L’édito de la semaine #18

Cela faisait plusieurs semaines que je n’en avais pas fait, mais là, j’avais envie de proposer un nouvel édito. Je pense d’ailleurs ne plus forcément en faire à un rythme hebdomadaire, mais seulement de temps en temps en fonction de ce qui se passe et de mes envies.

Et là, j’en ai envie ! Il y a deux semaines, j’avais fait un tweet innocent où je me questionnais sur la possibilité de réussir à suivre toutes les séries manga qui nous intéressent. Questionnement tout simple qui me semblait innocent, et qui a suscité finalement pas mal de réactions… Qui semblent souvent ne pas avoir compris ce que j’avais en tête (qui n’est en effet pas explicité dans le tweet).

En fait, mon idée était toute bête : avec les centaines de séries manga qui sortent chaque année, et les dizaines et dizaines de tomes qui sortent chaque mois, voire semaine, est-ce qu’il est possible financièrement de s’en sortir ?

Erza achats de la semaineMon idée, personnellement, est que non. Et que ce n’est de toute façon pas le but du monde de l’édition. On est évidemment tous plus ou moins limités en fonction de nos moyens. Certains plus que d’autres d’ailleurs. Car j’ai parfois l’impression quand je vois les photos des achats mangas qui passent sur twitter qu’on est finalement entourés de Crésus sur les réseaux, ce qui dans les faits ne doit pas être le cas, à moins que j’ai une vision très faussée des revenus moyens des gens (il me semblait qu’on est majoritairement des pauvres pour que la minorité de riches puisse devenir plus riche).

Mais on s’écarte du sujet. L’idée est simple : il y a des tonnes de mangas qui sortent, et quand on est bon public comme moi et qu’on aime beaucoup de séries, hé bien fatalement, on se retrouve noyé et il faut forcément faire des choix. Est-ce très grave ? Je ne pense pas. Ce n’est pas une fatalité de ne pas pouvoir lire tout ce qu’on voudrait, de toute façon on n’aura jamais le temps ni les moyens pour, il faut réussir à se faire une raison là-dessus. Et puis il y a des solutions pour palier à la question du budget, notamment les sacro-saintes médiathèques (me concernant, je pense qu’une bonne moitié de mes lectures mangas viennent de médiathèque).

Cependant, de l’autre côté du spectre, il y a des éditeurs, des auteurs, etc… qui se retrouvent dans une situation de concurrence constante avec les autres sorties, qui fait qu’une écrasante majorité des titres sont déjà foutus d’avance, tant il y a de titres qui sortent. Et évidemment, on sait d’avance lesquels ont le plus de chance de s’en tirer (en principe, c’est toujours mieux s’il y a écrit « shonen » sur la couverture). Et si d’un côté avoir pléthore de titres qui sortent a l’avantage de proposer une certaine diversité dans l’offre, cela profite globalement un peu toujours aux mêmes titres.

D’ailleurs, les récentes polémiques au sujet des titres qui se retrouvent en fin de commercialisation et ne sont pas réimprimés ne sont pas totalement déconnectées de ça je pense. Quand un éditeur propose une vingtaine de volumes chaque mois, j’imagine qu’il finit par rapidement choisir les titres à privilégier en terme d’investissement en comm et en réimpression (ceux qui rapportent, évidemment). Chose somme toutes assez naturelle, mais qui se fait au détriment de ce qui marche moins, qui semble condamné à ne pas pouvoir réellement vivre sa carrière et toucher un public suffisant. Et ce point en particulier m’attriste un peu, je dois dire (surtout quand je me lance dans une série qui finit par avoir des tomes en rupture qui ne sont jamais réimprimés… la pénurie de papier n’aidant pas à ce stade).

Deku Chihaya

Mais du coup, pourquoi sortir autant de titres ? Je dois avouer ne rien connaitre du tout au monde de l’édition et sur ce point je vais éviter de dire d’énormes conneries de ce fait. Par contre, le manga et le livre en général font partie des industries culturelles, et avec le temps j’ai fini par comprendre que depuis des années, les différents médias se retrouvent tous en concurrence les uns avec les autres à la fois pour notre blé (le nerf de la guerre), et pour cela, ils doivent d’abord s’accaparer notre temps. Ainsi, un des enjeux majeurs des industries culturelles est la rétention des usagers.

