
Si 20 tomes n’est pas une longueur spécialement énorme pour un shonen d’aventure/action, on ne peut nier que cela commence à faire, puisque ça représente beaucoup de chapitres, des années de travail pour l’auteur et ses équipes, et beaucoup d’investissement, aussi bien en temps qu’en argent pour le lectorat. De quoi également fédérer une fanbase plus ou moins importante, grandement investie dans le récit. Et si Edens Zero n’atteindra sans doute pas la popularité de Fairy Tail, la série en cours de Mashima a malgré tout son public, très investi, en témoigne l’accueil actuel de chaque chapitre, qui fait beaucoup parler sur les réseaux.
Car en plus d’atteindre le palier symbolique du 20e tome relié, la série vient aussi de franchir un cap encore plus important au Japon (mais aussi chez nous en numérique grâce au simultrad que Pika propose chaque semaine), avec la parution du chapitre 200, qui semble apporter beaucoup d’éléments à un récit étonnamment bien construit. Tout ceci offre une occasion supplémentaire de faire un point sur cette série, qui arrive là à la moitié de son développement selon son auteur.
Un grand merci à Pika pour l’envoi de ce volume.
Puisqu’on atteint un palier symbolique concernant la série, on peut se permettre de resituer quelques éléments, d’autant plus qu’il y aura un lien qui sera fait avec les autres séries de Mashima. Car Edens Zero est le troisième shonen d’aventure au long cours de l’auteur, toujours publié dans le Weekly Shonen Magazine, après Rave (35 tomes) et Fairy Tail (63 tomes et toute une batterie de dérivés, dont une suite en cours actuellement). Mashima a également publié quelques histoires plus courtes (de quelques pages à plusieurs volumes), mais globalement, ces trois séries sont à l’heure actuelle ses trois titres iconiques. La grosse différence est que, après avoir quasi exclusivement développé des univers univers fantasy, Mashima s’attaque à la SF avec Edens Zero, même s’il se reapproprie beaucoup d’éléments de fantasy, considérant d’ailleurs que cette série est plutôt de la « space fantasy ».
Une parenté évidente avec Fairy Tail, qui vaut à la série d’être depuis 4 ans qualifié de « Fairy Tail dans l’espace », du fait de similitudes dans le design et la caractérisation des personnages, mais aussi d’éléments conceptuels très similaires (on nous parle de guildes au début de l’histoire, l’équipage de l’éden Zero fait très Fairy Tail et certaines thématiques habituelles de Mashima se retrouvent ici). Cependant, un certain nombre d’éléments distinguent les deux séries. D’une part, la nature SF de l’univers permet à Mashima de développer une esthétique globalement différente, avec davantage de liberté dans les environnements et les tons proposés.
Mais surtout, c’est dans la façon d’écrire son histoire que la série se distingue, créant un ton très différent. Si vous n’êtes pas familiers de Mashima, sachez que c’est un auteur assez bavard sur son travail, qui systématise notamment le fait de proposer une postface à chaque volume qu’il publie, quelle que soit la série. Des postfaces qui, majoritairement, lui permettent d’aborder son travail. Et dans le cas de Edens Zero, la postface du second volume donne déjà une information très importante sur sa méthodologie de travail. Il précise en effet que Rave était une série très préparée, où il savait d’emblée dans quelle direction irait son histoire, là où Fairy Tail, prévu pour faire une dizaine de tomes, a été écrit en freestyle quasi complet. Et concernant Edens Zero, il explique avoir opté pour un entre deux, avec une structure globale pensée en amont, mais dans laquelle il s’autorise des éléments imprévus.
Et si je le souligne, c’est parce que cette précision dans l’écriture se constate de plus en plus actuellement, l’auteur faisant le lien avec des éléments mis en place tôt dans le récit (les fameux « foreshadowing » chers au cœur des fans de L’attaque des Titans et One Piece). Et la conséquence de cette structure prévue en amont permet d’une part une vraie gradation de l’intensité et des enjeux, allant toujours crescendo, qui s’accompagne d’une maîtrise dramaturgique importante, en particulier dans le ton plus sombre qui est proposé.

