Mon avis sur… Kowloon Generic Romance T.1 de Jun Mayuzuki

Kowloon T.1

Parmi les séries que j’attendais énormément en cette première moitié de 2021, Kowloon Generic Romance était bien placée. Nouvelle série de la mangaka de Après la pluie (que je n’ai pas lu), l’ambiance qui se dégageait des quelques images que j’ai vu passait me parlait énormément. Ainsi, j’avais très hâte que ce premier volume nous arrive chez Kana, avec une jaquette retravaillée pour l’occasion, que je trouve encore plus belle que l’originale.

Avant de commencer, je vous invite à jeter un œil à l’extrait proposé sur le site de l’éditeur. Cet extrait donne déjà un aperçu du parti pris esthétique cinématographique du manga je trouve.

Kowloon

Passé, présent et futur se confondent dans le labyrinthe des rues du quartier malfamé de la citadelle de Kowloon où vivent des personnages nostalgiques. Une romance idéale dépeignant brillamment les relations et les désirs secrets de deux trentenaires dont le quotidien est teinté d’extraordinaire.

Je dois avouer avoir acheté ce premier volume sans en avoir lu le résumé, n’ayant que le titre, l’esthétique de la jaquette et des quelques images aperçues pour faire fonctionner mon imagination. J’anticipais donc une romance, au vu du titre, et une histoire donnant la part belle à son cadre urbain particulier. Ce qui en soit est le cas, mais ce premier volume est déjà beaucoup plus que ça.

J’aurais dû mal à vraiment définir le genre du titre. Il s’agit sans doute d’une romance, mais elle n’a pas l’air totalement terre à terre. Ou en tout cas, plusieurs éléments contextuels posent déjà pas mal question dans ce premier volume. Quoi qu’il en soit, le récit est clairement structuré autour de ses deux personnages principaux, en particulier Reiko Kujiraï, la femme dont on partage le point de vue.

Tout du moins partiellement, car bien que le manga soit écrit par une femme, on sent un regard très masculin pose sur elle, peut-être parce que la série est publiée dans un magazine seinen. Ainsi, il y a une esthetisation évidente du personnage et de son corps, transpirant (au sens propre et figuré) la sensualité. Cependant, tout est mis en scène avec beaucoup de goût, et un rapport adulte au corps. Pas de nudité ici, mais un aspect suggestif et mettant en valeur la beauté qui me parle beaucoup… en tant qu’homme, bien entendu.

Mais l’esthétique est loin de se focaliser uniquement sur le personnage féminin, et va aussi et surtout considérablement développer le cadre global du récit. Car ce n’est pas pour rien que le nom du lieu, Kowloon, se retrouve dans le titre. Ce cadre particulier est particulièrement travaillé, créant une ambiance particulière. On ressent le bruit, la chaleur, les sensations et les odeurs des lieux. Tout ceci rapproche le titre du cinéma de Wong Kar Wai et sa sensibilité propre, élément qui semble confirmé par la phrase d’accroche « In a Strange Mood for Love » sur la 4e de couverture. J’ignore si elle vient de Kana ou de l’édition originale, mais le fait est que le lien est là.

Comme chez le cinéaste, on retrouve la même emphase sur le cadre du récit, qui donne le la aux sentiments des personnages et sait se faire immersif. On retrouve aussi ce rapport aux restaurants et à la nourriture, qui me touche tout particulièrement. Arriver à faire ressentir les sensations de ce type de lieu nous fait entrer de plein pied dans le récit, nous rapproche des personnages, et nous fait vraiment ressentir des sensations uniques. C’est une des grandes forces de la fiction, quand elle est maîtrisée, de nous proposer ça.

Kowloon et nostalgie

Le tout au service d’un récit en apparence simple, mais qui au fil des éléments apportés dévoile une profondeur inattendue… et même des questionnements sur ce qu’on a lu et ce qui adviendra. Le tout invitant à une relecture afin de vérifier certains éléments. Car finalement, l’histoire dépasse largement le cadre de la romance promise, et prend beaucoup de hauteur sur tout ça. Cependant, je ne pourrai en dire plus, au risque de faire une révélation de taille.

De ce fait, ce premier tome m’a déjà pleinement convaincu, rappelant à quel point le manga est un médium visuel avant tout. La mangaka arrive avec beaucoup de finesse à poser son cadre, ses personnages et son environnement particulier, rendant son récit très immersif, au service d’une approche sensorielle et sensuelle qui me parle énormément. Pour dire les choses simplement, on est dedans d’emblée, et on ressent beaucoup de choses. De la moiteur de l’environnement aux odeurs de nourriture, en passant à l’ambiance de la ville qui peut se faire pesante autant que romantique, ce titre accroche d’emblée par une virtuosité esthétique qui ne fait jamais dans l’effet ostentatoire. Un très beau tour de force, pour une série qui est déjà pleine de promesses !