Le monde du jeu vidéo l’a particulièrement bien compris, et je serai même tenté de penser que le principe de rétention est dans son ADN depuis sa naissance, tant le médium exige un investissement conséquent en temps.

Ainsi, je serai tenté de penser que le monde du manga souhaite aussi avoir des adeptes « captifs », dont le temps et le budget part essentiellement, voire exclusivement dans l’achat de mangas (et produits dérivés, puisque la rétention s’accompagne de mécanismes pour faire dépenser un max de pognon, en proposant toujours des nouveaux trucs à acheter). De ce fait, j’ai tendance à penser que proposer un flot constant de nouveautés va dans cette logique.

Le problème étant que même en n’ayant que le manga comme loisir et/ou source de dépense, on ne s’en sort déjà pas. Mais si en plus on a l’audace d’avoir d’autres passions, ça devient d’autant plus compliqué (encore une fois, on rejoint cette question de concurrence entre les loisirs).

Et me concernant, après près de 3 ans à avoir le nez à fond dans le mangas, j’ai envie de revenir un peu à d’autres loisirs, je dois l’avouer. J’ai d’ailleurs lu très peu de mangas ces dernières semaines, privilégiant d’autres plaisirs tels que le cinéma avec Paprika de Satoshi Kon(on reste dans des trucs de japanophile quand même), ou Dune de Denis Villeneuve (surcôté à donf !!!). Mais j’ai aussi eu envie de replonger un peu dans le jeu vidéo, avec la démo de Voices of Cards sur Switch, qui m’a vraiment conquis et que je prendrai sans doute à sa sortie en fin de mois.

Enfin, je me suis remis à la lecture de romans, mais pour pas faire les choses trop brutalement, je lis surtout du roman jeunesse, pas trop long de préférence, pour ne pas passer 1 mois sur un volume. J’ai donc découvert Michael Morpurgo avec Le Lion Blanc (très belle histoire), Roald Dahl avec Un Amour de Tortue (moralement très douteux dans sa valorisation du mensonge et de l’instrumentalisation des animaux), ainsi que L’Ickabog de J.K. Rowling (pas encore fini, mais mon cœur de PotterHead est plutôt content !).

Et mettre un peu le nez ailleurs que dans le manga m’a quand même rappelé quelque chose dont je ne doute plus depuis longtemps, qui est que les belles expériences se trouvent dans tous les médias, et qu’il est dommage de rester bloqué sur un seul. Cela m’évoque encore une fois des choses que j’ai pu lire ci et là sur twitter, qui me font parfois faire les gros yeux, comme lorsque l’on vient affirmer avec aplomb que tel manga n’est pas simplement le manga le mieux écrit de tous les temps (affirmation déjà compliquée à faire si on a pas lu tous les mangas de la création), mais que c’est carrément la plus grande œuvre jamais produite. Je vois souvent dans ce genre d’affirmation le signe de personnes qui, non seulement s’emportent un peu vite, mais également, ne s’intéressent sans doute pas énormément aux autres moyens d’expression.

Ceci est dit sans aucune volonté de faire la morale ou de dire aux gens comment ils devraient vivre leurs passions, j’estime sur ce point que c’est à chacun.e de faire comme il/elle l’entend, et je pense d’ailleurs qu’il ne faut pas forcément suivre mon exemple. Mais il est vrai que personnellement, je nourris une frustration constante (et qui ne date pas d’hier) vis-à-vis du fait que je n’aurai jamais le temps ni les moyens de m’investir dans tous les médias qui me passionnent. Car je reste intimement convaincu qu’il y a tellement de choses intéressantes à trouver dans l’infinité d’horizons qu’on nous propose qu’il faut essayer de voir un peu de tout pour savoir ce qui nous fait le plus vibrer.

