La fin de Fairy Tail

Fin de Fairy TailAyant achevé ma découverte de Fairy Tail et après avoir abordé la série dans son ensemble dans un numéro de Ma Mangathèque Idéale, je souhaitais revenir sur la fin en elle-même, un sujet qui me tient énormément à cœur. J’aime en effet beaucoup décrypter à ma façon les conclusions des séries, à plus forte raison quand elles se sont étendues sur de très nombreuses années et énormément de volumes. Et si je suis plutôt exigeant concernant les fins d’histoire, ou tout du moins, que j’ai une vision très personnelle de ce qu’une fin doit accomplir, je reste ouvert à des façons de faire qui peuvent ne pas tout à fait cadrer avec ma vision. C’est d’ailleurs le cas avec la conclusion de Fairy Tail, qui est très intéressante et plutôt bienvenue, quand bien même elle n’est pas vraiment en phase avec ma vision de ce que doit être une fin de série. On va voir ça en détails dans cet article.

Retour rapide sur l’arc final

Avant d’aborder la fin en elle-même, il convient de resituer un peu l’arc final de la série, afin d’avoir un minimum de contexte pour développer mon point de vue concernant cette conclusion. Le dernier arc de la série est celui d’Arbaless, un morceau très copieux puisqu’il s’étend sur 108 chapitre, soit des tomes 41 à 63. Une durée conséquente qui se justifie par le fait qu’il faut marquer le coup pour la fin.

Sur ce point, précisons d’ailleurs que la structure narrative globale de Fairy Tail, où les arcs ont chacun un fort degré d’autonomie, fait qu’il fallait trouver un moyen de marquer un sentiment de paroxysme à tout ça. Mashima s’en sort très bien grâce à plusieurs choses : déjà, il conclut l’histoire de Mavis et Zeleph, qui a été introduite il y a fort longtemps et dont on comprenait bien qu’elle serait l’enjeu central de la fin du récit, ainsi que celle autour d’Acnologia. Ainsi, les deux antagonistes sont clairement les plus grosses menaces de la série et suffisent à donner cet aspect paroxystique.

De plus, d’autres éléments permettent de clairement comprendre qu’on est dans l’arc final. D’une part, le fait de faire intervenir tous les personnages que l’on a eu l’occasion de rencontrer jusque là, mettant en avant toutes les guildes, est un indice plus qu’évident. Et le fait que l’on se retrouve dans une énorme guerre finit à nous convaincre que la conclusion arrive.

On voit d’ailleurs une structure similaire dans le dernier arc de Naruto, et je me demande si cet impératif de mettre en scène une immense guerre ne serait pas lié à une influence hollywoodienne. Car c’est devenu depuis une vingtaine d’années un lieu commun des blockbusters cinématographiques (en partie à la suite du Seigneur des Anneaux selon moi) de se conclure avec d’immenses batailles, y compris dans des genres qui jusqu’à présent n’avaient jamais fait ça (je pense à Avengers).

Il y a aussi un aspect pratique à la chose à mon avis, car quel meilleur moyen de faire intervenir tous les personnages connus dans un nekketsu fleuve que de mettre en scène une grosse bataille ?

Quoi qu’il en soit, je dois avouer que d’un point de vue personnel, les grandes batailles m’intéressent moins que les combats mano à mano avec des enjeux plus intimes. Fort heureusement, ce dernier arc nous donne notre dose d’action de ce genre, peut-être un peu trop.

Car dans la grande tradition narrative de Fairy Tail, Mashima commence en mettant en scène les enjeux de l’arc, présente les antagonistes (ici les Spriggan Twelve, au nombre de 12 comme leur nom l’indique, en plus de Acnologia et Zeleph, ça en fait du monde !). Et s’ils sont aussi nombreux, c’est tout simplement pour avoir l’occasion de donner au plus grand nombre de personnages possible son moment de gloire.

Spriggan_Twelve_réunis

C’est surement un des écueils de l’arc, que je considère comme très bon, même s’il ne sera pas mon préféré. En voulant être trop généreux, Mashima est parfois un peu fouillis dans son développement. Et certains enjeux et affrontements manquent de saveur et d’intensité par rapport à d’autres. Car clairement, s’il y en a un que je dois retenir en particulier, Erza VS Eileenc’est pour moi celui entre Erza et Eileen, parfaitement mis en scène (je pense vraiment que Mashima se donne deux fois plus quand il s’agit de Erza), mais aussi très fort en émotions et très riche d’un point de vue narratif.

D’ailleurs, un des autres écueils est un peu lié à cet affrontement : Eileen est un très beau personnage, mais est introduite dans cet arc, comme pas mal d’autres. Et on a le sentiment d’un certain nombre d’éléments qui ont été écrits tardivement pour les besoins de l’arc final, ou pour raccrocher certains wagons. Et si ça fonctionne très bien, on peut quand même regretter certains éléments qui sont selon moi sous-exploités car introduits trop tardivement, et qui auraient mérité un build up plus conséquent pour accentuer leur portée.

