Alors que j’avais vaguement entendu parler du titre lors de son annonce, Ki-oon a pris l’initiative de m’envoyer le premier volume de Clevatess une semaine avant sa sortie, histoire de tâter le terrain (un grand merci à eux). Qu’ils en soient remerciés car je ne pense pas que j’aurais tenté l’expérience de mon côté, n’étant pas forcément friand de manga de fantasy, trouvant souvent les expériences proposées assez génériques. Or, cette série dont je ne savais rien propose quelque chose de très intéressant, à savoir une sorte de conte philosophique à la Voltaire, avec la question de la parentalité au cœur de son récit. De quoi attirer mon attention, et me donner envie de poursuivre la série, afin de voir ce qu’elle a à nous proposer en terme de réflexion.
Pour resituer rapidement, Clevatess est un seinen de fantasy que l’on doit à Yuji Iwahara, en cours au Japon dans le magasine en ligne Line Manga, avec déjà 4 tomes à son actif. Le mangaka est par ailleurs un vieux de la vieille, avec presque 30 ans de carrière, connu chez nous principalement pour Darker than Black et Dimension W, déjà édités par Ki-oon. Et vous pouvez bien entendu lire un petit extrait ICI.
Dans cette nouvelle série, le postulat de départ, classique en apparence, va révéler dès ce premier tome un concept plus original et intrigant, qui m’a clairement donné envie de poursuivre la série, alors même que de prime abord, je ne m’y serai pas intéressé, d’où mon envie d’en parler.
Le puissant démon Clevatess est dérangé dans son antre par une troupe de héros venue l’éliminer. Voilà un millénaire qu’il n’avait pas fait face à des humains. Ceux-ci s’élancent vaillamment… et sont décimés ! Malgré tout, leurs épées, forgées dans un métal rare, ont égratigné ses cornes… La créature s’interroge. Comment ces insectes insignifiants ont-ils pu développer de telles armes ? Pourquoi veulent-ils sa mort ?
Clevatess part poser la question au monarque commanditaire de l’attaque, détruisant sa capitale par vengeance au passage. Mais cette expédition ne lui apporte aucune réponse, et il envisage l’extermination totale de cette race… C’est alors que dans les ruines du palais, un survivant blessé lui tend un bébé en le suppliant de le sauver. D’abord réfractaire, le démon y voit finalement une opportunité : élever un humain lui permettra de comprendre ses adversaires et, surtout, de déterminer s’ils méritent d’être graciés !
Un postulat de départ classique donc, dans un univers de fantasy qui l’est tout autant, mais c’est finalement le concept autour de ce bébé que Clevatess va élever (bien aidé par une jeune héroïne qu’il a ramené à la vie et que l’on voit sur la couverture du tome), ainsi que l’aspect conte philosophique à la Voltaire très prononcé qui donnent déjà une saveur à ce premier tome.
L’entrée en matière est cependant un peu âpre. Car si la scène d’action qui ouvre le récit est efficace, la présentation de l’univers qui s’en suit est un peu lourde. Et pour cause, présenter les différents peuples et leurs spécificités d’emblée n’est pas forcément le plus judicieux, puisqu’on vient à peine de mettre les pieds dans ce monde. Cela crée une exposition difficile à digérer, en plus de nous dispenser des informations qu’on ne retient pas, car pas encore vraiment investis dans le récit. Un choix narratif que je peux comprendre (l’idée de se dire « comme ça c’est fait, vous voyez un peu de quoi on parle »), mais qui n’est pas forcément payant d’emblée.
Ce qui n’est finalement pas si grave, car passé cela, le récit en lui-même se lance véritablement avec le démon Clevatess, le bébé qui sera au cœur du récit (l’idée étant qu’en fonction de comment l’enfant grandira, le démon décidera s’il bouzille tout ou non), la jeune héroïne qui s’occupe de l’enfant, et un premier enjeu des plus pragmatiques : trouver une femme pour allaiter l’enfant.
