Fairy Tail 100 Years Quest – Une suite à la hauteur ?

FT 100 Years Quest

Après avoir fini non sans une certaine émotion Fairy Tail, devenu un de mes mangas préférés entre temps, je ne me suis pas posé trop de question et je me suis rapidement dit que j’allais devoir embrayer avec la suite, 100 Years Quest. La conclusion du manga nous invitant de toute façon à suivre les héros dans cette nouvelle quête, teasée depuis le tout début de la série. Après avoir très rapidement rattrapé la parution (bien aidé par Pika qui m’a envoyé les quatre premiers tomes, je remercie l’éditeur pour ça), j’ai eu envie de vous proposer un article assez copieux sur cette suite qui m’enthousiasme pas mal !


Avant de commencer, une petite réflexion personnelle s’impose. J’avais écrit il y a quelques temps sur mon rapport aux suites de mangas à succès, en prenant les exemples de Dragon Ball et Naruto. J’expliquais certains soucis que j’avais avec le concept même, au-delà de toute considération de qualité (par exemple, je trouve que Boruto est une série vraiment sympa), et je me demandais s’il était vraiment nécessaire après 42 tomes ou carrément 72 tomes de prolonger l’aventure au sein d’un univers déjà si densément développé. De mon point de vue, c’était en effet une façon de tirer grossièrement sur la corde, encore une fois, toute considération qualitative mise à part.

Et là, je me retrouve à prolonger l’expérience de Fairy Tail, qui a pourtant déjà duré 63 tomes (avec en plus quelques spin-off qui font encore monter le compteur), signant pour encore je ne sais combien de volumes. Ainsi, j’ai le sentiment d’être moi-même ébranlé dans mes croyances, et je me rends à l’évidence d’une chose : ces suites existent avant tout parce qu’il y a des fans tellement investis dans ces univers qu’ils auront toujours plaisir à s’y replonger. Et si je n’en ressens pas nécessairement le besoin avec Dragon Ball ou Naruto, dans le cas de Fairy Tail, la question ne se pose même pas, j’ai envie d’avoir toujours plus à me mettre sous la dent !

Ceci étant dit, avoir davantage de Fairy Tail, c’est bien, mais si cette nouvelle série est traitée avec soin, c’est encore mieux ! Voyons donc ce qu’il en est, après avoir resitué rapidement ce dont il est question.

100 Years Quest-ce que c’est ?

Fairy Tail 100 Years Quest est donc la suite directe de Fairy Tail, qui reprend vraiment immédiatement après la fin de la série mère. On pourrait presque parler d’un nouvel arc tant la continuité est importante, aussi bien dans le récit en tant que tel que dans l’ambiance générale et la construction.

Cependant, la série n’est plus de Mashima en personne, puisqu’il n’en assure « que » le scénario et les storyboards, ce qui est déjà pas mal de boulot en parallèle à Edens Zero. Le mangaka Atsuo Ueda s’occupe donc de tout le reste du titre, sachant que le dessin seul implique beaucoup de choses (par exemple, il explique créer les designs de tous les nouveaux personnages, que Mashima se contente de valider). La série est prépubliée dans le Magazine Pocket depuis le 25 juillet 2018, soit pile un an après la fin de la série d’origine. Le changement de magazine s’explique en partie par le fait que Mashima soit déjà publié dans le Shonen Magazine, mais peut-être aussi certainement par le fait que rares sont les suites de séries à rester dans le magazine d’origine.

Chapitre 1

À l’heure actuelle, la série est déjà à 8 tomes parus, que ce soit au Japon ou en France, et le manga est toujours licencié par Pika chez nous (la série faisant partie de celles qui ont droit à une simultrad en numérique).

Et comme je l’ai déjà signalé, on reprend les mêmes, et on recommence ! Toute la guilde Fairy Tail est de retour pour se lancer pour de bon dans la Quête de 100 ans, la fameuse que personne, pas même Guildarts, n’a réussi à accomplir. Sauf que là, tous nos héros préférés sont de la partie, de quoi peut-être enfin y arriver !