Mais c’est comme ça, ainsi va la vie, et ce n’est pas si grave car après tout, on ne vit que pour voir le champ des possibles se limiter de plus en plus au profit de petites crapules qui s’en mettent plein les fouilles sur notre dos. Et les industries culturelles ne font pas exception à cette règle, en témoigne l’accord à l’amiable trouvé entre Scarlett Johansonn et Disney pour continuer à bosser ensemble. Je m’en vais donc retourner lire mes mangas de Mashima et mes romans pour gosse, histoire d’oublier tout ça. Car si certains n’aiment pas du tout l’idée qu’on se plonge dans des mondes fictionnels pour oublier notre condition (ce que je comprend, car les gens qui nous balancent ça nous le disent souvent avec mépris), me concernant, je suis assez à l’aise avec l’idée puisque j’ai du mal à voir de la beauté dans notre monde ailleurs qu’à l’intérieur de ma maison, bien entendu.

43 commentaires

  1. bonjour, comment vas tu? en effet, en tant que lecteur, il est difficile de s’offrir tous les titres qui nous tentent tellement l’offre alléchante est large. je me permets de rebondir sur le point des médiathèques. dans ma ville, il n’y en a qu’une: celle où j’ai bossé et elle est très belle (dans le sens bien fournie) même si coté manga, les collègues doivent faire des choix faute de place. ma collègue responsable du rayon BD/manga adulte m’a souvent demandé des conseils pour les mangas car elle n’y connait pas grand chose… ce que j’ai toujours apprécié (autant par passion que par la confiance qu’elle place en moi) le souci étant que mon ex collègue est super longue à traiter ses demandes… et je me suis retrouvée avec des propositions d’achats qui datent d’il y a 2 ans en arrière (ce que je disais hier dans mon article: en septembre je me suis retrouvée avec une dispo résa sur « Bestiarius » que j’avais proposé en …2019! Autant dire que j’avais zappé cette demande ainsi que ces arrivées dans ma pal) alors soyons clair, ce n’est pas une question de budget (qui oriente quand même certains choix) mais un souci de traitement de ma collègue (notamment au niveau catalogage) de plus, la personne qui est en charge de la manutention n’aime pas couvrir les mangas… bref, je te passe les détails. c’est toujours un vrai casse tête. et même si au final, j’ai fini par m’en accommoder personnellement, je me dis que les usagers lambda ont sans doute moins de patience… et vont finir par acheter leurs volumes eux mêmes ou aller ailleurs. sans compter que certains ne se réabonnent pas d’une année à l’autre ou que sais je? et puis en terme de nouveauté, je trouve ça un peu craignos, même si je sais qu’une bib ne peut pas suivre les sorties comme une librairie, of course. merci d’avoir lu mon pavé 😉 et bonne journée!

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    • Ah oui quand même ! Nous quand on a deux tomes de retard sur une série je me sens déjà mal, du coup je presse toujours ma responsable pour les commandes, et dès qu’on les reçoit jz traite en priorité les demandes des usagers et les sorties récentes de séries pour justement éviter les frustrations et les attentes trop longues… et meme comme ça on a des gens qui nous sortent « mais non, j’ai jamais parlé de ça » quand on leur file un document commandé sur leur demande 🤣
      C’est vrai qu’en mediatheque, en plus du budget, la place est un vrai souci pour ce qui est des manga tellement les séries à rallonge sont demandées…

      Merci à toi pour ton commentaire et excellente journée !

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  2. Quel édito ! Tu pars d’un thème et ensuite tu vas très loin ^^
    Pour ma part, j’ai la chance d’arriver encore à lire/suivre les séries de mangas que je souhaite. Financièrement cependant, sans les SP, j’en lirai bien moins honnêtement. Après j’en lis depuis plus de 25 ans alors ça aide. J’ai déjà lu/découvert pas mal de vieux titres.
    Pour ce qui concerne ton sentiment de surproduction, je le partage. Si tu t’intéresses à la mécanique des achats publication, je t’invite à lire les articles de Xavier Guilbert sur du9, qui sont en général éclairant 😉
    Enfin je partage tout à fait ton sentiment sur le besoin de m’évader par la fiction, voire de me réfugier dedans quand je ressens trop la pression de notre monde pourri ^^;
    Belle semaine à toi ☺️

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    • Je suis ravi de voir qu’on se rejoint sur un peu tous les points. Et je suis ravi de savoir que toi aussi tu es limitée par le budget. Franchement des fois quand j’en parle sur Twitter j’ai l’impression d’être un extra-terrestre tant ça semble une considération à laquelle certains ne pensent pas.
      Comme quand j’ai demandé à partir de quelle durée ça devenait compliqué de se lancer dans une nouvelle série, on m’a dit « sauf si c’est pour une question de budget, aucune », mais en même temps, est-ce que ça pourrait ne pa être une question de budget ?
      Honnêtement, jz trouve même ça un peu malsain de voir des gens balancer chaque semaine leurs dizaines de volumes achetés, les intégrales en 30 tomes achetées sur un coup de tête ou autre.