Et c’est un des points qui m’a particulièrement plu dans ce premier tome, mettre la question de la parentalité au cœur du récit, en insistant notamment sur les bons gestes en terme d’hygiène (oui, on parle de comment bien changer une couche, mais aussi de bien nettoyer les plis des bébés, les choses qu’on apprend notamment à la maternité après un accouchement).
Et dans ce premier tome, nous rencontrons déjà la jeune fille qui sera très probablement la nourrice du bébé, permettant au passage de voir une partie de la dureté de ce monde, où les femmes sont malmenées par les hommes et où leurs enfants survivent rarement. Cela confirme l’idée que la parentalité est un élément central du titre, et son traitement est plutôt pertinent, versant évidemment dans le registre émotionnel à plusieurs reprises, ce qui fonctionne fort bien chez moi. Mais en dire plus serait déflorer des éléments vraiment très intéressants de ce premier tome, que je préfère vous laisser découvrir.
Cependant, on n’en sait pas encore beaucoup plus sur les enjeux à long terme (si ce n’est le sort de l’humanité, en fonction de ce que décidera Clevatess, évidemment), et l’univers est encore survolé, introduction de récit oblige. Mais le concept est suffisamment original et intrigant, et les quelques éléments déjà distillés suffisamment séduisants, pour donner très envie de voir ce que l’auteur prépare pour la suite. On est typiquement dans le cas d’une série que je n’attendais pas du tout, et qui m’a très positivement surprise.
Moi en commençant à lire ton avis « encore une nouvelle série dont je vais sûrement zapper »
Moi en finissant ton article « ok ça à l’air pas mal je vais me laisser tenté »
le concept à l’air assez particulier pour donner envie d’en savoir plus
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Personnellement, non seulement je ne l’aurais pas acheté, mais en plus je ne l’aurais pas demandé à l’éditeur, mais il a pris l’initiative de me l’envoyer et j’en suis finalement ravi.
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Je rejoins Docteurchips, je pensais un peu comme lui. J’ai vaguement entendu parler de ce manga, j’ai pu lire un extrait qui m’a assez satisfait ; à présent que je viens de lire ton article je suis plus qu’intrigué.
Je vais fouiner sur le net pour glaner d’autres infos, mais aussi d’autres avis sur ce manga.
L’extrait que j’ai pu lire semble assez sombre, et ultra expéditif, les héros comme le roi ne font pas long feu.
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Oui, le tout début c’est vraiment pour rapidement poser le cadre du récit et que Clevatess récupère l’enfant. Ensuite on se pose plus et ça devient vraiment intéressant je trouve.
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J’avais déjà abandonné à « la parentalité au cœur du récit » 😅😆 (est ce vraiment une surprise ?)
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Ça n’en est pas une en effet, je dois meme t’avouer que j’ai pensé à toi en écrivant, je me suis dit « je crois que ça va la faire fuir » 🤣
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Tu me connais bien désormais 🤣
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En tout cas, j’ai bien compris que les gosses et la parentalité, c’est pas l’argument qui va te faire céder.
Du coup pour cette série, je pense en effet que c’est pas pour toi. Ça me semble être parti pour être de la fantasy assez classique rehaussée par la thématique parentale.
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Exact. En plus si c’est de la fantasy classique… Je comprends l’attrait mais je recherche autre chose.
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[…] N’hésitez pas à lire également les avis de : L’Apprenti Otaku, Les voyages de Ly, Vous […]
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[…] un premier tome qui m’avait très positivement surpris, de par sa thématique autour de la parentalité que je n’attendais pas, et un ton le […]
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Je viens de lire ce 1er tome que l’on m’a offert, c’est une bonne suprise, c’est très sombre et ça ne montre pas une belle image de l’Homme (du moins pour le moment, entre des voleurs et des clans qui vont se partage un royaume effondré) ça montre des gens sans scrupules même si certains personnages vont se révéler humaniste et droit dans leurs bottes.
Graphiquement c’est sympa, j’ai bien aimé.
Hâte d’attaquer le tome 2.
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Oui, ce fut aussi une bonne surprise pour moi. Le second évolue un peu dans le ton mais reste très intéressant je trouve.
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