Eden de Hiroki Endo est sans souci la sortie manga de 2021 qui me fait le plus vibrer. Cette réédition d’un classique du manga de SF, qui n’avait apparemment pas trouvé son public lors de sa première parution, est au contraire un petit succès aujourd’hui chez nous. Ancré dans la politique éditoriale de Panini de donner une seconde jeunesse à des œuvres majeures de son catalogue, le titre fait un peu moins parler que les Perfect Edition de 20th Century Boys et Banana Fish, et pourrait malgré tout à terme être, dans ces trois séries, celle qui me fait le plus vibrer (les deux autres étant également très bonnes). Ainsi, après avoir parlé de la claque que les deux premiers volumes m’ont mis (article dispo ICI), j’ai eu envie d’aborder les tomes 3 et 4, qui arrivent à proposer une ambiance toute différente, mais toujours passionnante.
Resituons un peu les événements : la série se déroule dans notre monde, à ceci près qu’un virus a exterminé pas mal de monde. Devant la crainte d’une extinction de l’espèce humaine, les gouvernements se sont un peu réorganisés, mais finalement, ça n’a pas été si terrible que ça. Si pas mal de monde a cassé sa pipe, l’humanité s’en est assez bien sortie, et a pu reprendre sa vie tranquille. Ce faisant, les guerres, les massacres et autres saloperies en règle ont pu recommencer comme il se doit. Entre guerillas, groupe plus ou moins religieux, gouvernements et mafias, le monde dans lequel se déroule la série n’est pas des plus hospitaliers.
Et si les deux premiers volumes annonçaient la couleur, dans des paysages souvent postapo à forte dose de violence brute, de guerriers et d’augmentations cybernétiques, les tomes suivants reviennent à des choses plus proches de nous, dans un environnement urbain qui n’est pas forcément plus hospitalier.
On continue de suivre le jeune Elijah Ballard, dont le père est un gros bonnet, qui essaie tant bien que mal de vivre sa vie de lycéen le jour, travailleur dans un bordel la nuit, aux côtés d’Helena, une jeune femme rencontrée dans les volumes précédents, qui a partagé avec lui quelques dures épreuves. Ainsi, ces deux tomes mettent davantage en avant la vie quotidienne citadine, avec ses côtés extrêmement cradingues, faite de sexe tarifé, de drogue et de rapports de force avec les mafieux.
Un quotidien loin d’être rose, d’autant plus qu’un certain Pedro, mafieux important et un brin sadique semble avoir prit toute la petite bande en grippe. Et au milieu de tout ça, il y a des histoires avec les autorités et d’autres groupes aux intérêts pas toujours convergents. En bref, un réseau complexe se noue autour d’Elijah, qui cherche surtout à vivre et survivre, et à protéger les jeunes femmes pour qui il s’est pris d’affection.
Une des grosses qualité de ces nouveaux tomes, en dehors du travail d’ambiance et de violence encore une fois très impressionnant, vient de la qualité d’écriture globale de l’intrigue, mais surtout des personnages. Elijah qui paraissait un brin fade évolue grandement et prend beaucoup d’épaisseur, tout comme Helena. Et les personnages qui gravitent autour d’eux ont aussi droit à une caractérisation particulièrement riche, notamment le fameux Pedro. On aime souvent mettre en avant le refus de manichéisme comme une qualité, permettant de donner plus de consistance aux personnages et plus de relief à leur histoire, et ici, on est totalement dans ce cas de figure.
Sans trop en dire, Pedro est d’abord mis en avant comme une énorme ordure, effectuant quelques actes particulièrement sadiques et horribles, pour finalement devenir plus humain au fur et à mesure qu’on en apprend sur lui, afin que la suite des événements le concernant soit encore plus impactante. Un travail d’orfèvre en terme d’écriture, où les destins individuels se lient à l’intrigue de bien belle manière. Et au milieu de tout ça, si la violence est mise en scène avec moins d’effets choc, elle n’en reste pas moins extrêmement présente et impactante, d’autant plus qu’elle est liée à des personnages que l’on a appris à connaitre.
Mais elle n’est pas le seul élément qui caractérise ce monde, car on y trouve aussi quelques sources de réjouissance, notamment dans les rapports humains (et sexuels) entre les personnages. Sur ce point, cela fait un bien fou de voir un traitement très crédible et proche du réel des rapports entre certains protagonistes, où la sexualité semble couler de source. On voit des gestes d’affection, mais aussi de l’humour par rapport à tout ça, comme dans de véritables relations. Cela concours à donner une tonalité plus légère par moments, mais également plus émotionnelle, donnant encore un peu plus de relief à un récit et des personnages déjà très riches.
Ainsi, Hiroki Endo arrive à surprendre concernant sa façon de développer son récit et son univers, tout en gardant une grande cohérence globale. Ce faisant, il nous permet de nous investir toujours plus dans son histoire, particulièrement brillante dans sa depiction de ce qu’est l’humanité, partant du particulier pour dresser une vue d’ensemble de notre espèce. Pas toujours flatteuse, mais honnête, riche, et à même de nous chambouler. Un très grand moment de lecture.
Idem pour moi, eden est un enorme kiff comme j’en ai trop rarement en manga (ajin et radiant seulement depuis plusieurs annees). Pas encore lu le 4… et vais peut etre attendre le 5 pour me gaver un bon morceau d’un coup! 😊
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Le 4 est vraiment magnifique, la dynamique de recit est dans la continuité du 3 mais arrive encore à nous surprendre en étoffant et en exploitant parfaitement ce qui a été mis en place ! Tu devrais vraiment apprécier.
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Tu as mal orthographié cette phrase « Edens Zero de Hiro Mashima est sans souci la sortie manga de 2021 qui me fait le plus vibrer. »
Plus sérieusement, j’entends beaucoup de bien de cette série. Et comme à ton habitude, tu vends bien le titre. Mon libraire a rentré l’intégrale sortie à l’époque (les 18 tomes), mais je vais pas craquer. Je crois que je vais tenter la perfect édition. Plus facile à trouver, plus jolie et si j’accroche pas, je pourrai revendre les tomes plus facilement.
Je note le titre sur ma liste 😀
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Comme Edens Zero est pas une nouveauté, ça compte pas. Puis je mets Mashima hors categorie sinon il gagne à tous les coups, c’est plus drôle.
J’espère que Eden te plaira. Il y a tout ce qu’il faut où il faut. De la violence bien hard, et même du cul ! Tout ce qu’on aime.
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Intéressant 😀 Je fonce alors 😀
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J’adore, alors certes je la lisais déjà il y a 20 ans, mais je n’avais pu la terminer à cause du bac qui approchait (l’excuse bidon).
J’apprécie de la retrouver car en occase les prix des tomes flirtaient avec des sommets.
Le scénario est brillant, mais c’est violent quand même.
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Oui, très violent même. Mais cette violence qui retourne pas mal est très intéressante je trouve.
Je n’avais pas du tout connu à l’époque, étant donné que ça fait peu de temps que je m’intéresse aux mangas, et je suis vraiment ravi que Panini ait fait revenir cette série.
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