On apprend donc dès le premier volume la nature de cette fameuse quête, qui consiste à vaincre les cinq Dragons Divins ! On n’avait à ma connaissance jamais entendu parler de ces fameux dragons, mais je suis ravi qu’ils soient là car personnellement, je trouve que ces créatures étaient trop peu présentes dans la série d’origine. De ce fait, les mettre au centre de l’histoire permet d’étancher ma soif de dragons, surtout que les quelques uns qu’on a eu l’occasion de voir dans ces premiers tomes sont particulièrement réussis en terme de design et de caractérisation.

ToukaMais la quête en elle-même n’est pas le seul élément au cœur de l’histoire, puisque nos héros vont avoir fort à faire face à une nouvelle guilde, une guilde de « mangeurs de dragons » particulièrement dangereuse ! Et pour terminer, une mystérieuse mage blanche obsédée par Natsu, nommée Touka, s’incruste dans la guilde. Cela fait donc trois intrigues principales entremêlées qui nous promet une série riche en action et en péripéties, pour notre plus grand plaisir !

Peut-on lire cette suite si on n’a pas lu Fairy Tail ?

Cette question peut sembler étrange, mais elle mérite d’être posée selon moi. En effet, 100 Years Quest étant une suite directe, il vaut quand même mieux avoir lu la série d’origine avant de se lancer. La raison principale est que cette nouvelle histoire s’inscrit très fortement dans la continuité de la série, renvoyant à des éléments développés précédemment, faisant intervenir énormément de personnages déjà connu avec une caractérisation et des rapports toujours cohérents, sans forcément prendre le temps de les resituer pour les nouveaux venus. De même, il y a de très nombreux renvois à des événements de la série mère, qui ne demandent pas forcément à être connus, mais qu’il vaut mieux avoir quand même en tête afin de prendre pleinement plaisir à la lecture.

Gajil et RebyEt surtout, on ressent l’évolution globale des rapports entre les personnages dans cette suite, je pense notamment au couple que forme Gajil et Reby, qui est enfin confirmé à 100% ici. Car oui, en s’inscrivant dans la continuité, il y aura forcément des révélations qui seront déflorées, y compris des choses qui arrivent à la fin de l’histoire.

Cependant, tous ces éléments ne me semblent pas être totalement un frein, et je pense qu’on peut malgré tout lire et prendre un réel plaisir avec 100 Years Quest sans pour autant avoir lu les 63 tomes de la série d’origine. Donc pourquoi pas, surtout si le budget est un frein pour se lancer dans la série d’origine, mais il reste évidemment préférable d’avoir lu tout Fairy Tail avant.

Mais, je tiens à le préciser ici, cette suite est écrite avec beaucoup de soin, notamment concernant l’évolution du récit et la cohérence globale. On pourrait même dire qu’on est presque davantage face à la continuité de la série qu’à une suite, dans le sens où il n’y a vraiment aucun sentiment de rupture. De ce fait, il reste clairement préférable d’avoir lu Fairy Tail tant l’écriture est maline dans sa façon de capitaliser sur tout ce qui a déjà été raconté auparavant.

Une structure de récit à la Fairy Tail

Ayant resitué l’intrigue principale de cette suite, évoquons un peu la structure du récit en tant que telle. Clairement, si on aime Fairy Tail, on sera en terrain connu et sans doute conquis par cette nouvelle histoire, car tout ce qui fait le sel de la série est présent. Les trois intrigues entremêlées que j’ai évoquées permettent de faire intervenir un maximum de personnages, dans la grande tradition du récit fleuve à la Mashima. Ainsi, si notre groupe principal habituel se lance dans la quête, on suit en parallèle les autres membres de la guilde dans la sous-intrigue autour de Touka, et on a déjà quelques indices autour de la guilde de mangeurs de dragons, qui contribue à développer encore cet univers bien connu.

Il neige

Une structure narrative dense qui permet de mettre en scène beaucoup de péripéties en parallèles, riches en affrontements parfois originaux, exactement comme c’était déjà le cas dans la série d’origine. Mais il y a quand même quelques petites différences dans la tonalité. Mashima l’a signalé dans un de ses mots d’auteur en début de tome, il avait laissé l’aventure un peu de côté dans la série principale au profit de l’action pure. Ici, on sent qu’un équilibre entre les deux est recherché, avec un macguffin qui est l’occasion de voyager et découvrir des environnements variés.