      Sinon, pour les autres points abordés, je regarde de temps en temps ce que propose Xavier Guilbert, en effet. Je devrais d’ailleurs creuser la question car je trouve ça très intéressant, ça nous ramène parfois à certaines réalités.

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      • Non mais sur les RS c’est souvent la course à la surenchère et certains ont une bonne dose de mauvaise foi. Franchement, au bout d’un moment impossible de tenir un tel rythme dans la réalité, à moins d’avoir un super bon job et pas de frais à côté, et je ne pense pas non plus que ce soit la majorité des gens.
        Pour la longueur, moi c’est quand même plus la place qui me limite, parce qu’autrement en y allant tranquille, genre un tome par semaine, c’est tout à fait possible 😆
        Ah donc tu connais Xavier, je trouve aussi qu’il permet de bien relativiser ce qui est souvent juste une impression pour nous ^^

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      • Oui, c’est vrai que ce qu’il propose remet pas mal les choses en perspective.

        La place est aussi un souci, j’ai plus de mangas en carton qu’en bibliothèque chez moi 🤣 bon, c’est aussi qu’il y en a pas mal que je dois vendre ou donner, mais quand même, c’est le bordel et la place manque cruellement.

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  3. « Il me semblait qu’on est majoritairement des pauvres pour que la minorité de riches puisse devenir plus riche » Belle définition du capitalisme 🙂
    Je te rejoins sur pas mal de points…. SI je suis frustrée de ne pas pouvoir acheter tout ce que j’aimerais, d’un côté, ça permet de faire des choix parce que même si je pouvais acheter plus, pas certain que je pourrais lire plus. Et puis, j’aime fouiner pour trouver de bonnes occasions, des qui semblent valoir l’investissement… Avec un budget illimité, je pense que je perdais tout ce côté recherche qui me plaît énormément.
    Quant aux réimpressions, hors pénurie de papier, j’ai cru comprendre qu’il y avait des problèmes de droit et que les éditeurs de mangas français n’avaient pas une grande marge de manœuvre sur certains titres. Pare que sinon, je ne comprends pas : s’il y a besoin de réimprimer, c’est qu’il y a de la demande, alors pourquoi diable ne pas satisfaire le consommateur…
    Quant aux médiathèques, c’est mon premier fournisseur, sans elles, je ne lirais quasiment pas de mangas ni d’ouvrages graphiques…

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    • Les mediatheques sont de toute façon nos meilleures amies ! Ce que j’aime en plus, c’est le fait de pouvoir emprunter plutôt que stocker des tonnes d’ouvrages chez moi, ça évite d’encombrer pour rien et ça évite évite la surconsommation d’une certaine façon, même si je ne dois pas être trop mal en terme de surconsommation de mon côté.

      Sinon oui, la limite du budget se couple avec la limite de temps, c’est aussi ce que j’ai voulu aborder avec la question de la rétention et du fait que les différents médias veulent nous maintenir captifs ! Les salauds !

