Bilan de Janvier 2022

Le mois de janvier s’achève avec la sortie fracassante du nouveau jeu Pokémon, d’autant plus attendu qu’il ambitionne de renouveler la formule de la saga. Pour ma part, je l’ai commencé également, mais y ait encore assez peu joué. Mais j’avoue que le changement de formule fait du bien, quand je vois qu’à côté, je n’arrive vraiment pas à me mettre au précédent, sorti il y a seulement deux mois (ce choix de planning de sortie me laissant on ne peut plus circonspect). Mais c’est aussi le mois où les premières grosses sorties manga de l’année arrivent, avec un mois de février qui promet un embouteillage encore plus conséquent. Et au milieu de tout ceci, Nightmare Alley, nouveau film de Guillermo Del Toro, qui sort dans l’indifférence générale alors que c’est un moment de cinéma aussi rare que précieux, puissant et exigent (exigent en terme de fabrication, car cela reste un film très accessible, en dépit de sa noirceur folle).

Tout ça pour dire qu’il s’en est passé des choses ce mois-ci, et que, comme à mon habitude désormais, je ne cherche pas à en parler de façon exhaustive, mais plutôt de mettre la lumière sur ce qui me semble le plus intéressant. En commençant par une petite réflexion perso !

On aime le goût du sang !

En janvier, une des « grosses » nouveautés était Oshi no Ko, chez Kurokawa. Une série que l’on doit à Aka Akasaka, l’auteur de Kaguya-Sama, et Mengo Yokoyari au dessin (aucune idée de si cette personne a fait autre chose dans sa carrière). Une série que j’attendais avec énormément de méfiance compte tenu de son pitch et du cadre de son récit, sur fond d’idols et de monde du spectacle en général, mais aussi avec un peu de curiosité, parce que j’aime vraiment énormément Kaguya-Sama, et aussi, je l’avoue, parce que la série était assez attendue, ce qui me rend toujours curieux.
Et il s’avère que de mon point de vue, tout personnel bien entendu, cette série est tombée dans tous les écueils que je craignais et non seulement ne m’a pas plu (sur la base de ces deux premiers tomes, évidemment), mais m’a en plus énervé. De ce fait, j’avais le sentiment d’avoir un angle un peu intéressant pour l’aborder, et d’avoir des choses qui me semblaient pertinentes à dire dessus. Si je n’avais simplement pas aimé, je pense que je me serai abstenu car je préfère me focaliser sur ce que j’apprécie…

Ce qui n’est visiblement pas le cas des gens qui passent sur les réseaux sociaux, car l’article a fait un véritable carton et a été repris plusieurs fois, ce qui m’a surpris. Pour donner un ordre d’idée, l’article a été lu plus de 550 fois, chiffre que les simples avis lectures atteignent rarement, et encore moins en quelques semaines. Et j’ai eu plusieurs retours à ce sujet, dont certains qui m’ont dit trouver plus intéressant les avis négatifs.

Je dois avouer que sur ce point, je ne sais pas trop comment me situer, car je n’ai pas envie d’écrire plein d’avis négatifs dès que je lis quelque chose qui ne me plait pas (par exemple je ne vois pas trop l’intérêt d’écrire sur Dragon Ball Super, car c’est une ambulance sur laquelle il est facile de tirer), mais je constate que ça donne envie de lire. Et d’une part, c’est quand même agréable quand on écrit d’être lu, et surtout, ça peut occasionner des échanges intéressants.

Mais, il y a deux « mais » pour moi. Déjà, je préfèrerai qu’on lise mes articles très enthousiastes sur certaines séries. Par exemple, mes articles sur A Journey Beyond Heaven qui a du mal à trouver son public, et que j’aime énormément, marchent beaucoup moins bien (l’article sur le premier tome est à un peu plus de 300 lectures en un an et quelques mois, la différence est énorme). L’idée est que je préfère donner envie de s’intéresser à un titre que d’en fuir un.

C’est d’ailleurs pour ça que je prends des pincettes quand je donne des avis si négatifs. D’ailleurs, quelqu’un sur twitter a déploré le fait que l’on puisse ne pas vouloir tenter Oshi no Ko sur la base de mon article. Si je comprend cet avis, partant du principe que la personne doit apprécier la série, je me dis aussi qu’il vaut mieux mettre en garde, et donner un maximum d’informations sur le titre en question pour éviter les déconvenues. Car si on achète les deux tomes d’un coup, on approche quand même la quinzaine d’euros dépensés, ce qui représente une somme loin d’être anodine.

