Après l’arc du tournant majeur, qui est déjà un moment de bascule dans la série, celui du retour à Shiganshina va aussi être charnière. Isayama fait le choix d’un retour à un cadre connu et des enjeux proches de ce qu’on avait dans les premiers arcs, avec des affrontements urbains contre le Titan Colossal et le Cuirassé. Mais dans le même temps, ce retour à une ambiance proche des débuts me semble là pour proposer une forme de baroud d’honneur avant le grand twist de la série et le fait que plus rien ne sera plus comme avant.
Cet article sera toujours très spoilant, mais bien moins analytique, pour la simple et bonne raison qu’on est là dans le dernier moment d’action ultra bourrin (et même dans une forme de climax dans l’action), avec des développements moins importants et une forme d’unité d’action.
Cet arc s’étend des chapitres 71 à 90 dans le manga, c’est à dire du tome 18 au 20, et des épisodes 38 à 48 de l’anime, soit la première partie de la troisième saison.
Mes articles sur les autres arcs : L’art de la bataille de Trost – L’arc du Titan Féminin – L’arc du Choc des Titans – L’arc du tournant majeur –
L’enjeu de l’arc
Après tant de tomes à nous dire qu’il y a un secret dans la cave de Grisha Jaëger, les héros se disent qu’il est temps de se sortir les doigts et d’y aller. Pour cela, il faut récupérer Shiganshina, notamment en rebouchant le trou dans le mur. Ça tombe bien, Eren a enfin acquis une capacité de durcissement qui va lui permettre ça. Sauf que le bataillon se doute bien qu’ils vont être accueillis comme il se doit par Reiner et Bertolt, accompagné du fameux Titan Bestial dont on ignore encore l’identité.
Erwin et Livaï ont planifié toute cette opération d’envergure, et on sait que ça va saigner bien comme il faut. Mais on imaginait difficilement à quel point. Pour schématiser, il va y avoir trois fronts dans la bataille, qui correspondent à chacun des Titans ennemis. On aura d’un côté le bataillon d’exploration avec leurs nouvelles lances face à Reiner, Eren et Armin contre Bertolt et Livaï et la chair à canon contre le Titan Bestial.
Et tant qu’à faire, autant révéler d’emblée la fin de chaque affrontement : Bertolt va mourir bouffé par Armin, qui deviendra le nouveau Titan Colossal. Reiner et le Titan Bestial seront vaincu mais récupérés par un autre Titan Primordial que l’on ne connaissait pas encore. Une victoire amère pour le bataillon d’exploration, mais au moins ils auront pas dégusté tant que ça, et surtout, ils auront réussi à reprendre Shiganshina, et accéder à la cave des Jaëger.
De nombreux sacrifices
En principe vous êtes au courant si vous me lisez, cet arc va donc voir pas mal de monde mourir, sacrifiés pour la cause en mode kamikaze. En particulier Erwin et les membres du bataillon qui vont le suivre, qui vont se faire bombarder par le Titan Bestial. On retrouve une dernière fois l’ambiguïté d’Erwin, via cette façon d’exalter ses hommes pour finalement aller au casse-pipe, afin de permettre à Livaï d’atteindre le Titan Bestial. Une façon de rappeler encore une fois la réalité des guerres, rien que dans cette idée de « bombardement » où les pauvres soldats se font déchiqueter comme s’ils se ramassaient une tonne de shrapnel.
Mais Isayama étant un petit frippon, il tient à se faire plaisir et nous faire plaisir dans ce moment, pourtant hardcore et tragique. Car, alors que le Bestial est heureux d’avoir dégommé tout le monde, il se rend compte que tous les titans autour de lui sont en train de se faire étaler par un Livaï déchainé. Je ne vais pas parler longuement de cet affrontement éclair ici, car je compte en faire une analyse de séquence tant je trouve la scène virtuose. L’idée principale est que visuellement, Livaï donne presque l’impression d’être plus grand que le Titan, et surtout, il précède chaque pensée du Titan par sa vitesse, si bien qu’on n’est même pas face à un combat mais par un passage à tabac plié d’avance. Une séquence qui donne des frissons et qui est parmi les plus marquantes de la série en terme d’action pure.
Je vais être honnête, cette séquence est jouissive à un point tel que j’en oublierai presque le carnage qui a précédé (j’ai plus mal pour Armin qui pendant ce temps se fait cramer par le Colossal). Et je crois que c’est à partir de là que Livaï est devenu un peu intouchable à mes yeux, ce qui est presque problématique. Car si cette idée n’est pas encore évidente à ce stade, après le twist, l’idée que finalement, il n’y a pas de bons et de méchants et que chacun est un soldat qui se bat pour un camp est mise à mal à mes yeux avec le personnage de Livaï, que je trouve toujours positif jusqu’au bout. Mais on s’avance un peu trop là.
Toujours est-il que dans cette volonté réflexive sur la question de la violence et de sa représentation, c’est intéressant d’avoir une séquence aussi jouissive. Car on aura beau dire que L’Attaque des Titans est une oeuvre formidable par sa remise en question de certains codes du récit d’action et guerrier, le fait est que face à des moments de bravoure comme celui-là, on prend pas le temps de réfléchir et on profite juste du spectacle dingue qui nous est offert.