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  4. Un edito toujours aussi intéressant ! J’avais vu passer ton tweet auquel j’avais répondu d’ailleurs. Comme toi la cadence est impossible à tenir déjà en temps normal mais avec l’arrivée de notre deuxième enfant très très prochainement les priorités financières sont autres réduisant ainsi mon budget pour les mangas à très peu pour le moment. Heureusement pour ça j’ai eu un bon plan occasion d’un pote blogueur !
    Côte RS je pense qu’il y a juste beaucoup de mauvaise foi d’une grande partie qui veut nous faire avaler des couleuvres en nous postant leur mangatheque comme achat du jour…
    Pour la partie, sur la multitude de titres qui sortent je pense comme toi qu’il y a d’une part une volonté de garder un maximum les lecteurs du côté du manga comme tu l’explique bien. D’un autre côté je pense qu’il ne faut pas sous estimer les contrats passés avec les ayants droits japonais et la mise en place de packages obligeant les éditeurs à publier des titres qu’ils ne voulaient pas forcément pour avoir accès à celui qu’ils convoitaient. De ce côté là je pense que les éditeurs ne sont pas à blâmer mais font le minimum syndical sur ces titres pour respecter leurs engagements et si ça marche tant mieux sinon tant pis….
    En tout cas réflexion très sympa sur ce thème assez riche !

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    • J’avoue que je n’avais jamais creusé la question des packages imposés par les éditeurs japonais, et il faudrait que je vois s’il y a des témoignages d’éditeurs là-dessus car tu n’es pas le premier à en parler et ça éclairerait peut être certaines choses. En tout cas, dis comme ça, ça fait sens en effet.

      Sinon, tkt frère, j’ai encore des cartons remplis de mangas à vendre ou à donner 😉

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      • Je ne suis pas un expert du milieu éditorial mais j’ai déjà vu plusieurs personnes connaissant un peu le milieu en parler. Et je pense que ça peut expliquer pas mal de choses en effet (mais c’est pas une excuse pour tout non plus ^^)
        Et bien on se captera à l’occasion ^^

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  5. Coucou ^^ Je suis retournée voir ma réponse à ton tweet, et je me rassure sur le fait que j’avais un peu compris où tu voulais en venir XD Les deux nerfs de la guerre : l’argent et la place haha.

    Je t’avoue être comme toi à m’interroger sur comment les gens font pour acheter autant de tomes par semaine. Il y a sûrement de la mauvaise foi et la compétition de qui a la plus grosse (pardonne-moi cette expression, mais c’est presque ça), ce qui finit par m’énerver un peu. Et après, il y a vraiment des gens qui achètent ce qu’ils montrent et je me dis que tant qu’ils se font plaisir c’est l’essentiel – même si ça peut être malsain (dans le sens de l’addiction). Bon, je ne veux pas juger comment les gens dépensent leur argent, le principal c’est de s’y retrouver sans devoir vivre dans le rouge la majeure partie du mois ^^

    Tu as tout à fait raison sur l’aspect de rétention que les industries culturelles souhaitent créer chez nous. Nous capturer dans leurs filets est une chose mais après il faut garder ce public. Et pour ça, il n’y a qu’en proposant une surenchère de trucs – parce que c’est assez humain de pécher par gourmandise et convoitise. Après qui de la demande ou de l’offre a créé ce besoin en premier ? Difficile de le dire. Il ne faut pas non plus négliger le besoin de recrutement de ces industries pour continuer à garder une fanbase suffisante…

    Paradoxalement (pas tant que ça – on doit pouvoir l’expliquer sociologiquement parlant et via le marketing), avec toute l’offre dont on dispose, ce qui ressort est ce qui ne dénote pas trop – ce qui ressemble à un schéma assez connu.

    En tout cas, j’ai remarqué que l’univers manga/anime (et par extension drama) pouvait parfois nous renfermer. Ça m’arrive d’ailleurs d’avoir des moments où rien ne me fait envie et je me tourne vers mes premières amours ; et ça fait du bien ! Avant de m’intéresser aux mangas, je lisais du roman de fiction ou pas, j’allais plus au cinéma, etc. Je t’avoue que certaines fois j’aimerais aussi m’y remettre en équilibrant (ou en tentant) tout ça. C’est d’ailleurs bien ce que je compte faire – sûrement en 2022 (ça fera une bonne résolution XD)

    Je te souhaite une très bonne semaine ^^ Même si je ne commente pas tous tes articles, je suis tes publications d’assez près 😀

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  6. Je vois que je ne suis pas le seul à me demander comment certains arrivent à acheter 2 énormes piles de manga chaque semaine, il doit y avoir une astuce ou un hack dans le système que je ne connais pas (ou peut-être du vol pour les plus fois d’entre eux). J’ai cru comprendre que certains influenceurs acheter exclusivement des mangas d’occasion (même les derniers volumes) dans des boutiques spécialisées sur Paris. Bon étant dans une petite ville, les boutiques d’occasion ne sont pas assez fournis de mon côté pour utiliser cette technique, ou alors c’est pour des tomes en vrac comme le tome 5.7.14 de Fairy Tail (je sais pas si tu connais), ou des séries plus obscures qui ne sont surement plus éditées (sérieux j’ai trouvé du Dragon qu’est Fly une fois).

