Un titre peut être profondément anecdotique en soi tout en ayant un intérêt aux yeux d’un public précis. Dans le cas de Monster Soul, si cette série courte n’est pas une lecture indispensable, pour un fan de Mashima, elle se révèle malgré tout intéressante de par son positionnement éditorial et son rapport à la suite de la carrière du mangaka. Ainsi, plutôt que de livrer un simple avis qui n’aurait pas forcement grand intérêt, nous allons nous plonger dans ce titre afin afin voir ce qu’on peut en retirer concernant l’évolution du style de son auteur.
Resituer la série dans la carrière de son auteur
Pour commencer, signalons que Monster Soul est à ma connaissance le seul titre de Mashima qui ne soit pas un shonen, c’est à dire un titre prépublié dans un magazine destiné aux ados. Il a été publié dans le Comic Bonbon de début 2006 à 2007, à un rythme mensuel. Ce magazine, qui a été stoppé peu de temps après la fin de Monster Soul, publiait ce qu’on appelle du Kodomo, c’est à dire des mangas destinés aux plus jeunes. Le magazine proposait beaucoup d’adaptations de licences connues, notamment Gundam et Transformers, mais aussi Metroid Prime, rappelant que l’exploitation de propriété intellectuelle est centrale dans les cultures de l’enfance. Contenant Monster Soul, s’il s’agit d’un projet original (comprendre, non adapté d’un support préexistant), le titre est clairement du pur Mashima, au point où le fait qu’il ait été pense pour un public plus jeune ne se ressent vraiment pas (si ce n’est beaucoup moins de poitrines apparentes, mais un peu quand même, on reste chez Mashima). La série était également pensée pour devenir un titre long, pour lequel Mashima n’aurait ensuite été que scénariste, mais la mort du magazine a mis fin à ce projet. Mais surtout, et c’est le plus intéressant selon moi, en commençant quelques mois avant Fairy Tail, on sent que ce titre avait un côté « brouillon » de la future série phare de son auteur. Ainsi, Monster Soul est d’un point de vue chronologique le dernier moment avant que Mashima devienne une véritable superstar du manga (il était quand même un auteur assez reconnu grâce à Rave).
Dernière précision importante, la série est en arrêt de commercialisation chez Pika, et n’est donc trouvable que d’occasion (j’ai réussi à l’avoir à un tarif décent), ou en numérique pour 8€ l’intégrale.
Le prototype de Fairy Tail ?
La série est donc courte, très en phase avec le style de Mashima à ses débuts, et surtout, tire son intérêt de ce qu’elle nous dit de son auteur, et de comment elle se situe dans l’évolution de sa carrière. Il précise dans la postface du premier volume que l’idée lui est venue de sa passion pour les RPG, où on passe son temps à tuer des monstres, ce qui lui a donné envie de proposer une histoire centrée sur eux. Ainsi, il traite du rapport à l’autre et de la différence, de façon très simpliste, mais cela reste un message assez beau en phase avec les valeurs qu’il défend dans toutes ses séries.
Mais surtout, et c’est de là que vient le côté prototype de Fairy Tail. Précisions quand même que la série a eu un prototype plus avéré, avec l’histoire courte Fairy Tale, publiée en 2002, que Mashima expliquait avoir imaginé comme sa série qui viendrait après Rave. Mais Monster Soul me semble au final plus proche de l’esprit de ce qui deviendra son titre le plus populaire. On y trouve notamment un univers bien plus orienté fantasy pure que dans Rave (même si quelques éléments dénotent encore, comme la présence de flingues au tout début). On ressent une ambiance de groupe qui fonctionne comme une famille très proche de ce qu’il mettra en place par la suite avec sa fameuse guilde. Et du côté des personnages, on a également un héros qui n’est pas sans évoquer Natsu, bien que ses pouvoirs soient différents.
Et, point le plus remarquable à mes yeux, le personnage de Mamie, de l’aveu de Mashima dans la postface, est le prototype d’Erza, et c’est en effet impossible de passer à côté tant on trouve de similitudes : les deux ont perdu un œil lorsqu’elles étaient enfant, elles ont le rôle de grande sœur protectrice, et sont sexy et badass à souhait.
Et c’est surement dans tous ces éléments qui préfigurent déjà Fairy Tail que réside la valeur du titre, qui en dehors de ceci est surtout une série courte assez générique, qui n’a pas le temps de développer énormément ses personnages et son intrigue. Intrigue d’ailleurs structuré en petites histoires courtes pour le premier volume, avant d’avoir un récit qui s’étale sur tout le second.
Car si l’idée de l’univers est assez séduisante en soi, force est de constater qu’on reste dans des schémas très classiques du début à la fin, que ce soit dans l’écriture des personnages, la mise en scène où le cœur du récit et le message dispensé. Ainsi, on ne s’étonne pas que le titre soit un peu tombé dans l’oubli, mais il restera surtout pour les fans de Mashima un témoignage de l’évolution du style de l’auteur, et une étape qui l’a mené à la création de Fairy Tail. Et sur ce point, c’est toujours intéressant.
Ah oui sortie chez nous une première fois en 2010 puis en 2014 sous forme d’un volume double. On espère une réédition cette année pour fêter les 20 ans 🙂
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Je dois avoir mal suivi, mais je comprends pas les 20 ans de quoi 😅
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Merde j’ai mal lu. J’ai cru voir que le titre sortie en 2002 au japon
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On a qu’à dire que tu étais mal réveillé 😉
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