New Love New Life ! T.1 de Nemu Yoko – Parce que les jeunes peuvent bien travailler 45h/semaine !

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Parfois, l’actualité du monde réel semble nous rattraper même dans nos pratiques de loisir. Alors que je reçois de la part de Kana le premier tome de New Job New Life de Nemu Yoko (qu’ils en soient remerciés), la question des 45 heures de travail pour les jeunes se pose, suscitant une irritation toute légitime sur les réseaux, avec dans le même temps des voix dissonantes invitant les feignants qui ne travaillent que 35 heures à se remettre en question. Le rapport avec le manga dont il est question aujourd’hui ? Hé bien tout simplement que cette nouvelle série dans la collection Life exemplifie totalement cette idée de la dévotion totale à son travail et de la culpabilisation des gens qui auraient simplement envie d’avoir une vie en dehors.

Resituons la série

Il convient de resituer la série avant toute chose, car si elle nous est vendue par l’éditeur comme la préquelle de la très bonne série First Job New Life, ce n’est pas exactement ça. En réalité, New Love New Life est le premier titre publié de Nemu Yoko, dans le magazine Feel Young en 2008 (First Job New Life a été publié l’année suivante), et compilé en trois tomes reliés. Si on peut se demander pourquoi Kana a choisi de publier les deux dans l’ordre inverse, le fait est qu’en soi, ça ne change rien car les deux séries partagent une ambiance, des thématiques, et un cadre général, mais sont bien autonomes.

Ainsi, on peut sans souci se lancer dans ce nouveau titre sans avoir rien lu d’autre de la mangaka, sans y perdre quoi que ce soit, puisque c’est comme cela qu’il a été publié au Japon. Et comme je l’ai dit en introduction, il s’avère que le titre tombe en plein dans l’actualité puisqu’il parle de la dévotion totale à son travail, au détriment de sa vie personelle.

Momoko débute dans le monde du travail avec un poste de graphiste. Mais l’agence pour laquelle elle travaille, spécialisée dans les éléments pour les Pachinkos ? sortes de casino japonais ? est invivable. Entre les heures sup’, la mauvaise humeur du directeur commercial, les collègues qui dorment à tour de rôle sur un matelas de fortune, Momoko a de bonnes raisons de vouloir claquer la porte… Malgré tout, grâce à son nouvel amour, Momoko va trouver une certaine forme d’épanouissement à travailler dans ce joyeux chaos.

Mon avis sur ce premier tome

Si j’ai bien insisté sur l’actualité du monde du travail qui accompagne la sortie de ce tome, c’est en partie car je n’ai pas pu décorréler ma lecture de cet aspect. En effet, si le mot « Love » est mis en avant dans le titre, j’avoue que c’est plus le côté « Job » qui prend le dessus, au point où la jeune Momoko que l’on suit va clairement voir sa vie sentimentale mise à mal par son travail.

En la suivant dans ses premiers pas dans un travail dont elle ne voulait pas vraiment, on voit comment l’engrenage se met en place pour la pousser à toujours donner plus professionnellement, au détriment de sa vie personnelle. Cet aspect est particulièrement frappant par la répétition constante dans la première partie du volume de la phrase « de toute façon je vais démissionner », qui laisse à penser que Momoko ne tient vraiment pas à ce travail qui l’épuise. Mais une chose en entraînant une autre, elle se retrouve à accepter une chose, puis une autre, à faire des concessions, et même à culpabiliser de ne pas se donner entièrement à son travail.

C’est en ça que je trouve le titre passionnant, car il nous fait vraiment bien ressentir cet engrenage professionnel qui finit par donner l’impression que c’est normal d’en faire toujours plus, que c’est normal de sacrifier sa vie et sa santé, alors que non. Cependant, pour être parfaitement honnête, on sent une évolution dans le personnage au fil du tome. Elle se sent de plus en plus à son aise dans son travail et en confiance avec ses collègues. Elle rencontre quelqu’un qui lui fait voir le bon côté des choses, et de ce fait, il semblerait que la situation tende à se normaliser.

De ce fait, je me demande quand même si, sur ses trois tomes, le titre ne va pas aller dans une vision plus positive du travail à outrance. Questionnement d’autant plus légitime que dans la culture japonaise, le travail semble valorisé à l’excès. Il faudra donc voir sur la totalité de quoi il en retourne sur ce point. Ce qui est certain, c’est que la description de cet engrenage professionnel en début de volume est particulièrement bien retranscrite et apporte beaucoup à la lecture, conférant un rythme soutenu qui colle à la course constante contre le temps et le stress qui en découle pour notre héroïne.

