A Journey Beyond Heaven T.6

A Journey Beyond Heaven

Le tome 6 de A Journey Beyond Heaven vient de sortir, nous permettant de rattraper la parution japonaise de la série (dont le tome 7 sortira en mars chez eux). Et comme à chaque tome, je reviens en parler, car je n’ai vraiment rien envie de lâcher concernant cette série que je considère vraiment comme une des plus passionnantes en cours, exigeante tout en étant accessible, originale et familière à la fois. La série multiplie les qualités qui en font pour moi un titre potentiellement majeur si Masakazu Ishiguro continue de mener aussi bien son récit.

Nous allons le voir, sans spoiler pour autant car chaque article sur la série est pour moi une occasion de tenter de vous convaincre de vous lancer si ce n’est pas déjà fait, ce sixième tome est un des plus forts de la série pour le moment à mes yeux.

Petite remarque préalable avant de commencer, je constate depuis quelques semaines que mon article sur le premier tome est de plus en plus lu, ce qui me fait super plaisir pour la série, car je me dis que ça indique une certaine curiosité la concernant. Malheureusement, je crois que c’est l’article qui peut le moins renseigner sur la qualité et la densité du récit, puisque forcément, je n’avais lu que ce premier tome à ce moment-là.

Quoi qu’il en soit, je prends ça comme un élément encourageant et j’espère vraiment réussir à donner envie à quelques personnes de se lancer au fil du temps, en espérant que la série finisse par devenir un petit succès, lui permettant par un effet boule de neige de gagner en popularité. C’est en tout cas tout ce que je lui souhaite.

Car je pense qu’on a tous et toutes vécu ça dans notre parcours de lecteurs/lectrices, se retrouver face à des titres qu’on trouve brillants et qu’on aimerait voir lus par un maximum de monde, et qui, pour une raison inexplicable, ne trouvent pas leur public. Je suis clairement dans cette situation avec A Journey Beyond Heaven, car après un premier tome qui laissait augurer quelque chose de très intéressant, chaque volume qui a suivi a confirmé la chose, rendant la série de plus en plus incontournable à mes yeux.

Et ce sixième volume ne déroge pas à la règle, capitalisant sur plusieurs éléments caractéristiques de la série, que le mangaka maîtrise parfaitement. D’une part, il y a ce talent pour nous maintenir captifs, distillant toujours de nouvelles informations qui arrivent à la fois à nous éclairer un peu sur ce monde tout en posant de nouvelles questions, nous tenant toujours totalement en haleine.

Mais il y a également ces questionnements sur la puberté et sur le genre et l’identité de genre, qui deviennent toujours plus importants dans le récit et pour la caractérisation de certains personnages. Sur ce point, il faut d’ailleurs signaler qu’une séquence choc a lieu dans le premier chapitre du volume, traitée avec soin par l’auteur, qui ne cède pas à certains penchants, préférant ne pas trop en montrer, et ne pas faire sombrer cela dans la gratuité, puisque ce moment choc nourrit l’écriture d’un personnage en particulier.

MaruC’est compliqué à décrire tout en restant évasif. Mais je peux au moins dire que le mangaka sait vraiment ménager ses effets, avec une attention toute particulière portée à la mise en scène, qui prend vraiment en ampleur dans ce volume. Loin des effets d’esbroufe que l’on voit souvent (et qui peuvent fonctionner efficacement), je trouve qu’il y a une vraie finesse dans la façon dont Masakazu Ishiguro met en scène les moments forts de son récit, leur donnant un impact saisissant. Avec un enchaînement en apparence basique de planches, il arrive à transmettre beaucoup de choses, et fait vraiment passer son style à un autre niveau dans ce volume.

C’est d’autant plus frappant que cela accompagne un approfondissement conséquent de la caractérisation des deux personnages principaux, Maru et Kiruko, tous deux porteurs de thématiques fortes, dont on sent qu’elles tiennent à cœur au mangaka.

Car c’est aussi un des éléments qui fait que cette série est au-dessus du lot. Au-delà du plaisir à découvrir un univers postapo soigné et des personnages intéressants, en plus du sens inné de la narration et de l’entretien du mystère de l’auteur, il y a surtout un récit puissant porteur d’une grande richesse, l’oeuvre d’un artiste qui a des choses à dire.

Je pense personnellement que le manga est une industrie passionnante, mais dont un grand nombre des produits sont justement de purs produits, qui peuvent être très bien fait et particulièrement plaisants à suivre, mais qui ne cherchent pas à nous bousculer et à nous transmettre des choses importantes. Or, il y a, assez régulièrement fort heureusement, des titres qui veulent proposer plus, aller plus loin, et A Journey Beyond Heaven fait clairement partie de ceux-là.

