La conclusion tant attendue de l’histoire de Sakuragi le génie est enfin là, avec les tomes 19 et 20 de Slam Dunk. La série aura été mon premier manga de sport, et entre la parution des premiers et des derniers volumes de cette Star Edition, j’ai eu l’occasion de lire d’autres séries du genre, mais Slam Dunk conserve une aura particulière. Le premier manga de Takehiko Inoue aura vu le talent de l’auteur s’affiner et s’affirmer en même temps que celui de son personnage principal, Hanamichi Sakuragi. Et alors que cette conclusion semble beaucoup diviser sur les réseaux sociaux, je peux d’emblée vous dire que je rejoins le camp de ceux qui la trouvent parfaite.
Cependant, j’éviterai toute révélation dans cet article, qui sera lisible par n’importe qui. D’autres articles suivront, dont un où on décryptera la conclusion de l’histoire.
Un grand merci à Kana pour l’envoi de ces deux tomes !
Mon avis sur les tomes précédents : Tome 1 – Tome 2 – Tomes 3&4 – Tomes 5&6 – Tomes 7&8 – Tomes 9&10 – Tomes 11&12 – Tomes 13&14 – Tomes 15&16 – Tome 17&18 –
Resituons un peu les choses, ces deux derniers tomes nous racontent la fin du match contre le lycée technique de Sannô. Alors qu’on suit cette confrontation depuis plusieurs tomes, Inoue continue de dramatiser l’action et de dilater le temps pour proposer un climax digne de ce nom. J’en ai déjà parlé de nombreuses fois, mais au fil du récit, le mangaka acquiert une maitrise de plus en plus insolente, affinant considérablement son esthétique, et faisant surtout monter en niveau sa mise en scène de façon quasi constante, jusqu’à tout donner ici.
Si à de nombreuses reprises, il a proposé des moments de grâce assez fous (que ce soit lors de la fin d’un match, ou durant une action particulièrement virtuose de Sakuragi) pour nous investir au maximum dans l’action, il va atteindre dans ce dernier match un niveau assez dingue.
La logique reste toujours la même, à savoir montrer des jeunes qui se dépassent et donnent tout ce qu’ils ont pour le sport, tout en les caractérisant dans l’action. Ainsi, le volume 19 va énormément se focaliser sur Rukawa, montrant le personnage atteindre la conclusion de son évolution. Et si je ne l’ai jamais trouvé particulièrement intéressant en tant que rival de Sakuragi, il y a malgré tout un côté extrêmement émouvant à le voir se révéler de la sorte. On peut d’ailleurs en dire de même d’Akagi le gorille, qui arrive au bout de son parcours de personnage d’une façon parfaitement logique et émouvante.
Mais le cœur du récit, comme toujours, reste Sakuragi. En tant que personnage principal, mais surtout électron libre de l’équipe, il surprendra jusqu’au bout de l’histoire, tout en arrivant également au bout de son parcours de personnage dans l’histoire. Entre éléments inattendus et conclusion attendue et logique, il m’a bouleversé jusqu’au bout, devenant un des héros de manga marquants à mes yeux. La force de sa volonté et sa passion pour le basket seront mis à l’épreuve une dernière fois, et il en sortira une fois de plus grandi. Et surtout, Inoue nous rappelle pour de bon qu’il est celui qui est parvenu, par sa présence, à faire passer l’équipe à un autre niveau.
Et surtout, Inoue insiste bien sur l’évolution du personnage, proposant plusieurs rappels du chemin parcouru pour en arriver ici. De ce fait, même sans connaitre la tomaison de la série (par exemple pour les lecteurs japonais qui la suivaient en hebdomadaire à l’époque), on ressent totalement le fait qu’on arrive ici à la fin de l’histoire. Inoue ne nous l’assène pas brutalement, mais au contraire, nous fait bien comprendre qu’on est arrivé à la maturation totale de Sakuragi, et que nous allons le quitter après ce match si important.