Quoi qu’il en soit, comme je l’ai dit, on a plusieurs champs de bataille, et s’il n’y a pas grand chose à dire du côté de Reiner, qui va bien déguster comme il se doit, c’est vraiment Armin qui s’illustre par son sacrifice pour arrêter le colossal. C’est pour moi la deuxième séquence marquante de la bataille, et qui va finalement se reconnecter à la partie avec Livaï, puisque malgré la violence des événements, Armin et Erwin ont survécu, même si les deux vont crever dans les prochaines minutes.
Mais ça tombe plutôt bien, car je vous avais caché qu’un des objectifs était aussi de s’approprier un pouvoir de Titan tout en sauvant un soldat mourant. Et si Reiner et le Bestial se font récupérer, il reste toujours Bertolt. Problème : qui sauver entre Armin et Erwin ?
Encore une fois, on est tous au courant, désolé Erwin, mais c’est Armin qui sera choisi après une grosse bagarre entre Eren et Mikasa d’un côté et Livaï de l’autre. Choix qui est encore discuté aujourd’hui, se demandant pourquoi Livaï s’est finalement rangé du côté d’Armin. J’avoue ne pas franchement tout comprendre sur ce point ni savoir comment l’interpréter. L’idée qu’Armin a un véritable objectif alors qu’Erwin n’a pas de but au-delà de connaitre la vérité est envisageable, mais ne me convient pas totalement pour autant, je dois l’avouer. La question reste donc ouverte en ce qui me concerne.
Mais ce qui compte, c’est que la mission est un « succès », malgré ces morts de partout ! On va donc pouvoir aller à la cave et voir de quoi il en retourne, et avoir ainsi un renversement des valeurs qui va faire passer un nouveau cap à la série.
La révélation de Grisha et le changement de paradigme de la série
L’arc se conclut donc avec LA révélation majeure de la série : les personnages que l’on suit vivent sur une île coupée du reste du monde, monde bien plus évolué technologiquement (sans être futuriste non plus), et dans lequel le peuple eldien est persécuté. Grisha Jaëger est de ces eldiens, et c’est de son point de vue, dans son journal intime qu’on apprendra tout ceci. Il a eu un fils avant Eren à l’époque où il vivait hors de l’île, qui l’a trahit ainsi que sa femme (ils faisaient partie d’un mouvement de résistance).
À partir de là, l’esthétique évolue grandement, évoquant de nouveau des moments terribles de l’histoire de l’humanité. Impossible de ne pas voir dans les Eldiens portant des brassards la représentation du peuple juif notamment. Et si notre perception de l’univers de la série s’en retrouve ébranlée, la continuité thématique est évidente, tant Isayama a toujours eu recours à des parallèles visuels et thématiques avec l’histoire de l’humanité. Ainsi, comme une forme de continuité dans la rupture, il continue de creuser son sillon pour enrichir son récit, qui va bientôt prendre une tournure bien plus complexe, aussi bien d’un point de vue narratif que dans le discours et les thématiques.
Cette révélation majeure n’est cependant que le hors d’oeuvre, la préparation vers quelque chose de bien plus important, qui sera selon moi le véritable projet narratif et thématique de la série, avec le changement de paradigme qu’il y aura lorsque l’on passera de l’autre côté, et qu’on suivra Reiner de retour chez lui.
Mais tout ceci est pour l’arc suivant !
Très bon article sur un arc important du manga 🙂
Selon moi Livai se range du côté d’Armin car il a une obsession plus grande que celle d’Erwin. Armin veut découvrir la mer.
Dans le chapitre 84, tu as des souvenirs de Kenny qui dit « On a tous besoin d’une obsession c’est ce qui nous permet de tenir ».
L’obsession d’Erwin est d’aller dans la cave pour découvrir la vérité et elle se situe à « Shiganshina ». Son obsession va bientôt se terminer. Quant à l’obsession d’Armin ne s’arrête pas là.
De plus quand Livai rapproche la seringue du bras d’Erwin. Erwin pousse le bras de Livai et rêve de son père quand il était en classe. C’est ce dernier acte qui fait basculer son choix et pousse à sauver Armin.
Pour finir, il y a aussi un élément très important qui se joue selon moi. Mais je ne peux pas le dire sans spoil la saison 4 partie 2. Donc je vais éviter :p
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Je ne me souviens pas de l’élément que tu ne veux pas spoiler, ça me rend curieux du coup.
Pour la question de l’obsession d’Enfin et de celle d’Armin, c’est souvent l’explication qui est donnée et même si elle fait sens, je t’avoue que je la trouve un peu faible quand même et j’ai toujours du mal à me faire à cette idée.
Apres, je suis content que ce soit Armin qui s’en sorte au final 😆
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L’arc avec le quel j’ai commencer (insérer le mot interdit) Scan de SNK.
La tension était au rendez-vous à chaque chapitre, et comme toi, même aujourd’hui je me demande ce qui se serais passé si Erwin aurait hériter du colossal
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Il aurait bouffé Eren pour pouvoir dire via le futur et le passé mélangé à son père qu’il avait raison 😉
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