C’est un récit ample et ambitieux, qui s’ancre en nous et reste dans un coin de notre esprit, nourrissant une réflexion passionnante qui lui confère une vraie identité et une vraie plus value. Ainsi, j’espère vraiment que cette nouvelle déclaration d’amour à cette série trouvera écho auprès de quelques personnes, car elle le mérite vraiment, et je reste intimement convaincu que beaucoup de gens pourraient avoir une excellente surprise en lui donnant sa chance. De mon côté, j’ai envie de parier sur le fait que la série finira par être considérée comme un chef d’oeuvre.

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12 commentaires

  1. « distillant toujours de nouvelles informations qui arrivent à la fois à nous éclairer un peu sur ce monde tout en posant de nouvelles questions, nous tenant toujours totalement en haleine. »
    C’est totalement ce que j’ai ressenti durant ma lecture de ce tome. L’intrigue avance et l’auteur nous divulgue des petites indices sur les mystères du récit (surtout du côté de l’orphelinat), et pourtant malgré ça on reste encore dans le flou à se poser un milliard de questions.

    J’ai trouvé comme toi le passage choc habillement bien traité, ainsi que pour les questionnements sur l’identité de genre. Il y a juste le passage ou Mahu repousse plusieurs fois Robin contre un mur que j’ai eu du mal à comprendre. J’ai vu ça comme pour signifier que Robin est dos au mur suite à ce qu’il a ses actions, et que peut importe ou il essayait de fuir, il se retrouverait à chaque fois devant le fait d’assumer ses actes. Mais vue que le passage durait sur plusieurs planches, j’ai du doute sur la véritable signification de cela.

    Aimé par 2 personnes

    • Sur ce passage, j’ai plus un sentiment d’insistance sur la réaction et la colère de Maru, j’ai trouvé ces quelques pages assez ouf (j’ai mis la planche la moins explicite).
      J’ai vraiment l’impression que l’auteur a réussi à retranscrire les sentiments extrêmes qui devaient le tirailler à ce moment-là.
      En tout cas, je l’ai vraiment ressenti comme ça à la lecture et c’était particulièrement saisissant.

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  2. Ravie de voir que ton article sur le premier tome est plus consulté c’est chouette et plein d’espoir.
    Pour revenir à ce tome, j’ai été très choquée par LA scène et il ne m’en aurait pas fallu plus. La mise en scène bien que partiellement elliptique ou peut-être justement pour ça est hyper puissante et impactante. C’est effectivement vraiment prenant dans les questionnements sur le genre et surtout l’identité que ça pose.
    J’ai aussi adoré l’intrication de plus en plus grande avec le jardin. Je me pose mille questions.

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    • On est un peu tous dans la même situation je crois, sur les différents points que tu évoque.

      Pour la scène en question, c’est toujours compliqué je pense de mettre ce genre de chose en scène et je trouve que l’auteur s’en sort très bien en mêlant notamment deux choses en une dans la scène. D’un point de vue narratif ça fonctionne du tonnerre, et j’ai le sentiment qu’il a conscience d’avoir traité de quelque chose de grave. Ce serait compliqué d’expliquer sans en dire trop, et surtout je ne suis clairement pas le mieux placé pour en parler, mais ça m’a questionné.
      Et je l’ai un peu évoqué, mais là mise en scène concernant Maru ensuite m’a vraiment bluffé. Pas de grosses ficelles mais une exécution très fine qui retranscrit parfaitement les sentiments du jeune homme.
      Vraiment un tome brillant !

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      • Oh mais je te rejoins tout à fait, il a réussi à dire beaucoup, à faire comprendre la violence physique, psychologique et émotionnelle de la chose, sans tomber dans le trop, en flirtant juste avec la limite pour moi. Et oui, le contre-champ ensuite avec Maru, sa froide réponse où il semble tout maîtriser est hyper percutante, sans parler de la beauté des mots qu’il sait trouver. J’ai vraiment adoré !
        On est d’accord, c’est brillant.

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  3. Je l’ai reçu, mais je ne l’ai pas encore lu, j’attends « le » bon moment, donc être au calme et avoir du temps pour moi sans être dérangé, mais j’adore trop cette série, et la fin du T5 m’avait fait péter un plomb !

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  4. Bien content d’avoir attaqué le titre sur tes conseils.
    au départ j’avais un peu peur que le titre se perde entre une partie survival à la walking dead et la partie plus SF inspirée d’Akira. Au final c’est très réussi et de plus en plus dense en plus de jouer le suspens avec réussite.
    Le seul bémol pour moi vient des dessins et surtout du charadesign. pour moi c’est vraiment faible, beaucoup de perso qui se ressemblent ou qui manquent un peu de « classe » (la comparaison avec Akira qui lui aussi ne manque pas de défaut pique un peu de ce point de vue là)

    quoiqu’il en soit j’attends maintenant la suite avec impatience !

    Aimé par 1 personne

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