En conclusion

Ainsi, de par sa thématique fondamentale (selon moi) et l’intelligence dans son traitement (qu’il faut quand même tempérer, car selon l’évolution du récit, on pourrait avoir un discours trop complaisant sur le monde du travail), New Love New Life commence très bien. Je n’en suis pas vraiment étonné car j’avais déjà beaucoup apprécié First Job New Life de la même autrice. Et on retrouve clairement tout ce qui faisait le sel de cette série dans ce nouveau titre. De ce fait, c’est une fois de plus d’un titre très recommandable dont la collection Life se pare, et qui traite d’un sujet absolument central dans nos vies à tous (ou presque), et qui sait pointer du doigt certaines choses vraiment essentielles.

18 commentaires

  1. Je n’ai lu que l’intro et la conclusion car je dois recevoir et lire le titre prochainement, mais j’ai bien ri de ton angle d’attaque. Je suis contente de lire que tu as retrouvé ce qui t’avait plu dans sa précédente série chez nous. C’est très bon signe car j’avais aussi beaucoup celle-ci pour ces raisons. J’ai hâte et j’espère bien retrouver une critique ainsi du désir de notre président et ses collaborateurs provocateurs è_é

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    • Le souci c’est que les japonais ont lair d’avoir un rapport hardcore au travail, donc même si il peut y avoir une remise en question de ce modèle, on sera encore vachement plus hard que ce qui se passe en France.
      Mais on est d’accord qu’il va falloir arrêter de faire iech les gens parce qu’ils bossent 35h ces feignasses. C’est bien suffisant et compte tenu du fait que 80% des gens sont mal payés, on devrait peut être s’intéresser à ça avant de vouloir faire travailler davantage. Sauf bien sûr si on suit l’idée d’un ancien président qui prônait de travailler plus pour gagner plus…
      Mais ça devient trop sérieux alors qu’on parle d’un domaine qui apparemment veut dire « dessin futile » 😄

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      • Je me doute que les japonais n’ont pas le même rapport que nous, j’espère juste que ça continuera à faire réagir le lecteur français de manière critique.
        Et oui, restons léger, ça fait tellement de bien à notre tension, car malgré ce qu’on dit que ces feignant de fonctionnaires, nos boulots la font bien monter en ce moment ^^!

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  2. Le hasard fait bien les choses pour la sortie de ce titre ! Vu ce que tu en dis je crains aussi que ça tourne dans une vision complaisante du travail à outrance. Je l’ai vécu aussi quand je dis que je n’ouvre pas ma boîte mail pro en vacances je me fais regarder comme une alien et je dois chaque fois rappeler que les congés c’est fait pour se reposer. T’as toujours à ce moment là un déclic des gens comme si je venais de leur donner la grande vérité de l’univers 😅

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    • J’ai aussi des collègues comme ça, qui trouvent indécent qu’un responsable de service débranche totalement lorsqu’il est en congés, ça me fait halluciner personnellement.
      Étant une petite main pas beaucoup payée, la question ne se pose même pas pour moi 😅

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      • Je ne supporte pas cette mentalité perso, être en congé ce n’est pas un gros mot -.- Et avoir une vie en dehors du travail non plus. Quand je bosse, je m’investis à 100% et quand j’ai terminé, j’ai terminé, c’est mon droit.
        Mais bon du coup je vais attendre de savoir où se dirige ce titre pour décider si je le lis ou pas xD

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  3. Bon Dieu, j’adore mon travail et (la plupart) de mes abonnés, mais je passe déjà 39h par semaine dans ma bibliothèque, c’est déjà bien assez à mon goût 😉
    Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il s’agit d’un titre a ne surtout pas mettre entre les mains de mon responsable. Il serait capable de trouver l’idée des 45h de travail hebdomadaire excellente >.<

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  4. « C’est en ça que je trouve le titre passionnant, car il nous fait vraiment bien ressentir cet engrenage professionnel qui finit par donner l’impression que c’est normal d’en faire toujours plus, que c’est normal de sacrifier sa vie et sa santé, alors que non. » +1

    Enfin lu, donc je passe 🙂

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