Et cela permet également de renforcer l’aspect narratif du récit, qui est étonnamment soigné dans son écriture et son développement. Non pas que Fairy Tail était mal écrit, mais l’intrigue était souvent plus un prétexte à enchaîner les moments forts. Ici, je trouve qu’au contraire, l’histoire est vraiment au centre des préoccupations des mangakas. Cela ne veut pas dire que l’action est en sourdine pour autant, car on est clairement servis aussi à ce niveau.

Et sur ce point, si on sent que ce n’est plus Mashima le seul maître à bord, on peut malgré tout dire que son successeur s’en sort avec les honneurs.

Une esthétique à la hauteur

Pour avoir lu plusieurs spin-off de Fairy Tail, il est clair que passer de Mashima a un autre mangaka peut être compliqué. Globalement, je dirai que ses successeurs sont quand même plutôt bien choisis et s’en sortent plutôt bien. En particulier compte tenu de la virtuosité esthétique de Mashima qu’on ne peut pas reproduire comme ça. Et pour le coup, Ueda est surement celui qui s’en sort le mieux dans le lot. Si on voit bien que le visuel n’est pas aussi puissant que celui du maître, il faut reconnaître qu’on est face à un travail des plus soignés, et qui globalement fait honneur à l’esthétique de la série. 

Il est possible que la supervision de Mashima et le fait qu’il storyboarde les planches y soit pour quelque chose, mais dans tous les cas, il me semble important de rendre hommage au travail de Ueda, qui reprend un chantier vraiment compliqué avec un certain talent. Il arrive à proposer des planches à la composition parfois très proche de ce que fait Mashima, et si son trait n’est pas aussi fin, et qu’il y a des imperfections que je ne vois pas chez le maître, c’est un plaisir pour les yeux de revoir ces personnages si séduisants…

Oui, je parle surtout des personnages féminins, dont le corps est toujours autant mis en valeur. Le fanservice étant un élément constitutif de Fairy Tail, on a encore et toujours droit à notre dose, commençant l’aventure dans une ville sous les eaux, histoire d’avoir notre dose de maillots de bain. Et la façon dont Mashima a toujours trouvé des prétextes pour dévêtir ses personnages féminins est de retour ici, pour notre plus grand plaisir.

Je tiens à le préciser car c’est vraiment un élément auquel je tiens dans la série, et qui fait partie de son identité. J’ai déjà beaucoup expliqué en quoi cela contribuant à créer une ambiance propre à Fairy Tail, mettant en avant la connivence avec son public. Et c’est encore une fois de connivence qu’il est question ici, puisque le but d’une suite de ce genre est vraiment de faire plaisir au public (et aussi de vendre davantage de mangas, évidemment).

WendyEt revoir Erza, Lucy, Natsu, Grey, Wendy et toute la bande est un véritable plaisir pour moi, qui est renouvelé grâce à l’écriture astucieuse de la série, son esthétique fidèle et globalement à la hauteur, et des développements de personnage qui font plaisir à voir. J’ai cité rapidement l’exemple de Gajil et Reby, mais on peut dire ça de la plupart des personnages, que l’on se plait à retrouver et à voir évoluer encore au fil de cette nouvelle aventure, qui arrive à s’inscrire dans la continuité tout en proposant quelque chose d’un peu nouveau dans la série. Sur ce point, Wendy bénéficie d’un traitement exemplaire, que je ne souhaite pas déflorer tant l’idée directrice la concernant est bonne ! De même, revoir Brandish de temps en temps fait extrêmement plaisir, et le personnage, qui était déjà très réussi dans la série principale, prend une autre ampleur ici. J’espère vraiment qu’on continuera à la voir, car la façon dont elle est utilisée ici est vraiment excellente.

En conclusion : une suite à la hauteur ?

Vous l’aurez donc compris je pense, cette suite est pour moi à la hauteur de Fairy Tail. L’idée directrice du récit est vraiment bonne et permet des développements de personnages bienvenus. Au stade où on en est, on peut s’attendre à une série qui se développera sur 15 à 20 tomes, à moins que les auteurs mettent en place de nouvelles idées que l’on n’avait pas vu venir.