Quoi qu’il en soit, le talent de Mashima fait le reste et, si l’arc est moins virtuose que ceux qui ont précédé, je l’ai trouvé tout à fait agréable.

La fin en elle-même

Ce que je considère comme la fin, c’est à la fois la résolution des enjeux de ce dernier arc, et l’épilogue qui suit, élément ô combien cher à mon cœur.

Pour ce qui est des enjeux et leur résolution, on peut passer dessus très rapidement. Zeleph l’immortel ne l’était finalement pas tant que ça et est vaincu, meurt en demandant pardon à Mavis et les deux semblent se retrouver dans le trépas, partant en paix. La séquence est très belle, même si elle manque d’émotion pour moi, tout simplement car je n’ai jamais réussi à m’attacher à Zeleph.

L’autre enjeu majeur concernant Acnologia se résout aussi dans la grande bagarre, Natsu aidé des autres chasseurs de dragons arrivant à lui mettre la misère comme il se doit. De ce fait, vous l’aurez compris, on se retrouve dans une conclusion tout à fait conventionnelle à base de les héros ont vaincu les méchants et sauvé le monde.

Est-ce un problème ? Absolument pas car Mashima ne nous a jamais vendu quelque chose de plus original et inattendu. Il a toujours souhaité rester dans les canons du genre jusqu’au bout. De ce fait, cette fin classique et efficace convient très bien.

Mais c’est plutôt l’épilogue qui est intéressant selon moi. Un épilogue qui malheureusement est trop court, comme toujours avec le genre. Car personnellement, un élément qui est important pour moi lorsque l’on conclut une histoire d’une telle ampleur, consiste à accompagner le lecteur dans son retour à la réalité, en lui permettant de dire au revoir aux personnages et à l’univers dans lequel il s’est immergé pendant si longtemps.

Or, ce n’est pas possible de faire ça en un seul chapitre. Idéalement, je souhaiterai un tome entier d’épilogue pour des séries si longues. Fairy Tail a au moins le mérite de faire un chapitre conclusif de plus de 40 pages, ce qui est déjà mieux que ceux dont le dernier chapitre reste limité aux classiques 19 pages des shonen hebdomadaires.

Ceci étant dit, que nous proposent ces 40 pages ?

On retrouve Lucy, narratrice de l’histoire depuis le tout début, quelques temps après la fin de la bataille. Elle reçoit un prix littéraire pour son roman qu’elle a enfin publié, inspiré des aventures vécues au sein de la guilde.

Je trouve l’idée excellente, car cela renvoie à un élément filé tout au long du récit, Lucy tenant un journal intime et souhaitant devenir romancière. Cet élément qui la caractérise est peut-être secondaire, mais est régulièrement et intelligemment mis en avant, si bien que conclure avec la publication de son roman et le prix qui lui est décerné est vraiment une bonne idée, à la fois cohérent, et qui permet de faire le point sur l’évolution de la jeune femme.

De plus, la cérémonie de remise des prix permet de remettre au centre des choses un élément également central de la série : la guilde de Fairy Tail, et le fait qu’elle soit en décalage par rapport aux gens normaux. On revoit tous les visages connus qu’on aime tant, et on constate une fois de plus qu’ils n’arrivent vraiment pas à se tenir en société.

Gajil et RebyMashima revient aussi sur un autre élément central de son manga, en particulier pour les fans : les couples. Bien qu’il dise que tout reste ouvert et qu’il n’y a pas de couple officiel, le développement des personnages tout au long du récit ne laisse aucune place au doute, et ce dernier chapitre confirme selon moi trois des couples les plus évidents : Gajil/Reby (mon préféré), Grey/Jubia et Erza/Gerald.

Impossible pour moi de garder ça sous silence d’ailleurs : je trouve le développement conjoint de Gajil et Reby parfait de A à Z, et je veux qu’ils se marient et fassent plein de bébés ensemble ! Voilà !

Par ailleurs, la façon dont est écrit le changement de Erza à partir du moment où la guerre contre Zeleph est finie très bien vu, tout en simplicité mais collant parfaitement avec le personnage… Définitivement la plus réussie de toute la série selon moi !

Erza

Ainsi, tout en restant dans une ambiance plutôt légère qui cadre avec le ton global de la série, Mashima arrive, par petites touches, à donner un sentiment diffus de nostalgie ainsi qu’un rappel du temps et des événements qui ont passé.

Et le tout se conclut alors que Natsu et Happy vont réveiller Lucy, qui se remémorera alors leur rencontre et les moments vécus ensemble qui l’ont changée, pour finalement repartir aussi sec à l’aventure, afin de se lancer dans la quête de 100 ans !

