qui ne m’intéressent pas, je me tiens un peu au courant de leur fonctionnement. Ici, nous sommes dans un genre de jeu où la personnalisation des personnages est un élément central, de même que l’aspect social. Et il me semble que c’est assez fréquemment et fort logiquement le cœur de la narration dans les mangas qui investissent ce sujet.

Comme indiqué dans le résumé, Kaede ne souhaitant pas souffrir (OK !), elle a blindé sa défense au point de filouter le jeu, devenant rapidement une machine de guerre qui semble invincible. Cela attire d’ailleurs l’attention d’autres joueurs, qui se font des conversations privées à son sujet à la fin de chaque chapitre. Conversations qui me semblent bien rose bonbon et idéalisées au demeurant, dans un médium où le sexisme et le harcèlement envers les joueuses est encore très présent. Ici, il y a un côté protecteur (qui mérite déjà d’être questionné) vis-à-vis de cette jeune fille toute mignonne qui blinde sa défense, ne connaissant pas bien le jeu. À voir s’il y a anguille sous roche, car cet aspect pourrait ménager des surprises, après tout on parle d’un groupe qui surveille l’héroïne, la bienveillance pourrait être de façade. J’espère surtout que ce sera traité en terme de thématiques, par rapport aux comportements toxiques qui ont lieu dans la réalité.

En dehors de ça, le titre semble proposer un déroulement classique, assez proche de celui de Shangri-La Frontier dans son premier volume, où la joueuse découvre petit à petit le système de règles du jeu auquel elle joue, et monte en niveau. Ce type d’aventure aux codes assez proches de ce qu’on trouve dans certains isekai avec montée en expérience est assez étonnant je trouve, dans le sens où elle arrive à nous partager le plaisir du leveling des JRPG alors même que l’on ne joue pas. C’est quand même une façon je trouve pertinente de transformer des éléments purement ludiques en outils narratifs, chose bien aidée par certains codes qui me semble très poreux entre le RPG et le manga d’aventure.

Quoi qu’il en soit, si je tique pas mal vis-à-vis de l’évolution du personnage de l’héroïne, qui donne quand même le sentiment d’un système de règle drôlement bien adapté pour elle, faisant très deus ex machina, il s’avère que ce premier tome est très agréable à suivre par son ton léger et son aventure qui, dans ce premier temps, se déroule avec une facilité déconcertante. De plus, en mettant en avant les conversations entre le groupe de joueurs que j’ai évoqué précédemment, le mangaka propose un élément de suspense qui rend curieux quant à la suite des événements.

Ainsi, inutile de passer par quatre chemins, et disons clairement que ce premier tome de Bofuri est très divertissant, pas très original mais soigné et maitrisé, faisant passer un bon moment de lecture. Je ne pense pas que le titre ait de plus hautes ambitions que ça, et il faut donc surtout voir si ce type de récit est notre tasse de thé ou non. Mais en l’état, ce premier volume m’a par exemple bien plus convaincu que celui de Shangri-La Frontier. Une entrée en matière modeste et charmante en somme.

Publicité