    Je vois qu’on a la même réflexion sur les titres (parfois même encore en cours) où on se retrouve avec des tomes en rupture. C’est sur que ça a un coup et que la pénurie de papier n’aide franchement pas à cela, mais je trouve ça dommage, car ceux qui avaient des tomes de retards se retrouver dans la panade, et ceux qui voulaient commencer la série vont peut-être s’abstenir s’ils savent qu’ils ne pourront pas compléter la collection (rest in pièces le tome 18 de Fûka à jamais dans mon cœur).

    Sinon tu parles aussi d »une question de temps à monopoliser, c’est vrai qu’avec l’évolution actuelle du marché de divertissement c’est assez compliqué de trouver le temps à mettre dans plusieurs passions. Entre les jeux vidéo qui sont souvent de plus en plus long à terminer et qui (même si on a souvent des moments vide de sortie) sont souvent très rapproché à l’approche des fêtes et fait qu’on passe facilement à côté d’un ou plusieurs titre, ou encore le marché du manga ou de l’animation (et série aussi en général) qui propose chaque saison de plus en plus de titre pour garder les personnes captivées.

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    • Pour ton tome 18 de Fuka, tu m’en vos navré, moi j’espère trouver un jour le tome 11 de Chihayafuru chez le même éditeur. C’est encore plus rageant que la serie est encore en cours, ça n’aide pas à se lancer de savoir que des tomes sont indispo.

      Pour ce qui est du budget, on est d’accord, des fois sur Twitter on dirait que des gens dépensent un mois de loyer en manga régulièrement 😅

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  7. Fais gaffe tu va te faire traiter de bolchévik… 🙂
    Moi j’ai quasi fait une croix sur les jeux vidéo après ma PS3 (très peu utilisée car arrivée en même temps que mes enfants) car c’est trop chronophage et plutôt que d’être frustré tout le temps je préfère faire l’impasse (j’avoue j’ai rechuté sur la Switch et Breath of the wild). C’est important d’être lucide sur la limite de son temps sauf à revendiquer être un nolife!
    Concernant les manga, je ne pense pas qu’il y ait de raisonnement particulier des éditeurs mais plutôt une fuite en avant très simple: l’ensemble de l’Edition étant tirée par la BD et la BD étant très majoritairement tirée par le Manga, le marché à prendre est phénoménal, avec une croissance toujours très importante et des consommateurs toujours plus dépensiers. Il y a une grosse concentration sur de gros éditeurs qui rachètent les petits, quelques créneaux de niche où certains tentent de survivre (WTF, Yaoi, etc) et une course pour être celui qui dénichera le prochain One Piece. Beaucoup de fric à faire (… et il faudra s’attendre à voir débarquer des Bolloré et son idéologie nauséabonde dans un secteur culturel où il est de plus en plus présent…)
    . A ce titre je lève mon chapeau à Panini et Glénat notamment pour leur sélection de bons titres qui laisse penser que l’éditeur historique (Glénat) garde une éthique de qualité plus que de quantité.
    Mais sinon c’est une de mes grosses réserves sur le secteur manga, le sentiment d’une production-conso où je vois passer énormément de titres très moyens avec un nombre de coups de cœur vraiment réduit par rapport à ce que je trouve en BD. On retombe au final sur l’éternel problème soulevé par le secteur depuis longtemps: chaque jeune dessinateur veut être édité, chaque éditeur veut écraser les étales de librairies, on a une fenêtre de visibilité aussi réduite qu’au cinéma et la comm’ (dont on fait partie nous blogueurs) prend de ce fait une importance cruciale.