Lucy Natsu et Happy

Une fin qui n’en est donc pas tout à fait une puisqu’elle embraie directement sur la suite de l’histoire. Mais grâce à quelques astuces d’écriture, Mashima donne quand même un beau sentiment de conclusion à tout cela, et même si, une fois de plus, les choses vont un peu trop vite, je trouve qu’il a réussi à la fois à nous offrir une conclusion en phase avec l’ambiance légère de la série, tout en lui donnant une assise émotionnelle liée au sentiment du chemin parcouru.

De plus, conclure avec un nouvel appel à l’aventure cadre tout à fait avec l’ambiance de la série, où le plaisir pur du voyage et la soif d’action et d’adrénaline sont quand même des moteurs pour les personnages. Et la fameuse quête étant teasée depuis le début de la série, je trouve que c’est une belle façon de boucler la boucle, tout en proposant une fin ouverte, qui donne furieusement envie de continuer le voyage… Malin !

Mavis et la guilde

15 commentaires

  1. Il était temps d’arriver à la fin de cette aventure! Très bon article comme d’habitude et dont je partage pas mal d’avis. Je suis entièrement d’accord avec toi sur les différents couples de l’aventure, il y a relativement peu de place au doute! Par contre j’aime beaucoup la conclusion et l’histoire de Mavis et Zeleph! Même si j’aurais souhaité que certaines choses soient plus développées, je trouve la fin plutôt bonne. Clairement on a eu bien pire, et cette fin ouverte ne me déplait pas. Et quand j’ai fermé cet ultime tome je n’avais qu’une envie repartir à l’aventure avec eux!!

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    • En soi, je trouve la conclusion de l’histoire de Mavis et Zeleph reussie et même assez belle, mais c’est vraiment le personnage de Zeleph en lui meme auquel je ne me suis pas du tout attaché.

      Par contre je n’ai pas osé l’évoquer mais August m’a énormément plu et je l’ai trouvé très bien vu !

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      • Personnellement, je ne me fais jamais d’idées sur ce qu’une fin doit accomplir ou non. Car prendre ce genre de risque amène davantage de déception lorsqu’on est devant le fait accompli.

        Je me contente de la prendre comme elle arrive, et si elle boucle l’histoire tout en annonçant une éventuelle suite, j’attends d’avoir vu cette dernière pour donner mon avis sur l’ensemble.

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      • Je pense que je ne peux pas m’empêcher d’avoir certaines attentes sur la fin d’une histoire, à la fois dans cette idée de m’accompagner dans mon retour à la réalité, mais aussi par rapport aux indices donnés au fil du récit.

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      • Autant August je vois qui c’est mais faudrait que je relise le dernier arc pour bien me remettre tout ça en tête ! Par contre pour la mage (dont je n’avais plus le nom) j’aurais bien voulu un peu plus de développement sur le perso !

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      • La mage ne serait pas Eileen ? Si oui, j’aurais pas été contre plus de développement mais en l’état je l’ai trouvé très réussie.

        Pour August, j’ai beaucoup aimé son écriture de façon globale et surtout, Mashima a vraiment super bien géré la révélation de qui il est, je n’avais rien vu venir et quand on l’apprend, ça a un bel impact !

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  2. Il est sympa cet article ! Tu parles de la fin mais en même temps tu ne donnes pas plein de détails donc on peut le lire sans que ça soit forcément gâché pour autant. Je n’ai pas encore été assez loin avec toutes les pauses que je fais dans l’animé mais ça n’a pas été un souci pour moi de te lire ici ! Un jour je lirai la version manga si je peux l’emprunter en bibliothèque (c’est long quand même 63 tomes à acheter..)

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    • Oui, moi aussi j’ai du passer par la case médiathèque, comme pour Naruto et comme pour surement d’autres séries dans les années à venir.

      Dans le cas de Fairy Tail, l’avantage est que ça reste un récit relativement conventionnel et on ne peut pas dire que la conclusion réserve de très grosses surprises. À part concernant un personnage du dernier arc où j’ai trouvé que Mashima avait très bien ménagé ses révélations mais je ne l’ai pas évoqué, donc pas de spoil.

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    • Pour le coup, je pense que tu ne perds pas trop à te spoiler, la fin reste très conventionnelle, mais très agréable et bien menée je trouve.

      C’est un des plaisirs des séries si longues je trouve, qu’on ait le sentiment de ne pas en voir la fin.

      D’ailleurs en parlant de fin, j’ai achevé Sun-Ken Rock… ce sera un sacré chantier d’en parler !
      Et pour le coup il n’y a pas que le rapport aux persos féminins qui m’a dérangé. Mais le cas de Yumin est compliqué aussi… jz trouve globalement le personnage raté.

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