De ce fait, je me questionne un peu à la fois sur mon rapport à l’écriture d’avis négatifs (personnellement, je trouve ça intéressant quand j’ai des choses en particulier à dire, mais je n’ai pas envie de me forcer à défoncer des titres pour le plaisir), et sur les retours à ce sujet. Mais partant du principe qu’une œuvre aimée de tous et toutes n’existe pas, je me dis surtout que ce n’est pas très grave si moi, je n’aime pas ce manga. Je vois de toute façon beaucoup de monde en parler sur les réseaux, donc je suppose que le titre trouvera son public.

Le Del Toro nouveau est arrivé !

Pour moi l’événement majeur du mois, qui n’a rien à voir avec le monde du manga, mais qu’on peut quand même relier à la « culture otaku » en faisant un petit effort, puisque Guillermo Del Toro fait clairement partie de ces cinéastes qui baignent dans des influences plurimédiatiques, dont le manga, le jeu vidéo et l’animation japonaise font partie.

Alors que La Forme de l’eau en 2017 avait valu à Del Toro la reconnaissance enfin méritée, puisqu’il lui a permit d’avoir l’oscar du meilleur réalisateur et du meilleur film, en plus d’un vrai succès public (195 millions de dollars rapportés pour un budget de 19 seulement), il revient 4 ans après avec Nightmare Alley, qui traite en filigrane du rapport du cinéaste à ce succès tardif, mais aussi à un certain état de l’industrie hollywoodienne.

Del Toro n’est en effet pas n’importe qui dans le monde du cinéma. Très clairement un cinéaste à l’avant garde en terme de technique et d’innovations visuelles, il n’avait jamais connu de franc succès public, y compris avec son blockbuster Pacific Rim, lui valant de rester un cinéaste porté aux nues (à juste titre) par un public un peu nerd sur les bords, à même de capter la substantifique moelle de son œuvre. Et alors que La Forme de l’eau a enfin touché le grand public et les institutions, lui ouvrant par la même la voie vers plus de liberté créative et un contrat juteux avec la Fox (pré-rachat par Disney).

Et si j’évoque tous ces aspects, c’est parce que Nightmare Alley, en nous racontant l’histoire d’un charlatan qui se fait passer pour un médium après avoir travaillé quelques temps pour un cirque itinérant, semble totalement poser la question de la position de Del Toro dans le paysage cinématographique actuel. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne semble pas avoir une vision très optimiste de ses possibilités dans ce cadre.

Car, il faut le rappeler, Del Toro est un réalisateur malchanceux, qui a eu autant de projets annulés que de films qui se sont bel et bien concrétisés. Je pense que l’explication peut venir de plusieurs facteurs, d’une part son absence de succès commercial, qui lui donne moins de poids dans l’industrie, mais aussi l’absence de concessions dont le cinéaste est prêt, préférant parfois laisser de côté des projets s’il n’a pas l’assurance de pouvoir faire comme il l’entend.

Et je vois dans le personnage principal du film, interprété par Bradley Cooper, une figure ambiguë qui représente en partie cela, mais sous la forme d’un miroir inversé. Si il s’agit de la première fois de mémoire qu’un personnage principal de Del Toro est si sombre, c’est peut-être lié à une volonté de parler de sa position dans le cinéma, et des difficultés qu’il rencontre à cause de ce qu’est cette industrie.

Mais même au-delà de ça, on est face à un film qui rappelle quelle est la saveur du grand cinéma. Car on est face à un métrage d’une beauté renversante (comme toujours avec Del Toro), parfaitement ciselé et écrit (les 2h30 passent à une vitesse folle !), d’une très très grande richesse dans ce qu’il raconte par le biais de ce personnage, jusque dans un final d’une dureté folle qui va, je pense, me hanter longtemps.

C’est en cela que ce film est si précieux, et le fait qu’il se ramasse déjà copieusement au box office (il a déjà terminé sa carrière aux États-Unis, à environ 10 millions de dollars, et semble à peine mieux parti dans le reste du monde, alors que son budget est de 60 millions…) semble donner raison à Del Toro sur le fait qu’un artiste tel que lui se retrouve niqué par le système, exactement à la même façon que Lana Wachowski dont j’avais récemment parlé.