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    • Je te rejoins totalement. Ce qui fait qu’une majorité de la production part sans avoir de chance de s’imposer d’emblée, même des titres pourtant de grande qualité parfois (j’en reviens toujours au même exemple mais pour moi, la seule chose qui fait que A Journey Beyond Heaven ne marche pas est qu’il est noyé au milieu de toutes les sorties, car c’est un titre de grande qualité et très accessible).
      Ça crée vraiment un rapport très particulier à la chose qui à terme est pesant je trouve.

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  8. Je vais faire ma vieille : « c’était mieux avant » 😀 .
    Ce que je veux dire c’est que dans les années 90 et au début des années 2000, le nombre de sorties était ridicule du coup, le public se ruait sur tous les titres.Il y avait la possibilité de lire des oeuvres qui n’auraient jamais percé dans un flot comme aujourd’hui.
    Je pense que l’industrie culturelle est comme les autres : dans la surconsommation. Il faut toujours plus, plus, plus.
    Mais si avoir plein de titres permet d’avoir de l’éclectisme, à un moment cette diversité est noyée.
    Pour moi cette rupture date du milieu des années 2000. Je me souviens que je n’arrivais plus à suivre. Pourtant j’étais ultra fan et bien informée sur cet univers manga, et j’avais aussi l’argent.
    Quand je vois aujourd’hui tout ce qui sort, je suis presque pétrifiée.

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    • Oui, on est bien d’accord. Et j’ai le sentiment que ça va encore s’intensifier avec l’augmentation du marché du manga en France et les nouveaux éditeurs qui arrivent. Et c’est exactement comme tu le dis, ça nous amène dans une logique de consommation tant ça va vite. Un nouveau titre chasse l’autre et les « mangas de la décennie » pleuvent chaque semaine pour être finalement aussi vite oubliés.

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  9. Salut,

    Oui, j’avais vu passer le tweet
    « où je me questionnais sur la possibilité de réussir à suivre toutes les séries manga qui nous intéressent.  » oui, très bonne question ^^’
    Les soucis dans l’ordre étant finance, place et temps.
    Malheureusement oui on est limité, oui certains on se demande, ou comme quand les gens répondent un peu simplement qu’il suffit d’acheter … mais oui bien sûr on vit dans le monde des bisounours…évidemment si on a de gros moyens ou qu’on reçoit 90% de ses lectures …
    Ouais malheureusement on vit dans un monde capitaliste, de chiffres, de rentabilité … et ça transparaît aussi dans les opportunités qu’on peut avoir en tant que chroniqueur avec toutes ces histoires de communauté, de statistiques … est-ce vraiment le plus important, fiable ….
    Oui, avec ma grande soif de curiosité et ouverture d’esprit ^^ Pas facile les choix…comme toujours tu me diras.
    C’est vraiment bien qu’il y ait des mangas dans les médiathèques maintenant.
    Oui, plutôt triste pour les réimpressions, qu’on puisse avoir des trous dans les séries … au début, je ne m’y attendais pas du tout -_-
    Comme tu le sais, surtout que je traite l’ensemble des voyages virtuels plus ou moins, pour moi ils sont tous importants, y compris les voyages réels en passant.
    Chouette de t’être mis à la littérature jeunesse 🙂
    Je ne m’attendais pas rester autant à fond dedans ^^ (dans les mangas <3)
    En tout cas j'ai grand besoin de ma dose de voyage virtuelle, d'échapper au quotidien, à notre société
    Mais dès qu'on implique l'argent, ça change la donne.
    Sinon je peux aussi faire mieux vaut tard que jamais et en décaler (en espérant ne pas être coincée avec le souci de dispo).

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    • La disponibilité est vraiment un gros souci comme tu l’évoque, ça nous met la pression pour acheter au plus vite parfois…

      Enfin bref, j’ai le sentiment qu’on se rejoint sur pas mal de points. J’essaie du coup de me soigner un peu et de prendre un peu de distance par rapport à tout ça. Acheter moins, lire moins mais mieux. On verra ce que ça donne.

