Mon avis sur… Beastars T.16 de Paru Itagaki

Beastars

Il y a une expression toute faite qui dit qu’aucune oeuvre n’est parfaite. À celles et ceux qui disent ça, j’ai de plus en plus envie de répondre : as-tu lu Beastars ? J’ai bien évidemment conscience que comme pour toute chose, c’est totalement subjectif et mon point de vue personnel n’a pas vocation à être une vérité universelle. Mais quand même, je tiens à le souligner car ça me semble important : Beastars est un titre qui ne m’a encore jamais déçu en 16 tomes, qui a toujours su se renouveler, déjouer mes attentes, et proposer toujours plus de pistes de réflexion pertinentes, mises en valeur par un storytelling et une esthétique d’exception, digne des plus grands mangakas. C’est assez fou de se dire qu’à seulement 27 ans, Paru Itagaki a déjà un niveau si élevé. C’est surement le propre des grands artistes, qui n’attendent pas d’être vieux pour avoir un talent déjà arrivé à maturité. Nous ne remercierons jamais assez Ki-oon de nous avoir apporté son oeuvre, et j’espère sincèrement qu’ils éditeront ses autres titres en France.

Par ailleurs, autre remerciement pour Ki-oon, qui m’a envoyé ce 16e tome.


Mon avis sur les tomes précédents : Tomes 1&2 – Tome 3 – Tome 4 – Tome 5 – Tome 6 – Tome 7 – Tome 8 – Tome 9 – Tome 10 – Tome 11 – Tome 12 – Tome 13Tomes 14&15


Legoshi accepte de s’infiltrer avec le Beastar à une soirée organisée par Melon, un dangereux hybride… La capture se fait sans difficulté, mais Legoshi commet l’erreur de libérer le criminel, qui loin de partager le sens de la compassion de son sauveur, lui tire froidement dessus.
Quand le jeune loup reprend connaissance à l’hôpital, il découvre son corps inerte à côté de lui : son âme semble vagabonder entre la vie et la mort. Dans cet espace irréel, il retrouve le fantôme de sa mère… Serait-ce l’occasion de réparer quelque chose de ce lien que la mort a coupé trop tôt ?

Nous reprenons là où nous nous étions arrêtés, alors que Legoshi est dans le coma après s’être fait tirer dessus par Melon, l’hybride psychopathe. Il voit alors sa mère décédée dans le premier chapitre du volume, l’occasion d’une séquence émotionnellement bouleversante sur la condition de cette dernière, et sur les raisons de son suicide. Le papa que je suis a ressenti une résonance forte en lui avec cette scène déchirante, qui contribue une fois de plus à étoffer Legoshi.

Notre jeune héros n’ayant de toute façon pas attendu qu’on en arrive là pour se révéler magnifique, avec un développement sans failles depuis 16 tomes. Ainsi, Itagaki continue d’étoffer son univers, son personnage et son intrigue, mettant ici la notion d’hybride (et donc de métissage si on joue le jeu des correspondances avec notre monde d’hommes) au cœur du récit. Et comme à son habitude, elle déjoue habilement certaines attentes pour rendre son propos encore plus pertinent et complexe. Je pense notamment à ce qui concerne Melon, et le parallèle dressé avec Legoshi, les deux étant hybrides, qui va dans une direction inattendue, loin du classicisme auquel je m’attendais naïvement.

Mais la thématique est également développée par le biais de Gosha, le grand-père de Legoshi, qui se révèle lui-aussi admirablement écrit… Pourrait-il de toute façon en être autrement avec un personnage de cette série ? Le responsable des hybridations dans sa famille porte un lourd tribut sur les épaules, étant involontairement responsable de la mort de sa fille, et de la différence de son petit-fils. On le voit dans sa vie quotidienne, et nous comprenons comment il vit avec ceci, et comment il fait le bien autour de lui. Ainsi, dans un numéro de storytelling brillant propre à la mangaka, elle tisse le lien entre les histoires de chacun et cette nouvelle thématique centrale avec grand talent, rien ne semblant de trop, ne cédant jamais à la facilité.

Le tout soutenu encore une fois par un travail de mise en scène exemplaire, proposant des planches somptueuses mais aussi très « signifiantes » sur ses personnages, en plus d’appuyer l’intensité émotionnelle des divers moments du récit.

ChefEn résulte un volume toujours parfaitement maîtrisé, qui sait en plus nous surprendre et amener le récit dans une nouvelle direction. Si la série s’approche de plus en plus de sa fin (elle fera 22 volumes), elle arrive encore à rebattre les cartes pour notre plus grand plaisir, densifiant encore ses thématiques et ses personnages. Depuis la sortie des deux premiers tomes en janvier 2019, la série m’a toujours fait très forte impression, et cela fait déjà un moment que j’ai pris conscience qu’elle faisait partie de mes préférées. Récemment, je me posais la question de savoir si elle deviendrait un classique, et si seul le temps peut répondre à ça, je suis déjà prêt à prendre les paris tant je n’ai désormais plus de doute sur le fait que Beastars est un chef d’oeuvre. Reste simplement à savoir si la série arrivera à aller encore plus haut avec le temps qui lui reste. Je l’ai dit et je le répète, passer à côté de Beastars serait pour moi une très grosse erreur, et pas uniquement pour les fans de mangas.

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14 commentaires

      • Puisqu’on part du principe qu’aucune œuvre n’est parfaite *, je vais revenir sur certains points de « Beastars » que l’anime aurait dû rectifier par rapport au manga (Car l’adaptation d’un livre gagne en intérêt lorsqu’elle corrige les défauts de l’original.) :
        1. Contrairement aux autres personnages de type caprin et ovin, seul le bouc Zoe a des pupilles rectangulaires et non rondes. (Comme c’est le cas de tous les animaux de ce genre dans la réalité.)
        2. Les iris de Legoshi, Bill et Melon sont trop petits par rapport à la taille de leurs yeux. (Quitte à dessiner des animaux avec des yeux plus larges que dans la réalité, autant leur faire des iris suffisamment grands pour que la couleur en soit bien identifiable.)

        * Car il faut savoir reconnaître les défauts de ce qu’on apprécie.

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      • Je dois avouer que ce genre de détail me passe un peu au-dessus. Je ne suis pas du tout spécialiste de l’anatomie des animaux, du coup la forme des yeux ne me choque vraiment pas. C’est plus d’un point de vue purement esthétique que je regarde ça.

        Aimé par 1 personne

      • J’ai justement peur qu’on se retrouve dans une situation où la mangaka n’arrivera pas à retrouver ce niveau tant elle a eu le feu sacré sur la première.

        On verra bien par la suite, j’espère surtout que Ki-oon va déjà publier les quelques autres titres qu’elle a fait au Japon.

        Aimé par 2 personnes

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