C’est en effet quelque chose de beaucoup relevé par le lectorat de la série : Edens Zero semble se permettre davantage de choses, et Mashima, tout en restant dans son style de prédilection, sort ça et là de sa zone de confort, proposant des choses étonnamment sombres et violentes par moments. Mais surtout, le récit, définitivement mieux construit sur la durée que celui de Fairy Tail, est plus ambitieux et cherche davantage à nous surprendre. C’est ainsi qu’on glane avec un certain plaisir des indices concernant les mystères de cet univers, afin d’élaborer des théories concernant ces derniers. Si la pratique n’a rien de nouveau, elle est toujours bienvenue, permettant davantage d’engagement de la part des fans les plus investis. Et, plus globalement, cela donne le sentiment d’une intrigue plus prenante et à fort potentiel.
Du coup, après 20 tomes, où en est-on ? Mashima se permet depuis déjà une petite dizaine de volumes des choses plus intenses et osées dans son récit, depuis qu’il a mis en place son concept autour des retours dans le temps de Rebecca en réalité. Cet élément qui semblait anodin, annoncé très tôt dans le récit, est finalement central dans le développement de l’intrigue et de l’univers. Et cela contribue grandement au sentiment de récit pensé et maîtrisé par l’auteur, à l’ampleur bien plus importante que ce qu’on imaginait au début, où on pouvait encore penser à une structure narrative très libre.
Est-ce à dire que Mashima a totalement repensé sa façon d’écrire ? Je ne pense pas. D’une part car Edens Zero hérité d’éléments qu’il y avait déjà dans Rave, où il n’hésitait pas de essaimer son récit de petits mystères et d’indices sur la suite des événements, mais aussi parce qu’il y a malgré tout la touche spécifique à Mashima, qu’on peut apprécier ou non (je pense notamment au fanservice). Mais il y a aussi une forme de conscience de lui-même chez l’auteur, remettant ici en question son fameux recours au pouvoir de l’amitié via le personnage de Shiki.
Ainsi, avec ce vingtième tome qui apporte de nouvelles informations très importantes sur l’univers global du récit, et la parution actuelle au Japon (que l’on peut suivre en simultrad en numérique pour rappel) semble proposer encore plus de révélations, rendant la série de plus en plus surprenante et enthousiasmante. Bien entendu, Mashima n’a pas vocation ici à bouleverser le genre du shonen d’action/aventure, ni même sa façon bien à lui de l’aborder, mais en l’état, il est évident que son récit a vraiment de l’ampleur et de belles choses à proposer. Et avec désormais 20 tomes au compteur, je ne vois pas de signe d’essouflement, bien au contraire. De quoi être confiant pour les 20 suivants, qui sait ?

GG au goat de nous avoir sortie 20 tomes d’une tel qualité d’écriture et de dessins.
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De des-seins !
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C’est une très belle série, je n’avais même pas remarqué qu’il y avait des foreshadowing. Quand je serais motivé, je relirai toute la série pour les détecter.
Comme tu le dis si bien, il manque un petit artbook 😊
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Oh que oui, je serai tellement heureux qu’ils nous fassent un artbook.
Un petit foreshadowing anodin mais rigolo, dans le tome 2, des mecs viennent harceler Rebecca parce qu’ils trouvent qu’elle a des jambes magnifiques. Quand on sait que par la suite, son pouvoir se manifeste au niveau des jambes, je trouve ça amusant.
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Edens Zero c’est l’un des titres dont j’attends chaque nouveau tome avec impatiente ! Je préfère d’ailleurs Edens Zero à Fairy Tail et je ne suis pas encore assez loin dans Rave pour juger correctement.
Je trouve Edens Zero un peu plus dramatique que FT, Mashima se permet plus de moments cruels et c’est pas plus mal. Gros coup de coeur pour Homura !
J’aime beaucoup l’univers développé dans sa nouvelle série et il le fait avec brio
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