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  10. Perso j’avais bien compris ton tweet et je partage ton interrogation alors même que j’achète régulièrement mangas comme romans. J’ai un budget dédié mais si je n’étais pas devenue aussi difficile avec le temps, je ne sais pas du tout comment je ferais 😅 c’est aussi l’aspect budget qui me fait cesser une série si deux tomes à la suite ne me convainquent pas, c’est rude mais il faut bien choisir quand on n’est pas crésus. Pour le reste je suis totalement pour la variété culturelle et le fait de changer de médias, récemment j’ai eu une grosse panne de lecture romans bah je suis partie sur du graphique, ça m’a fait du bien. Parfois je me pose juste devant une série et c’est ce dont j’ai besoin.
    Sur un plan plus concret je désespère toujours de voir la quantité de choses qui sortent, en roman ou en manga, parce qu’on n’a effectivement pas le temps de tout lire. Une blogueuse recense les sorties tous les mois pour les romans de l’imaginaire on tourne aisément entre 40 et 70 par période.. J’en lis une dizaine par mois quand je suis en forme, fais le compte 😅 engloutir le marché n’apportera rien de bon, le modèle éditorial doit évoluer pour davantage coller à la réalité mais comme le disait un de mes profs d’unif, l’édition est un vieux dinosaure qui change uniquement après s’être effondré.
    Bref tout ça pour dire que tu as écrit un edito intéressant qui suscite pas mal de réactions, c’est chouette 🙂

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    • Oui, je trouve qu’on est vraiment sur-saturés de partout, et je pense vraiment que c’est en partie lié à ces mécanismes de rétention, pour nous maintenir captif dans un médium médium particulier. Quand on est passionné par un domaine, si on veut l’approfondir, il faut bien en laisser d’autres de côté. C’est compliqué et ça engendre frustration et pression je trouve au final, alors que bon, c’est des loisirs, ça devrait avoir l’effet inverse 😅

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  11. Tu connais mon blog, tu sais que je lis des mangas mais que la majorité de mes lectures sont des romans et des essais. Ca me fait réfléchir à quelques années auparavant où, comme tu dis, j’étais une adepte, et je ne lisais quasiment plus que des mangas. J’étais déjà gênée par l’élitisme à ce niveau-là mais sans être critique de ça, je n’osais pas. Puis je suis revenue à d’autres lectures et je jouais à ma 3DS aussi (plus maintenant, mais voilà). Je suis d’accord qu’il faut savoir diversifier ses plaisirs (et aller au-delà du fameux duo mangas-JV) car (et je ne pense pas que ce soit le cas de tout le monde, encore heureux), il y a cet énorme risque de tomber dans l’entre-soi et donc dans l’élitisme (devoir lire certaines oeuvres et en laisser tomber d’autres qui seraient moins dignes).

    Je regarde l’époque où je ne lisais que des mangas avec nostalgie mais sans vouloir y revenir : je trouve aussi mon plaisir ailleurs, je suis plus ouverte d’esprit et c’est tant mieux.

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  12. J’ai de la chance d’avoir plusieurs passions et ça se sent quand on regarde mon blog. Du coup, je m’en sors plutôt bien dans ce que je dois lire, regarder, jouer ou encore écouter.
    En ce moment, je suis plutôt à fond sur les documentaires (je vais en parler dans un prochain article… quand l’envie me viendra haha), je regarde trois épisodes de Brooklyn 99 tout les soirs sauf le mardin, c’est soirée Skins avec ma meilleure amie qui n’a jamais vu la série, j’écoute tout les jours de la musique (mon dernier album d’écouté et le tout premier de Mary J Blige), j’ai repris le gaming là. Lire en revanche, je lis sur les forums des sims mais également des fan fictions. Par contre, je lis GTO dans les transports en commun. En fait, sans le vouloir, je m’organise ainsi.

    Je suis d’accord avec toi quand je vois sur ma TL de Twitter ou encore Instagram toutes les nouvelles lectures de procurées… Je sais pas, je peux faire quelques achats comme ça à une période mais pas tout les jours et semaines. Faut pas déconner. Je privilégie les achats en occasion notamment certains fringues, vinyles et CD (ces derniers temps ça a été le cas en tout cas). Pour en revenir aux nouveau manga qui sortent, ben je prends ce qui m’intéresse en fait et encore, je n’ai pas acheté un seul nouveau manga. J’ai pas envie et l’envie me viendra un jour ou l’autre.

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