Car si l’intrigue principale semble un peu une course au Macguffin avec des affrontements contre des dragons stylés en perspective, rien n’interdit d’offrir davantage de développements pour épaissir cette intrigue. Sur les huit premiers tomes, les mangakas proposent déjà de très belles pistes, nous rappelant à quel point Mashima est un brillant conteur, quoi qu’on puisse penser de son style. La science du récit de l’auteur fonctionne ici à plein régime pour proposer une aventure très bien structurée, qui tient parfaitement en haleine tout en restant totalement cohérente avec l’univers global, les personnages et l’esprit général de la série. Et si j’ai insisté sur ce point, c’est parce qu’après autant de tomes, cela représente un sacré tour de force en soi.

Ainsi, la série remet en question certaines idées que j’avais en tête, comme je l’ai signalé au début de l’article. Si on peut se questionner sur la pertinence de proposer des suites à des séries si longues, force est de constater que lorsque l’on a développé un rapport personnel et intime à l’œuvre, le fait de pouvoir revenir à un univers qu’on aime donne le sourire. Et quand en plus c’est fait avec soin et talent comme c’est le cas ici, ce serait dommage de s’en priver.

De ce fait, 100 Years Quest marche fièrement dans les pas de la série mère selon moi, et nous prouve qu’on peut encore raconter beaucoup de choses dans cet univers, pour mon plus grand plaisir. On retrouve la générosité qui est la marque de fabrique de Mashima, et beaucoup d’intelligence dans la façon de faire revenir ces figures connues et exploiter cet univers que l’on connait par cœur. Un très beau cadeau fait aux fans !

14 commentaires

    • Je pense que tu connais très bien mon point de vue sur tout ça 😆

      D’ailleurs j’ai cru comprendre que 100 Years Quest était déjà adapté en anime.

      Si on y perd en virtuosité dans le dessin et dans la mise en scène, c’est compensé par l’écriture et ce côté plus aventureux que j’aime vraiment beaucoup.

      Et c’est un tel plaisir de tous les revoir. J’ai du me faire violence pour ne pas dévoiler certaines choses.

      Après,j’ai peur que ça fonctionne moins sur des gens moins fan que moi. Parce que cet aspect joue aussi, forcément.

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  1. Il n’y a pas que Mashima qui est un excellent conteur ! Tu l’es toi aussi, franchement ! Bon tu sais que j’ai un rapport personnel particulier à Fairy Tail et en te lisant je n’ai qu’une envie c’est prolongé l’aventure car tu lèves ici toutes les interrzquon peut avoir en terme de qualité du récit ou d’esthétique. Super intéressant comme d’hab ! Et ça va certainement finir à la maison tout ça…

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    • Merci beaucoup pour le compliment qui me touche vraiment.

      Si esthétiquement on est quand même en dessous de Mashima, le mangaka s’en sort en effet vraiment bien. Il a quelques ratés qu’on aurait pas avec Mashima, et il a vraiment du mal à dessiner Luxus, mais globalement c’est quand même vraiment joli.

      Mais surtout, c’est vraiment très bien écrit. Il y a ce souci de continuité et de générosité que l’on retrouve et qui fait du bien. Et quand on est fan, voir les développements vraiment astucieux de certains personnages (Wendy en tête) est super appréciable.

      Limite à ce stade je trouve que Wendy est le personnage qui a le plus de potentiel, même si je fonde énormément d’espoirs en Brandish !

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  2. J’approuve. Je trouve aussi que cette suite fait sens. Il y a beaucoup de rappel à la série d’origine quand même, surtout dans le dernier tome sorti (je ne dirai rien de plus, pour pas divulgacher).

    Je continue donc cette série (avec plus de gout que Dragon Ball Super)

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    • Ah oui, pour moi c’est le jour et la nuit entre 100 Years Quest et DBS en terme de qualité et se respect de l’univers investi. On sent que Mashima veille au grain, là où Toriyama doit se contenter d’empocher le chèque.

      En effet, il y a beaucoup d’éléments qui viennent directement de la série d’origine, dont certains très bien vus je trouve. Je pense notamment au développement de Wendy qui me plaît énormément.

      Aimé par 1 personne

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