32 commentaires

  1. C’est fou parce que je n’aimais pas du tout la couverture mais quand je vois l’intérieur l’esthétique est vraiment différente je trouve 😅 après je ne pense quand même pas que c’est un titre pour moi mais bon !

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    • Je ne sais pas pourquoi, mais je m’y attendais un peu 😅

      De mon côté j’ai particulièrement aimé. Le travail d’ambiance m’a vraiment transporté, le regard masculin sur le personnage principal ne m’a pas du tout dérangé, au contraire (je le précise car j’ai vu pas mal de commentaires à ce sujet sur les réseaux), et il y a finalement un côté très inattendu dans l’écriture, je me demande où va aller la mangaka.

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      • Bah t’es un homme donc forcément tu reçois une œuvre de ce type d’une autre façon je pense. Je ne le dis pas en mode critique hein, mais forcément tu prêtes attention à d’autres choses. Enfin ça me semble logique !

        Et oui ce n’est pas une surprise mais je passe quand même pour commenter et te faire coucou donc c’est déjà ça ! 😜

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      • Oui, et je t’en remercie ! C’est toujours un plaisir d’échanger avec toi.

        Je ne l’avais pas pris comme une critique, ne t’en fais pas. Mais j’aime quand même souligner ce genre d’aspect car même si ça ne pose pas problème, je pense que c’est toujours important de le mettre en avant. Surtout que dans le cas présent, j’ai quand même vu pas mal de gens s’en plaindre sur Twitter.

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  2. Je me retrouve totalement dans ton avis, je vois que nous avons eu les mêmes sensations et références à la lecture de ce tome. J’ai également pensé à In the Mood for Love mais je n’avais pas vu que Kana en parlait en 4e, comme quoi on est connecté lol J’ai aussi pensé à Taniguchi et ses Rêveries d’un gourmet solitaire.
    En tout cas, je suis archi fan de l’esthétique de l’autrice, même si le regard masculin posé sur l’héroïne m’a pas mal gênée parfois, comme lorsqu’elle repeint l’appart… En dehors de ça, elle a une science des cadrages et du découpage des cases assez incroyable. C’était déjà le cas dans Après la pluie (que je ne peux que te recommander).
    Le twist final est très bien amené avec tous les petits indices qu’il y avait eu. Je me rappelle avoir tiqué sur certaines pages et être revenue en arrière bien avant cela pour vérifier, c’est dire.
    Bref, c’est mon coup de coeur du weekend ❤

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    • Pour le coup moi je n’avais pass vu la fin arriver, c’est plutôt après en remettant le nez dans le tome que j’ai eu le sentiment de comprendre certaines choses. Sans être totalement sur de moi pour le moment.

      Je comprends tout à fait quant à la question du regard masculin, et je me doutais bien que la scène où elle repeint l’appartement ferait tiquer. Surtout que ça fait un peu contexte de film érotique pas très original cette scène 😅

      Mais je crois qu’en tant qu’homme, ça fonctionne sur moi, je dois l’admettre.

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  3. A première vue, la couverture ne m’aurait pas attirée outre mesure, a fortiori après avoir vu passer la couverture originale sur Twitter, mais cette ode aux sensations que le manga semble offrir a de quoi attirer mon attention, d’autant qu’il semble y avoir une profondeur inattendue et bienvenue !

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    • Pour ce qui est de la profondeur inattendue, ce sera quand même à juger par la suite. Car le premier tome propose effectivement des choses quee je n’avais pas vu venir, mais il faudra voir comment la mangaka développe tout ça.
      En l’état, je trouve qu’elle a particulièrement bien posé son cadre et son ambiance dans ce premier volume.

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  4. Je me retrouve beaucoup dans ton ressentit et j’ai vraiment adoré ce premier tome (comme l’intégralité de « après la pluie », le manga précédant de l’autrice que je te conseil).
    Je pense que la référence de la 4ième de couverture à « In the mood for love » est voulu tant elle paraît logique quand on regarde l’histoire et son ambiance mais je me pose aussi la question de la présence de la phrase dans l’édition japonaise..
    Personnellement, j’ai toujours un peu du mal avec l’érotisation appuyé des personnages et j’ai été gêné par certaines scènes malgré mon regard masculin (surtout la scène de la peinture). Après je pense que ça dépends beaucoup des goûts et que ça ne gênera pas tout le monde.
    Coup de cœur partagé! 🙂

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    • Je suis ravi de voir que je ne suis pas le seul à avoir pensé aux films de Wong Kar Wai, ça prouve que ce n’est pas une vue de l’esprit.

      Pour l’erotisation du corps féminin, je peux comprendre que ça ne soit pas du goût de tous. Surtout dans la scène de peinture où ce n’est pas des plus fins. Mais j’avoue que c’est quelque chose que j’aime bien moi 😄

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