Ainsi, cette dernière partie du match ne nous laisse aucun répit, occupant la quasi totalité des deux derniers tomes. Encore une fois, se permettre un match si long, sans revenir à la vie quotidienne, ou seulement au détour de quelques flashbacks, est vraiment le signe d’un mangaka arrivé au sommet de son art, réussissant à développer et caractériser ses personnages dans l’action. À de nombreuses reprises, j’étais soufflé devant des pleines pages ou des double pages d’une virtuosité folle dans la composition et dans l’impact visuel, appuyant des moments de grâce pour les personnages. De ma faible expérience du manga sportif, j’ai l’impression qu’Inoue impose un standard de mise en scène extrêmement impressionnant et qui me semble difficile à émuler (sauf évidemment, par Inoue lui-même dans Real).
Enfin, difficile d’évoquer la conclusion et l’épilogue de la série sans trop en révéler. Je me contenterai donc ici de dire que je l’ai trouvée particulièrement bien vue, en phase avec chacun des personnages, et profondément émouvante. Inoue déjoue certaines attentes, et l’amène de façon un peu brutale peut-être, mais je considère qu’il avait atteint un niveau tellement stratosphérique avec son dernier match qu’il n’y avait plus rien à dire ensuite. Il a réussi à donner une conclusion (ouverte, certes) au parcours de chaque personnage, et surtout, il a mis en scène avec une telle virtuosité cette dernière confrontation qu’il me semble difficile de monter encore le niveau.
Ainsi, en plus de cette conclusion qui est amenée de façon logique d’un point de vue narratif, il était plus judicieux de mettre fin à la série sur un tel moment de grâce, plutôt que poursuivre en n’arrivant pas à dépasser ce niveau. Si on peut être frustré et en vouloir toujours plus de la part d’un artiste qui nous aura fait rêver, je trouve aussi admirable de voir qu’Inoue a su quand s’arrêter, pour nous amener vers d’autres horizons ensuite avec Vagabond et Real.
De ce fait, on peut dire que découvrir Slam Dunk aujourd’hui est une expérience particulière. À la fois monument du manga sportif, du shonen, et du manga tout court, mais aussi première série longue d’un artiste devenu au fil des volumes une figure majeure de son art, il ne me semble pas exagéré de dire que la lecture de Slam Dunk nous plonge dans un petit morceau d’histoire du manga. L’œuvre est encore relativement récente, mais semble être une borne dans son genre, et l’éclosion d’un talent exceptionnel qui n’avait pas fini de nous surprendre. Ce faisant, le parcours de Sakuragi semble se mêler au parcours d’Inoue, dans un geste artistique profondément émouvant, et profondément marquant.
Excellent article, bravo !
Tu parviens sans rien spoiler à mettre des mots sur tout ce qui a fait la force et la beauté de ce tome.
Je partage totalement ton avis sur la fin qui est parfaite pour moi. Effectivement on aurait aimé continuer à les voir jouer mais l’auteur était arrivé au bout de ce qu’il avait à raconter et il a eu raison d’avoir le courage de s’arrêter là.
Par contre, en ayant commencé avec un tel must, bon courage pour trouver un autre titre sportif qui te fasse autant vibrer. Haikyu y a réussi pour moi à certains moments mais un cran en-dessous quand même, et surtout les titres d’Adachi, mais c’est plus la dimension humaine et romantique qui a fonctionné sur moi. Pour le reste, je ne vois pas et pourtant j’aime le genre ><
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Meme sans avoir beaucoup de point de comparaison, je me doute bien qu’une telle virtuosité, ça ne se retrouve pas comme ça !
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Comme toi, je trouve la fin parfaite et je te rejoins, ce qui fait de ce manga un série spéciale c’est aussi d’avoir assisté à l’évolution de l’auteur…
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Oui, je trouvais déjà avant de voir Inoue expliquer qu’il serait beaucoup projeté dans Sakuragi qu’il y avait une vraie possibilité de parallèle entre l’évolution du personnage et celle du mangaka.
Et du coup, dans ce sens,.la fin abrupte est encore plus intéressante je trouve, comme si ce qu comptait le plus c’était finalement l’après Slam Dunk pour Inoue.
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oui je suis d’accord, plus de sagesse, plus de focus sur une autre étape… La fin d’un cycle pour autre chose…
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