Les Mots d’auteur – Spécial Nakaba Suzuki

J’ai un léger côté maniaque/obsessionnel dans la vie, qui fait que parfois, je me lance dans certaines choses avec un peu trop d’intensité. Récemment, en terme de manga, c’est avec l’oeuvre de Nakaba Suzuki que j’ai trouvé un nouvel objet de maniaquerie. J’avais lu il y a quelques temps les six premiers tomes de Seven Deadly Sins, qui m’avaient beaucoup plu par ailleurs. Mais c’est avec ma découverte le mois dernier de Blizzard Axel que je suis un peu devenu accro au style du bonhomme.

Ainsi, le mois de février a été l’occasion de découvrir sa nouvelle série, Four Knights of the Apocalypse, avec ses deux premiers volumes qui m’ont déjà plutôt enchanté, et c’était aussi l’occasion d’enfin reprendre (depuis le début) sa série phare, puisque j’avais fini par compléter les 13 tomes qui composent le premier grand cycle de la série. Si je ferai un retour dessus prochainement, j’avais également envie de proposer une nouvelle salve de mots d’auteurs, totalement dédié à Suzuki. Cela permet d’une part de mettre en avant cet auteur qui, s’il ne brille pas par son originalité, a vraiment un truc dans son approche de son travail qui me parle, et aussi, cela permet de marquer le coup du retour des mots d’auteurs, après des mois d’inactivité.

Au programme, six petits mots venant des 13 premiers tomes de Seven Deadly Sins, qui sont tous liés d’une façon ou d’une autre au dur travail de mangaka, car on aura beau toujours le rappeler, il s’agit d’un métier difficile, éprouvant et exigeant.

Ces deux mots conjoints parlent de l’adaptation animée de Seven Deadly Sins. Je les trouve intéressant car ça rappelle qu’une adaptation est un des graals pour les mangakas (surtout ceux faisant du shonen d’action), qui permet de considérablement booster la visibilité du titre concerné, mais qui s’accompagne aussi d’une surcharge de travail car cela rajoute des choses à gérer.
Aussi, je trouve intéressant que l’auteur précise que c’est la première fois qu’un de ses titres est adapté après 15 ans d’expérience, rappelant que les mangakas ne sont pas tous abonnés aux succès immédiats, voire même que certains ne le connaissent jamais.
Enfin, il a un petit mot pour sa femme, qui mérite vraiment d’être mise en avant, car Nakaba Suzuki travaille sans assistants, seule sa femme bosse avec lui, à mon avis à temps plein.


La santé et la charge de travail sont deux choses importantes chez les mangakas. Suzuki rappelle ici qu’il travaille entre 80 et 100h par semaine sur ses mangas, ce qui est selon moi proprement indécent, passion ou pas. Mais c’est la triste réalité de ce milieu, surtout pour ceux bossant en hebdomadaire (écrire et dessiner 19 pages par semaine tout en bossant sur les à côté demande en effet une charge de travail hallucinante).

J’ai d’ailleurs fait au passage une petite recherche concernant le temps de travail au Japon, car on a l’image d’un pays où on ne fait que bosser. J’ai vu qu’officiellement, le temps de travail hebdomadaire était de 40 heures, mais que près d’un quart des japonais travaillaient dans les faits plus de 49h par semaine, et qu’il est apparemment considéré comme normal de travailler plus pour conserver son emploi.

Des chiffres donc plutôt élevés je trouve, mais proprement hallucinants en terme de cadence pour les mangakas. Cela pose la question du « métier passion », où il faudrait ne pas se plaindre des heures effectuées car c’est du « loisir »… J’aimerais d’ailleurs savoir si des langues de mangakas se délient à ce sujet, ou s’ils restent toujours dans un discours consensuel à base de « merci à mes fans, mes collègues, etc… c’est que du plaisir de dessiner non stop et d’avoir le dos en ruine ! ».


Le petit mot concernant la chaleur me rappelle le fait que moi-même, j’en souffre chaque année. Et il rappelle encore une fois les dures conditions de travail des mangakas en filigrane.

