Mon avis sur… Vinland Saga T.25 de Makoto Yukimura

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Si l’attente de 8 moins entre chaque tome de Vinland Saga est dure, il est clair qu’à chaque nouveau volume, on est récompensé tant Makoto Yukimura est constant dans l’excellence et nous propose un récit mené de main de maître. C’est d’ailleurs surement son rythme de parution qui lui permet de tirer le meilleur partie de son talent de conteur. Car si la série avait débuté en hebdomadaire, Yukimura est depuis longtemps passé à un rythme bien moins soutenu d’un chapitre d’une vingtaine de pages par mois. Cela nous fait moins de régularité dans les sorties, mais on ressent à la lecture un travail bien plus précis et méticuleux que sur les hebdomadaires, chose nécessaire pour réussir à mettre en images un récit aussi ambitieux que celui de Vinland Saga.

Alors que le tome 24 avait un aspect transition et lançait le dernier arc de la série (pour rappel, Yukimura a annoncé il y a plus d’un an qu’il lui restait une cinquantaine de chapitres à faire, on peut donc tabler sur une fin d’ici 4 ans avec une trentaine de tomes en tout), une grande avancée a lieu ici puisque Thorfinn et toute sa bande arrivent enfin au Vinland, et commencent à s’y établir.

À partir de là, le volume n’aura de cesse de renvoyer aux événements du fabuleux arc des esclaves, chose tout à fait logique puisque c’est durant cette partie que Thorfinn a non seulement apprit à travailler la terre (chose indispensable ici), mais aussi, qu’il a vécu des événements qui l’ont amené à renoncer à la violence pour tenter de s’établir au Vinland. De même, Thorfinn et Einar ont apporté avec eux un buste à l’effigie d’Arneis, la femme esclave tuée par Ketil durant l’arc, et dont la mort a été un électrochoc pour les deux héros. Ainsi, le village qu’ils commencent à établir finit par être nommé naturellement le village d’Arneis.

Tout cet aspect me semble fondamental pour apprécier l’évolution du personnage de Thorfinn, qui reste le cœur de tout le récit. Il est constamment observé par les autres, qui n’arrivent pas toujours à saisir la complexité des pensées de cet homme. On l’a vu dans le tome précédent, certaines personnes l’ont rejoint avec dans l’idée de renverser son autorité plus tard, et ont caché des armes dans ce dessein. De ce fait et fort logiquement, ils n’apprécient pas le pacifisme de Thorfinn. Et dans le même temps, Hilde continue de l’observer afin de jauger son évolution, et voit toujours une nature de guerrier en lui.

Mais, surtout, un des éléments fondamentaux de ce tome, comme dans le précédent, est le rapport à la famille. Il passe par plusieurs personnages, que ce soit le vieux Leif auquel Thorfinn fait ses adieux en début de volume, trop vieux pour les rejoindre, ou encore Karli, l’orphelin adopté par Thorfinn et Gudrid, qui se révèle une figure très intéressante. Hilde capte une grande intelligence chez cet enfant de 4 ans, et me semble renvoyer à une scène précise du volume précédent, où une autre figure de l’enfance est aussi mise en avant de par sa grande intelligence.

D’une part, j’ai le sentiment que Yukimura utilise ceci pour mettre en avant une évolution dans le regard de cette civilisation sur ce qui la cimente, passant de la valorisation de la force guerrière (comme on le voyait avec Thorfinn enfant) à une mise en avant de l’intelligence et de l’empathie. Cela me semble d’autant plus évident que les figures parentales sont multiples dans la série, et qu’on constate une grande importance accordée à la transmission, mais aussi au fait parfois d’aller à l’encontre de ce que sont les parents. Makoto Yukimura étant père de trois enfants, il me semble que cette piste de réflexion n’est pas une vue de l’esprit mais bien quelque chose de traité sur la durée par le mangaka.

Enfin, puisqu’on est quand même arrivé au Vinland, une rencontre avec les amérindiens se préparer, et pourrait être plus compliquée que prévu compte tenu de certaines personnalités en présence dans le camp de Thorfinn.

Quoi qu’il en soit, ce volume fait encore un grand pas en avant en terme d’intrigue, rapprochant toujours plus Thorfinn de son rêve. Et surtout, Yukimura sait prendre le temps nécessaire pour densifier ses thématiques et réflexions, proposant une fresque humaniste toujours aussi dense et intelligente, confortant toujours plus le statut de chef d’oeuvre de sa série, portée par un personnage admirablement écrit.

11 commentaires

  1. Encore une bien belle chronique qui me permet d’avoir un regard complémentaire avec ce que j’avais trouvé dans l’oeuvre. Je n’avais pas pensé à ce passage de relais des valeurs et c’est pourtant terriblement vrai maintenant que tu le dis.
    Moi, ce qui m’avait frappé, c’est cet éclaircissement de l’horizon de Thorfinn matérialisé entre autre par son changement de coiffure, cheveux en arrière et yeux dégagés. J’ai trouvé la symbolique très belle.
    J’ai aussi été émue par les retrouvailles avec Leif, tout comme parce celles avec Arnéis. C’était un bel hommage à chaque fois. L’histoire est banale en soi mais racontée avec tellement d’humanité que j’en suis toute émue à chaque chapitre ❤

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