Après deux premiers tomes qui imposaient un concept original à même d’apporter un vent de fraicheur au shonen sportif, le tome 3 de Blue Lock persiste et signe dans cette voir. Le Battle Royale footballistique d’où un seul joueur sortira vainqueur a de la suite dans les idées, et ce volume entièrement dédié à un match arrive à la fois à respecter le canevas habituel du manga sportif, tout en prenant encore de la hauteur et en proposant un quelque chose qui lui est propre. Une nouvelle réussite pour cette série qui mérite largement le détour si on aime le genre !
Un grand merci à Pika pour l’envoi de ce volume.
Reprenons du début tout d’abord, Blue Lock nous propose de suivre le parcours du jeune Yoichi Isagi qui a intégré le programme d’entrainement « Blue Lock », qui donne son nom au manga, où l’objectif est de former de A à Z un attaquant d’envergure mondiale pour l’équipe du Japon. Pour cela, 300 jeunes sont sélectionnés et s’affronteront par équipes jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Pour tous les autres, l’éviction mettra fin à leur rêve professionnel, puisqu’il leur a été précisé qu’ils ne seraient ensuite jamais embauchés dans le circuit pro. Une décision difficile, qui laissera quasiment tout le monde sur le carreau.
J’avais été conquis par l’entrée en matière qui brisait soigneusement le mythe des valeurs positives du sport professionnel en rappelant que l’individualité était le cœur de tout, y compris dans les sports collectifs. Et si Kaneshiro, le scénariste, souhaite conserver une certaine dose d’ambiguïté sur ce point, il n’en reste pas moins qu’il travaille cet aspect et ce discours dans son titre pour mon plus grand bonheur. Cela permet d’éviter les messages prémâchés sur le sport et le fait de poursuivre ses rêves, et de rappeler qu’on ne devient pas une star sans marcher sur les autres.
J’y retrouve la même plume virulente que dans Jagaaan, l’autre série en cours du scénariste, qui traite plus directement des pulsions et des éléments les plus sombres de l’âme humaine. Ici, c’est quand même un peu plus léger, mais on conserve un ton très particulier, jusque dans une scénette anodine mais finalement très pertinente entre Anri Teieri et Jinpachi Ego.
La jeune femme, en plus de rappeler le talent des mangakas pour créer des personnages féminins de toute beauté, semble vraiment porteuse d’un discours intéressant sur le rapport que les hommes entretiennent avec les femmes au Japon. Après avoir été vue comme objet sexuel par ses supérieurs dans le premier volume, elle apparait ici comme la mère au foyer qui lave les chaussettes sales d’Ego. Je me demande si les mangakas développeront davantage le discours, mais ce serait selon moi très pertinent de poursuivre, car on sent qu’ils ont quelque chose à dire sur le rapport au femmes par le biais de celle-ci.
Mais si ces petites spécificités de la série ont leur importance, on reste aussi et surtout dans un manga de sport, avec ses codes et ses passages obligatoires qu’on a envie de retrouver. Et par bonheur, tout y est, avec ce nouveau match endiablé où les auteurs se focalisent sur un joueur en particulier, à grand renfort de révélations et de flashback, pour montrer sa renaissance au sein du programme Blue Lock. Une approche classique et sérieuse des codes du genre, qui fonctionne très bien tant les auteurs y croient et exploitent ces codes avec talent.
D’autant plus que le tout est mis en scène avec toujours autant de talent de la part de Yusuke Nomura. Je l’ai souvent dit, pour moi, dans le manga sportif comme dans le manga d’action, tout est question de character design, de postures et de scénographie. Et ici, si Nomura use beaucoup des mêmes effets, cela reste toujours vraiment saisissant. Et comme si exploiter à fond les codes classiques du genre ne suffisait pas, les auteurs relèvent encore le niveau en proposant un petit twist dans le match, qui le rend encore plus tendu, en plus d’être totalement en phase avec le ton général du titre.
En résulte un tome une fois de plus passionnant, qui confirme le potentiel de la série en tant que manga sportif. À la fois très respectueux des codes du genre en les exploitant consciencieusement, mais aussi original via son apport sur la question de l’individualité et des comportements humains, Blue Lock rappelle certaines expériences psychologiques à grande échelle pour apporter un résultat saisissant. Un manga sportif à la fois fun comme le genre sait l’être, mais qui a beaucoup plus à proposer via un discours potentiellement très riche. Si c’est sur la durée que sa pertinence pourra se juger, en l’état, chaque tome est un moment de plaisir renouvelé, et c’est déjà très bien !
Encore une fois et comme avec ton premier article, tu me donnes bien envie de commencer la série 😉
J’attendais ton retour sur le troisième tome et je vais sauter le pas 😁
J’aimeAimé par 1 personne
Je te le recommande vivement, je trouve que c’est une série qui arrive à proposer quelque chose d’un peu different des autres titres du genre que je lis !
J’aimeAimé par 1 personne
Comme toi, j’ai beaucoup aimé ce nouveau tome (j’en avais d’ailleurs fait un avis sur mon blog la semaine passée). Moi qui n’aime pas le foot, ça ne m’empêche pas d’apprécier et j’aime beaucoup les dessins ^^.
J’aimeAimé par 1 personne
Je déteste le sport mais j’adore les mangas sportifs, comme quoi 😅
J’aimeAimé par 1 personne