Celui concernant les dédicaces, je l’ai choisi d’une part car il me faisait rire quand on a lu les tomes du tournoi, où King est inscrit sous le nom Vieux Schnock, et qui rappelle à quel point il est mignon sous son apparence enfantine qui me rappelle un peu Astro dans Pluto d’Urasawa.
Mais surtout, il renvoie encore à une partie de la vie de mangaka, qui semble prendre aussi beaucoup de place. On voit souvent les mangakas participer à des séances de dédicace, y compris en ligne, et passer des journées entière à crayonner pour leurs fans. Cela donne vraiment l’impression de gens qui passent leur vie à bosser, même dans des rencontres moins formelles…
Ce qui m’évoque d’ailleurs la question de la rémunération des auteurs en dédicace, qui ne va pas de soi pour tous les éditeurs, alors qu’ils donnent de leur temps et contribue à la mise en avant de leurs œuvres. C’est quelque chose qui me questionne pas mal, et pas seulement concernant les mangakas par ailleurs.


Cette petite sélection est terminée, j’espère avoir réussi à évoquer des choses intéressantes par le biais de ces quelques mots, qui sont avant tout un moyen pour moi de mettre en avant un mangaka qui peut sembler très conventionnel au premier abord, mais qui me fascine pas mal de par son parcours et sa façon de travailler. Ainsi, ce modeste article est surtout une petit mise en bouche avant quelque chose de plus conséquent dédié à l’auteur, car j’ai très envie d’explorer plus en détails son parcours et sa façon de travailler. Mais ce sera surement après avoir lu tout Seven Deadly Sins… Donc dans un certain temps !

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14 commentaires

  1. Enfin le retour de la meilleure rubrique de la blogosphère manga du système solaire (et je pèse mes mots en disant ça).

    Ce n’est pas rare de voir des auteurs parler de leur condition de travail ou des conventions sur les rabats de leur manga (je crois qu’okubo le fait aussi). Et c’est vrai qu’on ne se rend pas toujours compte de la charge de travail que ça représente (le pire c’est qu’il y a quand même des gens qui râlent quand un mangaka prend une pause d’une semaine pour se reposer, et qu’ils n’ont pas leur dose hebdomadaire de one pièce ou de My héro académia).

    J’avoue que je m’étais jamais posé la question sur le fait de si un auteur était payer pour venir à une convention. Je crois que pour les plus populaires le transport et l’hébergement son payer, mais je me demande s’ils perçoivent une rémunération (autre que le prix des places pour aller le voir).

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    • Alors ça dépend des éditeurs, je sais plus lequel avait dit qu’il trouvait ça contre nature de les rémunérer (je ne vais pas donner de nom, de peur de me planter). Mais beaucoup d’éditeurs payent leurs auteurs pour ça, avec un forfait à la journée ou autre. Je sais qu’il y a quelques autrices qui trainent par ici, elles pourraient peut-être éclairer notre lanterne.

      Mais me concernant, j’estime que c’est du temps que tu donne à la maison d’édition pour vendre des ouvrages, donc ça mérite rémunération.

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      • La majorité des éditeurs ne rémunèrent pas. Certains défraient le déplacement. Ou ce sont les festivals qui invitent qui paient mais souvent soit ils paient l’hôtel et pas la nourriture.. la ligue se bat pour que ça devienne un automatisme mais on n’y est pas encore 😅
        Moi quand je vais dédicacer je suis logée et nourrie mais pas payée. Et je fais partie des chanceuses.
        Après c’est le milieu de l’imaginaire francophone donc ça ne fait pas office de règle absolue !

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      • J’avais fait une rapide recherche sur la question et j’avais trouvé quelques articles citant des éditeurs en particulier (souvent dans la jeunesse, genre Auzou) qui rémunéraient les auteurs. Je me doutais que ça variait d’un éditeur à l’autre.
        Bon, le defraiement ça me semble la moindre des choses, en effet.

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      • Oui mais comme dit tous les auteurs n’y ont pas droit ça dépend de plein de facteurs. Après justement il y a actuellement un combat social qui est mené en France pour ça, la crise sanitaire l’a mis en pause mais avec la reprise des salons ça revient. Les dédicaces c’est du travail, même si c’est cool de rencontrer son public. Il faut le valoriser.

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  2. Les mots d’auteurs font toujours plaisir mais c’est vrai que ceux qui évoquent leur durée de boulot, je ne peux pas m’empêcher de me dire « putain… mais ils se reposent quand ?! ». J’ai toujours eu une grande admiration pour les personnes bosseuse mais parfois, faut savoir se reposer mais quand on connait les conditions de boulot des mangaka et des japonais, y a de quoi tiquer.

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