Mon avis sur… Skilled Fast T.2 et 3

Après un premier tome qui m’avait bien accroché grâce à un concept intéressant et une écriture à la hauteur, j’avais hâte de connaitre la conclusion du thriller cyberpunk français Skilled Fast. Le troisième et dernier tome étant sorti, c’est l’occasion de revenir (sans spoiler) sur ce récit tenu de bout en bout par son auteur, qui compense des faiblesses visuelles par une écriture tout à fait plaisante, capable de proposer de belles pistes de réflexion sur des thématiques propres au genre, comme nous allons le voir.

Merci à H2T pour l’envoi de ces deux volumes.

Mon avis sur le premier tome ICI


Resituons un peu l’histoire de la série. Dans un futur proche, la plupart des gens possèdent des « Skilled Fast », des logiciels implémentés dans leur corps par le biais d’augmentations cybernétiques, qui leur permettent de développer des aptitudes particulières sans passer par de fastidieux phases d’apprentissage. Dans les faits, n’importe qui d’assez fortuné peut se payer un skill lui permettant d’être un virtuose du piano, un pilote d’exception ou un artiste fabuleux, etc… Un bon moyen de creuser des inégalités puisque les skills n’ont pas tous la même valeur, mais aussi un bon moyen d’aller contre les limites du potentiel humain.

Déjà là, nous avons un terreau fertile à des questionnements éthiques sur la technologie mise en scène, mais également sur le devenir de l’humanité, les questions du corps, des augmentations cybernétiques et des limites de l’humain étant récurrentes dans le genre cyberpunk. Hachin s’approprie fort bien le sujet dès son premier volume, en arrivant à s’ancrer dans des interrogations vues et revues du genre tout en proposant quand même une vision qui lui est propre, s’insérant de fait dans un continuum de pensée où chaque nouvelle œuvre apporte sa petite singularité.

Ainsi, si vous êtes adepte de William Gibson, Bruce Sterling, ou encore de Matrix, A Scanner Darkly ou que sais-je, vous serez en terrain connu et retrouverez rapidement vos marque, au risque de peut-être constater un petit manque d’originalité, il est vrai.

Scène de crime

L’auteur développe ses thématiques dans le cadre d’un thriller, où le détective Roman Kirkgard traque un tueur en série surnommé NoSkill, qui retire aux gens leur Skilled Fast contre leur gré. La plupart du temps, les victimes finissent par se suicider, n’étant pas capable d’encaisser psychologiquement la perte de leurs skills et l’impossibilité d’en ravoir suite à l’intervention du tueur. Roman en a été victime, et ne peut donc plus utiliser de skill. Évidemment, on le comprend assez vite, mais si NoSkill fait tout ceci, c’est avant tout pour faire passer un message sur l’utilisation de ces skills et les dangers que cela représente.

Ainsi, toute la série s’évertue à poser les questions éthiques et mettre en avant les dangers de ce type de technologie, tout en proposant une intrigue de thriller plutôt bien menée, où l’identité et les motivations du tueur sont un des enjeux principaux. La courte durée de la série (3 tomes) permet une histoire sans temps mort, qui ne se perd pas en circonvolutions inutiles, tout en réussissant à proposer une certaine richesse thématique, comme je l’ai souligné plus haut.

Mais si le récit sait tenir en haleine du début à la fin, il faut malgré tout noter une conclusion qui, bien que réussie d’un point de vue narratif et thématique, semble quand même un peu grosse sur certains aspects. Si cela ne gâche pas la fête et les belles idées de l’auteur, il convenait tout de même de le souligner.

En résulte donc une série courte vraiment solide, et une très belle surprise pour ma part. Comme je l’ai déjà dit, il faut surtout voir comment on se situe par rapport au genre cyberpunk. Car si le titre propose une porte d’entrée accessible et intéressante, il est également vrai que dans un genre qui a connu au fil de sa quarantaine d’années d’existence un certain nombre de monuments avant-gardistes, il est compliqué de renouveler les questionnements. Pour ma part, et en me plaçant en adepte du courant cyberpunk, j’y ai trouvé mon compte car l’auteur évite l’envie d’originalité à tout prix qui aurait pu être dommageable, et préfère au contraire proposer un récit classique pour le genre, mais très efficace.

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10 commentaires

  1. Le principe me paraît sympa ! Même si oui, classique, toutefois je n’ai pas lu tant de cyberpunk que ça du coup ça ne me gêne pas outre mesure 🤷 bref,merci pour la découverte ! J’y jetterai un œil si je le trouve en bibliothèque.

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