Et pourtant, je pense sincèrement que Nightmare Alley est un pur chef d’œuvre, surement un des films les plus denses, puissants et maitrisés de son réalisateur, et qu’il mérite très clairement d’être vu, et en salle si possible, comme Martin Scorsese nous y invite.

Finissons sur une note positive !

Oui, on va pas non plus sombrer dans la dépression juste parce que ma plus grande passion va vraiment mal (je parle du cinéma, en particulier du cinéma hollywoodien). D’une part, il faut voir le verre à moitié plein, Nightmare Alley existe, c’est déjà une chance (dont seulement 2 millions de personnes dans le monde ont conscience actuellement, puisque personne ne va voir le film), et puis il y a plein d’autres médias qui nous offrent de très belles histoires. Et ça tombe bien, parce que ce blog est quand même dédié au manga en premier lieu !

Et en terme de manga, il y a eu de belles choses. D’une part, la nouvelle création originale de Ki-oon, Léviathan, m’a vraiment bien plus avec sa vibe Sa Majesté des Mouches (on est encore dans la grosse rigolade du coup).
Mais en plus, on a eu droit à un tome de Beastars, qui reste encore et toujours une merveille absolue. Et à côté, on a eu d’autres belles voire très belles sorties, comme le tome 7 de Kaguya-Sama sur lequel je n’ai pas écrit, mais rassurez-vous, il est excellent, tout comme le tome 11 de Iruma à l’école des démons, qui m’offre enfin quelque chose que j’attendais depuis un moment (mais que je ne vais pas dévoiler !).

Également, ce mois-ci marque une grosse avancée pour Mangas.io, site et application de lecture de manga par abonnement, dont j’ai parlé plus en détails dans un article dédié, avec l’arrivée de Kana au catalogue, proposant en plus des séries très grand public séduisantes ainsi que des nouveautés. 
De quoi rendre l’offre vraiment intéressante, et, pour ma part, je garde un œil plus qu’intéressé dessus, et je réfléchis à comment en parler par la suite, éventuellement en proposant de temps en temps un article sur mes lectures sur la plateforme.

Mais surtout, j’ai eu l’occasion de binge reader la série Blizzard Axel, de Nakaba Suzuki, l’auteur de Seven Deadly Sins. J’en ai fait un retour sur twitter au fil de la lecture des tomes, mais j’en ai surtout proposé un long article (que vous pouvez trouver ICI), dont je suis plutôt satisfait car j’ai l’impression d’avoir touché du doigt quelque chose d’intéressant (mais ça, c’est à vous de me le dire, car c’est quand même particulier de dire soi-même que ce qu’on fait c’est super, vous en conviendrez !). Quoi qu’il en soit, la série a su résonner très fort en moi, et m’a donné furieusement envie de reprendre la lecture de Seven Deadly Sins… D’autant plus que la nouvelle série de l’auteur se déroulant dans cet univers (Four Knights of Apocalype) arrive dans quelques jours, et pour tout vous dire, je devrais la recevoir de la part de Pika, et j’en attend vraiment beaucoup.

On peut déjà lire un extrait d’une soixantaine de pages sur le site de l’éditeur, et ça a beau être classique, j’accroche déjà terriblement, notamment grâce au trait puissant de Suzuki (et puis il faut dire que tu me fous un gosse qui vit avec son grand-père, je suis déjà conquis). Ce sera surement LA grosse sortie de février pour moi, mais il va y avoir encore plein de suites de séries et autres nouveautés qui vont surement me ravir (en tout cas je l’espère).

D’ailleurs, j’ai quand même envie de déjà signaler la sortie le 3 février de Android Type One chez Omake Manga, d’une part parce que c’est une série courte en 3 tomes qui m’intrigue beaucoup (j’ai déjà commandé le tome, on en parlera très vite !), mais aussi parce que l’éditeur semble assez peu suivi alors qu’il fait du super travail je trouve… Et j’espère que les mettre un peu en avant les aidera à grandir pour qu’ils continuent d’éditer des mangas de Rensuke Oshikiri, j’avoue !

Mais quoi qu’il en soit, c’est déjà couru d’avance que la sortie du mois de février pour moi sera le tome 18 d’Edens Zero, avec sa couverture magnifique mettant parfaitement Rebecca en valeur. On ne se refait pas (ça pourrait d’ailleurs être le titre de cet article, où je me suis plaint, où j’ai fait des constats négatifs, mais avec aussi un peu de positif quand même) !

Excellent mois à vous !